APPROCHE DE L'ONG EVIS SUR LA LUTTE CONTRE LE SIDA

1. HISTORIQUE
Depuis sa création en 1997, EVIS s’est engagée résolument dans la lutte contre le Sida à travers ses deux objectifs principaux qui sont :
- Encadrer matériellement, psychologiquement et médicalement les Enfants Victimes du Sida ainsi que leurs familles;
En ce qui concerne la prise en charge, après un début difficile où l’assistance se faisait en dents de scie, EVIS, depuis le début de l’année 2002, bénéficie de l’appui du Programme Alimentaire Mondial (PAM) qui lui pourvoit mensuellement des vivres lesquels sont distribués aux 172 enfants victimes du Sida qu’elle encadre.
- Encadrer la jeunesse, la prévenir contre la terrible maladie; l’éduquer à la recherche des divertissements sains, dans l’amour du travail;
Pour ce qui est du deuxième objectif, EVIS s’est particulièrement distingué par l’organisation des séminaires de sensibilisation auprès de divers groupes dont les plus importants sont constitués : des élèves de 12 à 17 ans, des jeunes filles ainsi qu’auprès de femmes qui sont des êtres vulnérables. Des occasions s’étaient offertes à nous pour sensibiliser des recrues soldats lors d’un voyage dans la province du Bas-Congo plus précisément à Mbanza-Ngungu ainsi que des détenus de la prison centrale de Makala où EVIS avait dû remettre un lot de seringues.
Le présent article sera essentiellement axé sur la sensibilisation des élèves pairs éducateurs qui constituent notre groupe cible phare.
A. SEMINAIRE DE RECYCLAGE DES PROFESSIONNELS DE SANTE
C’est du 4 au 8 juillet 1999 qu’EVIS avait organisé son 1er séminaire de formation destinés aux professionnels de santé de niveau A2 (infirmiers) qui était intitulé : « Le Sida en Afrique à l’aube de l’an 2000. Bilan et perspectives ». Nous sommes partis de l’idée que depuis l’apparition du Sida en 1981, il y a de ces professionnels de santé qui avaient déjà terminé leurs études et ne disposaient d’aucunes notions sur le VIH/Sida. D’où ce séminaire devait les familiariser ou leur faire adopter des attitudes conséquentes vis-à-vis de cette pandémie tel que le dit si bien les conférences-débats animés par les experts du Bureau de Coordination Centrale Sida (BCC/Sida) qui se sont résumés sur les idées suivantes :
a. La nature, l’état actuel de VIH/Sida en Afrique et ses modes de transmission ;
b. La contextualisation et l’environnement de la maladie « Sida et des PVV (personnes vivant avec le virus) dans la perception africaine et sa vision de prévention ;
c. La maîtrise des MST, condition essentielle de lutte contre le VIH/Sida ;
d. La mise en œuvre des stratégies et mécanismes appropriés de prise en charge et d’accompagnement des PVV dans la société et par la société.
e. Enfin à ces idées forces, il convient d’ajouter l’approche de l’expérience de Madame Mariette WANDANDI (déjà décédée), femme vivant avec le VIH/Sida
Après cette formation, les formateurs et les professionnels de santé avaient unanimement émis les vœux ardents de voir se poursuivre des initiatives soutenues et élaborées des formations des paramédicaux, non seulement dans la capitale mais de l’étendre à travers tous les milieux sensibles de la R.D.C.
Ce vœu avait été entendu et c’est ainsi que du 20 au 23 août 2000, EVIS était allé faire la restitution de ce même séminaire dans la Province du Bas-Congo qui s’était tenu dans l’Hôpital Général de Référence de la commune de Mbanza-Ngungu. La commune disposant des compétences propres, le séminaire fut animé dans sa totalité par ses médecins propres. Ainsi, profitant de notre présence dans leur commune, le Commandant de l’Infanterie de notre armée nous priera de sensibiliser plus de 1.500 recrues soldats contre le Sida. Ce que nous avions fait à la date du 22 août 2000 par notre membre-médecin qui tira les oreilles de ces recrues sur les comportements à risques que produisent journellement nos soldats qui étaient médusés par ce qu’ils avaient entendus.
