LA JOURNEE DE REFLEXION SUR LE BILAN ET PERSPECTIVES DES METHODES DE PREVENTION IST/MST/VIH-SIDA

I. PRISE DE CONSCIENCE

Dans son mot d’orientation, Madame la Secrétaire Générale de RDF/Base a décrit ce qui suit : il y a plus de deux décennies depuis que le SIDA est devenu une menace sérieuse pour la vie humaine. Hier le SIDA était un problème purement médical, mais aujourd’hui la lutte contre le SIDA est l’objet de toute la communauté.

Pour ce faire, le RDF/Base, en collaboration avec son partenaire LAW GROUP a initié cet atelier qui a pour objectif global :

- Faire un état des lieux du comportement sexuel de la population face à ce fléau en vue d’évaluer l’efficacité des méthodes de prévention vulgarisées à ce jour en RDC, à savoir l’Abstinence, la Fidélité et le Préservatif.

Les objectifs spécifiques de l’atelier sont :

- Identifier les points forts et les contraintes de ces 3 méthodes de prévention ;
- Dégager les perspectives d’avenir sur les méthodes de prévention ainsi que l’approche méthodologique de vulgarisation sur le terrain.

II. METHODOLOGIE

La méthodologie utilisée dans ladite journée de réflexion était : l’exposé, le jeux question-réponses, Brainstorming et travail en groupe

.

III. LE THEME RETENU

Pour atteindre son objectif, le RDF/Base a sollicité l’expertise de Monsieur Erick MUKAKU, Directeur Provincial d’AMO - CONGO qui a développé le thème : « la prévention en matière de VIH-SIDA ».

IV. DEROULEMENT DES ACTIVITES

1- DE LA CEREMONIE D’OUVERTURE

La journée a commencé avec le mot de bienvenue de Mme la Secrétaire Générale de RDF/Base, suivi de la présentation des participants, puis d’une projection du film intitulé « la vie sexuelle responsable ».

2- ECHANGES A CHAUX SUR LE FILM

Les participants ont été conviés à réagir à chaux sur le film. Voici les réactions enregistrées :
- l’actrice dans ce film a fait preuve d’une force de persuasion obligeant ses partenaires sexuels d’utiliser les préservatifs ;
- les hommes au contraire demandent à leurs partenaires sexuelles d’avoir confiance en eux car ils se connaissent depuis longtemps, c’est-à-dire ils se méfient des préservatifs ;
- les femmes doivent aussi avoir le courage d’acheter les préservatifs et les présenter aux hommes.

Il a été remarqué qu’en RDC, les femmes n’ont pas la force de persuader leurs partenaires sexuels à utiliser des préservatifs lors du rapport sexuel. Il faut en outre souligner que le préservatif n’a pas été conçu uniquement pour le SIDA, mais il est également utilisé pour l’espacement des naissances (planning familial) et aussi pour éviter les IST/MST.

3- INTERVENTION D’AMO CONGO

Sur le thème : Prévention en matière du VIH-SIDA par Mr ERICK MUKAKU, Directeur provincial.

Il a développé son intervention en 4 points, à savoir

1° La prévalence du VIH SIDA
2° La prévention
3° L’impact démographique.
4° Les réponses nationales face au VIH-SIDA.

Dans son introduction, l’intervenant a fait savoir aux participants que le succès du message de la prévention VIH SIDA était basé sur : l’Abstinence, la Fidélité et le Préservatif. Il y a du succès si la chaîne de contamination est arrêtée, a-t-il ajouté. Est-ce le cas en RDC ?

La réponse était simple : le changement s’ensuit très lentement.

