TUJUWE ZAIDI ou SAVOIR PLUS No 18 : Il est temps que les autorités congolaises se rendent responsables de la vie des enfants en R D Congo.

Beaucoup d’entre eux ne vont plus à l’école, par manque de la prime scolaire car les parents ne sont plus payés ; d’autres ont abandonné après leur passage dans l’armée ou encore après avoir fui la guerre et l’insécurité dans les villages,…
Aujourd’hui ces enfants se retrouvent dans les rues de la ville où ils sont exposés à toute sorte de dangers en face, menant une vie de désespoir, assistant impuissamment à des violations massives de leurs droits et à la destruction de leur vie par les adultes.
Ils sont par conséquent victimes des violences, de la maltraitance, de l’exploitation économique et sexuelle,…sous la barbe des autorités congolaises.
Dans la ville de Bukavu, en date du 03 novembre 2005, une bagarre a opposé les enfants de la rue et les vendeurs du marché de Nyawera en commune d’Ibanda, ville de Bukavu dans la Province du Sud- Kivu. Ceci suffit pour démontrer le niveau de négligence et de responsabilité des autorités congolaises et les dangers auxquels le pays est exposé.
Les informations précisent que le début de cette bagarre était la tentative de vol d’un article par un enfant de la rue. Cela a dégénéré la bagarre entre les vendeurs et les enfants de la rue en provenance des leurs coins de stationnement et de travail. Il eut fallu l’intervention de la police militaire pour calmer la tension.
Précisons que ces faits ne sont pas nouveaux en R D Congo, car la scène similaire s’est produite dans la Province du Kasaï oriental où les enfants de la rue ont été brûlés vifs.
Il est temps que les autorités congolaises prennent conscience du danger auquel le pays est exposé.
Cette négligence observée dans la réinsertion des enfants en situation particulièrement difficile, des enfants associés aux forces et groupes armés risque de conduire le pays à une catastrophe difficile à gérer plus tard.
La crainte pour nous est le risque de la récupération de ces genres de situation par des politiciens et autres éléments dangereux : recrutement dans l’armée, fauteurs de troubles dans la ville, bandits a mains armées,...
Souvenez- vous que la Province du Sud- Kivu est la porte d’entrée de toutes les guerres en R D Congo qui n’ont pas laissé ces enfants.
Négliger ou abandonner ces enfants sans aucune mesure efficace d’accompagnement, de protection et une bonne politique de réinsertion socio- économique et scolaire pendant cette période pré- électorale serait une menace pour la paix.
Les actions louables de protection menées par les associations membres du Réseau pour Enfance en Situation particulièrement Difficile dans la Province du Sud- Kivu (Réseau ESPD- SK) ne suffisent pas pour protéger ces enfants si l’Etat ne s’investit guère.
Tout en exprimant ses inquiétudes sur le sort et l’avenir de ces enfants de la rue qui n’ont plus de protection de la part de l’Etat Congolais conformément à l’article 20 de la Convention internationale relative aux droits de l’enfant (CDE) et qui stipule : « Tout enfant qui est temporairement ou définitivement privé de son milieu familial, ou qui dans son propre intérêt ne peut être laissé dans ce milieu, a droit à une protection et une aide spéciales de l’Etat » ;
Projet GRAM- Kivu (Groupe de Recherches et d’Actions contre la Marginalisation au Kivu) dénonce avec la dernière énergie l’irresponsabilité de l’Etat congolais quant à la protection des enfants tout en lui rappelant qu’il existe les instruments juridiques internationaux qui protègent l’enfant, qu’il a signés et ratifiés (la CDE et la charte africaine des droits et du bien – être de l’enfant) et qu’il doit respecter. Projet GRAM- Kivu invite l’Etat congolais à renforcer ou à revoir sa politique et ses actions en faveur de l’enfant via ses services techniques au niveau des Provinces.
Projet GRAM- Kivu invite la communauté internationale à renforcer ses actions en faveur des enfants en R D Congo tout en appuyant notamment les ONGs membres du Réseau ESPD- SK qui mènent des actions en leur faveur avec des moyens insuffisants (vivres et non vivres, réhabilitation des infrastructures, appui scolaire et dans la réinsertion socio- professionnelle,...).

« Toute décision prise au sein des institutions de la transition doit tenir compte de l’intérêt supérieur de l’enfant congolais, sinon rien ne sera laissé pour eux ».
Novembre 2005

Projet GRAM – Kivu.

www.gramkivu.org