APPROCHES D’UNE REQUALIFICATION STRUCTURELLE DU PROCESSUS DE PAIX EN COURS EN RD CONGO.

A la fin de 1996, éclate au Nord Kivu une insurrection à essence ethnique contre le pouvoir de Kinshasa avec le soutien de Kigali et Kampala, laquelle se mue quelques semaines plus tard en une véritable rébellion de l’Alliance des Forces Démocratique pour la Libération du Congo, en sigle AFDL, un mouvement politico-militaire qui bénéficiera plus tard d’un solide l’appui militaire de Luanda.

Le 2 août 1998, une mutinerie voit jour à Kinshasa avant de donner naissance quelques semaines plus tard à la rébellion du Rassemblement Congolais pour la Démocratie, en sigle RCD. A la faveur d’une audacieuse opération militaire aéroportée, les troupes du RCD partiront du Nord Kivu pour atterrir à la Base de Kitona située sur le littoral atlantique, avant de se retrouver aux portes de Kinshasa où elles seront mises en débandade suite aux interventions militaires angolaises, zimbabwéennes et namibiennes en faveur du pouvoir en place.

A partir du deuxième trimestre de 1998, naquit une autre rébellion : celle du Mouvement de Libération du Congo, appuyée cette fois-là par Kampala. L’entrée en danse d’autres mouvements politico-militaire anti-kabilistes n’aboutit qu’à un enlisement des combats, ce qui poussa les belligérants congolais et leurs alliés africains à accepter le principe de cessation des hostilités et d’ouverture des pourparlers de paix.

C’est dans cette dynamique de paix que, le 10 juillet 1999, les Chefs d’Etat de la RDC, du Rwanda, du Zimbabwe et de la Namibie, ainsi que le Ministre de la Défense de l’Angola signèrent l’Accord de cessez-le-feu de Lusaka, alors que les responsables des rebellions du Rassemblement Congolais pour la Démocratie et du Mouvement de Libération du Congo en firent autant le 1er août 1999.

A l’issue de moult rencontres et tergiversations à travers plusieurs capitales africaines et européennes, les frères ennemis congolais se retrouvèrent finalement autour d’une table de négociation en Afrique du Sud. La session finale du Dialogue inter congolais aboutit à la signature par les anciens frères ennemis Congolais d’un Accord global et inclusif disposant sur la mise sur pied d’une armée intégrée et républicaine, une gestion solidaire et consensuelle de la transition par toutes les parties en crise et la tenue des élections libres, démocratiques et transparentes.

A l’issue de trois ans d’une transition politique tumultueuse, sont organisés des scrutins qui ont à la fois permis l’avènement d’un nouvel ordre institutionnel et donné lieu à de meurtriers affrontements armés en pleine capitale Kinshasa. Une année d’exercice de l’imperium par le Gouvernement issu des élections donnera lieu à peu d’avancées en termes de consolidation de la paix et restauration de l’autorité de l’Etat sur toute l’étendue du territoire national.

Bien au contraire, il sera déploré une significative régression de la dynamique de réconciliation nationale et la persistance de l’insécurité dans la partie orientale du pays suite à la survivance des groupes armés étrangers et milices locales réfractaires à l’autorité du pouvoir de Kinshasa.

Conséquence logique de l’échec du DDR et du processus de réintégration de l’Armée, cette situation évoluera à un pourrissement qui justifiera aussi bien la tenue de la Conférence pour la paix et le développement du Nord Kivu et Sud Kivu que la prise par le Conseil de Sécurité des résolutions 1756 et 1804 recommandant au Gouvernement congolais de s’atteler avec diligence à la réforme du secteur de sécurité et au démantèlement de forces négatives en survivance dans la partie orientale du Congo.

Une série d’analyses et autres études menées jusqu’à ce jour sur la problématique sécuritaire congolaise nous ont conduit à la conclusion que le processus de paix congolais, du moins tel que mené jusqu’à ce jour, comporte beaucoup d’approximations qui hypothèquent toutes ses chances de succès.

