Les jeunes étaient moins nombreux aux élections

Bukavu, 30 juillet 2006.

Il est 18h30, au centre de vote de l’Institut d’Ibanda, le dépouillement a commencé sous l’éclairage insuffisant d’une petite lampe rechargeable. Le Président du centre supervise l’opération devant des observateurs nationaux et étrangers, des journalistes et témoins des candidats indépendants et des partis politiques. La participation des femmes au scrutin était remarquable, mais les jeunes étaient à compter au bout des doigts. Globalement, à 17 heures, la plupart des bureaux de vote avaient fermé.
Pari relativement gagné pour la Commission Electorale Indépendante dont le crédit était à rude épreuve.

Déjà à 5 heures du matin, les électeurs étaient nombreux dans les centres de vote pour attendre l’ouverture, une heure plus tard. Les élections tant attendues sont là ! Et un peuple est déterminé à s’exprimer, à affronter même la nuit ! De MUSHERE/NGUBA à KABARE/KAVUMU, en passant par BAGIRA et MURHESA, ça se déroule dans une ambiance bon enfant. « Nous voulons voter les premiers parce qu’après il y aura beaucoup de monde… », dit une maman enceinte. Et c’est vrai, car entre midi et 13 heures, les cours sont pleines à débordement et, avec le soleil, le climat se réchauffe. Sur les filles indiennes, l’impatience est visible et même la fatigue. D’un site à l’autre, pour retrouver son nom sur les listes affichées, les gens font des va – et – viens. « Pourquoi n’a-t-on pas affiché la veille, comme à GOMA », lâche un électeur fatigué. Un autre est sur le point de retourner à la maison et de renoncer à son droit, visiblement déçu. Plus de 300 électeurs de Bagira ont leurs noms sur le Kit parti à KASHA et ne sont pas prêts à s’y rendre !
Sur quelques sites, l’on dénonce l’un ou l’autre témoin qui cherche à détourner le choix d’un non voyant ou d’un analphabète au profit de son candidat.
Sinon, pas d’incident majeur pour cette élection qui se termine plutôt bien. Il y aura eu plus de peur que de mal, des appréhensions et des suspicions qui auront servi à renforcer les précautions.

Les impressions des uns et des autres sont bonnes. Les policiers ont été à la hauteur. On les a vu accompagner des vulnérables jusqu’au bureau de vote. La population était disciplinée et les agents électoraux gentils. La responsable du centre de Nyakavogo est satisfaite de terminer avant l’échéance. Elle peut calmement attendre d’éventuels retardataires, respect de la loi oblige !

3 à 5 minutes auront suffit à chaque électeur pour s’acquitter de son devoir civique, sauf pour les analphabètes qui doivent se faire guider et qui prennent autour de 8 minutes.

Finalement, tout le monde aura été à la hauteur de cet événement historique, électeurs, agents électoraux et de l’ordre. Un engouement à la hauteur des attentes qui donne un taux de participation estimé à 90%.Si la participation des femmes a été remarquable, les jeunes étaient peu nombreux dans les centres de vote. La perte des cartes d’électeur, les déplacements suite à des transferts scolaires ou académiques, sont les principales raisons qui sont évoquées pour expliquer cette situation.

Pour la CEI, les témoins et observateurs, le travail continue tard dans la nuit.
Les tendances ne pourront être connues que dans la matinée de ce 31 juillet 2006.
L’essentiel est fait, mais, il faut encore patienter…

HUMANITAS, Sylvain MASIRIKA