Rapport sur la situation des droits Humains a l'Est de la R D Congo ( Avril 2006): KALONGE, VIVRE DANS LA PAIX ou DANS LA PEINE ?

Préambule

La R D Congo est actuellement dans une phase très décisive de préparation des premières élections depuis son accession à l’indépendance. Toute l’attention est focalisée sur la réussite de ces dernières, mais les aspects sécuritaire et pacifique semblent être pris à la légère d’autant plus qu’ils constituent les conditions sine qua non de la réussite.
Pendant que les politiciens affûtent leurs armes pour se préparer à la gestion du pays après les élections, les chefs des groupes armés, milices, rebelles et dissidents continuent à gagner du terrain et à maintenir l’insécurité à l’Est du pays (des morts enregistrés chaque semaine, des blessés, des femmes et filles violées, des enfants recrutés de force dans l’armée, des pillages et destructions massives des maisons,… bref la maintenance de la terreur).
La population civile devient de plus en plus vulnérable et est victime des exactions et violations des droits humains commises par ces derniers.
Cette partie du pays, étant la porte d’entrée des toutes les rebellions qui ont été à la base des plus de quatre millions de morts, est aujourd’hui à la merci de toutes les forces du mal. La population innocente ne sait plus à quel saint se vouer, car même les militaires qui sont censés les protéger sèment la terreur et sont auteurs des multiples exactions.
Profitant de la présence et des exactions commises par les rebelles hutus rwandais et Interahamwe dans les villages, ils attaquent la population civile pendant la nuit ou même la journée.
Profitant aussi de la présence dans la ville de Bukavu des bandits à mains armées et de la multiplicité et de la prolifération des armes légères et de petits calibres dans la ville, ils sèment l’insécurité, alors que le Président de la République Joseph Kabila avait mis son quartier général. Le gros pourcentage des meurtres commis dans la ville de Bukavu est attribué aux militaires des Forces Armées de la R D Congo (FARDC) encore au service et anciens démobilisés de l’armée. Au moins 10 meurtres dans 11 jours avec comme auteurs des hommes armes en uniformes militaires, au mois de mars 2006, un record du jamais vu dans ledit quartier général de la présidence de la République.
Ces faits augurent le climat futur que l’Est du pays risque de traverser dans les jours qui viennent avant ou après les élections. La récupération et les manœuvres des politiciens, pour bloquer la tenue ou le bon déroulement des élections, l’infiltration de armées étrangères, des rebelles, milices et militaires dissidents actifs actuellement dans le Nord et Sud- Kivu ainsi que dans la province orientale.
Personne pour protéger la population civile pendant que l’armée n’est pas réunifiée et qui vit dans des conditions sociales très précaires.
Le climat tendu au sein des institutions du gouvernement de la R D Congo donne place à la multiplicité de la violence et aux préparatifs des projets de déstabilisation du pays.
Certes, les auteurs sont connus, mais restent impunis, et même si l’on parvient à les arrêter, les décisions du verdict ne sont pas exécutées. C’est dommage que la R D Congo continue à cautionner l’impunité, alors qu’ils sont nombreux qui doivent répondre de leurs actes devant la justice internationale.
Entre temps, Projet GRAM- Kivu se félicite des avancées de la justice nationale, car ce 17 mars 2006, elle vient de condamner un commandant de l’ex mouvement Mudundu 40 pour arrestation arbitraire et détention illégale d’enfants qui avaient déjà quitte les forces armées et qui se sont vus re-recrutes par lui en avril 2004.
Nous pensons qu’après l’arrestation de Thomas Lubanga, l’ancien chef rebelle des milices en Ituri, doivent suivre Laurent Nkunda,… et autres.
La population en a marre : celle des villages fuit l’insécurité causée par les rebelles hutus rwandais et Interahamwe et les militaires des FARDC pensant retrouver la quiétude dans la ville de Bukavu ; pendant que celle de la ville Bukavu pense trouver refuge dans les villages pour fuir l’insécurité causée par les militaires des FARDC. Le ras le bol de la population civile a été manifesté ces derniers jours dans la ville de Bukavu quand les militaires des FARDC ont été attrapés par elle en flagrant délit la nuit. Deux enfants ont été tués lors de ces manifestations.
Le présent rapport insiste sur la situation de la Collectivité – chefferie de Kalonge en territoire de Bunyakiri ou la population est à la merci des militaires des FARDC et des rebelles hutus rwandais et Interahamwe, et est victime des multiples exactions et violations des droits humains.
Peu d’actions de grande envergure sont entreprises par les autorités militaires pour sécuriser cette collectivité, alors qu’ elle a été le théâtre des affrontements des plusieurs groupes armés depuis l’arrivée des réfugiés hutus rwandais dans cette zone en 1997. Depuis, elle a connu plus de « 19 libérations » successivement faites par les armées de l’AFDL de Laurent Désiré Kabila, les Mai- Mai, l’armée du RCD- Goma, l’armée rwandaise (APR), et les rebelles hutus rwandais (FDLR et Interahamwe). La population civile de cette partie du pays vit dans la Peine que dans la Paix.
Il est temps que les autorités tant militaires que politiques de la R D Congo assurent la sécurité du pays, protègent la population civile et leur biens, car les ennemies de la paix risquent de profiter de ce désordre pour réaliser leur projet de déstabilisation du pays, nous citons les anciens belligérants signataires des accords de paix, les milices, rebelles dissidents et rebelles hutus rwandais actifs à l’Est du pays.