1° La prévalence du VIH-SIDA

Selon les statistiques de l’année dernière le taux de prévalence du VIH-SIDA dans les pays voisins de la RDC se présente comme ci-après :
:
- Namibie, le taux de prévalence était de 19,59 %
- Zimbabwe « « 25,06 %
- Soudan « « 0,99 %

En RDC, le taux de prévalence du VIH-SIDA dans les territoires non occupés est de:

- Matadi, le taux de prévalence : 10 %
- Kinshasa « « : 5,1 %
- Lubumbashi « : 8,6 %

Il faut noter qu’en RDC, sur 60 millions d’habitants, 3 millions des personnes sont infectées, soit 10% de la population active. Le mode probable de contamination passe par 3 voies, à savoir :

- Les rapports sexuels
- Les matériels tranchants et
- La transmission de la mère à l’enfant.

Il se dégage que 80-90 % de la contamination se fait par les rapports sexuels et le 10% par deux autres voies (moyens).

2° La prévention

L’intervenant a démontré que le message clé de la prévention « c’est le changement de comportement sexuel ». Ceci comprend entre autres la promotion d’une sexualité responsable, la sécurité sanguine, l’injection et la prévention – transmission du VIH-SIDA de la mère à l’enfant.

La sexualité responsable consiste à mettre la population devant ses responsabilités vis-à-vis du danger mortel qui la guette ; la sécurité sanguine, elle sécurise les personnes qui peuvent avoir besoin du sang des autres personnes, elle consiste à tester le sang avant la transfusion.

Pour ce qui concerne la transmission de la mère à l’enfant, le programme PTM a prévu des médicaments gratuits pouvant réduire le risque de la contamination de l’enfant qui devrait naître, donc la population est priée de s’informer à ce sujet.

3° L’impact démographique

En ce qui concerne l’impact démographique, il se révèle ce qui suit :

- la diminution de l’espérance vie de – 20% en 15 ans ;
- l’accroissement de la mortalité générale de + 9% en 15 ans
- l’accroissement de la mortalité infantile.

4° Les réponses nationales face au VIH-SIDA

L’intervenant a conclu avec les réponses nationales face à cette situation désastreuse qui exige :
- la mobilisation communautaire
- le renforcement des capacités des acteurs
- l’accès aux services des préventions et de prise en charge.

Ces trois axes avaient comme fondation le partenariat dans la multisectorialité sans lequel personne ne peut s’y prendre tout seul, car aujourd’hui le SIDA n’est plus un problème médical, mais un problème qui nécessite l’implication de toute la communauté en général.

Après le brillant exposé de Mr ERICK, un débat a été ouvert et plusieurs questions ont été posées, notamment :
- celle de savoir si le slogan « Abstinence-Fidélité-Préservatif avait l’impact sur terrain ?
- avoir les avis d’évaluation sur les 3 méthodes ?
- avoir des précision sur les stratégies et orientation pour que la population ne retourne pas à l’ancienne mode ?

Après avoir répondu aux questions, l’intervenant a demandé aux participants de constituer 3 groupes de six personnes pour répondre aux questions suivantes :

1° Identifier les points forts et les contraintes de ces 3 méthodes de prévention des IST/MST/VIH-SIDA. Abstinence – Fidélité – Préservatif.

2° Quelles perspectives pour l’avenir :
a) Par rapport aux méthodes de prévention
b) Par rapport à l’approche méthodologique de vulgarisation sur terrain.

3° Pourquoi la population n’utilisé pas les préservatifs ?

Après le travail en équipe les participants ont bénéficie d’une pause-repas.
La reprise des travaux après la pause-repas
La plénière :
L’intervenant a demandé à chaque groupe de présenter leur travail.

