RESTITUTION DU 6e FORUM SOCIAL MONDIAL POLYCENTRIQUE A KINSHASA
Réunis dans la Salle de Spectacle du Centre Wallonie-Bruxelles, une soixantaine de personnes ont suivi avec intérêt les impressions des participants au Forum Social Mondial qui avaient tous un même et seul leitmotiv : la conjugaison des forces pour la concrétisation du Forum Social Congolais. Une surprise était de la partie : les animateurs de la Coalition Dette ont improvisé une saynète sur la dette odieuse.
A. Les Communications :
1. Valérie Vandervecken, Représentante de Solidarité Socialiste en République Démocratique du Congo
La première intervenante a commencé par remercier les participants à cette séance de restitution pour la réponse positive réservée à l’invitation du Secrétariat du Forum Social Congolais.
Après avoir annoncé les principaux intervenants, elle a présenté le Forum Social Polycentrique de Bamako comme étant une partie des trois grands rassemblements altermondialistes organisés conjointement à Bamako, à Caracas et à Karachi.
Pour sa première participation à un Forum Social Mondial, Valérie a exprimé sa satisfaction qu’il soit organisé pour la première fois en Afrique. Parmi ses impressions positives, elle a relevé la mobilisation des ONG maliennes, la mise à disposition du Forum par le gouvernement de grands lieux de Bamako, la pertinence des thèmes exploités, le nombre et la qualité d’ateliers organisés, etc. Elle a énuméré les 12 thèmes exploités à Bamako, simultanément dans différents lieux, expliquant ainsi l’impossibilité pour une seule personne de restituer tout le Forum mais plutôt des ateliers et conférences auxquels chacun a pu participer.
« Je trouve que l’organisation était assez bonne et les africains ont su relever le défi d’un premier forum social mondial sur le continent. Je suis très heureuse d’y avoir été bien que je n’ai pas rencontré une réponse à toutes mes préoccupations notamment la proposition des alternatives concrètes dans les ateliers auxquels j’ai pu participer» a fait remarquer Valérie. Ce qui n’enlève rien à l’importance du Forum comme lieu de rencontres, d’échanges, de réflexions et de création de contacts.
Tirant les leçons de la faible appropriation de la population malienne du Forum ou du moins de la faible participation de la population locale, elle a appelé les acteurs congolais à privilégier la cohésion, la concertation et la mobilisation populaire et surtout « à ne pas faire un Forum par simple formalisme, mais faire un Forum Social Congolais parce que l’on a des revendications et la volonté de se mobiliser pour construire ensemble des alternatives »
2. Angélique Kipulu, Vice-Présidente de la CSC, Confédération Syndicale du Congo et Vice- Présidente de l’ODSTA
La deuxième intervenante a commencé par faire remarquer qu’à Bamako elle en était à sa deuxième participation au Forum Social Mondiale après la 5e édition de 2005 à Porto Alegre.
Madame Angélique a loué la participation des Syndicalistes à ce Forum et insiste sur « les alternatives concrètes » proposées à l’espace sur les luttes sociales.
Elle a aussi abordé la question de l’esclavage en Mauritanie qui continue et qui a été un des sujets à l’espace où elle participait.
Appelant les congolais à se mettre à l’œuvre, elle a dit : « Toutes les forces de la Société : Syndicats, ONG, Associations, Mouvements de Femmes » doivent se mettre ensemble pour réussir à changer le monde et particulièrement notre pays la République Démocratique du Congo.
Comme elle était à Bamako avec son collègue, elle a préféré laisser la parole à Martin pour le reste.
3. Martin Lofete Nkake, Président de la CSC, Confédération Syndicale du Congo et Coordinateur de programme à la CSC-ACV Belgique dans la Sous Région des Grands Lacs.
« Pour notre organisation, le FSM constitue un cadre parmi tant d’autres pour mener non seulement le combat contre les politiques néolibérales dictées par les champions de la mondialisation et globalisation (FMI, BM, OMC) mais aussi une opportunité de partager nos expériences avec d’autres organisations militantes, de renforcer nos capacités et pour présenter sous forme d’alternatives nos positions syndicales … » a introduit Martin Lofete.
Bien que Bamako soit sa première participation à un Forum Social Mondial, la CSC, le syndicat dont il est le Président, a été à Porto Alegre en 2005.
A Bamako, dit Martin, il a participé à la grande marche d’ouverture. Compte tenu du nombre important d’activités proposées sur différents sites, « nous nous sommes intéressés à celles ayant une grande incidence sur la vie des travailleurs ». Il informe avoir fait partie du panel d’un des ateliers. Madame Angélique aussi.
