Rapport – synthèse, Mai 2003

TASK FORCE SUR L’ITURI
Groupe de travail sur l’Ituri
AGIR ENSEMBLE POUR UNE PAIX DURABLE ET REHABILITATION DE L’ITURI.
0. INTRODUCTION
1. Objectifs et justification de l’atelier
A l’initiative du Task Force sur l’Ituri, et avec l’appui de Christian Aid, Développement et Paix, PREFED, CEFORMAD et RECIC, quelques associations de la société civile se sont réuni du jeudi 21 au vendredi 22 mai 2003, à Kinshasa, au CEFORMAD, pour réfléchir ensemble sur la manière dont elles peuvent contribuer au retour de la paix dans l’ITURI.
l’atelier de réflexion sur l’implication des ONGD dans le processus de la reconstruction de la paix en Ituri, répondait ainsi à l’un des objectifs que s’est fixé le Task Force , à savoir : stimuler une synergie entre les différents acteurs intéressés par le travail de pacification et de développement durable de l’ITURI en particulier et de la sous-région des Grands Lacs en général.
A cet effet, l’atelier avait pour mission d’examiner comment «agir ensemble », autrement dit de quelle manière les acteurs de la société civile en général et les Organisations non Gouvernementales de développement en particulier peuvent efficacement s’impliquer, chacun selon sa spécificité, dans le processus de la restauration d’une paix durable en ITURI. A la fin de ces travaux, les participants devaient dégager des propositions et des recommandations à l’endroit des différents acteurs exerçant à quelque niveau que ce soit une influence sur la situation en Ituri (ONG, Gouvernements de la RDC, différentes forces au niveau local, national, sous – régional, régional et international). Les différentes recommandations à formuler concernent notamment les axes suivants :
- l’arrêt des combats et le rétablissement de l’autorité de l’Etat ;
- la sécurisation de la population
- les mesures susceptibles de faciliter la cohabitation pacifique entre les différentes communautés de l’ITURI ;
- l’organisation de l’assistance humanitaire et l’accessibilité des organisations humanitaires aux populations sinistrées ;
- la mobilisation des moyens de communication et de la presse nationale et internationale autour du drame de l’ITURI.
2. Méthodologie
Sous l’animation du PREFED, l’atelier a connu quatre panels. Et Partant de la question «Comment s’impliquer dans le processus de reconstruction de la paix en Ituri ? », les quatre panels étaient centré autour des thèmes suivants :
- Rétablissement de l’autorité de l’Etat et sécurisation de la population ;
- Cohabitation pacifique et promotion de la culture de la paix ;
- Assistance humanitaire et accessibilité aux populations sinistrées ;
- Information et communication pour la paix et le développement.
Et à la suite de ces panels, l’atelier a dégagé une série des recommandations.
3. Participants
L’atelier a regroupé des participants appartenant a plusieurs catégories socio - professionnelles venant du monde des ONGD, des ONGI, des services techniques des églises catholiques et protestantes, des organismes de la coopération multilatérale, des milieux universitaires et des professionnels de la presse. Le dénominateur commun entre ces divers acteurs est d’être des acteurs directement intéressés par la situation dramatique qui prévaut en ITURI.
Parmi les principaux intervenants qui ont animé le panel, certains venaient récemment de Bunia et des autres villes de la région. Il convient de signaler aussi que pendant les travaux carrefours, les collègues des ONGD de BUNIA se trouvant déplacés à Beni ont appelé au téléphone pour apporter leur contribution aux réflexions en cours.
I. LES COMMUNICATIONS
Il existe chez la plupart des observateurs nationaux comme étrangers une perception erronée des origines du conflit actuel en ITURI. Se fondant notamment sur les informations de la presse internationale, ils ont accumulé une série de mythes et de simplifications stéréotypées qui constituent les prismes à partir desquels chacun essaie de situer et d’expliquer la folie meurtrière que connaît cette région. A cet effet, les oppositions régulièrement évoquées sont liées soit aux activités socio-économiques, soit aux données démographiques : différence entre une ethnie à vocation pastorale et une ethnie d’agriculteurs, opposition entre un groupe numériquement majoritaire et un qui est minoritaire, etc.
Pour pouvoir s’impliquer et agir efficacement, il faut que les travailleurs sociaux des ONG connaissent au préalable les origines profondes du conflit et en comprennent les vrais enjeux. C’est à cet exercice que la communication du Professeur LOBO lwa Djugu Djugu a convié les participants à travers son exposé intitulé « Rétablissement de l’autorité de l’Etat et sécurisation de la population ».
1. RETABLISSEMENT DE L’AUTORITE DE L’ETAT ET SECURISATION DE LA POPULATION (Prof. LOBO LWA DJUGU DJUGU)
D’entrée de jeu, l’orateur a relevé que le conflit foncier entre deux ethnies n’est pas simplement une réalité propre à l’ITURI. Il existe dans presque toutes les communautés un peu partout à travers la RDC ou ailleurs en Afrique. De plus, les Lendu et les Hema ne constituent pas les seules ethnies présentes en ITURI. Y cohabitent depuis des siècles quatre principaux groupes ethniques africains : les Pygmées Mambuti, les Bantu (Bira, Nyali, Lese), les Soudanais (Lendu, Lugbara) et les nilotiques (Hema, Alur, Kakwa, Mambisa, Ndo-Okebo). Par ailleurs, dans leur parcours historique, l’antagonisme entre les deux communautés n’en est pas à sa première manifestation. Cependant, des facteurs endogènes et exogènes se sont greffés à cet antagonisme pour lui donner une dimension jamais atteinte auparavant. Les différences socioculturelles et économiques ont exploitées et instrumentalisées principalement l’U.P.D.F. qui a mis en place des mécanismes complexes pour pérenniser l’exploitation sauvage des richesses de l’ITURI à son profit et à celui des groupes maffieux qui ont pris racine dans la région.
