POLEMIQUE AUTOUR DE L’ÉLECTION DES SENATEURS : L’INTERPELLATION ET LA DENONCIATION COMME ARMES DEMOCRATIQUES
Dimanche 21 janvier 2007, les membres de la communauté de base de la RUZIZI (shirika RUZIZI) ont dans leur partage évangélique réfléchi sur les résultats provisoires des élections sénatoriales du 19 janvier 2007 et la prise en compte des aspirations du peuple au cours de la troisième République.
Les faits sont tels que 4 sénateurs représenteront le Sud-Kivu dans la chambre haute du parlement de la 3ème République pour un mandat de 5 ans.
Nous vous associons à ces réflexions et souhaitons ardemment recevoir vos commentaires non seulement sur cette élection mais aussi sur les espoirs que la population meurtrie fonde sur les institutions de la troisième République.
S’agissant des sénateurs, les grands électeurs que sont nos 36 députés provinciaux ont envoyé au Sénat de la République les honorables ci-après :
1. BALAMAGE NKOLO
2. SHENILA MWANZA
3. KUYE NDONDO
4. CIRIBAGULA BULULI
Ce sont ces 4 sénateurs qui ont mérité la confiance de nos représentants sur un total de 44 challengers.
Dès la fin du vote, les réactions ne se sont pas fait attendre.
Comment Boniface BALAMAGE NKOLO, candidat du RCD, un parti qui ne compte aucun député dans l’hémicycle provincial peut rafler la majorité du suffrage ?
Et lorsque l’on connaît l’opposition farouche de la population au Rassemblement congolais pour la Démocratie de triste mémoire, l’acte posé par nos députés ne pouvait que susciter des interrogations.
Il y a aussi à se rappeler que celui qui a obtenu 9 voix sur 36 n’a pas réussi à se faire élire dans son territoire, sa circonscription électorale. N’est-ce pas là une gifle de nos députés à l’endroit des électeurs de l’île d’IDJWI qui ont estimé cet « honorable » indigne de les représenter à l’Assemblée nationale ?
La population est aussi révoltée par la carrure et le profil de certains candidats délaissés par les grands électeurs au profit de certains noms inattendus. Elle s’attendait à ce que la résistance du Mwami NDATABAYE soit payée ainsi que l’expertise, le nationalisme et la sagesse reconnus au Bâtonnier LWANGO. Mais hélas ! Nos élus avaient d’autres critères ou d’autres motivations.
D’aucuns analysent ces résultats comme une révolte des députés provinciaux face au dictat de leurs partis et plateformes politiques, aux déboires de certains candidats avec la CEI (candidatures rejetés) mais aussi comme un signal fort lancé à l’AMP à quelques jours de l’élection du Gouverneur de Province.
D’autres y voient tout simplement la conséquence de la pauvreté qui est lisible sur les visages de certains de nos députés qui donc résisteront difficilement à la circulation des billets verts pendant leur mandat.
Cela provoque dans le chef des électeurs une peur bleue devant les grandes décisions qu’auront à prendre nos députés. Ce qui est vrai en province risque de l’être aussi au niveau national.
Ailleurs, on a même parlé de députés pourchassés par leurs corrupteurs pour n’avoir pas rempli le contrat pour lequel ils ont reçu argents et motos comme pour mettre des preuves matérielles à la disposition des juridictions compétentes pour se saisir de ces cas flagrants de corruption. Cette fois le peuple attend voir ce que vont faire les magistrats et les juges qui n’hésitent pas à se saisir rapidement lorsqu’il s’agit d’un simple citoyen et souvent pour une infraction bénigne !
De là plusieurs interrogations :
Les partis et regroupements politiques ont-ils donné une consigne électorale à leurs députés ou étaient-ils distraits, négligeant l’importance de l’élection sénatoriale ? Et s’il y a eu consigne, quelle autorité les partis et regroupements politiques exercent-ils sur les députés de leurs plateformes ?
Si les députés échappent au contrôle de leurs partis, qui pourra les gérer ?
De quelles armes dispose la population pour faire revenir ses élus à la raison ?
La population s’interroge et s’exprime clairement, c’est déjà un pas.
La force qui nous reste c’est la société civile que certains partis ont déjà inféodée ou fragilisé en en extrayant les grosses pointures pour former un parti politique.
L’Eglise, corps du Christ, reste aussi le dernier rempart pour faire entendre nos voix.
Il ne s’agit plus de partiser avec un pouvoir qui ne va pas dans le sens de la volonté populaire.
Nous chrétiens, soutenus par nos pasteurs, nous allons continuer à parler, à interpeller, à dénoncer, et pourquoi, pas, à marcher…
Il ne faut pas que la fin de la récréation reste un vague slogan.
A suivre…