Projet GRAM- Kivu (Groupe de Recherches et d’Actions contre la Marginalisation au Kivu) en tant qu’organisation congolaise des droits de l’Homme, s’inquiète du sort de la population de l’Est de la R D Congo qui ne sait plus ou mettre leur confiance quant leur sécurité et à celle du pays et compatit avec elle dans cette situation de désespoir et de déception, mais en appelle à la communauté internationale de renforcer leurs actions en R D Congo pour que les élections se déroulent dans des bonnes conditions et qu’après les élections le pays soit reconstruit.
Entre temps, elle continue à louer et salue ses efforts à travers les résolutions du conseil de sécurité des Nations Unies dans les préparatifs et la sécurisation des élections en R D Congo.

Victor AMISSI SULUBIKA
Coordinateur du Projet GRAM – Kivu
Défenseur des Droits de l’Homme et Chercheur
Avril 2006

Contexte

Kalonge est une Collectivité – Chefferie d’une superficie de 750 km2, avec une densité de plus ou moins 100.000 habitants, voisin du Parc National de Kahuzi- Biega (PNKB), située à plus de 64 Km de la ville de Bukavu dans le territoire de Bunyakiri en Province du Sud- Kivu (Est de la R D Congo).
Sa population est entrain de traverser une fois de plus des moments très difficiles de son histoire caractérisés par une insécurité généralisée.
L’on se souviendra que cette population n’a jamais vécu en sécurité depuis la guerre de libération par l’Alliance des Forces Démocratique pour la Libération du Congo (AFDL) en 1996 où tous les réfugiés rwandais ont été chassé de leurs camps et dispersés dans les forêts environnants la chefferie de Kalonge et le Parc National de Kahuzi –Biega (PNKB).
Dès maintenant cette population a été prise en otage par les rebelles hutus rwandais et Interahamwe qui ont commencé à commettre des exactions des différents genres à l’égard de la paisible population sans défense ni protection.
Après l’installation de ce derniers dans les forêts, viendra le mouvement Mai - Mai connu sous le nom de Katuku qui continue aussi les exactions spécialisé dans le pillage surtout du gros bétails et ensuite la guerre de Rassemblement Congolais pour la Démocratie ( RCD - Goma) en 1998.
Tous les groupes armés, jadis rivaux ont élu domicile dans la chefferie de Kalonge où chacun de ces groupes voulait bien chasser l’autre et se proclamer maître absolu du terrain; ce qui intensifiait les affrontements et des violations graves de droits de l’homme à savoir des tueries, des incendies des maisons, des viols et violences sexuelles faites aux femmes, l’enrôlement et l’utilisation des enfants de moins de 18 ans dans ces forces et groupes armés, les pillages, l’exploitation sexuelle des filles avec comme conséquence la propagation du VIH/Sida, la déscolarisation et la non scolarisation etc…
Lors de la signature de l’accord global et inclusif à Pretoria en Afrique du Sud en Décembre 2002, qui avait parmi ses objectifs, la formation d’une armée restructurée et intégrée, dont le RCD et Mai -Mai étaient signataires, la population de Kalonge était déjà à sa 18ème « libération »; 18 affrontements alternativement soit par le RCD - Goma, soit par les Mai- Mai. Le groupe armé qui chassait l’autre se disait libérateur, avec des effets néfastes sur la population (violations graves de droits de l’homme).
Malgré tous ces affrontements, il n’y avait ni vainqueur ni vaincu puisque les deux forces ont fini par se partager cette entité avec des retombées sur la population, car celui qui traversait d’une partie à une autre était traité d’espion mettant ainsi sa vie en danger et donc beaucoup des gens en ont été tué.
