Les jeunes et le SIDA

LES ENJEUX DE LA FAMILLE CHRETIENNE EN AFRIQUE

JEUNES ET SIDA

0.INTRODUCTION

Le Syndrome d’Immunodéficience Acquise (SIDA) causé par le rétrovirus Virus d’Immunodéficience Humaine (VIH) a pris des proportions tel que le monde doit prendre conscience et changer de comportement. Il est d’autant plus grave qu’il s’attaque à la tranche d’âge la plus active si bien que les individus, les communautés et les nations sont tous affectés. Avec un lourd héritage d’orphelins du SIDA, la charge sociale dépasse la capacité de la petite portion de la population active.
Le présent article comprend :

  1. La situation de la pandémie qui donnera l’épidémiologie et l’ampleur de l’infection à VIH en fin 2001;
  2. Les facteurs qui favorisent de l’expansion de l’affection chez les jeunes ;
  3. Quelques programmes initiés en faveur des jeunes à travers le monde et,
  4. Les stratégies qui semblent prometteuses.

1. ETAT DE LA QUESTION : SITUATION DU VIH/SIDA
Le rapport 2001 de l’ONUSIDA OMS a indiqué que 42 millions des personnes étaient séropositives dont 30 millions en Afrique, 29.400.000 en Afrique Subsaharienne, ce qui correspond à plus de 10% de la population d’Afrique.
Les pays les plus touchés se comptaient en Afrique. Les onze premiers, selon leurs taux de prévalence sont :
1. BOTWANA : 38,8%
2. ZIMBAMBWE : 33,7 %
3. SWAZILAND : 33,4 %
4. LESOTHO : 31 %
5. NAMIBIE : 22,5 %
6. ZAMBIE : 21,5 %
7. AFRIQUE DU SUD : 20,1 %
8. RCA : 18,9 %
9. KENYA : 15 %
10. MOZAMBIQUE : 13 %
11. CAMEROUN : 11,8 %
Selon UNICEF, le nombre des séropositifs parmi les enfants s’élève à 2,7 millions d’enfants de moins de 15 ans et 11,8 millions des jeunes de 15 à 24 ans.
Environs 3 millions de personnes meurent chaque année de maladies liées au sida.
On compte chaque jour environ 14000 nouveaux cas dont 6000 dans la tranche d’âge de 15 à 24 ans et 2000 parmi les moins de 15 ans.
Selon les statistiques, en Afrique Subsaharienne, 1 jeune sur 16, âgé de 15 à 24 ans, est infecté. Pour le Programme Commun des Nations Unies sur le VIH/SIDA (ONUSIDA), 1,7 millions de jeunes de la même fourchette d’âge et 590.000 enfants sont porteurs du SIDA en Afrique noire.
En effet, les chiffres font peur.
Au vu de ces statistiques, il y a lieu de craindre le pire, l’avenir de l’humanité est compromis.
A observer les pratiques sexuelles des jeunes, il y a lieu d’avoir des sueurs froides. Voici pourquoi, la lutte contre le VIH/SIDA constitue une priorité pour les Actions Familiales en général et pour les Associations membres de la FAAF en particulier.
2. LES FACTEURS QUI FAVORISENT LA PROPAGATION DU SIDA
1) L’ignorance ou la carence en information à ce sujet sont des vecteurs de propagation du VIH.
En l’absence d’informations fiables sur la nature de l’épidémie, les modes de transmission et les moyens efficaces de prévention, les jeunes adoptent en toute quiétude des comportements à haut risque.
2) L’écran culturel favorise l’accroissement du taux de prévalence
Les parents et les enseignants sont restés à la vieille école qui veut que la sexualité soit un sujet tabou. Or, le jeune a besoin de comprendre la sexualité humaine afin de développer des comportements sains pour préserver sa santé et celle de son partenaire. La société doit développer et exploiter les expressions culturelles à même de contribuer à la vulgarisation des informations de lutte contre le sida.
