LA QUESTION DE LA VIOLENCE SEXUELLE A L’EST DE LA RDC DEBATTUE LORS D’UN ATELIER SUR LE VIH/SIDA EN OUGANDA

Le centre urbain de Jinja situé à 70 Kms au Sud de Kampala et à quelques encablures d’une des sources du Nil vient d’abriter, du 11 au 13 mars 2009, un atelier sur le VIH/Sida qu’organisait l’Institute for Security Studies (ISS) de Pretoria avec le concours de l’Armée ougandaise et sous l’égide de l’Union Africaine. Ayant fondamentalement visé l’élaboration d’une approche commune de prise en charge de la menace du VIH/Sida sur les Forces Armées en Afrique, ces travaux de l’Hôtel Jinja Nile Resort ont connu une très forte participation de hauts cadres militaires africains, d’officiels de haut rang de l’Union Africaine et de chercheurs venus de divers horizons.

A titre illustratif, on pourrait citer le Général Major Simon Karanja, Commandant en Chef de l’Armée kenyane, le Major Général Samuel Gahiro, Chef d’Etat-Major Général de l’Armée burundaise, le Général Dingamadji Madjior de l’Armée tchadienne, le Général John Aduley Kwasie de l’Armée ghanéenne et le Général Peter Tembo de l’Armée zambienne. L’absence du Lieutenant Général Didier Etumba, Chef d’Etat-Major des FARDC, a été particulièrement déplorée par les organisateurs de ces assises qui avaient misé sur une implication substantielle des autorités militaires congolaises, eu égard à la position géographique centrale de la RDC dans la sous-région.

Néanmoins, dans la mesure du possible, deux chercheurs congolais se son employés de combler le vide en sollicitant l’attention des participants sur la question des violences sexuelles à l’Est de la RDC. Invités à exposer sur des études de cas portant sur l’impact du VIH/Sida sur les forces armées en RDC, le Dr Djiferdin Masudi Djuma et le Doctorant Faustin Lokasola N’Koy Bosenge ont tous les deux axé leurs interventions sur la question de la violence sexuelle faite aux femmes et enfants imputables aux hommes en uniformes à l’Est de la RDC au regard de menace du VIH/Sida.

Ayant planché sur la problématique générale du VIH/Sida en RDC, le Dr Djuma a démontré l’existence d’un lien de causes à effets entre les violences sexuelles perpétrées par les hommes armés sur les femmes et l’existence de taux particulièrement élevés de prévalence au VIH/Sida à l’Est de la RDC. Tout en abondant dans le même sens, il nous a été donné d’attirer l’attention des participants sur ce que nous avons appelé la « dimension militaire de la menace HIV/Sida », entendez le fait que les hommes en uniformes constituent un important vecteur de propagation du VIH/Sida comme l’ont démontré des études épidémiologiques effectuées par le BCC/Sida et le Programme National de Lutte contre le Sida dans les deux provinces du Nord et Sud Kivu : deux centres de concentration massive des hommes en uniformes du fait de la guerre.

Au plan global, les discussions au cours de ces travaux de Jinja Nile Resort ont particulièrement achoppé sur la question du test obligatoire au VIH/Sida lors des recrutements des hommes en uniformes et de l’envoi des contingents pour des mission de paix, les uns estimant que les tests obligatoires effrayaient aux principes fondamentaux de droits humais tandis que les autres y trouvaient une approche inévitable de réduction de l’actuel impact très nocif du VIH/Sida sur les forces armées.

Aucun consensus ne s’étant dégagé au cours cet atelier, il a été décidé que la question soit renvoyée à la prochaine réunion ministérielle de l’Union Africaine.
En marge de ces travaux, la matinée du 13 mars a été consacré à la visite des installations de « Quality Chemical Industry », en sigle QCI, une usine de fabrication des ARV (anti-rétroviraux), la seule existant jusqu’à présent en Afrique subsaharienne. Œuvre du Gouvernement ougandais, la construction de ce complexe industriel appliquant une technologie de pointe en matière de production pharmaceutique avait occasionné un investissement de 32 millions de dollars. Selon son Manager, l’implantation de cette usine a entraîné la réduction du prix des ARV jusqu’à 15Usd/mois/personne, permettant ainsi aux autorités de Kampala de les distribuer gratuitement auprès de la population.

A l’instar de l’urbanisation de la Ville d’Entebbe et de l’état impeccable du réseau routier ougandais, la construction de ces installations industrielles de la QCI, capables de produire également des antipaludéens et des médicaments contre la tuberculose, nous ont donné la nette impression qu’avec un peu de volonté politique et une bonne gouvernance, il est très possible de réduire petit à petit l’étreinte de la misère et du sous-développement en Afrique.

Faustin Lokasola N’Koy Bosenge
Coordonnateur du Centre d’Etudes Stratégiques
de la Chaire UNESCO / Université de Kinshasa
Tel. : +243 998866498
+243 817872393
Email : npdacong2003@yahoo.fr,
Chaireunescounikin@yahoo.fr,