Cinq mois après la signature de l’accord global et inclusif soit en date du 02 mai 2003, déjà neuf mois d’occupation entière par les Mai -Mai, les forces du RCD- Goma ont été déployées à Kalonge, conduit par un certain Major Kanku. Celles-ci se sont caractérisées par des viols, pillages systématiques et la destruction des maisons pour y récupérer des biens de la population civile.
Malgré toutes ces exactions, ce major est resté impuni comme qui dirait qu’il a bien fait son travail et mérite des applaudissements.
Plus tard en date du 08 juillet 2005, les militaires des FARDC commandés par le Major Kateyateya de la composante ex Mai- Mai et qui étaient basés à Kalonge ont été déployés dans le Parc National de Kahuzi- Biega (PNKB) pour déloger les Interahamwe (FDLR) dans leurs camps situés en plein parc.
Mission accomplie, ils sont rentrés (les FARDC) sans laisser quelques militaires pouvant sécuriser la population des localités de Ntulu et Mamba aux éventuelles vengeances de ces inciviques.
Le lendemain, ces inciviques sont rentrés se venger sur la paisible population avec un lourd bilan de 41 personnes brûlées vives dans leurs maisons, dont 17 enfants, 20 femmes et 4 hommes, 61 maisons incendiées, 4 hommes emportés et assassinés en plein parc et 23 femmes et filles violées.
Parmi les filles emportées, certaines sont rentrées avec des grossesses : deux ont avorté, quatre en ont mis au monde. Ces enfants sont actuellement indésirables par la population, ils sont appelés « races des vipères » pour signifier que c’est une bombe à retardement et qu’il faut s’en débarrasser.
Actuellement, la situation va de mal en pis, et d’aucun pouvait se demander finalement si cette population n’a pas droit à la protection comme tout être humain.
Sur une superficie de 750 km2, avec une densité de plus ou moins 100.000 habitants, seule une compagnie de 30 militaires contrôle toute l’entité.
Des attaques lancées par les militaires des FARDC avec l’appui de la MONUC contre les FDLR, rebelles hutus rwandais à Bunyakiri, avec comme objectif de les contraindre au rapatriement volontaire dans leur pays d’origine, le Rwanda, les ont poussé de réintégrer les forets environnant la chefferie de Kalonge. Ils se ravitaillent facilement, entrent librement dans les villages ; pour dispersent la population, incendient des maisons, violent et emportent d’autres femmes en forets, pillent systématiquement bétails et tous les effets de la maison et les champs, etc… sachant qu’il n’y aura personne pouvant les inquiéter.
Ainsi les militaires des FARDC en place en profitent et trouvent un prétexte pour justifier leurs exactions ; ils commettent des exactions au nom des Interahamwe.
Commandé par un capitaine répondant au nom de Indi-Molenga, une compagnie du bataillon basée à Nindja, commettent des exactions, terrorisent, violent, pillent, arrêtent arbitrairement la paisible population, dissipent des minutions des guerres, érigent des barrières par ci par-là et utilisent encore des enfants comme soldats.
Ces multiples exactions sont commises la nuit en se déguisant en Interahamwe (FDLR), même à quelques mètres de leur Etat - Major basé à Cifunzi dans la Collectivité – Chefferie de Kalonge. Malgré les plaintes de la population victime, les militaires rétorquent pouvoir ne rien faire compte tenu de leur effectif très réduit et qu’il faut seulement attendre la journée pour constater les dégâts causés.
Ainsi la population civile est contrainte à se déplacer avec tous les risques et périls. Abandonnant leurs domiciles, certains se retrouvent dans des familles d’accueils où les conditions humanitaires ne sont pas favorables, d’autres qui n’ont pas trouver des familles d’accueil, passent des nuits à la belle étoile.