3) L’intense activité sexuelle des jeunes augmente les risques
Les jeunes sont connus pour leurs performances sexuelles généralement incontrôlées. La plupart d’entre eux versent dans des activités sexuelles précoces et/ou non protégées. Ils ignorent que 90% de transmission du SIDA sont par voies sexuelles. Et, plus l’activité sexuelle commence à un jeune âge, plus les risques d’infection sont grands.
4) Les IST ouvrent les portes grandes au VIH
Les IST sont courantes dans les milieux jeunes. Mais, ce que ces derniers ne savent pas c’est que l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a clairement établi que la présence des infections sexuellement transmissibles peut multiplier par 3 ou 4 le risque de contraction du VIH.
5) La fragilité des jeunes filles les expose dangereusement
Un nombre élevé de jeunes filles subissent très souvent des violences sexuelles soit de la part des camarades de classe ou d’établissement (30%), soit par les enseignants (8%), soit par les répétiteurs (7%), soit par les personnes de leur famille... Celles-ci doivent savoir que les violences sexuelles sont à l’origine des besoins qui favorisent la pénétration du VIH.
6) La pauvreté encourage la délinquance sexuelle
Dans un environnement de pauvreté, les jeunes filles ont tendance à avoir des rapports avec plusieurs hommes pour gagner de l’argent ou alors à se lancer dans la prostitution. Les jeunes hommes, surtout les enfants de la rue, finissent aussi par accepter les avances des homosexuels pour les mêmes raisons, et la même fin. Pour le bonheur du virus du SIDA.
Le SIDA est évitable. Il suffit de savoir " écouter, apprendre et vivre pour lutter contre le SIDA ", bref de rompre le silence tout autour.
3. LES PROGRAMMES DEVELOPPES
Les programmes en vue de prévenir la transmission des infections sexuellement transmissibles (IST) et du virus de l'immunodéficence humaine (VIH) parmi les adolescents et les jeunes adultes sont relativement nouveaux. Au vu des taux élevés de IST parmi ce groupe d'âge et du fait que les jeunes représentent plus de la moitié de toutes les nouvelles infections par le VIH, il devient de plus en plus urgent de trouver et d'évaluer des modèles de programmes efficaces. Certaines IST peuvent être guéries mais d'autres dont le VIH sont incurables. C'est la raison pour laquelle un grand nombre des nouveaux projets à l'intention des jeunes insistent sur l'éducation et la prévention plutôt que sur le traitement. Toutefois, la seule connaissance ne suffira pas pour atteindre les buts de la prévention. Il faut également aider les jeunes à adopter des attitudes positives vis-à-vis d'eux mêmes, à acquérir les aptitudes nécessaires et leur fournir un accès aux services, surtout pour obtenir des vraies informations.
Quels sont les types de programmes de prévention des IST/VIH qui ont été réalisés pour les jeunes ? Est-ce que de tels programmes ont eu des résultats positifs?
Les projets conçus pour prévenir les IST et le VIH chez les jeunes sont généralement axés sur des activités d'éducation, de communication et de conseils. Ils tendent à être réalisés à partir des écoles, des établissements de santé, des centres de traitement ou par le biais d'activités d'éducation communautaires dans des endroits où les jeunes ont l'habitude de se rencontrer. Seul un nombre limité de ces projets a été évalué jusqu'à présent, mais des réussites déjà se dégagent :

