Alerte: Viols et sodomie font rage en territoire de Fizi, selon l’Ong CENADEP
La population du territoire de Fizi traverse depuis octobre 1996, une situation particulièrement difficile caractérisée par une série d’affrontements à répétitions entre différents groupes armés prétendant tous être des libérateurs.
On se rappellera qu’en 1996, la majeure partie de la population de ce territoire était obligée de vider les lieux suite aux violents et réguliers affrontements entre les troupes de l’AFDL conduites par le feu Laurent Désiré Kabila et les résistants Maï-Maï. 1998, le même scénario s’est répété avec la force du RCD/Goma conduisant ainsi à des massacres des populations dont certains ont été décriés par la presse Internationale ( par exemple celui de Makobola,..) et tant d’autres laissés sous silence.
Il sied de remarquer que plusieurs alliances militaires, parfois contre nature, se sont faites et défaites en ce territoire martyr. Mais à chaque moment ce sont les populations civiles qui en paient le prix.
L’une de plus récentes alliances militaires conclues et qui a surpris plus d’un observateur, est celle entre les Maï-Maï et la fraction dissidente de l’ANC/RCD, conduite par le commandant MASUNZU.
Cette alliance comme on pouvait le présager est aujourd’hui au point de se défaire et se transformer en une hostilité. Ceci ne peut surprendre, car elle ne constitue qu’une suite logique du cours des événements marqués par le divorce entre les Maï-Maï et les Burundais du FDD et le mariage conclu entre ces derniers (càd les FDD/Burundais) et les hommes du commandant MASUNZU.
Comme pour punir les Maï-Maï, ce nouveau couple (FDD/Burundais et Commandant Masunzu) mène des actions de représailles contre les populations Bembe dont l’assurance de protection constitue l’essence même du mouvement Maï-Maï en ce territoire.
Le massacre de Lweba porté sur le dos FDD/Burundais en mars dernier et diverses autres tracasseries perpétrées sur les populations civiles constituerait la principale cause du divorce entre les Maï-Maï et les FDD/Burundais.
De nos points focaux sur le terrain, nous enregistrons rien qu’au cours de ce mois de juin 2003, 92 cas de viol de femmes dont l’âge varie entre 10 et 65 ans et 16 cas de sodomie contre les hommes et enfants dont l’âge varient entre 12 et 60 ans.
Ces cas d’actes ignobles ont été recensés dans 15 villages érigés le long d’un tronçon d’environ 50 Km à savoir:
- Village Baraka : 30 cas de viol et 5 cas de sodomie
- Village Kalunja : 36 cas de viol et 6 cas de sodomie
- Village Lweba : 5 cas de viol
- Village Andale : 3 cas de viol
- Village Katanga : 3 cas de viol
- Village Abela : 1 cas de viol
- Village Mikangi 1 cas de viol et 2 cas de sodomie
- Village Mukela : 1 cas de viol
- Village Ubwari : 1 cas de viol et 1 cas de sodomie
- Village Basimbo : 1 cas de viol
- Village Mwamlenda : 1 cas de viol et 2 cas de sodomie
- Village Simbi : 1 cas de viol
- Village Lulenga : 1 cas de viol
Notons que cinq de ces femmes, violées ont été répudiées par leurs maris. Il s’agit de: une femme de 25 ans habitant le village de kalundja violée au Champ (vers la forêt) ; une autre de 41ans habitant le village Ngalula violée en son domicile ; une de 30 ans habitant le village de Kalundja violée au champ (vers la forêt) est tombée grosse ; et une autre de 33 ans habitant le village de Kalundja violée en son domicile et tombée grosse également.
Aussi 3 des personnes sodomisées ont été déchirées par un couteau au niveau de l’anus pour raison de facilitation de l’acte dit-on.
Ces quelques cas de viol de femmes et de sodomie ci dessus qui n’épargnent ni les enfants, ni les vieilles personnes, ni les jeunes gens et personnes adultes, constituent une fraction très minime des milliers de cas qui généralement sont tus pour soit des raisons d’honneur ou de crainte de divorce ou soit par ignorance de la personne pouvant mener des actions de plaidoyer en faveur de la victime ou soit encore parce que la, victime estime que personne ne peut rien faire de concret pour elle.
Il est vrai qu’aussi nombreux sont les groupes armés qui opèrent en territoire de Fizi, aussi sont nombreux ceux qui commettent des viols.
Pour ce qui est de ce cas précis, ce sont les FDD/Burundais et les Hommes du commandant Masunzu et dans une moindre mesure les éléments de l’ANC/RCD qui sont pointés comme auteurs de ces actes ignobles.
Terminons par ces interrogations que tout habitant du territoire de Fizi ne cesse de se poser: - Que fait réellement le RCD/Goma quant des tels actes doivent se commettre dans le territoire qu’il contrôle?
- Quel autre type de violation des droits de l’homme devra-t-elle être commise en territoire de Fizi (à part les massacres des populations civiles, viols et sodomie de toute nature, arrestations arbitraires, restriction aux populations de se rendre à leurs champs, pillages multiformes) pour que la communauté internationale réalise la nécessité d’une intervention de maintien de la paix en ce territoire martyr?
Vraiment beaucoup de choses doivent être faites pour libérer la population du territoire du gouffre infernal dans lequel elle a été plongée par ces guerres dites de libération.
Toto | Le Phare/tk