Nous avons toujours pensé que cette situation est attribuable au très mauvais départ du processus de paix congolais, lequel a engendré deux tares originelles qui, à notre humble avis, ont entravé toute approche de consolidation de la paix et de restauration de l’autorité de l’Etat adoptées par les garants nationaux du processus de paix congolais et leurs partenaires internationaux depuis la signature de l’Accord global et inclusif de Sun City jusqu’à ce jour.

La première tare originelle du processus de paix congolais partit d’une mauvaise évaluation de l’objet du Dialogue inter Congolais dont les organisateurs perçurent abusivement comme un forum essentiellement politique comme ce fut le cas pour la Table Ronde de Bruxelles de 1960 ou la Conférence Nationale Souveraine du début des années 90, alors qu’il s’agissait plutôt des négociations de paix entre d’anciens frères ennemis qui avaient opté d’en découdre par les armes au détriment des voies et moyens politiques.

Cette mauvaise appréciation de l’objet principal du Dialogue inter congolais causa un déficit de la réflexion sécuritaire au cours de ces assises, les participants ayant opté de privilégier les seules questions de partage du pouvoir politique au détriment du traitement d’épineux dossiers sécuritaires comme la question de la coexistence inter communautaire à l’Est du pays, la problématique du désarmement des troupes rebelles et de la formation d’une armée républicaine, et surtout la très complexe équation du démantèlement des forces négatives présentes sur le territoire congolais.

Dans le même ordre d’idées, il y avait lieu de déplorer l’absence d’une participation significative de la société civile et des milieux universitaires aux travaux du Dialogue inter congolais en Afrique du Sud.

Pis encore, en dépit de leur pompeuse appellation, les discussions qui émaillèrent la rédaction des mémorandums I et II sur l’Armée et les services de sécurité ne portèrent que sur quelques dispositions pratiques de sécurisation d’anciens cadres des rebellions qui devaient intégrer l’ordre institutionnel de la transition et la nouvelle armée, alors que ce fut-là la seule occasion oū les quelques experts congolais des questions de défense et sécurité présents à Sun City se retrouvèrent pour plancher formellement sur le volet sécuritaire de ces assises.

Une autre réalité plus symptomatique du déficit de réflexion sécuritaire ayant émaillé les assises du Dialogue inter Congolais de Sun City est que ces négociations ne furent pratiquement pas mention de la Police Nationale, alors qu’il est de notoriété publique que c’est à la police, et non aux forces armées, que revient essentiellement la charge du rétablissement de l’ordre public et de la restauration de l’autorité de l’Etat dans un contexte post-conflit.

La deuxième tare originelle du processus de paix congolais prit naissance lors de l’entrée en fonction du Gouvernement de transition en 2003, lorsque sa Commission de Défense et Sécurité entra en service sans disposer d’une stratégie nationale de sécurité, et encore moins d’une politique nationale de défense et de promotion de la sécurité humaine clairement définie au regard de la très complexe problématique de la consolidation de la paix et de restauration de l’autorité de l’Etat dans un très vaste pays sortant de toute une décennie des remous sociopolitiques et guerres civiles à répétition.

Depuis lors, le processus de paix congolais s’installa dans une continuelle navigation à vue alignant essais et erreurs, improvisations et ratés, impasses et recommencements, brassages et mixages etc. jusqu’à la naissance de la dissidence armée de Laurent Nkunda qui aboutit à la reprise des hostilités ouvertes dans le Kivu, et justifia la tenue de la Conférence de Goma.

Ces assises de Goma de janvier 2008 étaient sensé donner un nouveau souffle au processus de paix congolais qui n’a cessée de piétiner à défaut de régresser depuis bientôt cinq ans.
Elles furent sanctionnées par la signature de l’Acte d’engagement de Goma. Sensée mettre fin à l’insécurité dans le Kivu, l’application des résolutions de l’Acte d’engagement de Goma semble plutôt poser plus des problèmes qu’elle n’apporte des solutions. Comme si cet imbroglio sécuritaire à l’Est du pays ne suffisait pas, vinrent s’ajouter les derniers événements malheureux de Bas Congo.

Dans le cadre de la mise en application de l’Acte d’engagement de Goma, il sera mis en place coup sur coup trois structures parallèles traitant pourtant de la même problématique de la restructuration de la paix au Kivu. Il s’agit en l’occurrence du Programme Amani , du Comité Technique Mixte de Sécurisation du Kivu et du Comité pour l’éradication des groupes armés étrangers ».