  • Les écoles sont un endroit essentiel pour les activités de prévention du VIH car on peut y atteindre un nombre important de jeunes. Plusieurs évaluations de programmes de prévention réalisées dans des lycées américains constate un accroissement modeste des connaissances et des comportements de réduction des risques chez les élèves (notamment le fait d'avoir moins de partenaires sexuels et d'utiliser davantage les condoms). Parallèlement, les chercheurs ont conclu qu'il fallait bien plus que 5 à 15 heures d'instruction si l'on voulait avoir un véritable impact. Les projets à base communautaire utilisent diverses formules et essayent d'atteindre les jeunes dans les endroits où ils travaillent et se rencontrent.
  • L'étude faite par l'International Center for Research on Women d'un projet en Thaïlande destiné à des jeunes ouvrières travaillant dans des usines indique que les jeunes femmes avaient renforcé leurs connaissances et compétences (par exemple le fait de prendre la responsabilité d'utiliser la contraception). Les jeunes femmes qui avaient participé à des séances animées par des camarades avaient tiré le plus de gain comparé à celles qui avaient participé à des séances animées par des adultes ou à des activités d'auto-apprentissage.
  • Une évaluation au Nigéria et au Ghana où l'on avait insisté sur les activités d'éducation des camarades en milieu communautaire montre que le programme avait eu des effets nettement positifs sur les connaissances et les capacités des jeunes indiquant qu'ils étaient à présent plus susceptibles de prendre des mesures de protection contre les IST/VIH (abstinence, nombre limité de partenaires et utilisation de condoms).
  • Un projet d'éducation des camarades sur le VIH/syndrome d'immunodéficience acquise (SIDA) en Jamaïque a organisé des séances d'éducation dans des écoles, des endroits communautaires et à l'extérieur (sur les vérandas et sous les arbres) en milieu rural et urbain. Les éducateurs-camarades ont nettement renforcé leurs connaissances, ils disposent à présent des faits pour contrecarrer les mythes, savent où se rendre pour le traitement des IST et indiquent qu'ils ont l'intention de remettre à plus tard les rapports sexuels ou d'utiliser des condoms s'ils sont sexuellement actifs.
  • Un projet réalisé par CARE Kenya a utilisé une stratégie d'éducation camarade-à-camarade. Les jeunes qui ont participé au projet avaient de meilleures connaissances, des attitudes plus positives et des indications de changement de comportements positifs du point de vue prévention des MST/VIH (par exemple, limiter le nombre de partenaires) si on compare au groupe témoin. Il est important d'atteindre les enfants de la rue, ceux qui se sont enfuis de chez eux et les jeunes prostituées car ces groupes cibles courent un risque disproportionné de contracter des IST et le VIH. Voici des exemples de ces projets :