B. DU SÉMINAIRE DE FORMATION DES ÉLÈVES PAIRS ÉDUCATEURS DANS LA LUTTE CONTRE LE VIH/SIDA
ARGUMENT

Mais étant donné que le Sida se transmet généralement par relation sexuelle (80% de cas) et les études ont montré que la plupart de victimes l’ont contracté vers l’âge de 15 ans ou avant. EVIS avait trouvé qu’il s’avèrerait important d’orienter les actions éducatives sur le Sida vers les plus jeunes plus particulièrement les élèves des écoles secondaires afin de constituer des barrières en amont.
Ces élèves devaient répondre au profil suivant pour être sélectionnés :
- Faire preuve d’intelligence et de maturité ;
- Avoir l’expression facile en français et en lingala ;
- Etre capable de transmettre le message aux autres ;
- Etre leader, c’est-à-dire être capable d’influencer le comportement de ses compères.
Ainsi de toutes les stratégies envisagées pour lutter contre ce fléau, la prévention bien qu’étant jusque là la plus efficace dépend inexorablement de la perception qu’on a de cette maladie.
Comme en Afrique et plus particulièrement en R.D.C., cette stratégie se heurte aux obstacles d’ordre socioculturel. Ce qui fait le Sida est considéré non seulement comme une maladie due aux forces maléfiques mais aussi comme une maladie honteuse; vu son lien avec le sexe (sujet tabou en Afrique).
Pour vaincre ces obstacles, EVIS avait estimé que la politique des pairs éducateurs est l’approche la plus efficace et la plus efficiente. En effet, il apparaît que les gens de même âge se sensibilisent et se passent plus facilement et sans gêne l’information sur le sexe.
Ces jeunes leaders pairs éducateurs, sélectionnés dans les écoles secondaires de la ville de Kinshasa, seront sensibilisés et formés aux concepts usuels en matière du Sida et des IST (Infections Sexuellement Transmissibles), aux moyens de lutte contre le Sida et IST, à leurs modes de transmission, à leur prévention et à la notion sur la sexualité responsable et aux notions de base sur les techniques de CCC (Communication pour le Changement de Comportement), aux notions de leadership et de planification de leurs actions de lutte contre le VIH/SIDA.
A la fin de cette formation, chaque pair éducateur sera capable d’induire dans son milieu un type de comportement responsable sur le VIH/SIDA/IST.
Ainsi cette nouvelle perception de formation fut appliqué aux élèves du secondaire, aux jeunes filles « Bilenge ya mwinda » (Jeunes de lumière) ainsi qu’aux femmes leaders des associations féminines.
Cette année, c’est-à-dire du 29 avril au 1er mai 2003, EVIS avait organisé un séminaire des élèves pairs éducateurs (sexe et section confondus) à l’issue duquel les recommandations selon les modes de transmission du Sida avaient été émises :
RECOMMANDATIONS
A. PAR LA VOIE SEXUELLE
- Que le Gouvernement puisse surveiller les prostituées et les maisons de tolérance.
- Que le Gouvernement puisse reprendre l’ancienne pratique consistant à incarcérer après 18h00 les enfants mineurs qui se trouveraient en dehors de leur maison d’habitation.
- Que le Gouvernement renforce la vulgarisation de l’utilisation du condom.
- Que le Programme de lutte contre le Sida (PNLS) multiplie les séminaires de formation sur les VIH/Sida, les campagnes de sensibilisation et les spots publicitaires sur la lutte contre le Sida à travers toute l’étendue de la R.D.C.
- Que les formateurs apportent l’information complète et vraie aux apprenants et prêchent par le bon exemple. Il ne faudrait pas qu’ils abusent de leur autorité pour marchander et monnayer leurs enseignements et cotation en exigeant la contre-valeur en sexe.
- Aux élèves, qu’ils ne considèrent pas leurs sexes comme un atout pour avoir des points.
- Que les élèves considèrent leurs enseignants comme leurs parents et non comme leurs partenaires sexuels.
- Que les parents assurent l’éducation sexuelle de leurs enfants en abordant avec courage les problèmes liés au VIH/Sida et qu’ils respectent les ami(e)s de leurs enfants et les enfants de leurs ami(e)s et qu’ils ne les considèrent pas comme des partenaires sexuels.
