EST DE LA RDC : LES FDLR ONT REPRIS DU TERRAIN AU NORD KIVU
A l’instar du mémorandum aux termes assez pessimistes que le Secrétaire Général des Nations Unies avait adressé en début du mois au Conseil de Sécurité au regard de la persistance de l’insécurité à l’Est de la RDC au lendemain des actions militaires menées conjointement par des troupes congolaises et rwandaises contre les rebelles Hutus Rwandais des FDLR, nous émettions de fortes réserves par rapport au discours des autorités militaires et gouvernementales congolaises selon lequel l’« Opération Umoja Wetu » avait permis la destruction du potentiel militaire des FDLR.
En effet, croyant à un bilan positif de cette traque des FDLR, le porte-parole du Gouvernement congolais affirmait, nous citons : « …Nous avons cassé l’ossature du commandement des FDLR, brisé leurs quartiers généraux, et déclenché le mouvement le plus important de rapatriement volontaire vers le Rwanda depuis 15 ans, avec près de 3 500 FDLR rapatriés ou en voie de l’être… ». Abondant dans le même sens, un collègue de retour de l’Est du pays (Goma, Sake, Butembo, Beni, Bunia et Mambassa) relevait avec une naïveté déconcertante que les perspectives du retour d’une paix durable à l’Est de la RDC étaient une nette évidence.
Estimant que cette appréciation de l’Exécutif congolais des réalités du terrain était plus qu’approximative, et par conséquent, de nature à biaiser toute son action en matière de défense et sécurité ; dans une analyse publiée le 9 avril 2009 notamment sur www.sociéécivile.cd, nous nous faisions le devoir de souligner à l’intention de l’opinion que ces opérations militaires de tous les espoirs d’avènement d’une paix durable à l’Est de la RDC avaient tellement été entachées de notoires lacunes tant au niveau de leur conception stratégique qu’au plan de leur mise en œuvre opérationnelle qu’elles ne pouvaient logiquement pas permettre d’atteindre leur objectif fondamental, lequel consistait plutôt à détruire le potentiel militaire des FDLR en lieu et place d’une simple délocalisation temporaire de leurs zones d’influence.
Or, tout observateur averti est aujourd’hui d’avis que, au lieu d’aboutir à une substantielle neutralisation des FDLR, l’ « Opération Umoja Wetu » a plutôt donné aux Rebelles Hutus Rwandais un prétexte pour perpétuer pires exactions et massacres des populations civiles qu’ils accusent d’avoir collaboré avec les forces coalisées FARDC- Armée rwandaise. Selon la BBC, les FDLR se sont même permis de publier une liste des notabilités locales à qu’ils reprochent d’avoir pactisé avec les Rwandais.
C’est certainement dans le cadre de ces représailles à la fois odieuses et injustes contre de paisibles citoyens congolais qu’ils ont enlevé, ce 12 avril 2009, le Chef de la localité Myanga vers Walikale dont le corps avait été retrouvé égorgé dans la brousse. Dans le même ordre d’idées, Mr Ron Redmond, le porte-parole du HCR, déclarait en mars dernier que les FDLR ont récupéré leurs anciennes positions dans le Nord Kivu où ils ont repris avec force des pillages, viols , enlèvements et tueries des populations civiles.
Face à un tel drame, le Chef de la Mission des Nations Unies au Congo, s’est borné à reprendre le même refrain usité depuis 2000, qui consiste à demander au Conseil de Sécurité de renforcer le potentiel militaire de la MONUC et à proférer de menaces creuses contre les FDLR.
En effet, il y a lieu de se poser des questions sur des miracles pouvant résulter de l’envoi de 3000 casques bleus et d’une dizaine d’hélicoptères supplémentaires là où 17.000 hommes suréquipés n’ont vu que du rouge depuis plusieurs années. Et si la MONUC était plus une garantie d’emplois surpayés qu’une mission de consolidation post-conflit de la paix ?
Une fois de plus, c’est ici l’occasion de déplorer le fait que depuis bientôt une décennie, des personnes peut-être intelligentes mais qui ne maîtrisent pas toujours les questions de défense et sécurité aient investi tant les structures militaires et gouvernementales que les organismes internationaux impliqués sur la question congolaise, une situation qui fait que moult efforts pourtant louables de consolidation post-conflit de la paix dans le pays se retrouvent constamment annihilés par des évaluations approximatives, des essais et erreurs et des échecs et recommencements.
C’est ainsi que nous continuons à penser que, comme en Afghanistan et Irak, une solution structurelle à la problématique de la survivance des forces négatives à l’Est de la RDC ne résulterait aucunement des interventions militaires de la communauté internationale et des pays voisins, lesquelles ne sont que de bénéfiques apports ponctuels dont le Congo a grandement besoin juste le temps nécessaire pour la reconstitution de sa stature militaire nationale.
Disposant d’une des ressources humaines en matière de défense et sécurité les plus cotées du continent, ce qui manque à la RDC, c’est plus une réconciliation nationale assortie des appuis financiers et diplomatiques de la communauté internationale pour l’accomplissement du processus de transformation de l’Armée et des services de sécurité que d’interminables renforcements des effectifs et du matériel de combat des casques bleus de la MONUC qui ont déjà suffisamment étalé leurs limites.
Faustin Lokasola N’Koy Bosenge
- Coordonnateur du Centre d’Etudes Stratégiques
de la Chaire UNESCO pour l’Afrique Centrale
et les Pays de la SADC / Université de Kinshasa. – Coordonnateur de la NPDAC/ONG
- Membres des réseaux SADSEM, FOPRISA et ASSN.
- Emails: chaireunescounikin@yahoo.fr / npdacong2003@yahoo.fr,
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