  • Un projet modèle de prévention du VIH pour les enfants et les adolescents brésiliens qui vivent ou qui travaillent dans la rue. Le projet insiste sur une communication adaptée à la culture et sur les séances de formation interactive. Après une évaluation préliminaire des activités qui avaient duré moins d'une année, le projet enregistrait des niveaux élevés de participation assidue ainsi qu'une plus grande sensibilisation et de meilleures connaissances en matière de SIDA.
  • Un projet de prévention du VIH réalisé aux Etats-Unis s'attachait tout notamment à la formation professionnelle et à la prise en charge du point de vue comportement pour les jeunes qui se sont enfuis de chez eux et qui sont dans des centres d'accueil publics. L'évaluation note une utilisation accrue des condoms et des réductions des comportements sexuels à risque trois à six mois après l'intervention (par exemple, le fait d'avoir un grand nombre de partenaires sexuels ou un grand nombre de rencontres sexuelles). Ces progrès ont surtout été notés chez les jeunes qui avaient assisté au plus grand nombre de séances.
    Les programmes de communication et d’éducation sont des interventions clés pour les jeunes car ils informent tous ceux proches de la culture populaire. Les évaluations faites de certains de ces programmes dégagent les faits suivants :
  • Un projet en Ouganda utilise diverses formules médiatiques qui communiquent le message suivant : "Moins de risques ou SIDA : A toi de choisir". Une évaluation de la première étape de la campagne, faite après dix huit mois d'activité, indique un net accroissement dans le nombre de jeunes ougandais qui se protègent actuellement contre l'infection par le VIH.
  • Un projet de mass médias en République Démocratique du Congo, alors Zaïre, utilisait la télévision, les annonces radiophoniques et les chansons créées pour traiter du problème du SIDA. Il se servait également des feuilletons radiophoniques et télévisés et du matériel imprimé (bloc-notes et calendriers) pour atteindre les jeunes. L'évaluation de l'impact réalisée six mois après la première phase du projet indique une bien meilleure connaissance des questions entourant le SIDA, une plus grande pratique de l'abstinence sexuelle et de fidélité mutuelle et une utilisation accrue des condoms.
  • Actuellement une Organisation Non Gouvernementale « Espoir, Vie et Solidarité » EVIS en sigle développe un programme de lutte contre les IST/SIDA en partenariat avec les écoles secondaires de la Capitale (Kinshasa) par l’approche des pairs – éducateurs. EVIS forme, depuis trois ans, chaque année soixante élèves venus d’au moins trente écoles comme multiplicateurs de message de lutte. Les élèves pairs éducateurs enthousiastes au départ sont démotivés 10 mois après. Néanmoins, chacun des formés aura atteint au moins 300 autres jeunes. Les raisons de cette démotivation sont multiples mais la plus importante reste le caractère bénévole de l’action dans un pays en crise.
  • Le Ministère de la Santé du Ghana a réalisé une campagne multimédiatique pour sensibiliser davantage au SIDA et promouvoir la prévention du SIDA au sein de sa population âgée de 15 à 30 ans. La campagne reposait sur des annonces télévisées et radiophoniques, des réunions communautaires, la diffusion de matériel promotionnel (par exemple, des affiches et des bandes dessinées) et des activités d'éducation dans les écoles. Une enquête de suivi réalisée 10 mois après l'enquête initiale indique une connaissance plus élevée du SIDA et des stratégies de prévention du VIH, une diminution du nombre de partenaires sexuels et une utilisation accrue des condoms au sein des divers sous-groupes. Quelles sont les leçons apprises ?
  • En présentant diverses options de prévention, on laisse le choix aux jeunes et on permet aux adultes de rester neutre ou de soutenir telle ou telle activité. Par exemple, en Haïti, une étude sur la lutte et la prévention du SIDA (AIDSCAP) montre que les messages du projet de prévention du SIDA "Espoir" (abstinence, fidélité et monogamie ainsi que condoms) offre diverses options acceptables en fonction des besoins et des intérêts de la communauté.
  • Le soutien accordé par les adultes peut renforcer le niveau de participation des jeunes. Suite aux efforts faits pour obtenir le soutien communautaire dans une région du Kenya où les adultes généralement ne permettent que rarement aux filles de participer aux événements publics, un nombre important d'adolescentes ont pu participer à un projet de prévention du SIDA.