DES VIOLATIONS DES DROITS HUMAINS COMMISES A
KALONGE

I. DU COTE DES FARDC

A. Des cas des Viols

- En date du 04 février 2005, Mesdames M’Lukolola Ntamwinja, épouse de Monsieur Joseph Ntazibola Mirindi, âgée de 23 ans et M’Nabihigi, habitant le village Mukundu dans le groupement de Mule, ont été violées par les militaires des FARDC.

- En date du 10 février 2006, Madame M’Cabalala, épouse de Monsieur Gaston Basedeke du village de Misinga dans le groupement de Rambo, a été violée par les militaires des FARDC.
- En date du 15 février 2005, les demoiselles Mapendo Cyprien, Jeannette Mutuzi et Madame M’Musiru Cigolo, toutes de le groupement de Mule, ont été violées par les militaires des FARDC.

Précisons que toutes ces filles et femmes ont été violées en pleine journée dans le groupement de Mule et de Rambo.

B. Des cas des pillages

Les militaires des FARDC organisent des pillages la nuit en se déguisant aux Interahamwe, et s’introduisent dans des maisons, non seulement pour violer, mais aussi pour piller.

- Dans les nuits du 03 et du 05 janvier 2006, les militaires des FARDC ont pillé dans les villages Itara et Mukundu dans le groupement de Mule

- En date du 11 février 2006, les FARDC ont pillé dans les groupements de Cifunzi et Caminunu.

- En date du 09 février 2006, vers 23 heures, Messieurs Chambu Bavurhe, Mulembezi Shamukesa, Cidorho et Nabuuko, tous de la localité de Kashesha, ont été visité par les militaires des FARDC : 6 chèvres, 10 poules, 20$, 2 pantalons Jeans, 2 couvertures et plusieurs autres biens de la maison ont été emportés.

- En date du 10 février 2006, Monsieur Zénon, ouvrier à la base de l’Ong internationale I.M.C. à Kalonge et vendeur des boissons au centre commercial de Kalonge, a été visité par les militaires des FARDC à 0 heures, alors qu’il habite à moins de 300m de l’Etat-major des FARDC à Cifunzi.

- En date du 30 février 2006, les militaires des FARDC ont pillé dans les villages de Bweyo et Mukundu en groupement de Mule.
Signalons que tous les biens pillés dans le groupement de Mule, ont été transportés par la population victime jusqu’à Nindja.

C. Des barrières érigées

En plus des pillages et spoliations des biens de la population civile par les militaires des FARDC et les rebelles hutus rwandais, Interahamwe, les barrières sont érigées à l’entrée de la Collectivité – chefferie de Kalonge ainsi qu’à l’entrée du marché.
Celles- ci sont tenues par les militaires des FARDC et les autorités locales. Ils exigent à tout passant de payer 50 Francs congolais pour y franchir.
A chaque entrée de Kalonge et à chaque entrée des marchés, il y a des barrières érigées et par les autorités locales et par les militaires et pour les franchir, il faut avoir payé 50Fc.
Pour la route qui mène vers Bisisi et Idunga (Shabunda) en passant par le groupement de Caminunu, chaque passant doit payer 200 Francs Congolais.