1°. Les causes endogènes :
- L’ITURI est un vaste territoire de 65.830 km peuplé de 2.574.919 habitants qui souffre d’une sous-administration criante pratiquement depuis l’indépendance du pays. Il partage ses frontières avec deux des pays voisins de la RDC et regorge d’immenses potentialités économiques qui, du fait du déficit de l’autorité de l’administration centrale et locale, attirent naturellement les prédateurs de toutes sortes dans cet espèce de No man’s land.
- Du fait de la démission de l’administration centrale survenue bien avant le processus de démocratisation, l’essentiel des transactions commerciales sont orientées vers le Sud-Est asiatique ; ce qui entraîne une circulation anarchique des hommes de tous genres et de tous les horizons attirés par les possibilités d’enrichissement facile et qui, pour ce faire, sont toujours enclins à défendre leurs privilèges par tous les moyens.
- Le dysfonctionnement et la légèreté de l’appareil judiciaire qui, dans le règlement des litiges fonciers, a tendance à trancher en faveur de la partie qui présente le plus d’intérêt pour le juge. La perte de confiance dans les structures de la justice officielle favorise l’instauration de la loi de la jungle, chacun cherchant à se faire justice comme il le peut.
- Les insuffisances ou la quasi absence de l’administration se sont exacerbées depuis l’occupation de la région par des rebellions successives (RCD/K-ML sous Wamba dia Wamba, Mbusa Nyamwisi…). Après l’éclatement du RCD/K-ML, les leaders de ce mouvement ont procédé à un recrutement massif des jeunes congolais des ethnies Nande, Lendu et Hema qui ont suivi une formation militaire accélérée en août 1998. Après leur instruction, de nombreuses recrues seront disponibles pour servir dans les milices de leurs ethnies respectives et/ou sous les ordres de différents leaders qui voulait s’assurer le contrôle de la région.
- Le malaise récurrent et épisodique entre les deux ethnies est aussi entretenu par l’élite intellectuelle et par les acteurs politiques originaires de l’Ituri pour des questions de positionnement politique.
D’une manière générale, l’anarchie consécutive à l’absence de l’influence de l’autorité de l’Etat et à l’incurie de l’appareil judiciaire a largement favorisé sur le plan interne l’anarchie et la loi de la jungle. Les différentes forces mettront à profit ce vide pour installer leur pouvoir.
2° Les causes exogènes
Les origines exogènes de la criminalisation du conflit en ITURI doivent être recherchées au niveau international où les rivalités ethniques sont exploitées et instrumentalisées par des pays de la sous-région (Ouganda, Rwanda…) et par divers milieux maffieux aussi bien étrangers que congolais en vue de leur enrichissement. D’emblée, il faut souligner, selon l’orateur, que l’Ouganda n’en est pas à son premier coup de maître dans la région de l’ITURI.
- Dans les années 1963-1964, le gouvernement de MILTON OBOTE avait mis à profit l’avènement de la rébellion Muleliste pour lancer le colonel IDI AMIN DADA dans cette région avec la mission de soutenir les insurgés lumumbistes de Stanleville contre les gouvernements congolais de Cyrille ADOULA et Moïse TSHOMBE. Idi AMIN mit à profit cette mission pour faire main basse sur les réserves d’or de la Banque Centrale stockées dans sa succursale de Stanleyville et sur la production des mines d’or de Kilo Moto. Le coup d’Etat militaire qui chassa OBOTE du pouvoir et y hissa Idi AMIN DADA aurait été financé par le « Congo Gold ».Trente huit ans après, l’Ougandais YOWERI MUSEVENI refait le même coup en en y lançant l’U.P.D.F. et le général KAZINI sous prétexte des motivations sécuritaires et panafricanistes. Tous les successeurs de KAZINI au Congo ont poursuivi le même objectif, à savoir : favoriser la prolifération des milices et l’anarchie de manière à justifier la mission pacificatrice de l’U.P.D.F. en Ituri.
- Les groupes rebelles et les différentes milices opérant dans l’ITURI sont une création du président MUSEVENI de l’Ouganda. C’est lui en effet qui est à l’origine de la création du MLC de J.B. BEMBA, du RCD/K-ML de Wamba dia Wamba, Mbusa NYAMUISI et TIBASIMA. C’est encore lui qui « fabriquera » Roger LUMBALA et lui attribuera Isiro. C’est encore lui qui « créera » Thomas LUBANGA et l’enverra à Bunia combattre le RCD/K-ML accusé par lui de haute trahison… Le combat contre l’unité et la concorde entre les populations autochtones de l’Ituri fait partie des stratégies sécuritaires de la puissance occupante.
- Le contrat signé entre l’entreprise canadienne Heritage Oil et la RDC pour l’exploitation des gisements pétroliers dans la plaine de la Similiki, à la frontière avec l’Ouganda a attisé les rivalités entre le Rwanda, l’Ouganda, la RDC et diverses fractions rebelles opérant en Ituri.