Là confirme l’intervenant, il a eu à parler de la RDC . Il a eu à parler, dit-il, de la RDC où l’Etat s’est complètement désengagé des services publics essentiels en encourageant aux yeux de tous une forme pernicieuse de privatisation des services sociaux de base et pourtant « jusqu’à ce jour, il n’existe aucun texte de loi décrivant la privatisation comme telle ».
Parlant des alternatives par rapport aux privatisations des services sociaux essentiels, Martin Lofete a cité celles proposées par son panel à Bamako :
« il nous faut un syndicalisme pour la démocratie économique ; un syndicalisme pour la démocratie sociale ; un syndicalisme pour la démocratie politique ; un syndicalisme pour la démocratie culturelle ». Après avoir développé le contenu de chaque alternative, le Syndicaliste a conclu en interpellant les citoyens congolais pour un combat contre les injustices au niveau national, régional et international. « Il nous faut nous mettre ensemble afin de bâtir un autre monde, un autre Congo à travers notre Forum Social Congolais qui doit être participatif »
4. Solange Kambidi, Présidente de l’UNAF, l’Union Nationale des Femmes..
« Les femmes étaient présentes à Bamako. Venues de toute part, même en caravanes, elles ont été actives au Forum Social Mondial et principale à l’UNIVERS DES FEMMES au Palais de la Culture. ». Solange Kambidi de l’Union Nationale des Femmes, UNAF, explique comment elle a participé à plusieurs ateliers sur plusieurs sites bien qu’elle ait consacrée la plupart de son temps à « l’Univers des Femmes ».
« Je ne saurai parler de tout ce que j’ai vu ou fais au Forum Social Mondiale en une journée de restitution. » a fait savoir Solange qui a insisté sur le fait que Les femmes de partout au monde ont presque le même combat !
« Moi, j’ai parlé de la femme congolaise et de ses 1.000 bras… » a révélé la Présidente de l’UNAF. « Plusieurs femmes ont été surprises d’apprendre certaines réalités congolaises telles que le "délestage alimentaire" dans plusieurs familles ».
Elle a parlé des axes principaux concernant la femme qui ont été développé ainsi que de quelques alternatives proposées à « l’Univers de la Femme ».
Pour terminer elle a appelé à la mobilisation pour le Forum Social Congolais.
5. Danny SINGOMA, Coordonnateur du Programme FADOC au CENADEP(Centre National d’Appui au Développement et à la Participation Populaire), Secrétariat du Forum Social Congolais
Danny Singoma a introduit son intervention en racontant son arrivée à Bamako : « j’ai quitté Kinshasa le 16 janvier 2006 pour arriver à Bamako le 18 janvier après deux nuits à Addis Abeba tout simplement parce que la compagnie nationale qui assurait les vols directs a été mise en faillite». A Bamako, a fait savoir Danny, il était impressionné par le Comité d’accueil constitué des membres des commissions mis en place par les organisateur du Forum Social Mondial.
Il a continué en racontant comment un beau bus, qu’il a comparé à ceux de la MONUC à Kinshasa, appartenant à l’Université de Bamako l’a amené à l’Hôtel en passant par le siège du Secrétariat.
Le lendemain, continue-t-il, c’était le jour de l’accréditation. « J’étais impressionné par l’engouement des associations maliennes à payer leur accréditation. « Il nous a fallu faire la file pendant plus de 2 heures pour obtenir notre accréditation et donc, notre badge ».
Danny a expliqué pourquoi il raconte tout cela : « je vais bien parler de l’aspect ORGANISATION du Forum Social Mondial Polycentrique de Bamako par les maliens ».
Il affirme qu’il a été impressionné par l’organisation : Une Coordination et un Secrétariat. « La coordination, menée de main de Maître par Mamadou Goïta de FORAM jouait beaucoup plus un rôle politique et le Secrétariat, un rôle technique ».
Le Comité d’organisation a eu des relais dans l’ensemble du pays pour mobiliser les organisations de la Société civile. Cette mobilisation a été une réussite a dit Danny.
« Les commissions étaient bien présentes et opérationnelles sur l’ensemble des sites du Forum ».
La Coordination a bien joué son rôle de lobbying. Ils sont bien vendu le Forum aux autorités politiques qui ont donné des hauts places du Bamako pour y tenir le Forum : Mémorial Modibo Keïta ; Centre International des Conférences ; Palais de la Culture ; Ecole Nationale d’Administration ; Musée Nationale ; Stade Modibo Keïta ; Université de Bamako ; Pyramide du Souvenir ; Maison des Jeunes ».
Parlant de la marche d’ouverture, Danny a indiqué qu’il a estimé le nombre des participants à plus de 20.000 personnes venus de toute part de la terre. « La marche était encadré par des éléments de force de l’ordre que nous avons continué à observer partout, sur les différents site ». Si pour certains, la présence des Forces de l’ordre était inappropriée, pour Danny c’est encourageant pour la sécurité des étrangers.
