LA CHAIRE UNESCO DE L’UNIVERSITE DE KINSHASA ET SADSEM ONT ORGANISE UN COURS EXECUTIF SUR LES OPERATIONS DE PAIX.

Le Centre d’Etudes Stratégiques Paix, Défense et Sécurité de la Chaire UNESCO pour l’Afrique Centrale et les Pays de la SADC a tenu, du 15 au 19 septembre 2008 à l’Ecole de Formation d’Officiers de Police Judicaire à Kinshasa / Ndolo, la XIVème session de ses cours exécutifs dont le thème central a été cette fois-ci intitulé : « Opérations Multinationales de Paix et Sécurité Humaine ». Organisé en partenariat avec le Southern Africa Defence and Security Management Network, en sigle SADSEM, et le Centre de recherches NPDAC, ce cours exécutif a donné lieu à de vifs échanges de vue entre d’éminents professeurs d’université et haut cadres de la Communauté nationale de renseignement d’une part, et de l’autre, une quarantaine de hauts cadres de l’Armée et de la Police, anis que des membres de la société civile.

Ce cours exécutif avait été articulé en trois modules, dont le premier portait sur des concepts généraux qui fondent l’accomplissement des opérations de paix dans un cadre multilatéral des Nations Unies, de l’Union Africaine et de la SADC. Les deux autres modules se rapportaient respectivement sur des approches d’une projection des notions universelles qui fondent le concept des opérations multilatérales de paix dans le contexte particulier de la RDC et sur des séances de synthèse et débats sur les réalités de l’actuelle équation sécuritaire congolaise.

En effet, au niveau du Centre d’Etudes Stratégiques de la Chaire UNESCO, le choix d’un thème lié aux opérations multilatérale de paix et à la problématique de la promotion post-conflit de la paix et sécurité humaine en RDC nous a été dicté aussi bien par l’actuelle dynamique d’une mutation fondamentale des stratégies militaire à travers monde et des réalités sécuritaires prévalant actuellement à l’Est du pays où la nécessité d’accomplissement des opérations combinant la promotion post-conflit de la paix et l’action humanitaire prime sur les traditionnelles opérations militaires conventionnelles.

Ce XIVème Cours Exécutif de la Chaire UNESCO a donné à d’éminents professeurs d’université et de hauts cadres de la gouvernance sécuritaire congolaise une opportunité de transmettre à une quarantaine de hauts cadres des FARDC et de la Police Nationale, ainsi que des membres de la société civile une bonne somme des connaissances aussi bien sur le concept d’opérations multilatérales de paix que sur moult réalités sécuritaires qui fondent l’actuel contexte post-conflit congolais.

Les professeurs Labana Lasay’A Bar, Doyen de la Faculté des Sciences Sociales de l’Université de Kinshasa et Mpasi Makenga, Vice-Doyen de la Faculté des Relations Internationales à l’Université Pédagogique Nationale, ont gratifié les participants de deux brillantes prestations académiques au cours desquelles le premier cité a planché sur les contours définitionnels et opérationnels du concept des opérations de paix, alors que le second s’est appesanti sur la typologie onusienne des opérations de paix tout en relevant des contradictions logiques entre les exigences de l’action sécuritaro-humanitaire internationale et les exigences de souveraineté nationale des Etats.

Intervenant sur « Les Contingences Humanitaires de la Réforme du Secteur de Sécurité Congolais », le Conseiller Spécial du Chef de l’Etat s’est employé à démontrer aux auditeurs qu’une gouvernance sécuritaire respectueuse des droits humains est plus performante en termes de résultat que celle qui bafoue la dignité humaine et les libertés individuelles.
Présentant une communication intitulée « Le Militaire congolais et le Concept Soldat de la Paix » en lieu et place du Général Kalume en mission de service à l’intérieur du pays, le Général Odimula, Conseiller en charge des opérations de paix au Ministère de l’Intérieur, Décentralisation et Sécurité, a entretenu l’auditoire sur le concept de soldat de la paix et surtout sur certaines opérations de paix du passé au cours desquelles des troupes congolaises firent montre de beaucoup de bravoure sur moult champs de bataille au Proche-Orient et au Moyen-Orient.

Intervenant sur « Le Rôle de la Police dans les Opérations de Paix », le Général Oléko, Inspecteur Provincial de la Police Nationale Congolaise, a souligné que c’est à la police que revient essentiellement la charge de la restauration post-conflit de l’ordre public et de l’autorité de l’Etat, une mission qui oblige cette dernière à évoluer en harmonie avec la population. Les doctorants Désiré N’Koy, Hubert Kabungulu et votre serviteur ont intervenu respectivement sur la problématique des groupes armés et des pasteurs Mbororo présents dans le Nord-Est du pays, l’action de la MONUC au regard des Accords de Lusaka de 1999 et sur la problématique de la restructuration post-conflit de la défense et sécurité en RDC. Dans la même lancée, Mme Va Weka Pétronnelle, ancienne Commissaire District de l’Ituri et membre de la société civile a fit une brillante exposée sur la problématique de la violence identitaire dans l’Ituri.

Une absence très déplorée a été celle du Professeur Anthoni Van Nieuwerk, Directeur du Centre de Management de la Défense et Sécurite de l’Université Wits de Johannesburg qui n’avait pas pu effectuer le déplacement de Kinshasa pour un contretemps enregistré dans la procédure d’obtention de visa.

Au niveau du Centre d’Etudes Stratégiques Paix, Défense et Sécurité de la Chaire UNESCO pour l’Afrique Centrale et les Pays de la SADC, nous avons toujours déploré le fait que, contrairement à ce qui se passe actuellement en Afrique Australe où le nouveau concept de la sécurité humaine chère à Ken Booth et Buzan Barry a fait que la gestions des questions sécuritaires a cessé d’être le monopole Etats pour devenir un domaine de collaboration entre les pouvoirs public et la société civile, la RDC n’est pas encore totalement sortie du carcan de la conception westphaliennes de la gouvernance sécuritaire, laquelle semble encore la contraindre à une logique qui réserve le monopole de l’action sécuritaire aux seules instances étatiques. Ne perdons pas de vue que sous d’autres cieux, l’initiative de la réflexion sécuritaire part souvent des milieux universitaires avant d’être appropriée par les gouvernants.

Bien plus, Fredrico Mayor estime que, maintenant que la sécurité se restructure au plan international et se redéfinit au niveau interne des Etats, il est très important de savoir poser des questions, à qui les poser et comment passer des interrogations à l’action.

C’est dans cette logique de questionnements et de recherches de pistes de solution à l’actuelle impasse du processus de paix congolais que le Centre d’Etudes Stratégiques Paix, Défense et Sécurité de la Chaire UNESCO pour l’Afrique Centrale et les Pays de la SADC s’est décidé de lancer une dynamique nationale de réflexion sécuritaire dont la finalité est d’éviter que le présent imbroglio sécuritaire prévalant à l’Est du pays soit justement la vague qui précède la tempête d’un nouveau cycle de déstabilisation de la RDC et de toute la sous-région des Grands Lacs.

Lokasola N’Koy Bosenge
Coordonnateur du Centre
Chercheur au Programme FOPRISA /
CDSM de l’Université Wits de Johannesburg.