- Les conflits armés qui se déroulent dans la poudrière de la région des Grands Lacs et de la corne de l’Afrique se répercutent sur l’Ituri où les vendeurs d’armes trouvent un marché propice aux affaires. Pour l’opinion internationale, cette région porte en elle les germes d’une crise permanente : conflit politico-religieux au Soudan, rebellions de la Résistance du Seigneur en Ouganda, guerre ethnique au Rwanda et au Burundi, processus de désintégration de la Somalie…
En conclusion, si le vol de bétail, la lutte pour les pâturages et les points d’eau constituent le quotidien traditionnel des éleveurs nomades, les attaques occasionnelles avec des machettes n’avaient jamais causé autant de victimes que ceux que l’on déplore aujourd’hui. Armés et équipés d’instruments puissants de destruction, les Hema et les Lendu qui pourtant parlent la même langue sont poussés aujourd’hui à ne jamais parler le même langage. La diversité culturelle et les différences socio-économiques qui devraient être la source d’un enrichissement mutuel sont aujourd’hui le ferment qui alimente la haine et la mort. Il faut que l’élite intellectuelle locale se remette en question ; qu’elle ouvre le bon œil. Le peuple congolais de l’ITURI a besoin de développement, de justice et de paix. Il ne sert à rien de la pousser dans des entreprises meurtrières où elle n’a rien à gagner.
Pour gagner la paix, l’orateur a soutenu la nécessité pour le Gouvernement de réaliser certains préalables déjà relevés par la CPI, à savoir :
- la mise en place d’une administration classique dans l’ITURI
- la capitalisation de l’aspiration de toutes les communautés de l’ITURI à la paix ;
- le retrait réel et sans condition des troupes étrangères (ougandaises et ruandaises) de la région de l’ITURI ;
- le désarmement des milices de tous bords ;
- l’implication des notables et autorités coutumières de toutes les communautés de l’ITURI dans le processus de paix.
2. COHABITATION PACIFIQUE ET PROMOTION DE LA CULTURE DE LA PAIX. ( Prof. FLORY KAYEMBE et MISSAK KASSONGO)
Deux intervenants ont animé ce second thème. Il s’agit de Flory KAYEMBE du Groupe AMOS et de MISSAK KASSONGO de JUSTICE PLUS.
2.1. Les facteurs perturbateurs de la cohabitation pacifique par FLORY KAYEMBE.
Pour le premier orateur, M. Flory KAYEMBE, il faut distinguer dans ce conflit les causes lointaines et les causes immédiates. Parmi les causes lointaines il a cité le régime de Idi AMIN DADA, le pouvoir du Maréchal Mobutu qui n’a pas su préparer la relève après trente-deux ans de règne et ne s’est pas préoccupé de constituer une armée véritablement républicaine, l’afflux des réfugiés en provenance des pays voisins (Rwanda, Ouganda, Burundi…) et la convoitise créé par les potentialités économiques de la région. Les causes immédiates sont : la recherche effrénée du pouvoir qui pousse les politiciens à manipuler le levier identitaire, la perméabilité des frontières nationales (ce qui favorise les mouvements incontrôlés des personnes et des biens), l’absence de démocratie qui entraîne les sentiments d’exclusion et de frustration.
De même, certains facteurs ont contribué a atténuer le conflit tandis que d’autres l’ont exacerbé. Dans le premier cas, on peut citer entre autres la réaction d’auto-défense populaire, le refus de la population de se laisser inféoder aux idéologies ainsi que la présence des observateurs de l’ONU. Dans le deuxième cas, il s’agit de la circulation des armes, des divisions intestines au sein de la communauté nationale qui ne permet pas une mobilisation générale contre les agresseurs. Ce qui fait que des voix discordantes se font entendre lorsqu’il s’agit de qualifier cette guerre. Certains parlent d’agression alors que d’autres parlent de rébellion. Pour sa part, la société civile a quand même lancé quelques initiatives de paix. Celles-ci ont été notamment l’œuvre des Eglises et ont permis de mettre autour d’une table différentes couches de la population : Lendu, Alur, responsables des mutualités,…
1.2.2. La prolifération des armes, élément perturbateur de la culture de la paix par MISSAK KASSONGO
MISSAK KASSONGO, originaire du Kasaï, est né et a grandi en Ituri. En plus, il y retourne régulièrement dans le cadre de ses activités professionnelles au sein de JUSTICE PLUS.
a centré sa communication sur la circulation et le mode d’acquisition d’armes par les groupuscules armées. Deux questions principales ont servi de fil conducteur à son exposé : qui détiennent les armes et comment les acquièrent-ils ?
Se fondant sur les résultats sur la prolifération des armes légères dans le Nord Est de la RDC , l’orateur a fait remarquer que les parties en conflit dans l’ITURI ont, de part leurs origines, des affinités avec des communautés vivant dans les pays voisins de la RDC. Par exemple les HEMA comme les ALUR sont en Ouganda et en RDC, les LENDU vivent aussi bien en RDC qu’au Sud-Soudan. Des mécanismes de solidarité agissent dans ces communautés trans-frontalières chaque fois qu’une ethnie sœur se trouve en conflit avec une autre à l’intérieur d’un même pays.
