Retombées de la repression de la marche du 5 août : Le ton monte entre l'Hôtel de ville et les défenseurs des droits de l'homme

Les responsables du Collectif des associations des droits de l'homme ont annoncé mercredi leur décision de porter plainte en justice contre le gouverneur de la ville de Kinshasa Jean Kimbunda Mudikela, «pour injures publiques».
Et, «pour avoir failli à la mission lui assignée de rendre la capitale vivable», le collectif exige le limogeage pur et simple du n°1 de la ville. Le collectif explique que pour se dédouaner auprès de ses supérieurs, après la répression de sa marche du 5 août, le gouverneur est allé jusqu'à nier sa parole d'honneur donnée au président de l'Observatoire national des droits de l'homme, et à qualifier à la limite de l'injure les activistes des droits de l'homme de «Shegues», ces enfants défavorisés qui vivent à la merci de la rue sans encadrement de la part des autorités publiques incarnées ici part celui devait être appelé «1er citoyen de la ville».
Ces décisions ont été portées à la connaissance de la presse au siège du Rénadhoc par trois des responsables du collectif, en l'occurrence Amigo Ngonde (Asadho), Robert Numbi (Amis de Nelson Mandela) et Marie-Noelle Lukusa du Réprodhoc.
A la base de cette conférence de presse, la répression policière de la marche pacifique organisée par les activistes des droits de l'homme à la suite de la mort d'un des leurs, Pascal Kabungulu, assassiné le 3 août à Bukavu.
Pour le Collectif des associations des droits de l'homme, l'argument du gouverneur selon lequel la marche n'avait pas été autorisée est faux et archifaux. «Comment comprendre qu'il ait fermé l'oil sur la veillée mortuaire du jeudi 4 août qui fait partie de l'ensemble du programme relatif à cette manifestation»? Les responsables du collectif qui posent cette question se demandent "si le gouverneur Kimbunda peut avoir le courage de démentir ou de dénoncer le communiqué de l'Observatoire national des droits de l'homme du 6 août relatif à l'organisation de ces manifestations".
Bien plus, que dire de la participation de la ministre des Droits humains, Madeleine Kalala à ladite marche soit disant non autorisée par l'autorité urbaine? Après cette deuxième question, les responsables du collectif pensent que pour le cas d'espèce le gouverneur de la ville a tout simplement fait montre d'une «mauvaise foi manifeste» d'honorer sa propre parole d'honneur. Cette maladie reste la caractéristique des pouvoirs publics congolais qui affichent souvent une incapacité notoire de lire entre les lignes certains textes pourtant écrits dans la langue officielle utilisée dans l'administration publique, dénonce le collectif.
Leadership de la rue Au regard de ce qu'il qualifie de «mépriscaractérisé» affiché par le gouverneur de la ville à la mémoire du disparu et à l'endroit des activistes des droits de l'homme, le collectif redoute dans l'avenir - si ce n'est pas déjà le cas aujourd'hui - l'avènement au pays d'un leadership de la rue, reflet de ce que la société congolaise, mieux les pouvoirs publics, est/ou sont entrain de produire.
Tout compte fait, le collectif n'entend pas renoncer à son programme d'actions arrêtées en rapport avec l'assassinat de Kabungulu. Comme par exemple la demande d'une commission d'enquête indépendante à laquelle il veut participer et le dépôt auprès des instances compétentes d'une plainte contre inconnu pour homicide volontaire.
Il n'est pas sans intérêt de signaler que le collectif a remis à la presse la copie de l'accusé de réception de sa lettre d'information adressée au gouverneur de la ville, ainsi que la réponse du vice-président Ruberwa à la copie de la même lettre. Réponse dans laquelle on retient que le patron de la commission politique, défense et sécurité a instruit le ministre de la Justice de diligenter une enquête pour faire la lumière sur l'affaire d'assassinat de Pascal Kabungulu, et traduire ses auteurs devant la justice.
En outre, les responsables du collectif ont annoncé un déplacement pour Bukavu dans les jours qui viennent pour recueillir de plus amples informations sur la même affaire. On attend la réaction du gouverneur de la ville à l'action initiée par les défenseurs des droits de l'homme à son endroit car l'homme n'est pas de ceux qui acceptent de mourir sans se défendre.
Le Phare (Kinshasa)
11 Août 2005
Publié sur le web le 11 Août 2005


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