POLEMIQUE SUR LA POLITIQUE ETRANGERE DE BARACK OBAMA

En cette dernière quinzaine du mois de mai, les débats dans le cadre de la campagne électorale pour les Présidentielles américaines de 2008 ont été marqués par une polémique, ayant opposé le duo républicain Georges Bush-John McCain au démocrate Barack Obama sur l’attitude que le Président des Etats-Unis devrait adopter par rapport aux dirigeants et organisations réputés hostiles au peule américain et à Israël, notamment l’Iran, la Corée du Nord, le Cuba, le Hamas, etc.

C’est le Président Georges Bush en personne qui a ouvert les hostilités en s’en prenant vivement à ceux qu’il estimait chercher à rééditer l’erreur des dirigeants européens qui, selon lui, estimèrent abusivement à la fin des années 30 que le dialogue avec Hitler allait amener ce dernier à abandonner sa politique militariste.

Même si les Républicains ont semblé vouloir par la suite tenter de nier l’évidence, il était clair que l’allusion était faite à Barack Obama qui, dès les premières heures de la présente campagne, s’était dit disposé à rencontrer sans conditions les ennemis des Etats-Unis.

Dans le cadre de ce qui semble être leur stratégie visant à se ménager les faveurs du très décisif électorat juif, les Républicains ont entrepris de faire croire que la vision des choses de Barack Obama dénoterait à suffisance d’une naïveté consécutive à son inexpérience qu’ils estimaient devoir profiter un jour aux ennemis des Etats-Unis.

En guise de contre-attaque, Barack Obama a souligné qu’il serait bien à l’aise de débattre contre les Républicains sur la meilleure façon de sécuriser les Etats-Unis. Le candidat démocrate a souligné en passant que la décision de l’Administration Bush d’envahir l’Irak, que le candidat John McCain a endossée, est la plus grande bévue commise dans la politique internationale depuis l’invasion de l’Afghanistan par les Soviétiques dans les années 80.

Dans le même ordre d’idées, Barack Obama a accusé les Républicains de continuer à appliquer la stratégie de Georges Bush consistant à surévaluer la menace terroriste pour toucher à la corde patriotique du peuple américain et abuser de ce dernier en lui faisant avaliser une politique étrangère belliciste dont, selon lui, le seul mérite est de servir les intérêts des pétroliers contre l’isolement du peuple américain à travers le monde.

Barack Obama a dernièrement souligné que la négociation avec les ennemis des Etats-Unis a toujours constitué une constante et fait la force de la politique étrangère américaine. Il a cité les rencontres entre John Kennedy et l’anti-américain Nikita Khrouchtchev qui permit de désamorcer la crise des missiles soviétiques positionnées au Cuba en 1962, ainsi qu’entre Richard Nixon et un Mao Tsé Toung accusé par la communauté internationale d’avoir exterminé des millions de ces compatriotes.

Il est à noter que ce sont ces audacieuses rencontres qui constituèrent l’amorce de la détente entre Washington et Pékin et conduirent au dialogue entre Ronald Reagan et Mikhael Gorbatchev qui aboutit à la Chute du Mur de Berlin et la fin de la Guerre Froide.
Barack Obama a accusé les Républicains d’hypocrisie, citant le cas de John McCain qui, selon lui, critique aujourd’hui sa propension à dialoguer avec le Hamas, alors que lui-même avait affirmé dans un passé récent qu’il était disposé à rencontrer des dirigeants du parti islamiste palestinien.

Bien plus, il ne faudrait pas perdre de vue que les mêmes Républicains qui accusent aujourd’hui Barack Obama d’avoir l’intention de dialoguer avec les démons, n’avaient pas hésité hier à prendre langue avec les dirigeants Nord-Coréens ou a pactiser en Irak avec des chefs traditionnels sunnites dont l’anti-américanisme n’est plus à démontrer.

Il est clair que les Etats Unis furent mieux sécurisés par la politique d’ouverture et de détente de Ronald Reagan, et que la sécurité d’Israël fut mieux assurée à la suite des accords de paix de Camp David à la fin des années 80 que par la diplomatie d’arrogance et des frustrations actuellement pratiquée par l’Administration Bush. Le seul mérite de cette diplomatie du canon est de toujours susciter davantage de l’anti-américanisme dans le monde arabe, occasionnant ainsi la constante montée du fondamentalisme religieux dont se nourrit le terrorisme international.

C’est ce qui explique que tous les efforts déployés et primes mises en jeu pour la capture de Ben Laden sont restés vains. Ce n’est pas que tous les arabes sont des terroristes et partisans de Ben Laden. C’est plutôt la politique maladroite de l’Administration Bush qui fait que les opinions arabes mêmes les plus modérées se retrouvent contraintes de basculer dans l’intégrisme suite à une capitalisation des frustrations.

L’inverse est aussi valable. Il suffit de supprimer les causes de ces frustrations, Ben Laden n’aurait plus la même popularité et complicité dans le monde arabe, et sa situation ne serait pas très différente de celle de l’illustre Che Guevara dont le projet révolutionnaire échoua suite à l’indifférence du peuple bolivien.

Une solution structurelle pour la paix et le retour de la stabilité au Proche-Orient et au Moyen-Orient ne procéderait ni d’un déversement des tonnes de bombes sur la Bande de Gaza, ni d’une prolongation de cent ans de la guerre en Irak.

Les pistes d’une paix durable dans cette partie du monde tiennent fondamentalement d’un effort de Washington à promouvoir une bonne cohabitation entre Israéliens et Palestiniens par une création diligente d’un Etat palestinien, et par une sensible diminution de la présence militaire américaine dans le Golf au profit de la professionnalisation des forces armées et de police locales.

Cette complexe mais obligatoire approche devrait inévitablement passer par un profond remodelage aussi bien des hommes que des idées à Washington dans le but de créer une nouvelle donne diplomatique dans le monde : celle du respect mutuel et de la conciliation entre les peuples au détriment de celle de l’arrogance et des frustrations. C’est bien-là la voie de l’établissement d’un nouveau genre des rapports psychologiques entre les Etats-Unis et les peuples arabo-musulmans, voire le reste du monde.

Ces Présidentielles américaines de 2008 donnent au peuple des Etats-Unis une opportunité historique de se choisir un leader capable de rompre avec l’actuelle diplomatie du canon, dont les guerres en Afghanistan et en Irak ont étalé toutes les limites, et de reconstruire le pont entre les judéo-chrétiens et les arabo-musulmans au profit de la paix à travers le monde.

Une question serait de savoir qui du démocrate Barack Obama ou du républicain John McCain a les aptitudes requises pour remplir cette noble et délicate mission ? La réponse saute aux yeux : Barack Obama. A suivre.

Faustin Lokasola N’Koy Bosenge
« Les Amis de Barack Obama / NPDAC ».