Insécurité et Tuéries persistantes : Déclaration des Jeunes de Kaniola, Territoire de Walungu, Province du Sud-Kivu en RDCongo
DECLARATION DES JEUNES DE KANIOLA/ LETTRE OUVERTE A L’OPINION TANT NATIONALE QU’INTERNATIONALE.
Nous, population de Kaniola lançons un cri d’alarme. Nous sommes désolés et très consternés car abandonnés à nous – mêmes. Nous ne savons plus à quel saint nous vouer. Nous continuons à mourir en silence et sans aucune assistance tant nationale qu’internationale. Où sommes – nous finalement ? Sur quelle terre vivons – nous ? Sommes nous des hommes ou des animaux qui doivent mourir toutes les fois que le propriétaire le décide ? Même la vie d’une mouche est devenue plus longue que celle d’une personne de Kaniola.
Les villages des hommes sont transformés aujourd’hui en simple abattoirs humains.
En effet, depuis la guerre de 1996, guerre de l’AFDL assistée par l’armée rwandaise, les gens ne font que mourir au jour le jour non d’une mort naturelle, mais par fusillade et / ou par arme blanche.
Tout à commencer en 1996 lorsque les « Interahamwe » sont venus pillés le centre de santé de kaniola et le couvent des sœurs de la paroisse en pleine journée. La population est venue sauvée les biens du centre de santé, mais en vain. Ces Interahamwe ont tué beaucoup de personnes et d’autres grièvement blessées.
Pourchassés par l’armée rwandaise alliée à l’AFDL se sont enfuis dans la forêt vers Shabunda et Maniema d’où ils vont remonter en coalition avec les « Maï Maï » pour repousser les militaires rwandais Tutsi, alors alliés au RDC.
Au retour Tutsi rwandais chez eux, les Interahamwe solidarisés avec les Maï Maï s’installent dans la forêt périphérique du parc de Kahuzi Biega et de là, ils commettent beaucoup d’exaction contre la population de Kaniola, Nindja et Kalonge : pillage des animaux domestiques, dévastations des champs, des viols et violences sexuelles (les filles et les femmes ont été et continuent à être emportées dans la forêt après torture physique et assassinat de leurs parents et / ou de leurs maris.
Après l’intégration des Maï Maï dans l’armée gouvernementale, les Interahamwe rwandais déciment la population de Kaniola. Ils tuent, violent, pillent, brûlent les maisons et enlèvent les populations, exigent des rançons à la population vivant déjà dans l’extrême misère noire et tout ceci au vu et au su du gouvernement de la RDC et de la communauté internationale représentée par la MONUC.
N’a- t -on pas vu lors des récents événements macabres de Nindja, la MONUC venir s’entretenir avec les Interahamwe leur demandant de reculer un peu loin dans la forêt au lieu de taper très fort sur eux.
Tout ceci montre que la MONUC et la communauté internationale qui ont amené les Interahamwe au Congo en général et en particulier au Sud – Kivu, continuent à les entretenir, les protéger et surtout à les soutenir dans leurs exactions et crime contre l’humanité.
Bien au contraire, nous, population de Kaniola, constatons que depuis lors la population de Kaniola souffre, se déplace par ci par là (à Walungu et à Bukavu), dépouillée, violée, tuée, … celle ci est abandonnée à son triste sort, le fameux chapitre VII de la charte des nations unies restant toujours en souffrance pour la population de Kaniola. Nous nous demandons finalement si ne sommes pas des congolais comme tant d’autres.
Récemment ce qui nous a écoeuré est que dans la nuit du dimanche 09/01/2005 au lundi 10/10/2005, à partir de 20h00’ les mêmes Interahamwe (hutu rwandais ont tué à l’arme blanche 26 personnes (hommes, femmes et enfants) sans défense, ils ont égorgé les victimes et brûlé vives d’autres dans leurs maisons.
Plusieurs autres personnes sont grièvement blessées et continuent à mourir un à un à l’hôpital de référence de Walungu où ils sont internés sans aucune sorte d’assistance de la part du gouvernement et de la communauté internationale.
Chose grave, ces mêmes assaillants ont envoyé des lettres annonçant la prochaine extermination de la population. Cette menace a été exécutée ce lundi 10/10/2005 en attaquant dans la soirée les villages de Cisaza, Kalonge et Budodo qui sont vidés de leurs populations à ce jour. Le gouvernement et la communauté internationale en sont au courant gardent un silence complice.
L’on parle toujours de génocide qui a eu lieu au Rwanda, en Yougoslavie, en Ituri et pourtant ailleurs au monde sans oublier les sinistres qui se sont passés à Goma, au Pakistan et aux Etats Unis. N’est-ce pas là un génocide, une extermination d’un peuple sur la terre de ses ancêtres et déjà appauvri par la guerre ?
Vu cette situation qui nous frappe, nous la population de Kaniola, nous demandons aujourd’hui à toute personne tant physique que morale de nous assister moralement et matériellement et surtout nous ramener, ipso facto, la paix longtemps effacée à Kaniola devenu tristement célèbre.
Ainsi, formulons-nous des recommandations suivantes :
1. A la province du sud Kivu :
- Que le gouvernorat de la province du Sud Kivu présente ses excuses, à la population de Kaniola, de sa passivité systématique face au malheur qu’a connu cette dernière.
2. Au gouvernement de transition de la RDC :
- Que le gouvernement décrète un deuil national à l’occasion des massacres du 09/10/2005 perpétrés par les Hutu rwandais à Kaniola ;
- Que le gouvernement dise si réellement, le groupement de Kaniola fait encore partie de la RDC ou est devenu une terre cédée aux Hutu rwandais ;
- Que le gouvernement mette hors d’état de nuire les milices étrangères (Rasta, FDLR, Interahamwe,…) en les châtiant fortement.
- Que le groupement de Kaniola soit déclaré sinistre ;
- Que le gouvernement dise si, réellement, le groupement de Kaniola fait encore partie de la RDC ou est devenu une terre cédée aux Hutu rwandais ;
- Que le gouvernement mette hors d’état de nuire les milices étrangères (Rasta, FDLR, Interahamwe …) en les châtiant fortement.
En conclusion, nous demandons aux dirigeants de la RDC de se conformer aux dispositions de la constitution de la transition, spécialement en ses Articles 15, 68, 53,178 et 6.
3. A la communauté Internationale :
- Que les Hutu Rwandais ( Interahamwe, FDLR, ALIR, RASTA, …) soient jugés auteurs de crimes contre l’humanité, déclarés terroristes et personnae non grata en territoire congolais ;
- Que la MONUC joue convenablement son rôle de protecteur de la population civile de Kaniola et cesse son jeu de cache – cache au détriment de cette dernière ;
- Que la communauté internationale qui a déversé ces Hutu rwandais armés sur le territoire de la RDC la ramène chez eux sans conditions ;
- Que la communauté internationale et le gouvernement de transition de la RDC garantassent la paix et la sécurité à la population de Kaniola qui se remettra au travail pour cultiver sa patate et ses haricots afin de garantir sa survie et l’instruction de ses enfants.
Fait à kaniola, le 12/10/2005
Sé/cfr Liste en annexe
CC :
1. S.E président de la RDC
2. Conseil de sécurité des nations unies
3. CIAT
4. Communauté européenne
5. chef de mission de la MONUC en RDC
6. Sénat
7. parlement de transition
8. bureau MONUC/BUKAVU
9. CEI/ Sud kivu
10. société civile sud Kivu
11. territoire de Walungu
12. chef de collectivité chefferie de Ngweshe
13. chef de groupement de Kaniola
14. toute personne de bonne foi.