  • Une étude en vue d'évaluer des programmes d'éducation en santé reproductive dans des écoles américaines constate que ceux qui avaient réussi à diminuer le nombre de rapports sexuels non protégés (en recommandant soit de remettre à plus tard les relations sexuelles, d'utiliser davantage les condoms soit de diminuer le nombre de partenaires sexuelles) partageaient certains éléments communs : utilisation de la théorie d'apprentissage social pour l'élaboration de programmes ; priorité accordée à la réduction de comportements sexuels à risque ; utilisation de méthodes d'apprentissage qui font participer activement les jeunes ; activités qui traitent des influences sociales et/ou médiatiques et pressions exercées en vue d'avoir des relations sexuelles; importance de valeurs bien claires contre les rapports sexuels non protégés ainsi que modélisation et pratique de compétences de communication et de négociation.
  • L'adjonction d'activités de prévention des IST/VIH aux services existants de planification familiale est un type d'expansion de service logique et pratique permettant de couvrir des clients qui autrement ne viendraient probablement pas consulter ce type de services. Mais ces adjonctions de services doivent être accompagnées par des protocoles clairs, une formation suffisante et des outils pédagogiques adéquats ainsi qu'un nombre suffisant, autant d'éléments que l'on peut observer dans cet établissement sanitaire de l'Afrique du Sud.
  • Souvent, les jeunes préfèrent se tourner vers leurs camarades pour obtenir des informations sur la santé reproductive. Une enquête constate que 99% des jeunes répondants trouvent que les éducateurs-camarades représentent la meilleure manière d'apprendre à propos du VIH/SIDA et 81% indiquent que les éducateurs-camarades sont les meilleures sources d'information sur le VIH/SIDA. Les jeunes ouvrières dans les usines, les jeunes kényans déscolarisés et les jeunes participant à un projet du YWCA au Ghana indiquent tous une préférence pour les éducateurs-camarades.
  • Malgré la rotation élevée des éducateurs-camarades que l'on constate souvent dans le cadre des projets d'éducation en santé reproductive et VIH, le solide impact positif du travail des éducateurs-camarades justifie leur utilisation. Une étude d'AIDSCAP montre que 95% des éducateurs-camarades ont changé leur propre style de vie et comportement, 31% utilisaient des moyens de protection dont le condom et 20% avaient diminué leur nombre de partenaires sexuels.
  • La formation axée sur les compétences est recommandée pour les éducateurs qui interviennent dans le cadre des programmes de prévention du SIDA. Les compétences adéquates portent sur l'évaluation des risques, la négociation, les pratiques sexuelles sans risques, la violence et les abus et la consultation des services de santé. Les éducateurs à leur tour doivent enseigner ces compétences importantes à leur groupe cible. Un projet expérimental étudié par l'Université du Zimbabwe constate qu'une activité participative axée sur les compétences est plus efficace qu'une intervention à base d'information pour changer les attitudes et les pratiques en matière de SIDA.
  • La lutte contre les IST qui facilitent la transmission du VIH peut diminuer l'incidence du VIH. Dans le cadre d'une intervention sanitaire dans les zones rurales de la Tanzanie, un centre de traitement et de référence des IST a été ouvert, le personnel du nouveau a reçu une formation et une supervision ainsi qu'une éducation sanitaire ont été offertes. L'évaluation indique une réduction de 40% dans l'incidence du VIH sur les deux ans de l'étude. Les réductions proportionnées les plus importantes ont été notées chez les femmes âgées de 15 à 24 ans et les hommes âgés de 25 à 34 ans.
  • Le programme pilote de lutte contre le VIH par des pairs éducateurs dans les entreprises d’OUGANDA est un bel exemple du programme qui a eu un impact sérieux sur le changement de comportement et une incidence directe sur le taux de prévalence qui, un des rares cas au monde a été maîtrisé et même diminué.
    Les jeunes représentent l'un des groupes les plus vulnérables à l'infection au VIH. Dans leur Déclaration d'engagement sur le VIH/sida (juillet 2001), les États membres des Nations Unies ont déclaré que " la mise au point de mesures efficaces pour lutter contre le VIH/sida sous tous ses aspects exige la pleine participation des jeunes à l'élaboration, à la planification, à la mise en œuvre et à l'évaluation de programmes pertinents ".