Ce genre d’affinités transfrontalières explique aussi dans une certaine mesure la facilité qu’ont les milices ethniques pour leur approvisionnement en armes. Il existe par exemple dans le Sud-Soudan un marché où civils et militaires peuvent s’acheter facilement des armes. En plus de ce facteur, la prolifération d’armes est alimentée par :
- la présence des armées étrangères, plus particulièrement celle de l’Ouganda (UPDF) et celle du Rwanda (APR) ;
- Les bandes des affairistes qui, pour protéger leurs intérêts économiques et financiers, recourent aux milices et les équipent en conséquence ;
- L’afflux des réfugiés fuyant les zones de conflits. Certains d’entre eux se déplacent avec des armes pour leur défense ou pour les vendre ;
- La déliquescence de l’Etat congolais et l’inexistence d’un appareil administratif censé exercer un contrôle sur la circulation des personnes et des biens ;
- La présence des généraux des pays voisins qui évoluent en «électrons libres »
- L’Ouganda, le Rwanda, le Soudan et les pays occidentaux figurent parmi les principaux fournisseurs d’armes dans la région.
Face à cette situation, quelles stratégies utiliser pour freiner la circulation d’armes et sécuriser la population ?
Quelle que soit la solution à envisager, la communauté internationale, à travers l’ONU a un rôle majeur à assumer dans la sécurisation de la population de l’ITURI, non seulement parce qu’elle peut mobiliser des forces d’imposition de la paix, mais aussi parce qu’elle a le pouvoir d’agir sur l’Ouganda et le Rwanda qui entretiennent l’insécurité dans la région. En plus, en tant que puissance occupante, l’Ouganda a aussi des obligations internationales dans le cadre de la protection des populations des territoires occupées.
En même temps que ces obligations internationales seront remplies, l’Etat congolais devra s’atteler à :
- Mettre en place dans l’ITURI une administration efficace (justice, forces de sécurité, forces armées et de police) et prendre toutes les initiatives susceptibles de renforcer sa présence dans la région ;
- Organiser avec les pays voisins des patrouilles mixtes le long de leurs frontières communes ;
- Contribuer avec l’ONU et les ONG à la récupération des armes par divers mécanismes (rachat, armes contre nourriture…)
- Renforcer et appliquer sa législation sur le port et la détention d’armes.
3. ASSISTANCE HUMANITAIRE ET ACCESSIBILITE AUX POPULATIONS SINISTREES par Dr. Bruno MITEYO (Directeur de Caritas-Développement, Dr. Victor KIBONGE(ECHO-Union Européenne) et Olivier EYENGA (OCHA).
Constatant l’absence d’organisations humanitaires congolaises opérant en ITURI, les organisateurs de l’atelier ont voulu donner la parole aux représentants des organisations humanitaires internationales pour parler de leurs expériences. Mais d’entre des jeux, le directeur national de la commission épiscopale Caritas – Développement a brosser la nature d’une action humanitaire.
3.1. Principes directeurs de l’action humanitaire par Dr. Bruno MITEYO.
Le Dr. Bruno MITEYO, a donné les conditions de la mise en place d’une action humanitaire. L’action humanitaire trouve son fondement dans la « Charte Humanitaire » dont les principes fondamentaux sont :
- le droit de vivre dans la dignité
- la distinction entre combattants et non combattants
- le principe de non refoulement.
Toute intervention humanitaire exige un minimum des conditions de sécurité (accessibilité physique, facilités relatives pour le travail d’assistance…) et l’accès à un système d’informations fiables (cartographie, géographie, connaissance de l’histoire et de la culture des populations concernées, analyse des risques,…).
Sur le plan technique, l’organisation intervenante doit disposer aussi d’un certain nombre d’atouts parmi lesquels :
- les ressources humaines compétentes
- les ressources matérielles et financières propres
- une habileté susceptible de faciliter la collaboration avec les autres intervenants et avoir accru sa visibilité, sa crédibilité, son savoir-faire et son expérience ;
- le professionnalisme dans son domaine d’intervention (eau, assainissement, santé, nutrition,…) ;
- une gestion rationnelle des ressources disponibles.
Toute action d’intervention humanitaire ne peut se passer de l’Etat du pays concerné. L’Etat est le premier et le plus important partenaire des organisations humanitaires. En plus de l’Etat, les médias ont toujours un rôle fondamental à jouer dans les interventions humanitaires. Celui-ci consiste notamment dans la sensibilisation en vue de la mobilisation de ressources et dans les actions de lobbying que doit mener l’organisation humanitaire.
3.2. Le vide organisationnel et des instruments de protection civile en situation des conflits armés en RDC. par Dr. VICTOR KIBONGE (ECHO-U.E.)
De retour d’une mission dans l’ITURI, le Dr. KIBONGE a partagé avec les participants comment il a vécu les derniers événements qui ont ensanglanté l’ITURI. Il a stigmatisé le manque d’assistance et l’état de dénuement dans lequel était plongée la population de l’ITURI lors des derniers combats et s’est demandé si l’expression ‘assistance à personne en danger’’ a encore un sens aujourd’hui.
L’orateur a remarqué qu’au niveau national, il n’existe pratiquement pas des dispositions organisationnelles en ce qui concernent la prise en charge de la population en cas de situation d’urgence dans plusieurs domaines. Il ne manque pourtant pas de compétences locales. Qu’il s’agisse des ONG ou de la presse, très peu sont à prendre des risques comme le font les organisations humanitaires internationales. La faible médiatisation des événements nationaux dans la presse nationale justifie aussi la difficulté de la mobilisation internationale autour du drame qui se déroule dans l’ITURI.
