Détenus politiques et disparition forcée en RD Congo : Jpdh appelle au respect des droits civils et politiques
Journalistes pour la Promotion et la Défense des droits de l’Homme, (Jpdh), organisation non gouvernementale neutre de défense des droits de la personne, de lutte contre l’impunité et de développement démocratique se dit fortement touché par des cas avérés de détention illégale, arrestation arbitraire et disparition forcée de certains compatriotes dont se rendent coupables des responsables des services de maintien de l’ordre en République démocratique du Congo. Outre son rapport 2005 sur la situation des droits de l’Homme en RD Congo, Jpdh se félicite de la présentation des affiches, en date du lundi 30 janvier 2006, par « Voix de sans Voix pour les droits de l’Homme », (Vsv), une autre Ong de défense des droits de l’homme, des photos des détenus politiques, d’opinion et des cas des disparus pour l’année 2005. Parmi les hommes politiques arrêtés puis relâchés : Alain Atundu Liongo, président du parti Convention pour la démocratie et la république (Cdr), Olenghankoy, président du parti Forces novatrices pour l’union et la solidarité (Fonus), Christian Badibangi, président de l’Union socialiste congolaise. Un politicien tué : Alexandre Mbuyi, conseiller du président national de l’Union pour la démocratie et le progrès social (Udps-principal parti politique de l'opposition). La liste s’allonge avec des journalistes arrêtés et transférés en prison. Les affiches témoignent des victimes de disparition forcée dont 28 détenus, militaires, policiers et civils, majoritairement originaires de la province de l’Equateur, province d’origine de l’ancien président de la République, le Maréchal Mobutu, déchu en mai 1997 par Laurent-Désiré Kabila, assassiné, à son tour, en janvier 2001 et remplacé par son fils, Joseph Kabila Kabange. Si la Vsv exige que des enquêtes soient menées pour retrouver les traces d’un bébé de six mois porté disparu depuis le 31 janvier 2006 lors de la séquestration de sa mère, Mme Aimée MULENGELA, au cachot des services spéciaux de la Police nationale congolaise, sis immeuble Kin-Mazière, commune de la Gombe (Centre-ville), à Kinshasa, Jpdh veut cependant des éclaircissements sur le cas de FIFI BIATELA NZOU. Selon sa famille qui a pu joindre Jpdh au lendemain de la publication des affiches, FIFI BIATELA NZOU, née le 25 décembre 1982, ne fait plus signe de vie bien avant le 15 septembre 2005, date d’émission d’un avis de recherche à son encontre par le parquet près le tribunal de Grande Instance de Kalamu.
Chronologie des faits
Fille d’un capitaine affecté à la Division spéciale présidentielle, ex-garde prétorienne au sein des Forces armées zaïroises (ex- Armée nationale sous le président Mobutu) arrêté à l’entrée des troupes de Laurent-Désiré Kabila en mai 1997, Fifi BIATELA, originaire de l’Equateur et habitant sur l’avenue Masimanimba, commune de Kalamu (Centre de la ville), avait, à cette époque-là, opté pour la politique tout en gardant son statut d’employée dans le restaurant d’un hôtel de renommée de la place à Kinshasa en 2003.Selon ses proches, Mlle BIATELA NZOU se signale comme membre de la section Udps/Kalamu (Union pour la démocratie et le progrès social-principal parti politique de l’opposition) où elle va assumer les fonctions de chargée de mobilisation/Jeunesse. Le président sectionnaire Udps/Kalamu, IWANZA, affirment ses proches, recourait à ses services, en tant qu’employée à l’hôtel, pour lui obtenir des paquets non autrement identifiés laissés dans des chambres d’hôtel où elle prestait mais dont elle ignorait le contenu.Au département des Alertes de Jpdh, la famille de BIATELA NZOU a indiqué que le service offert à Iwanza a duré trois mois, soit de mai à juillet 2005. Très appréciée pour son militantisme, elle sera sollicitée pour un déplacement de Bukavu, chef-lieu du Sud-Kivu (Est de la RD Congo) le 22 août 2005. BIATELA obtient, sans révéler la raison liée à sa demande de congé, l’autorisation de ses chefs de service qui lui accordent 14 jours. Le 29 août de la même année, elle et ses collègues du parti – au nombre de 4 – atteignent Bukavu en mission d’explication des enjeux politiques en RD Congo, notamment le refus de l’Udps de s’impliquer dans le processus électoral. De Kinshasa, raconte la famille, une nouvelle lui parvient faisant état de l’état fort critique de sa mère malade. Elle interrompt ses activités à Bukavu et se résout de revenir, illico, à Kinshasa, au chevet de sa mère après avoir informé ses collègues membres du parti. Le jour de son retour, soit le 05 septembre 2005, un monsieur du nom de Taz lui confie un colis destiné à IWANZA. A l’aéroport de Ndjili, à sa descente d’avion, les services d’immigration se saisissent du colis enfui dans ses bagages où ils vont découvrir rien de plus, si non une somme évaluée à 10.000 dollars américains. Au cours d’un interrogatoire serré,BIATELA a expliqué la provenance du colis, avant de décliner son identité et son adresse complètes. Elle sera transférée au cachot des services spéciaux de la Police, sis Kin-Mazière, commune de la Gombe (Centre-ville Kinshasa). Il s’en suivra une descente dans la parcelle familiale où une perquisition a été opérée et où les agents des services de sécurité dépêchés trouveront quelques documents avec en-tête du parti. Acte qu’ils ont qualifié de subversif tout en accusant BIATELA de vouloir mobiliser la jeunesse de Bukavu contre le gouvernement de Kinshasa. En date du 12 septembre de la même année, Fifi Biatela sera transférée, de Kinshasa à Lubumbashi, chef-lieu de la province du Katanga (Sud-Est de la RD Congo). A l’atterrissage à l’aéroport de la Loano- Lubumbashi, Mlle BIATELA sera conduite dans un bureau proche des installations aéroportuaires où elle sera entendue sur procès-verbal du chef d’incitation à la révolte. Détenue à titre préventif, FIFI BIATELA, par pur effet de la providence, sera relâchée et ramenée, aux bons soins d’un quidam, à Kinshasa. De retour dans la parcelle familiale, la militante de l’Udps apprend des voisins que sa mère avait résolu de quitter précipitamment le toit familial pour se mettre à l’abri au regard des visites suspectes d’illustres inconnus dans la parcelle, peur renforcée par le dépôt, auprès de membres de la famille, d’un avis de recherche émis contre sa fille Biatela émis en date du 15 septembre 2005 par le parquet près le Tribunal de Grande Instance de Kinshasa/Kalamu. Depuis, sa famille a associé les Ong des droits de l’homme pour retrouver les traces de sa fille, invisible dans les cachots et autres lieux de détention. Fort préoccupé par la situation que traverse FIFI BIATELA NZOU, Jpdh appelle au respect de la Convention relative aux droits civils et politiques à laquelle la RD Congo a librement souscrit et à la Constitution qui garantit l’adhésion de tout citoyen à un parti politique de son choix et exige, de ce fait, la cessation de poursuites judiciaires et toute autre forme de menaces contre FIFI BIATELA et les siens d’autant que le colis présenté auprès des services d’immigration à la frontière ne contenait nullement un quelconque objet suspect ou compromettant susceptible de perturber l’ordre public.
Fait à Kinshasa, le 03 février 2006. Journalistes pour la Promotion et la Défense des droits de l’Homme (JPDH)
Département des Alertes
