RD Congo : Médecins, des grèves qui devraient interpeller

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Médecins : des grèves qui devraient interpeller
La grève des médecins déclenchée depuis lundi dans les hôpitaux du pays a fait tâche d’huile aussi bien dans la capitale que dans l’arrière pays. « Hôpitaux sans médecins », a donc réussi, le service minimum assuré jusque dimanche, a cédé la place à une grève totale. Dans leur cahier, les « blouses blanches» exigent l’apurement des arriérés de primes de risque et autres avantages liés à leur fonction, contenus dans un accord signé avec le gouvernement. « Cet accord prévoit, de donner un meilleur salaire aux médecins et la prime de risque qui devait aussi être revu à la hausse et les conditions de travail qui devaient aussi être améliorées », explique le docteur Christian Muteba Baseke, médecin à Kinshasa. Et la centrale syndicale menace de durcir le mouvement si rien n’est fait dans les dix jours.
Les archives rappellent que la grève lancée fait suite à une autre déclenchée par le Syndicat national des médecins/Kinshasa (Synamed), en août 2008. « Même si Kinshasa n'est pas l’ensemble de la RDC, elle demeure néanmoins le miroir par lequel se reflète la situation d'ensemble. La paralysie est totale. Radicale comme l'ont souhaité les blouses blanches. Tout doit être fait pour que la grève ne dure pas », écrivait, dans son éditorial, un confrère « on ligne ».
«La grève sera radicale et illimitée dès ce lundi 18 août 2008 », c’est ce qui lançait, sous les projecteurs des médias, le secrétaire général du Synamed, section provinciale de Kinshasa « et ce, pour mettre le gouvernement devant ses responsabilités ».
Les revendications majeures des grévistes aussi bien celles d’août 2008 que celles enregistrée actuellement dans les hôpitaux publics du pays tournent autour de la mécanisation de nouvelles unités, paiement des primes de risques et harmonisation des salaires. Au lendemain du déclenchement de la grève en août 2008, l'Hôpital général de référence de Kinshasa (HGRK), avait donné le ton. « Aucun médecin n'était vu dans son cabinet. Mais, on pouvait voir quelques visages animant de petits attroupements ça et là. Seuls les stagiaires étaient visibles, si pas dans les couloirs des pavillons, mais au chevet des malades avec quelques propos de consolation », rappelle un reportage à chaud réalisé, ce jour, par un média de la capitale.
A cette époque, et face à des dégâts fort à craindre, le Dr Diabeno, président du Conseil d'administration de l'Hôpital général de référence de Kinshasa, reconnaissait que « des mesures urgentes méritent d'être prises par le gouvernement en faveur de grévistes. « Dans notre institution, nous ne pouvons compter que sur les services d'une dizaine de chefs de service et une dizaine de chefs de département. Leur nombre est très limité pour faire face aux besoins des centaines de patients », petite phrase de l’urologue qui ressemblait à la fois un aveu d’impuissance du Synamed d’arrêter des dégâts et un appel au sens élevé de responsabilité du gouvernement. A l’Est du pays, le mouvement de grève fut suivi, selon un monitoring dressé à partir de Kinshasa. « Mais on ne peut pas, sous prétexte de vouloir limiter les dégâts, intimider les médecins de l’Est sur la base des accusations infondées », lâchait, au plus fort du débrayage, un responsable local du syndicat. « Notre serment veut que le médecin administre des soins sans tenir compte des origines religieuse, ethnique et raciale du patient », expliquait Chirimuami, un jeune médecin fraichement sorti de l’Université. « Comment peut-on accuser un médecin d’avoir donné des soins à des éléments de la rébellion rwandaise des Fdlr alors qu’au-delà de tout, ce sont des personnes physiques comme nous », s’interrogeait-il. Ce qui fait que beaucoup d’entre nous s’expatrient et vont chercher leur vie ailleurs non seulement pour se soustraire d’éventuels sévices mais faute d’avoir trouvé mieux chez soi. Dans la foulée de la grève de 2008, l’une des premières victimes du débrayage s'appelait Kisibu Didier, 32 ans, décédé à 7H30. Le jeune N'djilois du quartier 12, sur avenue Bondoki, a été admis au pavillon 8 depuis 2 semaines pour un cas de complications pulmonaires, renseignait, dans son édition du 18 août 2008, Le Palmarès. Ces grèves qui interpellent.
Kaja
Correspondance particulière
( Texte tiré de La Prospérité, un quotidien de la RD Congo, Septembre 2009)