Là, il y a lieu de relever que, une fois de plus, les garants du processus de paix congolais ont opté d’aborder simultanément les trois équations de la restauration de la concorde inter communautaire, du brassage des milices ethniques locales et de la neutralisation des groupes armés étrangers, ce qui amène à penser que la voie est ainsi ouverte pour un nième échec du processus de paix congolais.

En effet, la question de survivance des groupes armés étrangers sur le territoire national constituant le tendon d’Achille de l’ensemble du processus de paix congolais depuis Sun City jusqu’à ce jour, comme l’ont bien souligné les conclusions du Sommet de Nairobi et de la Conférence de Goma, ainsi que le Résolution 1804 du Conseil de Sécurité, il aurait été indiqué d’établir un ordre de priorité en vue d’une applicabilité rationnelle des résolutions de l’Acte d’engagement de Goma.

La présence des FDLR et d’autres groupes armés a toujours été la principale cause de l’insécurité, en plus du fait qu’elle tend à légitimer la dissidence armée du CNDP de Laurent Nkunda et l’existence d’autres milices ethniques. Bien plus, cette survivance des forces négatives est à la fois la cause et le résultat des ratés des processus de brassages, du DDR et du DDRRR.

Il aurait fallu commencer par concentrer les énergies et peu de ressources disponibles sur la question de la neutralisation des forces négatives présentes à l’Est du pays.

Bien plus, point n’est besoin de rappeler que la paix n’est jamais un acte ponctuel pouvant se décréter juste par un simple alignement des ordonnances présidentielles. La consolidation post-conflit de la paix procède des mécanismes tellement délicats et complexes qu’il n’est pas évident de parvenir au succès en l’absence d’un gros effort de conception et de planification. Les Congolais n’ont pas à réinventer la roue. Il n’y a qu’à bien observer ce que firent des pays comme la Mozambique, l’Afrique du Sud etc. qui ont précédé le Congo sur le sentier de la guerre civile.

Nous avions déjà eu à déplorer le fait que les esprits dans ce pays semblent toujours figés sur l’archaïque conception de la sécurité d’Etat qui réservait le monopole de la question sécuritaire aux seules instances étatiques que sont l’armée, la police et les services spécialisés. Les choses ont tellement évolué à travers le monde que le concept de la sécurité d’Etat a été carrément bâti en brèche par celui de la sécurité humaine, laquelle préconise plutôt un engament substantiel de toutes les composantes de la société dans la recherche des solutions aux problèmes de paix, défense et sécurité qui se posent en son sein.

C’est ainsi que, sous d’autres cieux, la réflexion sécuritaire part des milieux universitaires et des organisations de la société avant d’être appropriée par les pouvoirs publics qui lui donnent force de loi. C’est dans cette logique que nous disons qu’il n’est aucunement trop tard pour apporter des correctifs à toutes ces lacunes du processus de paix congolais pour accroître ses chances de succès.

Pour ce faire, nous préconisons une requalification à la fois stratégique, politique et technique du processus de paix en cours au pays. Tous les piétinements du processus ayant été foncièrement imputables à un déficit de la réflexion sécuritaire tel que ci-dessus diagnostiqué, nous pensons qu’il est grand temps que soient développées des bases conceptuelles solides pour l’action du Gouvernement en matière de consolidation de la paix et de restauration de l’Etat.

Pour ce faire, il serait souhaitable que le pouvoir en place commence par accepter de se faire violence en opérant un remodelage qualitatif de l’environnement humain au niveau de principaux centres décisionnels du secteur de sécurité du pays. Ensuite, il devrait appliquer une thérapeutique procédant d’une séquentielle allant de l’élaboration d’une stratégie nationale de sécurité à la mise en œuvre de la réforme du secteur de sécurité, en passant par la définition d’une politique nationale en matière de défense et de promotion de la sécurité humaine

Il n’est pas du tout évident de réussir un plan de paix sans une élaboration préalable d’une stratégie nationale de sécurité, c’est-à-dire la conception des approches rationnelles de parade au regard de l’intérêt national au plan sécuritaire et des moyens de l’Etat.