« Je suis allé à Bamako avec l’appui de Solsoc , partenariat du CENADEP dans le cadre du Programme FADOC (Formation et Appui à la Dynamisation des Organisations Communautaires de base). C’est ma deuxième participation à un Forum Social Mondial. A Bamako, nous avons organisé un atelier du Fadoc Afrique au Mémorial Modibo Keïta ». Il y a plusieurs activités organisés au Forum par plusieurs organisations et réseaux de plusieurs pays du monde.
Continuant son propos, Danny dit qu’il a regretté le fait que la population malienne n’a pas vraiment participé. « Les artisans, les commerçants, les travailleurs, étaient peu nombreux ». Cela nous pousse à nous poser des questions.
L’éloignement des sites, les uns par rapport aux autres, la méthodologie d’animation des ateliers qui ne conduit pas finalement à la proposition d’alternatives, le fait de beaucoup miser sur les promesses extérieures de financement, l’annulation de plusieurs activités prévues, le peu de lien fait entre ce qui se passait à Bamako et à Caracas, sont des points faibles révélés par Danny.
A Côté de cela, il loue la bravoure des organisateurs, l’engagement des associations maliennes, l’autoprise en charge des participants, la qualité de la traduction ; la médiatisation du Forum, l’organisation d’une séance de bilan et l’esprit du volontariat des jeunes.
Les jeunes, a indiqué Danny, ont prouvé qu’ils étaient là. Ils ont dressé leur camp au Stade Modibo Keïta qu’ils ont rebaptisé « Camp THOMAS SANKARA ».
Pour terminer Danny Reconnaît que si le Forum de Bamako était une réussite, c’est tout d’abord parce que le comité d’organisation avec la Coordination et le Secrétariat ont très bien fait leur travail et aussi parce que les associations maliennes se sont fortement mobilisées et prises en charge.
« Nous devons tirer les leçons de l’expérience du Mali pour éviter les ratés et développer les réussites ». « Notre Forum est possible. C’est une affaire de conviction, d’engagement et même … de sacrifice. Je crois au Forum Social Congolais et je me battrai pour sa concrétisation ».
6. Victor Nzuzi de la Nouvelle Alternative pour le Développement (N.A.D.
Bien que n’ayant pas été prévu au départ pour intervenir car l’organisation ne le croyait pas à Kinshasa, la parole a été accordée à Victor Nzuzi qui était bel et bien dans la salle. Il n’a pas eu trop à dire car il lui avait été accordé quelques petites minutes pour parler de Caracas.
« Le Forum de Caracas a été tenu sous le signe de la révolution bolivarienne » C’est par ces mots que commencent Victor Nzuzi qui de tous les intervenants est le seul a avoir été à Caracas au Vénézuela.
Il parle de Lula le brésilien comme d’un espoir déçu et évoque Hugo Chavez du Brésil et Evo Morales de Bolivie qui portent l’espoir de la lutte actuelle de leurs peuples et même des autres. « Ces deux là nous montrent la bonne exemple de la Coopération Sud-Sud ».
Il continue son intervention en rappelant les noms de plusieurs modèles congolais à l’instar de Lumumba qui ont lutté contre l’impérialisme et qui peuvent être de modèles pour la jeunesse.
Il encourage la tenue du Forum Social Congolais et en appelle à éviter l’exclusion et le culte des élites.
B. Le Débat :
Après les communications, un débat a été ouvert. Des questions liées aux leçons tirées du Forum Social Mondial pour la bonne concrétisation du Forum Social Congolais ont été posées. La question de la période propice pour la tenue du FSC : avant ou après les élections a également été posée. Des propositions ont été émises et le Secrétariat a été chargée de proposer toutes ces préoccupations aux prochaines réunions de préparation du Forum Social Congolais.
C. Conclusion :
La restitution de la 6e édition du Forum Social Congolais s’est déroulée dans une ambiance conviviale. Il a été apprécié la participation des Syndicalistes aux côtés des ONG et l’appel a été fait pour continuer l’inclusion de toutes les forces sociales.
Un mot de remerciement a été adressé à la Délégation de la Communauté français de Belgique et à toute l’équipe du Centre Wallonie pour avoir accepter d’accorder un espace pour la restitution du FSM.
Les organisations de la base ont été encouragées à continuer à se mobiliser et à se préparer pour le Forum Social Congolais et à relayer l’information au plus loin.
Un appel a été lancé aux participants pour visiter le site Internet du Forum Social Congolais sur www.forum-social-rdc.org et à communiquer avec le secrétariat à l’adresse : secretariat@forum-social-rdc.org
Le Secrétariat du Forum Social Congolais
