La Chaire UNESCO de l’Université Kinshasa et le renforcement des capacités en matière des réformes des secteurs de sécurité
1. Quid de la Chaire UNESCO pour l’Afrique Centrale et les Pays de la SADC.
1. 1. Objet :
La Chaire UNESCO pour la Culture de la Paix, Règlement des Conflits, Droits de l’Homme, Démocratie et Bonne Gouvernance en Afrique Centrale et les Pays de la SADC implantée à l’Université de Kinshasa a été créée en 2000, suite à la signature par le Directeur Général de l’UNESCO d’un Accord d’installation le 3 octobre 2000. La Chaire UNESCO de l’Université de Kinshasa assume des programmes de formation doctorale, de recherches fondamentales et de renforcement des capacités en matière des droits de l’homme et de sécurité humaine.
1. 2. Accords de partenariat.
L’Accord de Siège signé avec le Gouvernement de la RDC le 17 décembre 2004 attribuait à la Chaire UNESCO de l’Université de Kinshasa la personnalité civile juridique et diplomatique. L’Accord d’agrément signé ave le Secrétaire Général de la CEEAC reconnaissait la Chaire UNESCO pour l’Afrique Centrale et les Pays de la SADC comme centre sous-régional de renforcement des capacités. L’Accord de partenariat signé ave l’Université d’Etat de Manaus au Brésil a été à la base d’un précieux programme de promotion de la sécurité humaine par des études portant sur le développement durable et la biodiversité. Avec le Ministère Français des Droits Humains et Ecologie et l’Université Witwatersrand de Johannesburg, la Chaire UNESCO travaille respectivement dans les domaines des droits humains et de la paix, défense et sécurité.
1. 3. Formation doctorale.
En plus des enseignements de troisième cycle (DEA), la Chaire UNESCO de l’Université de Kinshasa assure une formation doctorale. Les toutes premières soutenances sont prévues en mars 2009. Il s’agit des thèses de :
- Manda Tchebwa, « Les apports de l’imaginaire dans la conquête des droits humains, de l’harmonie sociale et de la liberté : le cas des esclaves bantous de Cuba sous la colonisation espagnole. Entre les XVe et XXe siècles. Une quête inachevée de la paix ». 890 pages en deux volumes.
- Kadimanche Kadima Kalaka, « La détention préventive : problématique de sa mise en œuvre en procédure pénale congolaise au regard du droit de l’homme ». 472 pages.
La Chaire UNESCO pour l’Afrique Centrale et les Pays de la SADC a assuré depuis 2004 la soutenance de 108 mémoires de troisième cycle (DEA) dans les domaines de prévention et gestion des conflits, de droits de l’homme et démocratie, d’éducation et culture de la paix, de droits humains et santé publique, de management économique et droits de l’homme, de droits de l’homme et gestion de l’environnement, de bonne gouvernance, sécurité et défense commune, de droits humains, gestion de l’information et communication sociale, et de droits humains, genre, culture de paix et développement.
1. 3. Recherche scientifique.
Le Centre d’Etudes Stratégiques Paix, Défense et Sécurité/Chaire UNESCO pour l’Afrique Centrale et les Pays de la SADC développe actuellement des programmes de recherches portant essentiellement sur des conflits identitaires, la violence ethnique dans les Grands Lacs et la problématique de la restructuration post-conflit de la défense et de promotion de la sécurité humaine en Afrique Centrale et dans la SADC.
Plusieurs pistes de recherche ont été au centre des activités des chercheurs et chercheurs associés agrées par le Centre d’Etudes Stratégiques de la Chaire UNESCO pour l’Afrique Centrale et les Pays de la SADC , lequel a déjà publié les ouvrages suivants :
• Chroniques d’une chute, 171p.
• La Bonne gouvernance des Finances Publiques, 106p.
• Nation en péril, les avatars d’une très longue transition démocratique, 107p.
• Les Relations entre civils et militaires, cas de RDC et de l’Angola, 144p.
• Phénomène de la Fuite des cerveaux en R.D.C. (en cours)
• Du Marasme d’un Etat squelette aux défis du développement Durable, 185p.