En outre, étant l’ensemble des objectifs vitaux que s’assigne un Etat pour se protéger contre des atteintes endogènes et exogènes à la paix et sécurité humaine, l’intérêt national est une notion statique. Elle implique que tout Etat organisé se doit de procéder à des actualisations périodiques ou ponctuelles du profil global de la menace interne et externe pour son actualisation.

C’est le profil actualisé de la menace interne et externe qui détermine les objectifs vitaux d’un Etat. A leur tour, ceux-ci fondent la stratégie nationale de sécurité dont l’élaboration procède notamment de la recherche d’un juste milieu entre les objectifs vitaux d’un Etat, les ressources disponibles et le respect de l’ordre des priorités des actions à mener.

C’est en fonction des conclusions de l’évaluation du profil de la menace, de l’inventaire des moyens disponibles (militaires, diplomatiques, économiques, communicationnels etc.) et des objectifs vitaux d’un Etat que s’élabore une stratégie nationale de sécurité.

L’élaboration d’une stratégie nationale de sécurité constitue la phase stratégique de la conception d’un plan de paix. C’est à ce stade qu’intervient le choix d’une doctrine nationale de défense, laquelle est à son tour sensée déterminer le type, l’organisation et le volume des forces armées, ainsi que le profil du dispositif global de défense.

La stratégie nationale de sécurité dicte les contours de la politique nationale du gouvernement en matière de défense et de promotion de la sécurité humaine. Elle est sensée dicter la politique gouvernementale en matière de défense et de promotion de la sécurité humaine, entendez un ensemble de principes politiques qui régissent l’action du Gouvernement en matière de paix, défense et sécurité. C’est une approche permettant d’éviter des improvisations et d’assurer la cohérence de l’action gouvrenementale.

La politique nationale de défense fixe au Gouvernement les grandes options de son action visant la sauvegarde de la paix et la promotion de la sécurité humaine. C’est la feuille de route des gouvernants. Elle dispose également sur le développement des relations civilo-militaires, en vue d’une collaboration harmonieuse entre les instances étatiques et les organisations de la société civile. Nous sommes ici dans la phase politique d’un processus de paix.

Dans un contexte post-conflit, la stratégie nationale de sécurité ayant permis de définir une politique nationale de défense, le gouvernement peut alors s’atteler à la mise en œuvre de sa politique en matière de défense et de promotion de la sécurité humaine par le biais du développant des programmes. C’est la phase technique ou opérationnelle d’un processus de paix.

C’est à ce niveau que s’élaborent les contours conceptuels et opératoires de la réforme du secteur de sécurité, laquelle se trouve être la pierre angulaire de toute dépollution sécuritaire post-conflit.

Cependant, la réforme du secteur de sécurité est un concept qui va bien au-delà de deux processus d’intégration de l’armée et du DDR, pour englober la reforme de la police, de la justice et de la diplomatie. Elle implique également le management des mécanismes de promotion de la réconciliation nationale, ainsi que de prévention, de gestion et de résolution des conflits. Le DDR n’est pas un processus autonome, il n’est qu’un volet de la réforme du secteur de sécurité.

A l’instar de la stratégie nationale de sécurité et de la politique nationale de défense, les composantes d’un secteur de sécurité sont dynamiques. Sensés évoluer dans le temps et l’espace en fonction de l’intérêt national et de la carte de vulnérabilité sécuritaire de l’Etat, les éléments constitutifs du secteur de sécurité sont sujets à une constante adaptation en fonction de tout changement du profil de la menace.

Bien plus, l’élaboration d’une réforme du secteur sécurité se doit impérativement de tenir compte des concepts comme la conversion de la défense et la rationalisation de la défense. La première est une démarche visant à déverser le surplus des ressources militaires mobilisées pendant les hostilités au service du développement, alors que la seconde procède de la recherche d’un juste milieu entre les objectifs sécuritaires d’un Etat, ses capacités budgétaires et le volume de ces forces armées.

