JPDH pour l’abolition de la torture sous toutes ses formes en RD Congo

Le monde entier célèbre le 10 décembre de chaque année, la journée de la Déclaration universelle des droits de l’Homme. A l’occasion de la commémoration du 57ème anniversaire de cette journée placée sous le thème « lutte contre la torture », Journalistes pour la Promotion et la Défense des droits de l’Homme, en sigle JPDH, organisation non gouvernementale de défense des droits de la personne, de lutte contre l’impunité et de développement démocratique saisit cette opportunité pour lancer un message en direction de toute la communauté nationale, particulièrement aux détenteurs du pouvoir de régulation de la société.
La République démocratique du Congo, à l’instar d’autres nations, a ratifié les instruments internationaux et régionaux relatifs aux droits de l’homme. Sous le sous thème « Nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels, inhumains et dégradants », (Cfr.rt 5 de la Dudh), la communauté internationale se remet en question et s’interroge sur l’application des résolutions auxquelles elle a fait adhérer ses habitants. A ce jour, le bilan est plus que mitigé. Le Secrétaire général de l’organisation des Nations Unies et la Haut commissaire des Nations Unies aux Droits de l’Homme reconnaissent, à cette occasion, que les efforts qui restent à fournir pour l’abolition complète des pratiques de la torture sous toutes leurs formes. En République démocratique du Congo, le constat ainsi dégagé devra, à n’en point douter, interpeller les pouvoirs publics.
Signataire des plusieurs conventions internationales, notamment la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains et dégradants, adoptée et ouverte à la signature, à la ratification et à l’adhésion par l’Assemblée générale dans sa résolution 39/46 du 01 décembre 1984, la République démocratique du Congo est loin, au regard des données, d’être citée par les nations respectueuses des droits de la personne. Un fossé existe, de ce fait, entre la ratification à laquelle elle a librement suscrit et la mise en œuvre des exigences des différents instruments internationaux. C’est ici que nous encourageons les organisations non gouvernementales nationales de défense et de promotion des droits de l’homme dans la lutte pour qu’à jamais, des pratiques qui annihilent la dignité de l’homme, ne se perpétuent dans notre pays. En République démocratique du Congo, les auteurs des pratiques de torture se recrutent parmi les tenants de la puissance publique et se placent, de ce fait, hors poursuite. Ce malheureux constat ouvre la voie à l’impunité. JPDH est vivement préoccupé par l’existence de la torture, choisie, comme moyen pour arracher l’aveux à l’inculpé. L’exemple connu et très récent du recours à la torture est celui vécu à Goma, chef-lieu du Nord (Est de la RD Congo). Un compatriote du nom de Evariste Mumbere, 18 ans, accusé d’avoir volé une somme de 30 milles dollars américains en a été victime. Ce jeune homme, journalier à la Bralima/Goma a été l’objet d’extrêmes tortures, en date du 24 novembre 2005, à « Chien Méchant », nom donné un cachot tenu par l’ancienne agence de renseignements du Rassemblement congolais pour la démocratie (Rcd). Le jeune garçon, maçon de son état, a été traîné jusqu’à la résidence du Général Amisi Kumba Gabriel, commandant de la 8ème Région militaire. Le même jour, la victime, affaibli par des actes inhumains dont il a été l’objet, s’est retrouvé, toujours entre les mains de ses bourreaux, au T2 de la 8ème Région militaire avant d’être transféré à la Prison centrale de Munzenze de Goma, quarante huit heures après, soit le 26 novembre 2005. Mme Clémentine Kavuho, 24 ans, responsable de M. Mumbere a été arrêtée pour « avoir logé un voleur ». Ont été également arrêtées et torturées, Alphonsine Kavira, 22 ans, sa grande sœur et élève à l’Institut de Mont Goma, Agnès Kavira, 35 ans, sa tante maternelle pour « avoir cherché à comprendre le pourquoi de cette arrestation », Opportuna Batasema, 67 ans, une voisine, pour « avoir été présente au moment de cette arrestation ». Toutes ces femmes ont passé la nuit, chacune dans un cercueil avant leur transfert à la Prison centrale de Munzenze.
L’exemple ainsi présenté, peint l’image de la justice congolaise victime de la loi du plus fort. Loin de dresser un bilan au regard des pratiques courantes de la torture dans les différents cachots disséminés à travers le pays, JPDH relève la perpétuation de la politique de deux poids, deux mesures dans l’administration de la justice, dans un pays, comme la RD Congo, ayant souffert des affres de la guerre. Les actes de torture ont été également signalées tout au long de la guerre jusqu’à donner lieu à l’existence des crimes qui relèvent de la compétence de la Cour pénale internationale.Nous ne saurons faire des recommandations, sinon demander au gouvernement d’appliquer les dispositions des instruments internationaux, particulièrement la Convention contre la Torture, à laquelle le pays a librement souscrit et, prie la communauté internationale, d’aider le pays à mettre fin à l’impunité.
Journalistes pour la Promotion et la défense des droits de l’Homme (JPDH)
Organisation neutre de protection des droits de la personne, de lutte contre l’impunité et de développement démocratique
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