L’EDUCATION, UN DROIT, ENGAGEONS-NOUS MAINTENANT : LA SEMAINE MONDIALE A BUKAVU

Avec l’appui de Action Aid International, la Coalition Nationale Education Pour Tous, CONEPT, antenne du Sud-Kivu, a organisé une série d’activités dans le cadre de la semaine mondiale de l’Education pour tous du 23 au 29 avril 2007. Le cadre choisi pour la série des conférences avec divers partenaires de l’éducation fut la salle de l’Hôtel Mont Kahuzi. Les catégories ci-après de partenaires ci-après ont été invitées pendant cette semaine dont le thème était « L’éducation, un droit, engageons-nous maintenant »:

1)Les Médias:
HAM, Vovolib, Maria, Liberté, ACP, RTVGL, Okapi, 3TAMIS, Maendeleo

2)Les Syndicats, parents&enseignants:
ANAPECO, SYECO, CPP, SYNECAT, CEPACO

3) Les ONG:
Acidi, Adi-Kivu, Croix Rouge, Eci, Eck, Gale, Humanitas, Caritas, Héritiers de la Justice, 3TAMIS, Assonepa, Save the children, War child, Humanitas et d’autres…

4) Les Députés provinciaux:
Honorables Baleke, Mushonio, Masoka, Mubengwa, Sumaili, Lulihoshi, Mwamikazi Espérance, Byemba, Namunsinsi, Balumisa, Ngoma, Masumbuko

Deux orateurs principaux ont animé cette semaine par leurs conférences et se sont prêtés aux questions au cours des débats. Il s’agit du Président provincial de la coalition, Firmin Rugambwa, et du professeur Jean-Bosco Muchukiwa en qualité d’expert.
Le Président provincial du CONEPT a présenté la coalition comme un nouveau né qui a besoin de l’attention de tous pour son efficacité.
En effet, créée à Kinshasa le 11 avril 2003, le CONEPT n’est opérationnel au Sud-Kivu que depuis le 06 décembre 2006. La déclaration constitutive de la CONEPT-Sud Kivu a été signée par les églises représentées par les coordinations des écoles conventionnées, les syndicats des enseignants, les réseaux de l’enseignement privé agréé, les associations des parents, les ONG locales oeuvrant dans le secteur éducatif. Il reste ouvert à tous les acteurs éducatifs désireux d’apporter leurs contributions pour la réussite de ses objectifs qui reprennent les buts et objectifs du forum de Dakar du 28 avril 2000 à savoir :
- Développer et améliorer sous tous leurs aspects la protection et l’éducation de la petite enfance et notamment des enfants les plus vulnérables et défavorisés ;
- Faire en sorte que d’ici 2015 tous les enfants et notamment les filles et les enfants en difficulté aient la possibilité d’accéder à un enseignement primaire obligatoire et gratuit ;
- Répondre aux besoins éducatifs de tous les jeunes en assurant un accès équitable à des programmes adéquats ;
- Améliorer de 50% les niveaux d’alphabétisation des adultes et notamment des femmes d’ici 2015 ;
- Eliminer la disparité entre sexes dans l’enseignement primaire et secondaire d’ici 2015 ;
- Améliorer sous tous ses aspects la qualité de l’éducation et garantir son excellence.
L’orateur a introduit les réflexions et les débats par quelques questions :
• L’enseignement primaire est-il obligatoire au Congo ? au Sud-Kivu ?
• Existe-t-il une politique éducative dans notre pays ?
• Quel pourcentage du budget est alloué à l’éducation dans notre pays ?
• Qu’on fait nos dirigeants politique depuis 2006 pour les enfants qui ne bénéficient pas de l’éducation ?
- Quels obstacles les ont empêché de changer la situation des enfants et des adultes non éduqués ?
- Nos dirigeants manifestent-ils un souci particulier à l’éducation ?
- Que dire de la violation aux droits de l’éducation faite aux enfants ?...

Dans son exposé, le professeur Jean Bosco Muchukiwa est revenu sur la mission du CONEPT qui doit être soutenu pour l’émergence au Sud-Kivu, d’une société plus humaine où l’éducation sera un droit pour tous où les enfants et les parents connaissent leurs droits et devoirs et participent à l’œuvre éducative, où la province et l’Etat travaillent pour la transformation des structures éducatives et culturelles et pour la valorisation de la carrière enseignante. Les débats se sont déroulés autour des stratégies susceptibles de mobiliser plus d’acteurs pour que l’éducation soit un droit et que chaque enfant en jouisse, comment le bureau de représentation pourrait renforcer les activités au Sud-Kivu pour une plus grande efficacité, comment le bureau pourrait agir afin d’impliquer le gouvernement congolais à atteindre les objectifs 2015, quelles stratégies pour renforcer la collaboration avec les autres coalitions.