II.DU COTE FDLR, Rebelles Hutus rwandais, Interahamwe

Ils sont responsables de la majeure partie des exactions commises depuis 1996 jusqu’aujourd’hui à l’égard de la paisible population, qui reste abandonnée à leur triste sort.
Pour rappel ils se caractérisent dans les tueries, les viols à répétitions, des incendies des maisons, des pillages répétitifs et systématiques et dans les déplacements massifs des populations.
Comme mentionné ci- haut, les opérations lancées contre les Interahamwe (FDLR) à Bunyakiri en début février dernier par les militaires des FARDC et celles de la MONUC, les ont dispersés dans les forets environnants la Collectivité- Chefferie de Kalonge, forts spécialisés dans la barbarie et n’étant pas inquiétés, ils n’ont pas tarder à manifester leur comportement.
- En date du 07 février 2006, ces inciviques ont pillé dans le village de Mihinga en groupement de Cifunzi, non loin de l’Etat- Major des FARDC.
Ils ont visité alors la famille Kamima Kanyoroka où ils ont emporté 3 vaches et son fils emporté pour compagnie, ainsi que la famille de l’infirmier du poste de santé de SATI en refuge dans ce milieu où tous les médicaments et d’autres biens de la maison ont été emportés.

- En date du 11 février 2006, les femmes vendeuses d’huile de palme qui se rendaient à au marche à Bunyakiri, se sont heurtées aux FDLR. Tout l’argent qu’elles détenaient a été emporté.

- La nuit de la même date, ces inciviques ont pillé les familles suivantes dans la localité de Kashesha-Lungomangoma: les familles du Pasteur Bahaya Birhashwirwa de l’église de la 5ème Celpa, Cimbarhi, Fidèle Murungwe, Tudu Rusomoka, Deward Muhemeri, Mukabule, Kabarhi et Vincent Kabarhi avec comme bilan :
*31 poules,
* 90 dollars US,
* 13 cobayes,
* 2 bibles,
* 2 pairs des habits wax hollandais,
* Matériels de menuiserie: 2 scies joseph, 1 rabot, 3 ciseaux
* Et d’autres biens de valeurs de la maison ont été emportés.
* Apres l’opération, ils ont emporté 6 personnes parmi les victimes pour le transport des biens pillés.

- En date du 06 mars 2006; ces inciviques sont retournés dans la localité de Kashesha et Mushingi où ils ont emporté :
* 33 chèvres,
* 5 cochons, des poules et d’autres biens de valeur,
* Le centre de santé de l’Eglise adventiste du 7ème jour a été également pillé (médicaments et matériels),
* 2 sentinelles torturées et grièvement blessées,
* 6 maisons incendiées.
- En date du 15 mars 2006, ces inciviques sont retournés dans la localité de Mushingi où ils ont systématiquement pillé jusqu’à l’anéantir: le bilan n’est pas moindre :
* 51 maisons incendiées,
* 23 femmes violées sur le champ, dont 7 violées à répétition (en masse) et se trouvent actuellement dans un état de santé très déplorable,
* 8 personnes emportées dont 6 femmes et 2 hommes,
* 4 personnes torturées à mort, beaucoup de biens matériels pillés,
* Toute la population de Mushingi et Kashesha en déplacement vers Cifunzi- Centre et Rambo.
Ces assaillants ont promis de revenir dans cette localité, car ils n’ont pas encore fini leur sale besogne.

CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS

Il est clair que si rien n’est entrepris pour sécuriser le population de cette partie du pays avant juin 2006, période prévue pour des élections, l’on se retrouvera avec un nombre très important des populations déplacées dans les villages voisins de Kalonge et dans la ville de Bukavu fuyant l’insécurité et les exactions commises par les militaires des FARDC et les rebelles hutus rwandais, Interahamwe. Avec pour conséquence la perturbation des préparatifs et déroulement des élections prévues au mois de juin prochain.
La population civile de la Collectivité – Chefferie de Kalonge est effectivement abandonnée à elle- même, car la menace en provenance des rebelles hutus rwandais (FDLR) ne cesse de s’accroître et le bilan des atrocités ne cesse de s’alourdir. Ajouter à cela l’implication et la complicité des militaires des FARDC sur place, leur incapacité d’assurer la sécurité de la population et de leur biens, car eux aussi auteurs et responsables.
Et si l’impunité ne cesse, les exactions continueront et ne s’arrêteront pas. Ainsi, les auteurs continuent à courir et à accentuer leurs actions sur la population civile, innocente; car personne ne les inquiète.
Devant cette situation si alarmante, Projet GRAM- Kivu (Groupe de Recherches et d’Actions contre la Marginalisation au Kivu) tout en s’inquiétant du sort de la population civile de Kalonge et de son avenir, tient à rappeler aux autorités militaires des FARDC leur rôle de protéger la population et leurs biens, et d’améliorer les conditions sociales très précaires des militaires.
De tout ce qui précède, Projet GRAM – Kivu recommande ce qui suit :