Devant de nombreuses catastrophes dont les populations civiles sont victimes en situation de conflit armé, le Dr. KIBONGE a suggéré aux ONG de concevoir et de vulgariser – par exemple sous forme de manuel ou de bande dessinée – des modules de formation sur des questions pratiques de prévention. Les manuels ou autres supports devront traiter des points suivants :
- Comment la population civile peut se protéger devant certaines armes (grenades), devant des personnes armées ou encore lorsqu’elle se trouve dans une zone de combat ;
- Comment les combattants doivent se comporter devant les non combattants et devant certaines personnes vulnérables (femmes, enfants, vieillards…)
3.3. Situation et difficultés d’assistance humanitaire dans les conflits armés en Ituri par OLIVIER EYENGA de OCHA.
Cette communication était essentiellement axée sur des informations concernant la situation humanitaire en Ituri après les dernières violences qui ont suivi la reprise des combats à Bunia.
Entre le 4 et le 19 mai, la situation humanitaire s’était considérablement dégradée et les exécutions sommaires des populations civiles avait atteint un degré de barbarie insupportable : 23O corps ont été ramassés et la Croix Rouge a enregistré la perte de deux de ses volontaires. Les seules espaces humanitaires sécurisés par la MONUC était essentiellement son Quartier Général et le camp situé à côté de l’aéroport. En dehors de ces deux périmètres, la ville était livrée aux milices et la population est restée privée de sources d’approvisionnement en eau et en électricité.
Suite à cette situation, le phénomène de déplacement des populations s’est intensifié au point que, selon le HCR et le PAM, 10.700 réfugiés congolais ont été enregistrés dans les Districts ougandais de Bundibugyo. L’ONG allemande AAA et les ONG locales ont signalé la présence de 15.000 réfugiés dans le District de Nebbi. A la date du 20 mai, le nombre de nouveau déplacés s’élevait à 39.000 personnes. Selon les projections des Humanitaires, le nombre de personnes déplacés a atteint 55.000 personnes par semaine, avec une moyenne de 8000 par jour. La plupart des déplacés sont installés dans les sites de Eringiti, Oicha, Mayi Moya et Beni. Les deux camps de Bunia accueillaient au 19 mai plus de 4000 déplacés dans l’enceinte de la MONUC et plus de 9000 dans celle de l’aéroport.
S’agissant de leur prise en charge par des organisations humanitaires, l’augmentation vertigineuse du nombre des déplacés pose des problèmes sérieux. Cependant, des organisations telles que l’UNICEF, OCHA, ECHO, MSF, OXFAM tentent tant bien que mal de secourir les populations en apportant des vivres, des soins de santé, du matériel chirurgical et d’assainissement d’eau… Il se pose des problèmes d’assistance aux déplacés qui se trouvent dans les localités voisines de Bunia, plus particulièrement à Aveba, Katchekere, Marabo ainsi q’à ceux qui se sont réfugiés en Ouganda.
4. INFORMATION, COMMUNICATION POUR LA PAIX ET LE DEVELOPPEMENT (Noël KALONDA, RTNC2)
Alors que des conflits infimes et passagers font l’objet d’une hyper-médiatisation, les atrocités à répétition dans l’ITURI se déroulent dans la quasi-indifférence. Nos médias semblent avoir perdu la guerre de l’information avant même de la livrer. Pourquoi les médias nationaux ne jouent pas leur rôle dans le conflit qui déchire depuis plus de cinq ans l’Est du territoire national ?
Pour l’orateur, cette situation est due à la pauvreté des maisons de presse qui sont incapables d’avoir des correspondants dans les zones de conflit. Ce qui justifie l’absence d’images des atrocités dans les médias nationaux. En plus, il appartient aux autorités du pays de susciter l’intérêt des médias internationaux sur les événements de l’Ituri en organisant des conférences, des colloques, des points de presse, des voyages des journalistes à travers le monde.
Dans le débat qui a suivi cette communication, les participants ont montré que l’absence de dynamisme de la presse nationale n’est pas due simplement à un manque de moyens. La presse congolaise souffre de sa léthargie, d’un déficit d’imagination, de créativité et du sens de risque qu’on observe chez les journalistes occidentaux.
II. APPROFONDISSEMENT EN CARREFOUR.
Les discussions en carrefour ont été précédées d’un exposé d’orientation présenté par Désiré NKOY ELELA de la Commission épiscopale JUSTICE ET PAIX et David BAKAMANA du Projet MWINDA POUR LA PAIX. Le schéma proposé par les intervenants se résume dans la formule suivante :
« CONSTRUIRE LA PAIX = CONSTRUIRE LES BONNES RELATIONS ».
En guise d’introduction, les orateurs ont tenu à préciser que dans la guerre qui a lieu en RDC, ITURI n’est pas en lui-même un conflit, mais plutôt l’un de ses maillons. Bien plus, il est erroné de considérer que ce qui se passe en Ituri comme un conflit ethnique. Depuis la Conférence de Berlin, les populations de l’Ituri ont toujours cohabité pacifiquement, même si de façon épisodique, il y a eu quelques affrontements intercommunautaires. Il existe des facteurs externes qui alimentent le conflit et dont les motivations profondes expliquent le processus programmé de désintégration de l’Etat.
Par ailleurs, il n’y a pas que deux communautés en Ituri comme il n’y a pas que de l’or dans cette partie du territoire national. On y trouve des populations d’origines diverses et des richesses innombrables et diversifiées (or, bois, pétrole, etc.). Une lecture correcte de ce conflit exige de prendre en compte toutes ces considérations et d’examiner attentivement les paramètres préalablement épinglés.
