Disparition suspecte du militant d'un parti politique de l'Opposition

Journalistes pour la Promotion et la Défense des droits de l'Homme (Jpdh), organisation non gouvernementale neutre et non partisane de protection des droits de la personne, de lutte contre l'impunité et de développement démocratique est vivement préoccupé par le flou entretenu autour de l'arrestation de M. MAYALA CHRIS DIDIER, membre de l'Union pour la démocratie et le Progrès social (Udps), - principal parti politique de l'opposition en République démocratique du Congo. Dans son rapport annuel rendu public à l'occasion de la commémoration du 57ème anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'Homme, Jpdh avait épinglé, au passage, des cas d'arrestations arbitraires et détentions illégales dont ont été victimes certains compatriotes habitant Kinshasa, ayant organisé, en date du 30 juin 2005, une marche de protestation sous l'égide de l'opposition. Cette marche avait pour objectif de protester contre la prolongation de la période de transition qui devrait, en principe, arriver à terme à cette date. De même, l'Ong avait- comme les autres Ong de la filière- protesté contre la répression policière qui s'en est suivie. Parmi les rescapés, outre des militants à la base, le directeur de campagne de l'UDPS, GASTON DINDO et FELIX TSHISEKEDI, fils du leader du parti et Vice-président de l'Udps/Bénelux. L'un comme l'autre ont échappé à la mort après avoir trouvé refuge, pour le premier à la résidence voisine du premier président de la République du jeune Congo indépendant, Joseph Kasavubu, et l'autre, chez une dame, qui a été malheureusement touchée à la jambe gauche. Après une action de synergie engagée par des organisations non gouvernementales des droits de défense des droits de l'Homme, certains militants de l'Udps avaient bénéficié de la liberté. D'autres cependant croupissent, selon des témoignages des parents des victimes, dans les geôles.
Il revient d'une famille qui a pu joindre Jpdh, que son fils, du nom de Mayala Chris Didier, âgé de 41 ans, présent ce jour-là, à l'avant plan de la marche du 30 juin 2005, n'est jamais rentré à la maison. Confirmant ainsi ce que des Ongs des droits de l'Homme, comme Jpdh, avaient affirmé dans leurs rapports, après enquête, avoir noté son identité parmi des personnes arrêtées, molestés, bastonnées et acheminées à des cachots difficilement identifiables.
Selon sa famille, la crainte pour la vie de son fils est fort fondée dans la mesure où M. Mayala a exercé, sous Mobutu, comme agent du Service d'Actions et des Renseignements militaires (Sarm) avant de quitter l'Armée à la prise du pouvoir d'Etat, en mai 1997, par le président Laurent-Désiré Kabila et se réfugier en République d'Angola comme ce fut le cas avec les ex-Faz (Forces Armées zaïroises), ( ces militaires de Mobutu dont certains avaient trouvé refuge au Congo-Brazzaville). Cinq mois après, soit en octobre 1997, Mayala revient au pays et se lance dans le négoce, particulièrement dans l'Import-Export.
Trois ans plus tard, il prend goût et s'engage dans l'opposition politique. Il adhère à l'Udps, commune de Kalamu. Tout au long de son activisme politique, Mayala était bien présent dans toutes les rencontres initiées par son parti. C'est ainsi que le 15 avril 2004, raconte sa famille, lors d'une réunion du parti au siège de l'Udps, dans la commune de Limete, des policiers font irruption et dispersent, à coups de matraque, les membres du parti en réunion avant de tirer des coups en l'air. Par malheur, une balle perdue atteint Mayala au pied. Il s'écroule avant d'être acheminé d'urgence à un centre hospitalier le plus proche. Fichée, au nom de Mayala, comme réfractaire au régime politique actuel, la famille de l'infortuné a pris et noté, depuis, des visites suspectes à des heures indues dans la parcelle. Le père de Mayala, lui aussi membre notoirement connu de l'Udps, a été tué, en date du 17 octobre 2005, dans des conditions jusque-là non élucidées avant le décès d'un autre cadre du parti tué avant d'être rangé dans le siège arrière de sa voiture, dans la commune de Matete.
Dans sa démarche, la famille Mayala a tenu à indiquer solliciter l'appui des Ongs des droits de l'Homme dans l'optique de retrouver les traces de M. Mayala en soulignant avoir cherché en vain dans les différents lieux de détention.
Jpdh rappelle que comme le 30 juin 2005, des opposants et partisans du Non au référendum relatif au projet de constitutionnel ont été arrêtés et conduits au cachot des services spéciaux de la Police nationale congolaise pour avoir organisé une marche de protestation le jeudi 16 décembre 2005, soit à deux jours du vote. Parmi les personnes arrêtées et brutalisées, il y a eu le pasteur THEODORE NGOY et FRANCK DIONGO, respectivement président du "Congo pour la Justice", et député et président du Mouvement progressiste lumumbiste (Mlp), deux formations politiques de l'opposition.
Eu égard à ce qui précède, Jpdh :
- proteste contre la disparition suspecte de M. Mayala;
- exige la mise sur pied d'une commission d'enquête en vue de retrouver M. Mayala,
- appelle les Ong à assister la famille de la victime en détresse;
- dénonce toutes visites suspectes et intimidations dirigées contre la famille de M. Mayala;
- rappelle que la libre adhésion de tout individu à tout parti politique de son choix, option consacrée par la Constitution de la République.

Fait à Kinshasa, le 23 décembre 2005

Journalistes pour la Promotion pour la Promotion et la Défense des droits de l'Homme (Jpdh)