Deux projets de recherche portant respectivement sur les « Processus de consolidation post conflit de la paix » et l’« Action humanitaire dans la SADC », pilotés par deux chercheurs du Centre d’Etudes Stratégiques de la Chaire sont en cours de publication dans le cadre du programme FOPRISA fonctionnant sous l’égide de la SADC et de l’Université de Botswana.
1. 4. Renforcement des capacités.
Conformément à l’article 2 de l’Accord portant sa création et en partenariat avec l’Université Witwatersrand de Johannesburg par le truchement du SADSEM (Southern Africa Defence and Security Management Network), la Chaire UNESCO pour l’Afrique Centrale et les Pays de la SADC a eu à organiser un total de quatorze cours exécutif portant sur le développement des relations civilo-militaires, la bonne gouvernance du secteur de sécurité et le déploiement des opérations de paix.
Le principal groupe cible de ces cours exécutifs sont les officiers supérieurs de l’Armée et de la Police Nationale, de hauts fonctionnaires et diplomates du Ministère des Affaires Etrangères, des membres des commissions Défense et Sécurité du Sénat et de l’Assemblée Nationale et des leaders de la société civile.
1. 5. Aspects financiers.
Depuis sa création jusqu’en 2005, date de la signature d’un contrat de partenariat avec le réseau SADSEM de l’Université Witwatersrand de Johannesburg, la Chaire UNESCO pour l’Afrique Centrale et les Pays de la SADC a fonctionné sans aucun financement extérieur, étant donné que le Gouvernement congolais n’a jusqu’à présent pas encore apporté sa contribution de l’ordre de 60% au budget de la Chaire UNESCO pour l’Afrique Centrale et les Pays de la SADC , comme le prévoit l’Accord de siège signé entre les deux parties.
A partir de 2005, ayant eu accès à une ligne de financement du Gouvernement danois (DANIDA) par le truchement de SADSEM, la Chaire UNESCO pour l’Afrique Centrale et les Pays de la SADC a été à mesure d’organiser des cours exécutifs qui ont permis le renforcement des capacités de quelques 686 hauts cadres de l’Armée et de la Police Nationale, du Parlement, des services spécialisés et de la société civile en RDC. Un des impacts palpables de ces cours exécutif depuis 2005 en RDC est que des officiers de l’armée et de la police, ainsi que les membres des services de sécurité considèrent de moins en moins les questions de défense et sécurité comme des tabous.
Cependant, un problème réel est que ces 686 bénéficiaires du programme de renforcement des capacités rendu possible par le partenariat Chaire UNESCO / SADSEM ne constituent que moins de 10% des cadres de l’Armée et de la Police Nationale, du Parlement, des services spécialisés du pays.
Etant donné que l’actuel Gouvernement danois n’a pas jugé de l’opportunité de reconduire cette ligne de financement pour des raisons de politique interne, la Chaire UNESCO pour l’Afrique Centrale et les Pays de la SADC sollicite le concours d’autres donateurs pour poursuivre ce programme capital d’organisation des cours exécutifs en RDC, et l’étendre par la suite dans toute la sous-région.
2. Projet de renforcement des capacités des acteurs nationaux des réformes des secteurs de sécurité.
2. 1. Contexte et motivations.
La sous-région d’Afrique Centrale et des Grands Lacs se trouve présentement en plein processus de restructuration de la paix et transformation de la défense et sécurité à l’issue de plusieurs décennies de violences et guerres civiles ayant entraîné de profondes déliquescences des secteurs de sécurité et de fortes atteintes à la sécurité humaine.
Si les processus de consolidation post-conflit de la paix semblent se dérouler avec moins de heurts en Angola, au Congo Brazza, en Ouganda et au Rwanda, la situation est nettement critique en RDC, en RCA, au Tchad et au Burundi où la survivance des forces négatives contribue à la persistance de l’insécurité. Cette situation comporte de hauts risques d’un nouvel embrasement du conflit en RDC dont l’onde de choc pourrait facilement s’étendre jusqu’au Tchad via la RCA, en Afrique du Sud via l’Angola et la Namibie, et au Kenya via l’Ouganda, le Rwanda et le Burundi ; engendrant ainsi un nouveau cycle de violences et d’instabilité en Afrique Centrale, Australe et Orientale.