S’agissant du schéma proprement dit, il comprenait les articulations suivantes :
1. L’identification des acteurs en présence
2. l’inventaire des points forts et des points faibles sur le plan local
3. l’inventaire des relations faussées entre différents acteurs
4. les préalables pour les actions de construction de la paix
5. les actions à mener en vue construire la paix.
Ce faisant un certain nombre de questions ont été soumises aux participants en vue d’identifier correctement les acteurs du conflit, les actions à mener eu égard aux forces et faiblesses observées tant au niveau local qu’au niveau national et international ainsi que les préalables pour la mise en place de ces actions.
1. Les acteurs du conflit en Ituri ?
A ce niveau, les discussions ont permis de dégager deux types d’acteurs : les acteurs stratégiques et les acteurs opérationnels. Bien entendu, certains d’entre eux se retrouvent dans les deux catégories.
TABLEAU 1 : Les acteurs stratégiques et opérationnels du conflit
NIVEAU ACTEURS STRATEGIQUES ACTEURS OPERATIONNELS
Au niveau international Etats-Unis, France, Belgique, Canada, Grande Bretagne, Pays-Bas Conseil de Sécurité, Union Européenne, Multinationales, Certaines ONG Inter-nationales, Les Orga-nisations du système des Nations-Unies, la MONUC, les Médias Internationaux (RFI*, BBC*, la VOA*, RADIO OKAPI…)
Au niveau régional La Tanzanie, La RSA, La SADC, l’Angola, La Lybie, Le Tchad, Le Tchad, Le Gabon, La Zambie La SADC*, L’Angola, Le Tchad, La RCA*
Au niveau sous-régional Le Ruanda, L’Ouganda, Le Burundi, Le Soudan Le RuandaL’OugandaLe BurundiL’ACEAC*La CETA*L’IPDN/GL*
Au niveau national Le Gouvernement de la RDC,Les RebellesLes Forces Vives / Société civileL’Opposition politiqueNon arméeLa CPI*Les mass-médias IDEM
Au niveau local Les milicesLes leaders politico-militairesLes chefs coutumiersLes affairistesLes groupes maffieuxLes rébellions des pays voisinsLes forces vives localesLa CPI* IDEM
La communauté internationale, et principalement les Etats-Unis, les pays de l’Union Européenne et quelques pays de l’Union Africaine ont joué et ont à jouer un rôle fondamental dans la résolution de la crise en République Démocratique du Congo en général et en Ituri en particulier.
Quant aux pays de la sous-région, leur implication est suffisamment connue. Dans cette catégorie, les pays agresseurs, le Rwanda, l’Ouganda et le Sud Soudan, qui font face à leurs propres rébellions sont des maillons importants de la chaîne qui alimente la violence dans l’Est de la RDC. Quatre territoires sur le cinq que compte le District congolais de l’Ituri ont une frontière commune avec l’Ouganda.
Au niveau de la communauté nationale, le Gouvernement et les forces vives, les Forces vives de l’Ituri, les communautés ethniques regroupées selon leurs alliances avec les Lendu et les Hema, les Mouvements rebelles (Cfr. Schéma ci-dessous), les diverses milices armées, les affairistes de tous genres constituent les différents acteurs sur qui il faut agir pour construire la paix.
La situation en Ituri se caractérise par un jeu complexe d’alliances qui se font et se défont au gré des intérêts de certains acteurs. Le schéma ci-dessus établit le fonctionnement de principales alliances en Ituri.
Tableau n° 2 : Schéma de principales alliances (Non exhaustif) CUPC LENDU UPDF
HEMA NORD F.N.I. OUGANDA
GOUV. GOUV. S.P.L.A.
RDC RUANDA
RCD/GOMA RCD/ML P.U.S.I.C.
APC HEMA SUD

MLC (ALC) F.I.P.I. èèèèèèèè F.A.P.C.
èèè relations obscures
êêê relations tendues
::: relations de complicité (amicales)
2. Inventaire des forces et faiblesses sur le plan local
L’inventaire des forces et faiblesses au niveau local a donné les résultats suivants :
a) Les points forts :
- Affirmation de la volonté irréductible de l’unité nationale
- Existence des mécanismes traditionnels de médiation et de règlement des conflits ;
- Présence des forces vives volontaires et non inféodés aux groupes rivaux ;
- Mouvements des jeunes et des femmes dynamiques;
- Assistance des Humanitaires
b) Les points faibles :
- Absence d’un leadership local responsable ;
- Récupération politique des conflits inter-ethniques ;
- Désintéressement de la communauté internationale ;
- Manque d’une culture citoyenne ;
- Absence de l’autorité de l’Etat….
Après avoir identifié les principaux acteurs et inventorié les principaux points faibles et points forts observés sur le plan local, les participants ont abordé les deux questions fondamentales ci-après :
1° Qu’est-ce qui doit être fait pour que la paix soit restaurée en ITURI ?
2° Par qui voulons-nous que cela soit fait et comment ?
III. LES PREALABLES ET ACIONS A MENER.
Un certain nombre des préalables existent sans lesquels toute initiative visant la construction d’une paix durable et la réhabilitation des terroirs serait soit vouée à l’échec, soit impossible à mettre en œuvre.
