LA SITUATION SECURITAIRE EN RDC AU CENTRE DES DISCUSSIONS DE L'AFRICAN SECURITY SECTORS NETWORK A MAPUTO
Constitué d’éminents académiciens, praticiens et autres professionnels du domaine de paix, défense et sécurité, l’African Security Sector Network, en sigle ASSN, est un réseau spécialisé dans les questions de gouvernance et management des secteurs de sécurité à travers le monde. Avec les concours de Global Security Network - Sector Security Reforms de l’Université de Birmingham et du Gouvernement britannique (DIFID), l’ASSN a tenu à Maputo, du 20 au 24 janvier 2009, un atelier sous-régional sur les opérations de paix et les réformes des secteurs de sécurité dans la SADC, dont les travaux ont été articulés en trois modules.
Le premier module de cet atelier de Maputo a porté sur des expériences nationales de reformes des secteurs de sécurité de quelques pays de la sous- région. A ce propos, le Général Angolais Felisberto et le Ministre Capverdien Baciru Dja ont planché sur la problématique de la SSR dans leurs pays. Le deuxième module a donné lieu aux communications de la Sud-Africaine Jeannine Rauch , de la Nigériane Uju Agomoh et de l’Ethiopien Medhane Tadesse sur l’interface entre les opérations de paix et les reformes du secteur de sécurité dans la SADC.
Traitant des contours conceptuels et aspects pratiques des opérations de paix et SSR dans la SADC, le troisième module a connu les interventions du Congolais Faustin Lokasola N’Koy Bosenge, de l’Angolais Jorge Cardoso et du Sud-Africain Gavin Cawthra qui ont tous disserté sur les approches de consolidation post-conflit de la paix dans la SADC au regard d’une étude commanditée par la FOPRISA en cours de publication.
Cette communication était pour notre modeste personne une très belle opportunité de souligner à l’intention de grands décideurs de ce monde, représentés dans la salle par le jeune et très dynamique Adeje Ebo (Directeur de l’UN-SSR au sein du Département des Opérations des Nations Unies/ DPKO à New York), le Dr Nicole Ball ( Senior Advisor au Center for International Policy de Washington), Dr Funmi Olonisakin (Directeur du Conflict, Security and Development Group au King’s College de Londres et Jonathan Sandy ( Senior Advisor au Centre for Democratic Control of Armed Forces / DICAF de Génève, qu’il était souhaitable que l’élaboration des résolutions des Nations Unies tiennent compte à la fois de la philosophie politique des Etats concernés, des apports des sociétés civiles locales et d’autres réalités socioculturelles du terrain, afin d’éviter dans l’avenir des contre-performances comme celles enregistrées par l’ONUMOZ au Mozambique, l’UNAVEM en Angola et la MONUC en RDC.
Planchant sur l’état de lieu de la réforme du secteur de sécurité congolais, il a été donné à votre serviteur de démontrer que son enlisement actuel était essentiellement consécutif à un déficit notoire des bases conceptuelles hérité du Dialogue Inter Congolais de Sun City où les gens ont passé le plus clair du temps a épiloguer sur le partage du pouvoir politique au lieu de débattre des questions sécuritaires cruciales comme le désarmement d’anciennes factions rebelles et milices ethniques, l’intégration verticale et horizontale de la nouvelle armée, la rationalisation de la défense (recherche d’un juste milieu entre volume des forces armées, leurs missions et les capacités budgétaires de l’Etat), la conversion de la défense ( reversement du surplus du potentiel militaire mobilisé pendant la guerre au profit des efforts de reconstruction nationale post-conflit), la neutralisation et rapatriement des groupes armés étrangers etc.
Nous voudrions ici ouvrir une petite parenthèse pour relever qu’un autre écueil majeur au succès de la réforme du secteur congolais procède du fait que tout le monde proche du pouvoir en place ou ayant des contacts avec des donateurs et autres décideurs internationaux à tendance à s’improviser lui-même spécialiste des questions de défense et sécurité et à diligenter la tenue des ateliers sur la reforme du secteur de sécurité congolais au lieu de recourir au service des personnes qualifiées pour une matière aussi délicate et spécialisée.
En guise d’approches de solutions, nous avons insisté à Maputo sur la nécessité de changer les choses en RDC, notamment en passant du stade d’interminables séminaires assortis de mêmes recommandations vagues et stéréotypées à une nouvelle dynamique : celle de la tenue des ateliers fondés sur des termes de références bien précis et susceptibles de mener vers une élaboration urgente et effective d’une stratégie nationale de sécurité sensée dicter à la fois les contours politiques et aspects techniques de la réforme du secteur de sécurité congolais. Nous pensons que c’est bien-là le passage obligé vers la relance et le succès de l’ensemble du processus de paix congolais.
Faustin Lokasola N’Koy Bosenge
- Coordonnateur du Centre d’Etudes Stratégiques
de la Chaire UNESCO pour l’Afrique Centrale
et les Pays de la SADC ;
- Chercheur au CDSM de l’Université Witwatersrand de Pretoria ;
- Membres des réseaux SADSEM, FOPRISA et ASSN.