Or, il se fait que toutes les études menées jusqu’à présent à la Chaire UNESCO pour l’Afrique Centrale et les Pays de la SADC ont démontré que l’actuel déficit des résultats des processus de consolidation post-conflit de la paix en cours au Tchad, en RCA et en RDC est essentiellement consécutif à l’absence des bases conceptuelles. C’est ce qui fait que toutes les tentatives des pouvoirs locaux et de la communauté internationale à diligenter les réformes des secteurs de sécurité dans cette partie du continent sont constamment vouées à l’échec. C’est ce déficit des bases conceptuelles (stratégies nationale de sécurité et politiques nationales de défense) qui fait que les processus de paix congolais, tchadien, centrafricain etc. sont demeurés jusqu’à ce jour de simples navigations à vue avec leur série d’essais et erreurs, d’impasses et d’éternels recommencements.
C’est ainsi que le présent projet vise essentiellement à combler toutes ces lacunes stratégiques et politiques dont souffrent les processus SSR en cours en Afrique Centrale et dans les Grands Lacs.
2. 2. Objectif, philosophie et méthodologie.
La présente démarche a pour objectif principal le renforcement des capacités des cadres nationaux des secteurs de sécurité, en l’occurrence des officiers supérieurs de l’Armée et de la Police Nationale, de hauts cadres des Ministères de la Défense, de l’Intérieur et des Affaires Etrangères, des membres des commissions Défense et Sécurité du Parlement, et de certaines leaders de la société civile.
C’est ici pour nous l’occasion de stigmatiser l’actuelle propension l’organisation des ateliers sur la reforme du secteur de sécurité impliquant plus des activistes des droits de l’homme que des experts des questions de défense et sécurité, lesquels aboutissent naturellement aux mêmes recommandations vagues et stéréotypées dont le seul mérite est de faire tourner en rond les processus SSR en cours dans la sous-région.
Le présent projet vise à étendre en Afrique Centrale et dans les Grands Lacs l’expérience des cours exécutifs qui a fait ses preuves en Afrique Australe, dont le principe consiste plutôt à donner aux cadres nationaux du secteur de sécurité des connaissances qui leur faut pour accomplir correctement leur mission de transformation post-conflit de la défense et sécurité.
En d’autres mots, nous dirions qu’il s’agit simplement de créer un effet multiplicateur en formant des formateurs qui vont à leur tour transmettre les enseignements reçus.
2. 3. Originalité de la démarche.
L’originalité du présent projet, lequel vise simplement la continuité des cours exécutifs dispensés par la Chaire UNESCO pour l’Afrique Centrale et les Pays de la SADC depuis 2005 dans le cadre d’un fructueux partenariat avec le Centre for Defence and Security Management de l’Université Witwatersrand de Johannesburg par le truchement du Southern African Defense and Security Mangement, consiste plutôt à mettre à la disposition des acteurs nationaux de la réforme du secteur de sécurité des connaissances précises sur les bases conceptuelles et aspects opérationnels de transformation post-conflit de la défense et sécurité en cours dans leurs pays.
Articulés en modules et dispensées en sessions de six jours, ces cours exécutifs portent sur l’actualisation de la carte de vulnérabilité d’un Etat, l’élaboration des approches stratégiques et politiques de parade à la menace, et l’accomplissement (conception, planification et mise en œuvre du processus) de la transformation post-conflit de la défense et sécurité.
En effet, il y a lieu de continuer à Kinshasa l’expérience commencée avec SADSEM avant de l’étendre par la suite à Brazzaville, Bangui, N’Djamena, Burundi, Luanda etc., en demeurant ainsi dans la dynamique enclenchée par le dernier atelier sous-régional sur les réformes des secteurs de sécurité tenu à Kinshasa au mois de janvier.
Comme souligné ci-haut, la finalité de ces cours exécutifs est d’amener les décideurs nationaux à comprendre et intérioriser les mécanismes stratégiques, politiques et techniques de l’accomplissement de leurs processus de paix locaux, afin d’être à mesure de s’impliquer avec efficience dans l’accomplissement des réformes des secteurs de sécurité en cours dans leurs pays. Il est à penser que c’est bien-là le passage obligé vers une relance et le succès du processus de restructuration post –conflit de la paix et sécurité en cours en Afrique Centrale et Australe.
