Etat des lieux sur le mouvement et la prolifération des armes au Nord Kivu
Nul n’est besoin de rappeler que le mouvement lié à la circulation, la détention et la prolifération des armes légères est une réalité en province du Nord-Kivu particulièrement dans les territoires de Masisi, Walikale, Nyiragongo, Rutshuru et dans la ville de Goma.
En effet, des armes ont été distribuées depuis le mois de juin 2004 dans les territoires précités. Certaines autorités politico administratives tant civiles que militaires au niveau provincial, urbain, territorial, et local ont été activement impliquées. Il en est de même de quelques personnalités considérées comme leader d’opinion dans le regroupement appelé depuis un certain au Nord-Kivu «Rwandophone» et agissant à travers une ONG, locale dénommée Tous Pour La Paix et le Développement, TPD en sigle et dont le Gouverneur du Nord-Kivu est le patron.
Un Certain Bertin Kirivita (député RCD ayant désisté et membre du TPD), sur instructions du Gouverneur Serufuli Eugène et des autres membres du lobby rwandophone fut envoyé à Nairobi au Kenya en mars 2004 pour convoyer un container contenant un chargement d’armes, munitions et uniformes militaires pour Goma via le Ruanda. Bien sur, à la douane ce qui a été déclaré, c’est du matériel médical pour le compte du gouvernorat de province du Nord-Kivu.
A ce jour on estime à plus de 4 000 pièces de kalachnikovs distribuées aux civils sans compter ce que détiennent les arrières gardes de différentes factions des milices may may et les FDLR qui pullulent dans la province.
Ajoutons sur ce tableau, les armes légères et lourdes détenues par les hommes de Nkunda Laurent estimés à trois brigades (environ 2400 hommes) et qui ne sont répertoriées par aucune instance officielle. Le silence total du gouvernement de la RDC et de La 8ème région militaire sur le cas Nkunda étonne plus d’un observateur résident au Nord-Kivu et soucieux de la fin de l’impunité et de l’aventurisme guerrière dans ce pays.
Dans la ville de Goma, les armes ont été distribuées aux personnalités Rwandophones (hutu et tutsi) et aux jeunes de ces milieux.
Le prétexte évoqué alors était celui de l’auto protection contre une attaque éventuelle de l’armée de Kabila qui projette de venir les exterminer. Ce qui était une manipulation de quelques affairistes pour que le Nord-Kivu ne retrouve jamais la paix afin que les pillages de ressources par des forces occultes puissent continuer à sévir.
Certains parmi les civils et les jeunes qui ont refusés ces armes et se sentant menacé ont été les premiers à contacter les organisations des Droits de l’homme pour leur protection éventuelle.
Aujourd’hui des mécanismes en vue de la récupération des armes distribuées sont mis en œuvre, notamment avec le système d’une arme contre 20 tôles.
Cette opération a été lancée par une organisation locale dénommée ACPD – Action Communautaire pour la Paix et le Développement.
Des informations recueillies auprès de l’ACPD, plus de 482 armes seraient déjà remises depuis avril 2006 surtout à Masisi, Goma et Rutshuru avec une attention particulière pour le territoire de Rutshuru (fief du gouverneur Serufuli) où une personne, à elle seule, remettait plus de cinq armes!
Fort malheureusement on constate que les paisibles citoyens, dans plusieurs localités ayant reçus ces armes et munitions sans en savoir les tenants et les aboutissants, ayant aujourd’hui la volonté de les remettre sont victimes de menaces et poursuites de la part de hautes personnalités et autorités impliquées dans les opérations de distribution.
Des analyses menées, l’ACPD serait la nouvelle création du Gouverneur de Province Eugène SERUFULI en remplacement du TPD – Tous pour la Paix et le Développement, aujourd’hui frappé par une résolution du Conseil de Sécurité des Nations Unies pour avoir été impliqué dans les opérations du trafic des armes en province du Nord-Kivu. Cette résolution des Nations Unies n’a malheureusement pas encore exécutée.
Le Coordonnateur de TPD, un certain KAPALATA, est à ce jour, Coordonnateur de l’ACPD. Le mandat de récupération des armes est dévolu à la MONUC et à la 8ème région militaire et pas à une organisation civile ;
A ce jour, les officiels de la Monuc n’ont aucune information sur la destination des 482 armes récupérées par l’opération initiée par l’ACPD. Les services de logistique de la 8ème région militaire, encore moins. Comme qui dirait, la marchandise est récupérée par son propriétaire…
SDV Goma, mai 2006
