Kinshasa : le ministère public requiert la peine de mort contre un pasteur, le tribunal se prononce le 16 juin 2006

(JPDH/Le Potentiel) Le ministère public a requis la peine de mort contre KUTHINO FERNANDO, pasteur et responsable de l’église Armée de Victoire, basée à Kinshasa, RD Congo, au cours de l’audience de mardi 13 juin 2006 ouverte au tribunal militaire de garnison de Kinshasa/Gombe. La même peine est requise également contre ses co-détenus poursuivis pour «association des malfaiteurs, tentative d’assassinat, rébellion et détention illégale d’armes et des munitions de guerre ». L’affaire ayant été prise en délibérée, le tribunal entend se prononcer le 16 juin 2006. Dans ses réquisitions, l’organe de la loi a requis la peine de mort contre le prévenu Kutino Fernando, la peine de mort contre le fugitif Freddy Mosawo, 20 ans de servitude pénale principal à l’endroit de Ngandu Junior Zabolo et 12 mois de servitude pénale principale contre le 1er sergent Sawa Anekonzapa. L’organe de la loi a noté que Kuthino Fernando est « un criminel qui mérite d’être corrigé ». Compte tenu de cette prévention à sa charge, il a réclamé contre lui la peine de mort, sans admission des circonstances atténuantes, en l’inculpant de l’infraction d’association des malfaiteurs et de tentative d’assassinat du pasteur Ngalasi. Pour convaincre le tribunal militaire, l’accusation, s’est appuyée sur les déclarations de feu le prévenu Maboso Lisasi, ce jeune policier mort en détention, et qui avait avoué au moment de son arrestation être le chef de la bande chargée par le pasteur incriminé, d’assassiner son collègue, le pasteur Ngalasi de l’Eglise La Louange, située à quelques mètres du lieu des cultes de l’église « Armée de Victoire ». Cette déposition filmée a été projetée sur vidéo au cours de l’audience foraine qui s’est déroulée dans les installations de l’Inspection provinciale de la police de la ville de Kinshasa. Faisant la description de la personnalité, le major magistrat Nkulu Katenda a allégué que « Sentant que les faits seront suffisamment établis, le prévenu a opté pour la chaise vide ». Pour étayer son assertion, l’accusation a révélé au tribunal que dans le passé, ce serviteur de Dieu avait déjà été arrêté avec tout un arsenal composé de grenades, d’une arme Uzi et de deux fusils Fall. « Kuthino n’est pas pasteur, mais un commandant qui avait l’armement de toute une brigade », a fait entendre le magistrat militaire Nkulu, avocat de la société. Axant son action sur le comportement du prévenu, le représentant de la loi a révélé qu’arrêté en 1997 par le président Laurent-Désiré Kabila, le pasteur Kuthino avait été surpris plein ébat avec une femme avocat venue lui rendre visite à l’infirmerie du Centre pénitentiaire et de rééducation de Kinshasa (CPRK).Toujours selon l’accusateur, le pasteur Kutino est père d’ un enfant - aujourd’hui âgé de six ans – de ses liens intimes avec sa secrétaire non autrement identifiée, du prénom de Fally. Le responsable de l’Armée de Victoire, toujours selon le ministère public, ne se serait pas arrêté là. Vers les années 2001-2002, dans la cité de Muanda (province du Bas-Congo), le pasteur Kutino aurait cohabité avec une certaine Yvonne hébergée par une nommée Marie-Jeanne qui exploitait une auberge sur la côte atlantique. Et vers mai-juin 2005 au Maroc, il aurait occupé tout un niveau d’un hôtel à Marrakech. «Il fallait voir comment notre archbishop - qui descendait dans la boîte installée dans la cave - était en train de se saouler au nom de Jésus-Christ », a ironisé le représentant du ministère public. Planchant sur le dossier du bishop Mbo, le ministère public a conclu que l’agressivité est devenue une deuxième nature pour les fidèles de Kutino, et les aveux ont été corroborés sur ce prévenu. Le mort Maboso disait qu’ils avaient été transportés dans une Mercedes de couleur bleu, de nuit, conduite par l’interprète Bompere. Ce qui se corrobore avec les déclarations de Mme Emilie Kutino qui avait déclaré que son mari possédait plutôt une Mercedes noire. « La nuit, tous les chats sont gris, et bonnet blanc, blanc bonnet », a argumenté l’organe de la loi. Selon l’accusation, le pasteur Bompere avait déjà fait la reconnaissance des lieux le jour où le pasteur Ngalasi lui avait fait visiter cette maison de Mont Ngafula encore en chantier à l’époque des faits. A l’endroit de ce prévenu, le ministère public a requis 20 ans prison ferme au motif que c’est un délinquant primaire. Concernant le prévenu Ngandu Junior Zabolo, le procureur de garnison a prié le tribunal de prendre en considération ses déclarations contenues dans les casettes vidéo ainsi que l’instruction pré-juridictionnelle de l’officier du ministère public. Mais de le condamner à 20 ans de servitude pénale principale, car délinquant primaire. L’accusation a dit au tribunal de réserver au fugitif Freddy Mosawo le même sort que l’accusé principal Kutino, car jugé par défaut. Donc, la peine de mort. Présentant le premier sergent-major Sawa Anekonzapa, le ministère public a dit que c’est un innocent envoûté par le gourou Kutino Fernando. Soldat de la garde du vice- président Jean-Pierre Bemba, ce dernier dont la présence ne se justifiait point dans cette église s’était – avec le colonel honoraire Wale - opposé aux agents envoyés pour la perquisition le dimanche 14 mai 2006, après le culte célébré au stade Tata Raphaël. Cela constitue une rébellion pour un militaire ou un individu employé au ministère de la Défense. Car, a dit le ministère public, l’attaque et la résistance sont deux formes possibles de rébellion. Et dans le cas présent, il s’agit d’une attaque ; la victime ayant été un agent de l’ordre. « Ici, l’intention coupable est requise, peu importe le mobile », a soutenu l’organe de la loi. C’est ainsi que le ministère public a requis 12 mois de servitude pénale principale contre l’intéressé. L’affaire a été prise en délibéré, et le tribunal militaire de garnison de Gombe rendra sa décision ce vendredi 16 juin 2006 à 9h00’.