2. 4. Communicateurs et modérateurs.
Toute en disposant d’un corps académique bien qualifié dans les domaines de la gouvernance sécuritaire et des droits humains, la Chaire UNESCO pour l’Afrique Centrale et les Pays de la SADC recourt à l’expertise des collaborateurs externes, tous des professionnels très avertis dans le domaine de la paix, défense et sécurité. A titre illustratif, nous pourrions citer :
- Le Professeur Kaumba, Ancien Recteur de l’Université de Lubumbashi et Conseiller Spécial du Chef de l’Etat;
- Son Excellence Mawete, Ambassadeur d’Angola à Kinshasa ;
- Le Professeur Labana, Doyen de la Faculté des Sciences Sociales et Relations Internationales de l’Université de Kinshasa ;
- Le Professeur Mpasi Makenga, Vice-Doyen à l’Université Pédagogique Nationale, Directeur de l’Académie Diplomatique au Ministère des Affaires Etrangères ;
- Le Professeur Ndjoli, Vice-Président de la Commission Défense et Sécurité du Sénat;
- Le Général Kalume, ancien Ministre de l’Intérieur et Conseiller Militaire du Chef de l’Etat ;
- Le Général Unyon, Directeur des Services Spéciaux de la Police Nationale ;
- Le Général Oleko, Inspecteur Provincial de la Police nationale / Ville de Kinshasa.
- Le Colonel Ungey, Directeur du Centre d’Etudes Stratégiques / Centre Supérieur Militaire de Kinshasa.
2. 5. Thématique.
a) Module I : Actualisation de la carte de vulnérabilité sécuritaire d’un Etat.
- Evaluation du profil de la menace interne et externe ;
- Conflits Identitaires et violences Interethniques ;
- Problématique de la réconciliation nationale ;
- Résurgences des mouvances insurrectionnelles internes ;
- Survivance des groupes armés étrangers sur le territoire national ;
- Criminalité transfrontalière ;
- Phénomène « Mbororo ».
b) Module II : Elaboration des approches de parade à la menace.
- Elaboration d’une stratégie nationale de sécurité ;
- Définition d’une politique nationale de défense et Sécurité ;
- Elaboration d’un projet de loi organique sur la défense et sécurité.
c) Module III : Mise en œuvre du processus de transformation de la défense et sécurité.
- Désarmement des factions rebelles et milices ethniques ;
- Neutralisation et rapatriement des groupes armés étrangers ;
- Intégration verticale et horizontale des forces de défense et sécurité ;
- Mise en œuvre et monitoring du processus SSR ;
- Réorganisation du dispositif national de Défense ;
- Rationalisation et conversion de la Défense.
2. 5. Résultats escomptés.
a) Accroissement de la visibilité des cades nationaux sur la problématique sécuritaire de leurs Etats, plus particulièrement sur les bases conceptuelles et aspects opérationnels de leurs processus SSR locaux.
b) Renforcement des capacités des cadres nationaux à élaborer des approches indiquées pour la consolidation de la paix, la restauration de l’autorité de l’Etat et la promotion de la sécurité humaine.
Nous voudrions terminer en soulignant une fois de plus qu’il n’appartient pas aux acteurs de la société civile d’élaborer une stratégie nationale de sécurité, de définir une politique nationale de défense et sécurité ou d’initier un projet de loi organique sur la défense et sécurité. Le rôle de la société civile devrait se limiter à mettre les connaissances et instruments requis à la disposition des membres des instances étatiques constitutionnellement attitrées en matière de défense et sécurité que sont les gouvernements, les parlements et les services spécialisés de l’Etat.
Faustin Lokasola N’Koy Bosenge
- Coordonnateur du Centre d’Etudes Stratégiques
de la Chaire UNESCO pour l’Afrique Centrale
et les Pays de la SADC ;
-Chercheur au CDSM de l’Université Witwatersrand de Pretoria ;
- Membres des réseaux SADSEM, FOPRISA et ASSN.
- Emails: chaireunescounikin@yahoo.fr
npdacong2003@yahoo.fr
- Bureau de liaison : Immeuble Salongo / Gare Centrale de Kinshasa.
- Tel. :( 243) 0998866498 / (243) 0817872393.