* Aux autorités de la 10ème région militaire

- De déployer le plus tôt possible un bataillon des militaires brassé, très discipliné pouvant sécuriser les personnes et leurs biens et d’en augmenter leur effectif, car le rôle joué par les militaires présents n’est qu’un semblant d’assurer la sécurité du milieu. Nous demandons des actions concrètes sur terrain, afin de recréer la confiance de la population sur l’armée de la R D Congo. L’on se rappellera que l’ancienne armée du feu Président Mobutu a perdu confiance auprès de la population a travers ces genres d’actions, ce qui a été à la base de leur échec.

- De suivre a la loupe les instructions données en mai 2005 du Chef de l’Etat Major de ne plus recruter des enfants de moins de 18 ans au sein des FARDC, et de démobiliser les enfants de moins de 18 ans se trouvant encore dans le bataillon de la compagnie commandée par le capitaine Indi- Molenga à Kalonge. Ceci est en l’encontre de la Convention internationale relative aux droits des enfants dans son article 37 qui interdit la participation et la circonscription des enfants de moins de 18 ans dans les conflits armés, ainsi que sur la nouvelle loi 04/023 du 12 novembre 2004 portant sur l’organisation générale de la défense et des forces armées qui interdit l’emploi des civils ages de moins de 18 ans en cas de mobilisation.

- D’instruire leurs troupes sur le respect des droits de la personne humaine et d’arrêter tous les militaires auteurs des actes de barbaries, de viols et de violences faites aux femmes et aux jeunes filles, après avoir mené des enquêtes sur terrain.

- De s’impliquer fortement dans les actions de démantèlement des poches de résistance des rebelles hutus rwandais, Interahamwe, FDLR actifs dans les forets et villages du Sud- Kivu en collaboration avec les forces des Nations Unies.
* A la communauté Internationale

- A travers la MONUC et le Haut Commissariat des Réfugiés (HCR), d’accélérer les opérations de DDRRR en faveur des réfugiés hutus rwandais, Interahamwe et FDLR, afin de désengorger les forets et villages à Kalonge et le reste de l’Est de la RD Congo. Leur présence est une menace pour la population civile qui est victime de leurs actes de barbaries et pour la Paix au pays.

- A travers les Organisations internationales, humanitaires et Organismes des Nations Unies présents dans la Province du Sud- Kivu, de mener des actions humanitaires à la population de Kalonge, qui est actuellement victime, vulnérable et traumatisée (déplacés locaux, victimes des viols et violences sexuelles).

* Aux associations membres de la Société Civile du Sud – Kivu

- A travers la Coordination de protection de l’Enfance, Coalition pour mettre fin à l’utilisation d’enfants soldats en RDC et aux associations de défense de droits de l’Homme ; de renforcer leurs actions de monitoring sur les violations des droits de l’Homme commises, de renforcer le plaidoyer et de lobbying auprès des autorités militaires de la 10eme région militaire, autorités politiques de la Province du Sud- Kivu pour le respect des droits humains en général et des droits de l’enfant en particulier.

- Qu’en collaboration avec la section de la protection de l’enfance de la MONUC, elles entreprennent les actions de plaidoyer pour obtenir la démobilisation des ces enfants encore soldats dans le bataillon commandé par le capitaine Indi- Molenga à Kalonge, ainsi que dans d’autres bataillons en dehors de Kalonge.

« Il est impérieux que la population civile ait la paix, condition de la réussite des élections en R D Congo, sinon,…».

Avril 2006

Projet GRAM- Kivu
Email : amsulvic1@yahoo.ca
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Web Site : www.gramkivu.org