Lettre ouverte de la Jeunesse du Sud-Kivu au Président Joseph KABILA
SOCIETE CIVILE DU SUD-KIVU
COMPOSANTE JEUNE
B.P. 43 BUKAVU
Tél. : 0998687606 ; 0998676556
REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO
LETTRE OUVERTE A SON EXCELLENCE MONSIEUR LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO :
JOSEPH KABILA KABANGE.
« LA POPULATION DU SUD-KIVU A DROIT A LA VIE ET
A LA SECURITE ».
Les images fortes, perçues avec de vives émotions, des massacres de Kaniola par les FDLR, RASTA, faisant suite aux massacres décriés de Nindja, Ntalu et Mamba, rafraîchissent le drame congolais de toute la décennie où plus de 4 millions de congolais et grande partie de Sud-Kivutiens ont péri sous la coupe de l’agression rwando-ougando-burundaise de 1996 à 2004, qui vous a projeté tous à des époques différentes à la gouvernance ; imprègnent nos cœurs, mémoires et cela pour toute notre vie.
A peine mise en place, le gouvernement de transition sous votre présidence et vous-même dans vos prestations de serment et dans la constitution s’engageait à assurer la sécurité et l’intégrité du territoire congolais. Ce qui a donné de l’espoir aux damnés Kivutiens. Ce rêve s’est vite transformé en cauchemar.
Au demeurant de l’attitude du gouvernement de transition et de vous-même face aux massacres quotidiens des populations Sud-kivutiens, d’aucun se demande, Excellence Monsieur le Président, dites-nous la vérité, pour qui vous travaillez ? Pour vous-mêmes, contre nous et avec quel agenda ?
Face à la gravité, la répétitivité et la probable continuité des massacres au Sud-Kivu par ces terroristes et associés, la jeunesse de cette province sous haute tension colérique, s’est réunie extraordinairement le jeudi 20 octobre 2005 pour en tirer les leçons, les responsabilités et les actions à projeter.
De l’analyse du contexte, il en est ressorti que les massacres horribles de Nindja, Ntulu et Mamba et hier de Kaniola, tout laissent penser que le Sud-Kivutiens n’ont aucun droit à la vie et ne bénéficient d’aucun avantage sécuritaire et de votre gouvernement et de celui de la MONUC, quoi que saisies et investis pour ce faire. Nous gardons bien en mémoire, votre grande mobilisation pour la tentative de la sécession du Katanga, où votre Excellence, s’est individuellement déplacé, ne fut-ce que par le fait qu’elle touchait une partie du territoire national. Près de vous on se souvient aussi bien de la mobilisation du Vice-Président Azarias Ruberwa Manywa et la tentative de quitter la transition lors des massacres de Gatumba, tout simplement puisque ceux-ci touchait sa communauté. Qu’en est-il pour les massacres précités, faits privés !
Les faméliques opérations « Falcon suit » et « point de fer », les ultimatums lancés, n’étaient montés de toute pièce que pour calmer les revendications populaires après le massacre de Nindja. Elles n’ont rien de sérieux que leur nomination si ce n’est contribuer à la pérennité de ces escadrons de la mort sur notre territoire et leur honneur.
Tout compte tiré, ces faits conduisent à un double paradoxe :
- Ou ces massacres sont les faits de la négligence du gouvernement de transition et ici le prétexte de manque de moyen est inopérant,
- Ou le gouvernement de transition pactise avec l’ennemi et ici les aller-retour des responsables de ces branches armées à Kinshasa et aux bureaux de la MONUC, ainsi que ceux des membres de votre cabinet avec ces derniers au Sud-Kivu alors que déclarées personnes non à grata sont des signes qui ne trompent pas et de moquerie pour notre province. Dans l’un ou dans l’autre cas les responsabilités de votre gouvernement et de votre excellence sont mis en cause.
De ce qui précède, se fondant sur l’article 31 de la constitution de transition donnant droit à tout congolais, individuellement ou collectivement, d’adresse des revendications aux autorités nationales et aux dispositions subséquentes relatives aux droits à la vie et à la sécurité contenu dans la Déclaration Universelle des droits de l’Homme, à la Charte de l’Unité Africaine et la Constitution de la transition. Considérant la gravité des massacres perpétuels aux Sud-Kivu et la responsabilité directe du gouvernement de transition et la MONUC, traduit par le laisser-faire contre les comptes de la population, signe de médiocrité et de discrimination politique ;
La jeunesse du Sud-Kivu par cette lettre ouverte se déclare en guerre contre les FDLR, les RASTA et tous ceux nationaux ou internationaux qui collaborent ou entretiennent de loin ou de près ces terroristes.
Elle recommande :
- Au Président de la République de se saisir individuellement de la cause et de mettre en place tous les mécanismes pour le retour immédiat et sans condition de ces rwandais. Disposer armes et munitions à la jeunesse pour déloger ces terroristes.
- Au Parlement de demander des explications au gouvernement, d’établir les responsabilités et de défier tout membre du gouvernement qui collabore ou bloque les ressources nécessaires pour la sécurisation des Sud-Kivutiens, dont particulièrement la commission sécuritaire et politique.
- Demande au conseil de sécurité des nations-unies de mettre au clair le chapitre 7 pour éviter à la MONUC le conflit avec la population. Ou elle s’engage réellement ou elle se désengage complètement.
Tenant Dieu, l’histoire, tout le peuple congolais et vos serments à témoin, faute de répondre positivement à nos revendications, nous vous tiendrons tous pour complices de ces massacres et en supporterez toutes les conséquences, car assurément trop c’est trop. A la rigueur, nous déclarerons le gouvernement de transition non grata au Sud-Kivu, nous rappellerons tous les ressortissants du Sud-Kivu du gouvernement et disposerons de nous-mêmes.
« La population du Sud-Kivu a droit à la vie et à la sécurité ».
Fait à Bukavu, le 24 octobre 2005.
C.I.
- A Son Excellence Monsieur le Secrétaire Général des Nations-Unies à New-York
- A Son Excellence Monsieur le Président du Parlement de Transition en RDC à Kinshasa,
- A Son Excellence Monsieur le Président du Sénat à Kinshasa,
- A Son Excellence Monsieur le Représentant Spécial du Secrétaire Général des Nations-Unies en RDC à Kinshasa,
- Aux membres du C.I.A.T/RDC à Kinshasa,
- A Monsieur le Responsable du Bureau de la MONUC Bukavu,
- A Son Excellence Monsieur le Gouverneur de la Province du Sud-Kivu à Bukavu,
- Au Bureau de la Coordination de la Société Civile du Sud-Kivu
-A toutes les forces vives de la République Démocratique du Congo
- A toutes les forces vives du Sud-Kivu.
Pour la Composante Jeune du Sud-Kivu
