RD Congo : Trois médias victimes d'un incendie à Kinshasa : JPDH exige une enquête onusienne
Journaliste pour la promotion et la défense des droits de l’homme (JPDH), organisation indépendante de défense des droits de la personne, de lutte contre l’impunité et de développement démocratique et Membre de la Coalition pour la Cour pénale internationale (CCPI) exige la mise sur pied d’une commission d’enquête mixte, constituée des responsables de la Mission d’observation des Nations Unies en RD Congo (Monuc) et des Forces de l’Union européenne (Eufor), en vue de faire toute la lumière sur l’incendie déclaré dans les installations de Canal Congo Télévision, Canal Kin Télévision et Radio Liberté Kinshasa et garantir ainsi l’indépendance et l’impartialité des résultats de l’enquête.
Background
Canal Kin Télévision (Cktv), Canal Congo Télévision (Cctv) et Radio Liberté Kinshasa (Ralik), chaînes de télévision et station de radio logées à la même enseigne et émettant à Kinshasa, capitale de la RD Congo, ont été l’objet d’un incendie lundi 18 septembre 2006 aux heures d’après-midi. Le même incendie a endommagé le siège du Mouvement de libération du Congo (MLC), installé dans le même bâtiment. Selon un enquêteur de JPDH dépêché sur les lieux du sinistre et qui a recueilli les témoignages des journalistes, tout se passait normalement, lorsque, brusquement, un feu monstre les a surpris dans les bureaux avant d’endommager complètement les installations. On y a enregistré des dégâts humains et matériels importants. Tous les services situés au premier et deuxième niveaux de l’immeuble, ont été touchés par le feu. Le Directeur général de Cktv et Ralik, Stéphane Kitutu, s’en est tiré avec des brûlures de troisième degré sur le dos et à la tête, assorties d’une blessure béante au niveau de la nuque avant d’être acheminé d’urgence à l’Hôpital général provincial de référence de Kinshasa (Ex- Mama Yemo). Charlie Biamungu et Jean Claude Kuzikesa, respectivement présentatrice du journal télévisé et producteur d’émissions politiques sur CCTV ont été blessés et conduits à un centre médical. D’autres journalistes et administratifs ont quitté l’immeuble, sis avenue du port, n° 6, commune de la Gombe, Centre ville, avec des blessures. Les trois médias, propriété de Jean-Pierre Bemba, vice-président de la République et candidat au second tour de l’élection présidentielle du 29 octobre 2006, ont été réduits au silence le 21 août 2006 par une coupure brusque de leur signal. On reprochait à ces chaînes de télévision et station de radio, de « mener une campagne d’incitation à la haine et à la violence à travers leurs émissions ». Le lundi 11 septembre 2006, sur la base des pressions des organisations de défense de la liberté de la presse, des structures de défense des droits de l’homme, des exigences, préalable, à un face-à-face Kabila – Bemba, et de la Communauté internationale, le signal a été rétabli mais le personnel de trois médias a été, auparavant, contraint à vivre dans la clandestinité. JPDH rappelle que c’est la troisième fois, en l’espace de 21 mois, que Cctv et Ralik sont réduits au silence. Le 18 janvier 2005, les deux médias ont été réduits au silence, accusés d’avoir diffusé sur leurs antennes, la conférence de presse de Joseph Olenghankoy, (Président des Fonus, formation politique de l’opposition) dont les propos seraient constitutifs d’incitation au mépris et à la violence.
Fait à Kinshasa, le 19 septembre 2006
Journaliste pour la promotion et la défense des droits de l’homme (JPDH)