Ces préalables sont :
v Le changement du mandat actuel de la MONUC.
v Le déploiement d’une force d’imposition de la paix.
v Le retrait total des troupes d’occupation.
v L’arrêt immédiat des combats.
v Le rétablissement par tous les moyens de l’autorité de l’Etat.
v La démilitarisation des bandes armées.
v Le retour et la réinsertion des déplacés.
v Le déploiement des actions humanitaires en faveur des populations sinistrées et victimes des violences.
Tableau N° 3 : Actions à mener, acteurs et stratégies
N° ACTIONS A MENER ACTEURS STRATEGIES
01 - Changer le mandat de la MONUC et des la force internationale pour la protection des civils en force des neutralisations des différents milices et groupes armés. Conseil de sécuritéTASK FORCEREC*, CCAC*, GLAN*, CNONG*, Société Civile, Médias pour la Paix - Plaidoyer- Lobbying- Mobiliser les ambassades des pays membres permanents du Conseil de Sécurité de l’ONU- Mobiliser l’opinion nationale et internationale- Faire pression sur le Gouvernement de la RDC
02 - Déployer une force d’imposition de la paix - Conseil de sécurité, UE, SADEC, - Gouvernement Congolais, Gouvernements des pays amis ; Grande Bretagne, France, RSA, Canada- TASK FORCE Médias,- Structures confessionnelles (ex. Femmes Protestantes, catholi-ques, CALCC, MILAPRO* Plaidoyer et lobbying
03 - Arrêter immédiatement les combats et neutraliser les différentes milices - Conseil de Sécurité ; Union Européenne, Union Africaine, - France, Grande Bretagne, Canada, Afrique du Sud, Nigeria, les USA- Gouvernement congolais - Plaidoyer, lobbying,- Déploiement d’une force militaire,- Renforcement des institutions mises en place par la CPI .- Préparer la relève de la force internationale de maintien de la paix en ITURI
- Démilitariser les bandes armées et réinsérer socialement les personnes désarmées- Effectuer le retrait total des troupes d’occupation - Conseil de Sécurité de l’ONU, MONUC, U.E., U.A., SADC- Gouvernement congolais, PNUD, BIT, UNICEF, GADERES, SAVE THE CHILDREN, OIM, HCR, CCIR, Collectif des ONG, EGLISES, HUMANITAIRES,- Les MEDIAS NATIONAUX - Plaidoyer, lobbying- Sensibilisation- Accompagnement psycho-social- Actions humanitaires- Mobilisation des communautés locales…
04 Campagne médiatique sur la vie en ITURI - Les médias nationaux et internationaux , les forces vives - Réaliser régulièrement des reportages et des grandes émissions radiophoniques et télévisées,-
05 Pressions sur les gouvernements Ougandais, Ruandais et Congolais pour qu’ils abstiennent de tout soutien aux groupes armés locaux - Conseil de Sécurité ; Union Européenne, Union Africaine, - France, Grande Bretagne, Canada, Afrique du Sud, Nigeria, les USA - Plaidoyer, lobbying,
06 - Mener des Actions humanitaires en faveur des populations sinistrées - Les Humanitaires (OCHA, PAM, UNICEF, OXFAM, ECHO…)
07 - Rétablissement de l’autorité de l’autorité de l’Etat en tenant compte des réalités de terrain. - Institution de la Transition- Population congolaise- Les médias congolais - Mobilisation de la population
08 - Renforcer les structures de dialogue permanent aux niveaux national et local- Rétablir la confiance mutuelle- Stimuler l’émergence d’une « levure critique » au sein de la société (leaders d’opinion, mobilisateurs sociaux…)- Guérir le traumatisme - TASK FORCE- ONGDH- COLLECTIF DES ONG DE L’ITURI- CRONGD /PROVINCE ORIEN-TALE- MEDIAS CONGOLAIS,- PNUD- Gouvernement Congolais - Campagnes d’éducation pour le changement des comportements Information, formation, sensibilisation, accompagnement, counselling- Combattre les mythes et les stéréotypes :campagnes d’explication des vraies enjeux du conflit ; revivifier les repères historiques de l’agir ensemble,…- Contribuer au développe-ment de nouvelles solidarités et de nouvelles coalitions.- Favoriser la réalisation des actions communes e.a. dans l’exécution des projets de développement, de lutte contre la pauvreté, de mise en œuvre des actions génératrices des revenus,…- Développer le partenariat avec les agences internatio-nales…
09 - Organiser le retour des déplacés et leur réintégration - Gouvernement congolais, PNUD, BIT, UNICEF, GADERES, SAVE THE CHILDREN, OIM, HCR, CCIR, Collectif des ONG, Les églises, les organisations humanitaires, Le Task Force, Les Médias nationaux et internationaux. - Plaidoyer, lobbying- Sensibilisation- Accompagnement psycho-social- Actions humanitaires- Mobilisation des communautés locales…
10 - Relancer les activités socio-économiques - Gouvernement congolais- FEC*, Syndicats, ONG, Autres partenaires socio-économiques- Les MEDIAS - Plaidoyer, Lobbying- Renforcement des capacités des ONG locales
11 - Réhabiliter les structures et les infrastructures de base - Gouvernement congolais- Banque Mondiale, U.E., USAID, BAD, UNICEF, PNUD,…- FEC, Entreprises et opérateurs économiques locales - Plaidoyer, Lobbying
IV. RECOMMANDATIONS
Vu les méfaits causés par la guerre et le déferlement des violences de toutes sortes en Ituri, et devant la volonté affirmée et irréductible des populations de l’Ituri de défendre l’unité nationale même au prix de leur propre sang,
Prenant en compte, d’un côté, toutes les situations à haut risque à travers le pays surtout au point des jonctions des différentes forces armées impliquées dans les conflits, et de l’autre côté les différentes opportunités de paix qui se présentent tant à l’échelon local, national qu’international,
