EN PLUS DES SEISMES, HUMANITAS VICTIME DE VOL !

Dans la nuit du Vendredi 22 février 2008, le bureau de notre association a été victime de vol par effraction de serrure et cadenas. Les voleurs ont défoncé la porte principale et cassé la fenêtre du bureau de coordination.
Nous déplorons la disparition de beaucoup d’effets de valeurs dont l’ordinateur qui a été emporté ainsi que le matériel didactique et équipement du foyer social, cet acte incivique s’étant passé en période où les mamans sont engagées dans une session de formation des filles au foyer en art culinaire et gestion du ménage.
Ceci est un cri d’appel à la solidarité en direction des hommes et femmes de bonne volonté qui pourraient se sentir interpellés pour nous aider à une reprise d’activités dans de bonnes conditions. Il s’agit de nous prêter un ordinateur, des ustensiles et matériel de cuisine… Aussi, toute information pouvant nous nous mettre sur la piste des voleurs ou des receleurs est la bienvenue, en attendant l’aboutissement des enquêtes de la police.
Le malheur ne vient jamais seul, comme on dit, nos membres qui constituent les seuls sponsors de nos activités, sont encore sous le choc des tremblements.
En effet, Bukavu est plongée dans la désolation à cause des morts, des destructions dus au séisme et aux tremblements persistants et répétitifs depuis le dimanche 03 février 2008 !
C’est la nature qui se déchaîne sur une population désarmée comme l’ont fait les guerres à répétition.
Une bonne partie de la région des grands lacs est secouée par ces tremblements de terre, de l’est du Kivu, au Burundi, en passant par une partie du Rwanda voisin. Les spécialistes parlent d’une magnitude de 6,2 sur l’échelle de Richter, du jamais vécu dans cette zone du rift.
Les premiers bilans provisoires faisaient état de 7 personnes tuées, 234 blessés, autour de 320 maisons détruites et environ 2534 maisons fissurées, rien que pour la ville de Bukavu.
Des dégâts importants ont été signalés à Birava, à plus de 80 km au Nord de Bukavu où serait localisé l’épicentre du séisme.

Comme les animaux de la fable, même si nous n’en mourrons pas tous, tous nous sommes frappés. C’est pourquoi les premiers élans étaient à la solidarité et à la compassion.

Dans le sauve-qui-peut qui a caractérisé cette catastrophe imprévisible, des jeunes se sont distingués par leur bravoure à défier la mort. L’on a vu même une jeune fille, parmi nos volontaires communautaires, engagée à sortir les blessés de sous les décombres au marché de Nyawera, aux côtés des autres secouristes qui sont intervenus à temps.

Les médias ont joué leur rôle d’informer et d’alerter et ont prêté leurs micros aux autorités pour des communiquer des dispositifs qui ont permis de limiter les dégâts, bravo.

Des spécialistes, vulcanologues et autres chercheurs en sciences naturelles se sont mis au travail pour analyser, conseiller, mettre leurs connaissances au service de tous.

La solidarité nationale ne nous a pas manqué : une forte délégation inter institutionnelle est descendue à Bukavu.
Les soins sont pris en charge par le gouvernement central qui a annoncé 14 tonnes de médicaments et 250.000$ pour les sans abris.

Des messages et gestes de soutien ont été annoncés par les médias. La FEC, fédération locale des entreprises du Congo Sud Kivu a été parmi les premiers intervenants à visiter et à assister les victimes hospitalisées.

Les forces de l’ordre, police et armée sont mobilisées, bien qu’avec retard.

La cellule de crise instituée par le gouvernement provincial est à pied d’œuvre et va sûrement être débordée par les dossiers. Nous espérons qu’elle va communiquer plus, pour informer les populations qui ne sont pas habituées aux catastrophes. Ils sont nombreux à se poser des questions sur la structure, la localisation et la mission de ce comité qui va apprendre à travailler dans la transparence et l’efficacité, ce qui n’est pas évident, ni du simple reflexe….

Des leçons ont été tirées et nous espérons qu’elles profiteront aux survivants quant au partage des responsabilités dans les constructions anarchiques et le manque de plan urbanistique. Les voies de solutions vont passer par une remise en question, voire une révolution dans ce secteur.

Cet espace nous offre l’occasion d’insister davantage sur la solidarité africaine et l’altruisme.
Il y a eu évidemment cette première vague de gestes désespérés ou chacun cherchait une issue pour échapper à la mort. Mais nous saluons ce réflexe de chercher aussitôt les nouvelles des membres de familles, des voisins…
Il y a beaucoup à faire, certes et nous pouvons être débordés !
Notre souhait est que la solidarité des nos compatriotes se matérialise dans de petits gestes d’attention envers tous ces compatriotes qui passent la nuit à la belle étoile ou dans les bâches que plusieurs n’ont pas encore reçu, par ailleurs.
Nous supplions nos dirigeants et toute personne qui se verra impliquée dans les secours de ne pas en faire du business sur le dos des victimes ; c’est de la malédiction.

Aujourd’hui, le tremblement de terre, puisqu’il continue, fait l’objet de toutes les conversations, des débats et analyses, des conférences organisées parsi par là.
La spécificité de Bukavu et de la région, c’est l’existence du gaz méthane dans le lac Kivu et la réalité des volcans éteints ou actifs qui pullulent dans cette zone du rift. Il suffit que le gaz remonte et fasse collision avec quelques magmas pour la vie soit effacée sur de longues étendues, se disent les « connaisseurs ».
Aussi les chercheurs sont-ils tous préoccupés par ce phénomène naturel qui les prend au dépourvu eu égard au niveau très bas de la recherche dans le pays et le manque criant d’équipement, de matériels et de moyens.
Tous insistent, pour la prévention, à certaines mesures à respecter :
- Quitter et démolir les bâtiments fortement fissurés ;
- Ne pas réhabiliter les bâtiments sans se faire assister par les spécialistes ;
- Être plus dehors qu’à l’intérieur à plus de 20m des longs bâtiments
- Si possible, sortir dehors lors du tremblement
- Associer les experts aux constructions, éviter le bricolage…
Jusque là, les choses se sont passées comme annoncé par les spécialistes, c’est-à-dire des répliques de moindre intensité progressive. Mais, le tremblement du jeudi 14 février 2008 était plus fort (5,2) et a causé 44 blessés et 266 maisons détruites essentiellement dans la commune de Bagira. Est-il aussi à mettre au compte des répliques ou une nouvelle vague qui va entraîner aussi d’autres répliques. En tout cas la terre continue à trembler…

Nous remercions tous ceux qui nous ont écrit ou téléphoné pour exprimer leur compassion et requérir des informations et des images. Nous les appelons à la patience car, les secousses se poursuivent et nos volontaires communautaires sont toujours déployés. Le partenariat de 3TAMIS nous permettra de vous donner des éléments illustrés et mieux élaborés.

HUMANITAS, février 2008