RD Congo : journée internationale des disparus sous le signe d’interrogations

Le monde entier a célébré le 30 août 2010, la journée internationale des disparus, les familles de disparus en République démocratique du Congo (RDC) s’interrogent sur la destination imposée aux leurs. Si la journée a semblé passer inaperçue aux yeux du grand public congolais, elle reste cependant historique pour les défenseurs des droits de l’homme du pays, en souvenir de l’assassinat, début juin 2010, de Floribert Chebeya, éminent activiste de droits de l’homme tué à Kinshasa. La veuve et les orphelins ont pu obtenir, à la suite de plusieurs pressions du régime, l'exil pour le Canada.
A la célébration de cette date, des militants des droits de l’homme congolais ont, par ailleurs, célébré la retrouvaille d’un des leurs, Sylvestre Bwira, président de la société civile de Masisi, dans la province du Nord-Kivu (Est). Selon des informations parvenues à l’organisation Journaliste pour la promotion & la défense des droits de l’homme (JPDH), M. Bwira a été retrouvé vers Sake à une vingtaine de kilomètres de la ville de Goma, la capitale de cette province en proie à des conflits armés récurrents entre groupes armés soutenus par des pays voisins. Son enlèvement est attribué au Congrès national pour la défense du peuple (CNDP, rébellion). Au-delà du cas de Bwira, un autre cas de violation des libertés individuelles reste, en dehors des disparitions, de contraintes à la clandestinité ou, encore des actes qui contraignent des Congolais en séjour à l’étranger pour diverses raisons, à ne plus revenir au pays du fait de leurs des idées, parfois, contraires à celles développées par le régime politique congolais. Kibiswa Nopes, activiste des droits de l’homme en vue au Congo en séjour aux Etats-Unis est victime de sa libre expression, souvent très critique à l’endroit des autorités de Kinshasa. Deuxième cas d’intolérance reste celui de Nadine Lopez Mwanandeke. Mlle Mwanandeke s’était engagée en politique en adhérant au Mouvement de libération du Congo (MLC, opposition) où elle s’occupait, à la base, de la mobilisation et propagande. En séjour en dehors du pays, elle apprend qu’elle ferait l’objet des menaces du fait de son appartenance politique. La crainte s’accroit du fait de l’existence des rumeurs ayant entouré un présumé coup d’Etat en juin 2009, attribué à des proches de l’opposition. Des militaires cités dans ce présumé coup d'Etat ont incarcérés dans la prison centrale de Kinshasa et n'ont jamais bénéficié du droit reconnu à la défense.

Des informations supplémentaires parvenues à JPDH font état de la persistance d'intenses menaces contre Mlle Mwanandeke, née le 03 mars 1980. Elles se sont intensifiées à la suite de ses liens de copinage avec un certain Wazungu, ancien lieutenant à la Division spéciale présidentielle (DSP, garde prétorienne du président Mobutu au pouvoir de 1965 à 1997).
Au mois d’aôut 2010, le frère ainé de Mlle Mwanandeke, Gautier Buketi Mwanandeke a été interpellé puis gardé dans un cachot de la Police à Kinshasa.
Eu égard à ce qui précède, JPDH recommande aux autorités congolaises : - de garantir la liberté d’expression consacrée par les instruments aussi bien nationaux, comme la Constitution qu’internationaux relatifs aux droits de l’homme ; - de mettre fin aux intimidations dont continuellement l’objet les personnes supposées proches de Nadine Mwanandeke ;- de mettre un terme à la mauvaise image du pays présenté comme les plus répressifs d’Afrique.
Fait à Kinshasa, le 02 septembre 2010
Journaliste pour la promotion & la défense des droits de l’homme (JPDH).