Le SMSI face à deux problèmes épineux
TUNIS, 15 novembre - L'attention de l'opinion publique internationale sera attirée, dans les prochains jours, par Tunis qui abritera du 16 au 18 novembre courant la 2ème phase du Sommet mondial sur la Société de l'Information (SMSI), une rencontre planétaire consacrée à l'examen des questions relaltives notamment au financement de la réduction du fossé numérique et à la gouvernance de l'Internet.
Au cours de la 1ère phase du SMSI, en décembre 2003 à Genève, les participants avaient débattu de ces problèmes mais n’ont pu parvenir à un accord, se contentant d'adopter une "Déclaration de principe" et un "Plan d'action". Après quoi, la commission préparatoire du SMSI de Tunis, réunie à trois reprises, respectivement à Hammamet (Tunisie) et à Genève, n'avait pu non plus parvenir à un consensus sur ces deux sujets à cause des divergences profondes existant entre les parties concernées.
Au fur et à mesure du développement des technologies de l'information et de la communication, le fossé numérique entre pays riches et pays pauvres s'approfondit de jour en jour. A cet égard, le président tunisien Ben Ali a indiqué avec pertinence qu'il s'agit là d'un écart de développement entre pays du Nord et pays du Sud.
Selon les statistiques publiées fin 2004, seul un tiers des Africains pouvait accéder à l'Internet alors que ce pourcentage s'élevait à 55,7% en Amérique du Nord.
D'autre part, sur les plus de 6 milliards d'habitants du monde, quelques 5 milliards d'âmes n'ont rien à voir avec l'Internet, ces personnes se trouvent pour la plupart dans les pays en développement, en particulier en Afrique.
Lors du sommet de Genève, le président sénégalais Abdoulaye Wade a proposé la création d'un "Fonds de solidarité numérique", qui faisait écho parmi les pays en déveleppement, mais assistait aux réserves de la plupart des pays développés.
En août dernier, ce fonds a finalement vu le jour et a recueilli 5,5 millions d'euros jusqu'ici, à la grande indifférence des pays riches qui estiment qu'il n'est pas nécessaire de créer un tel fonds, car, selon eux, il existe déjà de nombreux mécanismes chargés de l'aide au développement.
Parallèlement, les négociations entre les parties concernées sur la gestion de l'Internet piétinent. D'une part, les Etats-Unis monopolisent la gestion internationale de l'Internet par l'intermédiaire de l'ICANN, une société privée californienne relevant du ministère au Commerce.
D'autre part, les pays en développement s'opposent à la mainmise américaine dans ce domaine, auxquels se joigne l'Union européenne, qui a qualifié de "raisonnable" la demande des pays en développement de changer le statu quo.
A l'approche de la tenue du SMSI de Tunis, M. David Gross, coordinateur de la politique de la communication et de l'information des Etats-Unis au niveau international, s'est obstiné dans la position de son pays, déclarant que le transfert de la gestion de l'Internet aux Nations unies est "inacceptable", ce qui contraste avec la détermination des pays en développement à édifier une société de l'information sur la base de l'égalité et de la transparence.
Les faits précités montrent qu'il n'est pas facile pour les participants au SMSI de Tunis de parvenir à un accord sur ces deux questions épineuses et qu'il reste de longs chemins à parcourir dans l'édification d'une société de l'information dont les avantages profiteront à tous les pays du monde.
Agence de Presse Xinhua