La rationalisation de la défense appelle à la recherche d’une représentativité bien dosée de différentes communautés nationales au sein de la Force publique, et surtout d’un bon équilibre entre le volume des effectifs et les moyens logistiques mobilisables.

A titre illustratif, il ne serait pas du tout indiqué de monter 15 brigades d’infanterie lorsque que l’armée ne dispose pas d’un seul aéronef pour transporter les troupes. Par contre, un pays peut disposer d’une seule brigade dotée d’un minimum de moyens requis en lieu et place d’une nombreuse soldatesque contrainte de vivre sur le dos de la population civile, devenant plutôt une source d’insécurité au lieu de la sécuriser.

Le fait que les Forces Armées Zaïroises ne comptaient que trois brigades organiques au début des années 80 ne les empêcha pas du tout de descendre avec force et vigueur au Tchad et d’y mettre en déroute les fameuses légions libyennes et de stopper net la progression des rebelles de l’Armée Patriotique Rwandaise aux portes de Kigali.

Un autre danger est de politiser la conception d’une réforme du secteur de sécurité qui se trouve être un travail de haute facture technique dont dépend la survie même de toute une nation. Les hommes passent, les institutions restent. Il ne serait pas indiqué d’assujettir la sécurité de toute la Nation aux aléas des luttes politiciennes et questions de partage du pouvoir politique, et surtout de reconduire constamment des hommes qui n’ont cessé d’aligner des défaites depuis les derniers jours du régime Mobutu jusqu’à la dernière débâcle de Mushaki.

Pour terminer, nous disons que, au regard de l’état des lieux de la situation sécuritaire du pays plus haut établi, une évidence est que le processus de paix congolais a toujours souffert d’un déficit de conception qui a fait que l’action gouvernementale visant la consolidation de la paix et la restauration de l’Etat n’a pas beaucoup donné les fruits escomptés.

C’est pourquoi, il serait souhaitable que soit créé une dynamique de concertation entre des scientifiques, des membres de la société civile et des experts du Gouvernement pour réfléchir sur les voies et moyens de redonner du souffle au processus de paix en cours au pays.

La finalité de la démarche est de permettre aux pouvoirs publics congolais et à leurs partenaires internationaux pour la paix de disposer d’une bonne visibilité sur l’intérêt national, le profil de la menace interne et externe et sur les autres approches indiquées pour la consolidation de la paix et la restauration de l’Etat notamment par le développement de bonnes relations civilo-militaires.

Il s’agit de permettre une communion des vues et une synergie pour la définition d’une stratégie nationale de sécurité, l’élaboration d’une politique nationale de défense et une conception judicieuse de la réforme du secteur de sécurité congolais. Le processus de paix congolais a actuellement besoin d’une réflexion de fond permettant l’établissement d’un plan et d’un ordre des priorités pour l’action gouvernementale.

Il est temps que les gens cessent de croire au miracle consistant à consolider la paix et restaurer l’autorité de l’Etat dans un pays vaste de 2.345.000 Km2, avec une population estimée à plus de 60 milliard d’individus, et sortant de plus d’une décennie de guerre civile sans disposer d’une stratégie nationale de sécurité et d’une politique nationale de défense.

Seule une requalification structurelle du processus de paix congolais procédant d’une définition correcte de la stratégie nationale de sécurité et de l’élaboration d’une bonne politique nationale de défense et de promotion de la sécurité humaine devrait mener à la fin de l’actuel règne des improvisations et incohérences, et à l’accomplissement d’une véritable réconciliation nationale.

A notre humble avis, c’est bien-là le passage obligé vers la résolution de complexes problématiques de la violence inter ethnique à l’Est du pays, du désarmement des troupes rebelles et de leur intégration harmonieuse au sein de la Force publique, de la formation d’une armée républicaine, des frustrations sociopolitiques dans le Bas Congo et surtout du démantèlement des forces négatives présentes sur le territoire congolais.

Ce sont des choses humainement réalisables. C’est tout simplement une question de volonté politique et d’une optimale et judicieuse mise à contribution des ressources humaines de haute facture dont regorgent le Congo.

Faustin LOKASOLA N’KOY BOSENGE
Chercheur à la Chaire UNESCO
pour l’Afrique Centrale et les Pays de la SADC.