Les ONG et associations de la société civile partenaire de l’éducation n’ont pas manqué de partager leur expérience notamment celle de Humanité Solidaire « Humanitas » qui expérimente positivement le parrainage en faveur d’enfants défavorisés qui sont encadrés dans son centre de transit. L’innovation est l’implication des bienfaiteurs locaux pour résoudre certaines situations sans toujours compter sur les fonds étrangers. Il s'agit de recuillir en un centre les enfants non scolarisés ou chassés à cause de la prime et donc parmi ceux les plus vulnérables et rechercher pour eux des parrains pour les frais scolaires. On en trouve souvent qui n'étudient pas parce qu'ils sont orphelins ou les parents, en lutte pour la survie, n'arrivent pas à payer les frais, même lorsqu'il s'agit de 4$ par an.
Tous les 47 enfants qui étaient accuillis au centre de Nguba Keredi sont aujourd'hui à l'école grâce à des bienfaiteurs locaux ou aux parents qui se sont resaisis. Une initiative à capitaliser et à étendre à plusieurs quartiers de la ville de Bukavu et ailleurs.

S'agissant des conférences, toutes les résolutions sont allées dans le sens de se coaliser pour des pressions suffisantes sur le gouvernement afin qu’il paie aux enseignants un salaire décent, que la prime soit supprimée, que les enseignants soient recyclés et les autres mis à la retraite, que le niveau de l’enseignement soit relevé et que l’éducation primaire soit gratuite pour tous les enfants.

La semaine a été clôturée par le défilé du 30 avril 2007 par les élèves et leurs enseignants devant les autorités provinciales et opérateurs éducatifs à l’hôtel métropole… L’on a observé des enfants et des adultes qui étaient heureux de défiler, une activité qu’ils n’ont plus réalisée depuis plus d’une décennie.
Les manifestants, qui marchaient au son et au rythme de la fanfare kimbanguiste, portaient des pancartes de leurs établissements et des banderoles sur lesquelles on pouvait notamment lire : « Toutes les filles à l'école » et « L'éducation, c'est une affaire de tous ».
La coalition était présente avec un calicot « Education pour tous, engageons-nous maintenant ».
A la fin du défilé et avant le cocktail de clôture, trois discours de circonstance ont été prononcé respectivement par le Chef de la sous division urbaine de l’EPSP (enseignement primaire et secondaire), le chef de division provinciale de l’EPSP et le Directeur de Province.
Quelques dates ont marqué l’histoire de l’enseignement en République Démocratique du Congo :
o 1925 : Signature de la première convention scolaire avec les missions catholiques sur la subsidiation des écoles, l’Etat s’engageant à supporter toutes les charges de l’enseignement.
o 1938 : l’Etat impose et distingue les écoles pour filles et les écoles pour garçons.
o 1954 : Mr Buisseret, ministre belge des colonies crée les écoles laïques (exemple ELO Nyamugo, ELO Cimpunda…) et les athénées (athénée interracial de Bagira, athénée royal d’Ibanda…)
o 1961 : création des cycles d’orientation …
o Les réseaux kimbaguiste et islamique sont venus renforcer le secteur ainsi que plus tard les écoles privées agréées…
La démission de l’Etat dans le secteur a vu plusieurs initiatives palliatives qui ne sont pas toujours heureuses dans un secteur aussi fondamental ou les parents sont souvent obligés de choisir entre plusieurs maux, le moindre…
Heureusement que des ONG ne manquent pas d’apporter leur soutien au secteur éducatif de l’enseignement : Unicef, Save the children, War child, …
L’EPSP Sud-Kivu compte 2.500 écoles qui encadrent 695.126 élèves dont 295.511 filles.
Les principales difficultés auxquelles l’enseignement est confronté sont :
- le vieillissement du personnel enseignant et administratif ;
- la non protection et la spoliation des parcelles scolaires ;
- la sous qualification du personnel enseignant ;
- l’insuffisance des inspecteurs ;
- l’absence généralisée de prof… et manuels scolaires
- le délabrement des infrastructures scolaires
- le non paiement ou la modicité du salaire des enseignant et leur revendication continuelle des d’un salaire décent

Le représentant de l’autorité provinciale semble conscient de l’ampleur du problème et de la taille de l’enjeu car dans son discours, il a fait référence au programme du chef de l’Etat qui, face aux nombreuses priorités de la reconstruction a fait figurer en bonne place l’éducation parmi les 5 chantiers prioritaires de son quinquennat. « Un peuple qui n’éduque pas sa population est appelé à disparaître… » Alimasi Ndomba, Directeur de Province du Sud-Kivu.
Les espoirs fondés dans les institutions de la 3ème République sont énormes. La constitution prévoit la gratuité de l’enseignement primaire. Dès l’année scolaire prochaine, faire fonctionner les écoles par les primes des parents sera un acte anticonstitutionnel, une violation de la loi fondamentale de notre pays. A bon entendeur, salut !

Adolphe Mushagalusa Ndarhwa, Animateur


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Humanitas travaille en partenariat avec l'ONG 3TAMIS qui publiera sur son site un article plus enrichi de photos sur la même activité.