B. PAR LA VOIE SANGUINE
- Que le gouvernement dote les hôpitaux des banques de sang et les approvisionne en kits de test anti-VIH.
- Que les professionnels de santé ne transfusent que le sang préalablement testé.
- Que les professionnels de santé n’utilisent que les objets tranchants stérilisés et à usage unique.
- Que la population veille à l’usage des objets tranchants personnels.
C. VOIE MÈRE ENFANT
ì Que le gouvernement rende disponible et accessible les médicaments anti-rétroviraux (AZT et NIVERAPRINE) pouvant empêcher la transmission du virus par voie transplacentaire.
D. Quand bien même la spiritualité peut bien donner un réconfort, les chrétiens doivent savoir qu’aucun médicament n’a, à ce jour, été trouvé pour guérir le Sida.
E. EVIS : d’intensifier ses activités de formation-éducation non seulement aux jeunes, la tranche d’âge cible du Sida mais aussi aux adultes responsables de leur éducation.
F. Les écoles et les établissements d’enseignement supérieurs : se transformer en véritables centres d’impulsion du dynamisme dans la lutte contre le Sida.
3. SUIVI APRES LA FORMATION
La logique du séminaire des pairs éducateurs consiste en ce que les élèves formés soient capables d’influencer le comportement de leurs compères dans leurs milieux respectifs et d’essayer de démystifier ainsi ce fléau.
Pour soutenir les élèves à faire effectivement cette sensibilisation, EVIS organise mensuellement et durant six mois les séances de suivi pour évaluer et aplanir les difficultés qu’ils (elles) auraient rencontrées dans l’exercice de leur travail.
3.1. 1ère Rencontre Mensuelle : Samedi 31 mai 2003 à 13h00
Le samedi 31 mai 2003, EVIS avait organisé sa première rencontre mensuelle pour évaluer les difficultés rencontrées par les élèves formés au courant de ce mois. Devant les 30 élèves qui avaient répondus présents, des réponses et des éclaircissements aux questions suivantes furent donnés dont les plus récurrents sont : Avoir des relations sexuelles avec une femme vierge guérit-il le Sida ? Y a-t-il un remède au sida ? Les piqûres de moustiques transmettent-elles le Sida ? Puis-je dire en regardant si j’ai le VIH ou si quelqu’un d’autre l’a ? Que puis-je faire si j’ai déjà le VIH ? Quels sont les effets du Sida sur notre pays ? Le Sida existe-t-il ? Est-il évitable ? Le Sida est-il une punition de Dieu ? Devant l’attitude de la plupart des interlocuteurs de nos élèves qui ne croient pas à la réalité Sida et la réticence de certains pour utiliser les préservatifs qui diminuent le plaisir (sic), le formateur du jour a dû reprendre l’enseignement sur les techniques de communication et une démonstration sur le port du préservatif fut faîte en y présentant les avantages tels que : éviter les grossesses, les IST et le Sida. A la fin de la séance, une fiche d’évaluation reprenant le nombre de causeries, les difficultés et les succès rencontrés reprenant la date de la prochaine rencontre fut remise à chaque élève.
3.2. 2ème rencontre mensuelle : Samedi 28 juin 2003 à 13h00
42 élèves étaient présents à cette séance. Contrairement à ce qui s’était fait lors de la première où les élèves étaient répartis en 5 groupes pour parler des difficultés rencontrées et devant les lacunes de communication et de maîtrise de la matière enseignée constatées dans le chef de beaucoup d’élèves lors de la séance du mois de mai, la rencontre du mois de juin fut concentrée essentiellement par des exposés suivis de débats faits par les élèves triés au choix. Après un début hésitant, les élèves firent montre de maîtrise surtout que la restitution leur fut demandée d’être faite en lingala (une des langues nationales de la R.D.C.) et devant l’œil vigilant de la formatrice de la journée.
C’est sur ces entrefaites que prit fin cette séance après avoir ramassé la fiche mensuelle du mois de juin et distribué celle de juillet. La date de la prochaine séance de suivi a été fixé au samedi 26 juillet 2003 à 10h00.
3.3. 3ème rencontre mensuelle : Samedi 26 juillet 2003 à 10h00 .

A SUIVRE…