4. QUELLES STRATEGIES POUR UNE LUTTE EFFICACE ?
A la lumière de toutes ces expériences et programmes, il appert qu’un succès du programme de prévention du VIH/sida chez les jeunes, est presque garanti avec l’approche d’éducation par les pairs. Cette approche est d’ailleurs recommandée par les instances compétentes du système des Nations Unies.
L’éducation par des pairs (de l’anglais peer education) est une approche consistant à faire appel, pour conseiller les membres d’une même tranche d’âge, d’une même profession ou d’un même groupe social, ou encore les gens du même sexe, à leurs congénères, qui vont jouer le rôle de multiplicateurs.
Concept « pair – éducateur »
Le concept d’éducation par des pairs part du principe que les jeunes seraient plus nombreux à s’informer sur la santé reproductive ou la préventions des IST/SIDA s’ils savaient que cette offre existe et comment ils peuvent y accéder. D’une manière générale, les groupes de population difficiles à atteindre ont besoin d’être soutenus et encouragés personnellement pour se protéger contre les infections sexuellement transmissibles et le sida. Les éducateurs pairs peuvent servir de trait d’union entre ces groupes et les programmes de prévention existants, aider les intéressés à surmonter leur inhibition et à faire confiance.
Que fait un éducateur pair?
Les éducateurs pairs sont eux-mêmes issus du groupe qu’ils conseillent. Ils fréquentent les mêmes endroits que les jeunes et les conseillent de manière compétente, mais en parlant leur propre langage.
Ce que l’éducateur peut faire concrètement dans le cadre de son activité dépend du groupe qu’il encadre et de la Définition.
Quelles doivent être les aptitudes d’un éducateur pair?
L’éducateur pair doit tout d’abord être accepté par les membres de son groupe. Par ailleurs, on lui demande d’avoir une connaissance approfondie des questions de sexualité, de la contraception et des maladies sexuellement transmissibles. Il doit avoir le sens de la communication et être en mesure de traiter des questions complexes. Lors d’un entretien individuel (counselling) et d’une discussion de groupe, il doit être à l’écoute de ses interlocuteurs et réagir avec toute la souplesse et la diplomatie voulues.
Les éducateurs pairs sont formés au début du programme, supervisés régulièrement, et chacun d’eux a la possibilité de rafraîchir et compléter ses connaissances en suivant des cours de perfectionnement. Du matériel approprié et des interlocuteurs compétents sont mis à leur disposition pour les aider dans leur travail.
À quoi faut-il veiller pour le travail des éducateurs pairs?
Des supports d’information attrayants, spécialement conçus pour les jeunes, doivent être disponibles en quantités suffisantes. Les jeunes doivent être associés dès le début à leur conception, et plus tard à leur élaboration. Par la suite, il conviendra de vérifier régulièrement si ce matériel d’information est bien accepté par les jeunes.
Mais il importe aussi de tenir compte du point de vue des parents et des responsables communaux dans les programmes en direction des jeunes; la plupart du temps, on réussi ainsi à éviter les irritations qui pourraient compromettre la réussite du programme. Dans les programmes pour jeunes filles, il faut songer que celles-ci fréquentent plus rarement que les garçons les lieux publics. Les visites à domicile ou la création de groupes de filles du voisinage peuvent être ici la solution.
Les programmes d’éducation par des pairs se font généralement sur une base bénévole. Étant donné le chômage endémique des jeunes et les faibles revenus familiaux, la question d’une éventuelle incitation (financière) ne manque pas de se poser. En vendant par exemple des contraceptifs à un prix modique, à la portée du groupe qu’il encadre, l’éducateur pair pourra réaliser un petit bénéfice. Le remboursement des frais de transport et la participation gratuite à des cours de perfectionnement sont d’autres possibilités de motiver les jeunes à collaborer aux programmes d’éducation.
Dans les programmes en direction des jeunes, il faut forcément s’attendre à un pourcentage relativement élevé de démissions parmi les multiplicateurs, car leur situation personnelle ou professionnelle change fréquemment. D’où la nécessité de recruter et former en permanence de nouveau jeunes pour assurer la relève.
AUTRES ACTIONS A MENER
- Les campagnes de sensibilisation
- Les affiches murales
- Des cinés forum
- Des conférences débats
- Des spots publicitaires à la radio et à la télévision
- Des dépliants
- Des Centres d’écoute pour les jeunes
CONCLUSION
La pandémie du sida est un problème pour l’humanité qu’il faut à tout prix combattre, surtout qu’il s’attaque à la tranche d’âge la plus active et les jeunes qui constituent l’espoir de demain. La lutte contre ce fléau ne peut se faire qu’avec les jeunes et pour eux. Il faut des stratégies qui intègrent les jeunes pour briser le caractère de « tabou » qui entoure la sexualité humaine. La vulnérabilité des jeunes et des femmes africaines est tel qu’il faut des actions d’envergure.

Fait à Kinshasa, le 14 août 2003

NKOY MWAKANZAL HIPPOLYTE
Directeur Scientifique de l’ONG - EVIS