Considérant qu’il est du devoir de l’ensemble de la communauté nationale de défendre, en particulier le district congolais de l’Ituri et en général la patrie menacée par le risque de désintégration et de partition, et deuxièmement la restauration d’une paix durable et la réhabilitation des terroirs sur toute l’étendue du pays,
Les associations de la société civile représentées à l’atelier sur L’implication de la société civile dans la construction de la paix en ITURI recommandent :
1. A la communauté nationale :
- De se mobiliser et de participer massivement à toutes les actions visant à la reconstruction de la paix, à éteindre les foyers de tension mettant en péril l’intégrité nationale et la paix durable en RDC,
- D’intensifier tous les moyens de pression sur les instances qui détiennent les moyens et le pouvoir de contribuer au retour de la paix en ITURI en particulier, et au pays en général (ONU, UE, Gouvernement Congolais, Pays voisins, ..),
- De contribuer au rétablissement de l’autorité de l’Etat en ITURI,
- D’analyser les motivations, les conditions d’intervention, la compositions de la force de maintien de la paix en rapport avec l’évolution de la crise congolaise et les intérêts géostratégiques de l’Ituri en particulier et de la RDC en général,
- Préparer dès à présent la relève des forces de maintien de la paix dont le mandat du conseil de sécurité de l’ONU prend fin en septembre,
- D’intensifier les relations avec les sociétés civiles de l’Ouganda et du Ruanda pour le retour à la paix dans les pays des Grands Lacs
2. Aux associations de la société civile et à la presse nationale
- De prendre, chacune selon sa mission, des initiatives visant au retour de la paix et de la concorde entre toutes les ethnies de l’ITURI en particulier et du pays en général,
- De mener des actions de construction d’une conscience nationale au-delà des clivages ethniques devant être considéré plutôt comme richesse nationale au lieu des sources des divergences,
- De promouvoir par leurs actions de terrain de nouveaux types de rapports humains entre les populations de l’ITURI en particulier et d’autres foyers de tensions à travers le pays,
- D’apporter leur appui aux organisations sœurs qui, sur le plan local, risquent leur propre vie pour que triomphe l’idéal de paix et de développement en ITURI en particulier et de la nation en général,
- De mettre sur pied des programmes de sauvegarde d’une paix durable en sensibilisant les communautés aux risques d’être instrumentalisés au profit des exploitants des matières premières,
- De sensibiliser sans relâche la population sur ses responsabilités dans le processus de restauration de la paix en ITURI et dans l’ensemble du territoire national,
- De mener avec combativité des actions de lobbying et de plaidoyer auprès des organisations nationales et internationales susceptibles de contribuer à asseoir une paix durable en ITURI en particulier et en RDC en général,
- D’intensifier et de promouvoir les relations avec les médias nationaux et internationaux de manière à faire connaître les souffrances des peuples de l’Ituri et les crimes qui s’y perpétuent.
- De faire preuve d’imagination, de créativité, de dynamisme et de combativité pour mobiliser l’opinion nationale et internationale sur la nécessité de s’impliquer véritablement dans la recherche des solutions à la crise de l’ITURI.
- De surmonter la peur, le fatalisme et la léthargie devant les intérêts vitaux de la nation,
- De mettre en place des programmes d’éducation populaire et des supports éducationnels sur le comportement a adopter en situation des conflits armés et des catastrophes humanitaires,
- De mettre en place ou se connecter aux systèmes d’alerte rapide sur les éventuels conflits meurtriers ou cataclysmes naturels,
- De se former aux mécanismes de plaidoyer et de lobbying,
- De renforcer ses capacités à faire face aux besoins humanitaires, à l’application des principes directeurs relatifs à la situation des personnes déplacés,
- De faire le pont entre les médias et la situation de terrain nécessaire à être médiatiser pour la paix,
- De faire du Task Force, une véritable plate forme d’animation de la réflexion, des analyses, des échanges et d’action pour la paix durable et la restauration des terroirs sinistrés à travers le pays,
- De faire accompagner par le Task force et ses partenaires, le déploiement de la force de maintien de la paix décidé par les Nations- Unies, de manière a sauvegarder et faire entendre la voix de la société civile.
3. A la communauté internationale
- D’assumer pleinement ses responsabilités dans la situation qui prévaut en RDC en général et en ITURI en particulier en permettant le déploiement d’une force d’imposition de la paix, avec les dispositions de préparer sa relève à la fin de son mandat,
- D’appuyer les actions de réinstauration de la paix et de reconstruction de l’ITURI en particulier et de la nation en général, en accordant un soutient à la Commission de Pacification de l’Ituri pour lui permettre de jouer pleinement son rôle d’autorité civile locale,
- De contribuer par le biais des organisations humanitaires au renforcement des compétences des organisations locales à faire face aux urgences humanitaires,
- D’exercer des pressions suffisantes sur les gouvernements ougandais, ruandais et congolais pour qu’ils s’abstiennent de tout appui aux groupes armés locaux,
Fait à Kinshasa, le 22 mai 2003