1. Voici les points positifs et contraintes relevés par le groupe I.

POINTS POSITIFS CONTRAINTES
- Les condition religieuses exigent - Violence psychologique
- L’influence des US et coutumes - absence de jouissance sexuelle
Abstinence - éviter des grossesses indésirées - violence sexuelle
- éviter les IST/MST/VIH-SIDA - manque de moyens financiers
- l’influence du média
- la prostitution
- honnêteté - monotonie sexuelle
- respect des US et coutumes - l’influence du milieu
Fidélité - la peur d’être atteint par les IST/MST/VIH-SIDA - la nature fait que les ¾ de personnes ne sont pas fidèles
- la conjoncture économique
- la curiosité
- la non satisfaction sexuelle
- éviter des IST/MST/VIH-SIDA - Diminution de plaisir sexuel
- manque d’enfants
Préservatif - éviter les grossesses indésirées - manque d’information sur l’utilisation correcte de préservatif- le préservatif donne l’impression d’être utilisé que par des prostitués
- la sécurité sexuelle - enseignements des Eglises
- manque de confiance
- contre nature

2. Perspectives d’avenir :

a) renforcer les méthodes en impliquant les décideurs politiques, religieux ;
- faire la recherche – action – participative ;
- créer les centres d’information.

b) Renforcement des capacités de la population sur la prise de décision ;
- inciter la population à la peur c’est-à-dire la perspective individuelle de risque
- instaurer un système éducatif dès le bas âge sur l’éducation sexuelle
- actualiser et adapter les cours de l’éducation à la vie
- instaurer la culture de dialogue franc entre les parents et les enfants
- organiser un atelier d’évaluation et de réflexion sur la lutte contre de VIH-SIDA.

3. Raisons de n’avoir pas utilisé le préservatif :
- c’est contre la coutume et la religion
- le manque d’information fiable sur l’usage de préservatif
- la croyance à la prédestination
- « Dieu seul nous protégera »…

Voici les réponses données par le deuxième groupe

I. A. les points forts et contraintes

A. LES POINTS FORTS B. CONTRAINTES
a) Abstinence a) Abstinence
- favoriser les principes de l’Eglise - environnement
- éducation dans différentes familles - influence du média
- le cours de la morale - pauvreté
- la peur d’être atteint par les IST/MST/VIH-SIDA - coutume (virilité)
- décision responsable - éviter les IST/MST/VIH-SIDA

b) Fidélité b) Fidélité
- la religiosité du couple - l’aisance
- la sincérité - les coutumes
- l’éducation reçue - l’environnement sexuel
- la confiance dans l’autre - l’impulsion sexuelle
- manque de continence

c) Préservatif c) Préservatif
- le contrôle de naissance - religion
- prévention des IST/MST/VIH-SIDA - mauvaise utilisation
- méfiance personnelle

II. a. Pour les perspectives d’avenir, actuellement nous n’avons pas des données actualisées

b. Vu l’absence des données récentes ; il y a lieu de mener une étude, si les chiffres ont augmentés après l’étude ; nous proposons une amélioration de la méthode : changer le message d’approche en tenant compte des réalités actuelles sur terrain tout en impliquant le pouvoir public.

III. Pour le refus d’utiliser les préservatifs, les raisons sont les suivantes :
- pas habituer à utiliser le préservatif
- la religiosité
- la honte d’acheter le préservatif
- le manque de volonté d’en utiliser

Voici les réponses données par le 3ème groupe :

1° a) Les points forts

- Abstinence : pas d’échec, pas de risque pour les PVV, l’abstinence prolonge la vie et la propagation du virus est arrêtée.
- Fidélité : pas de risque de contamination, pas d’échec, arrêter la propagation du virus, préserver la santé du ménage.
- Préservatif : se protéger contre les IST/MST/VIH-SIDA, en cas de bon usage, le préservatif permet de vivre une sexualité épanouie en toute sécurité, protection contre les grossesses indésirées.

b) Contraintes

- l’abstinence : exige une grande maîtrise de soi

- Fidélité : manque de réciprocité et de sincérité entre les partenaires
sexuels ; elle exige une constance sans faille, c’est la méthode
la moins sûre.
- Préservatif : le coût ; le manque de dialogue entre partenaires et la
compréhension, les barrières culturelles (religions, coutumes
rétrogrades, etc.…)

2° Perspectives pour l’avenir
:
a) Par rapport aux méthodes de prévention

. - L’état des lieux : les méthodes de prévention sont d’application à une échelle très faibles à cause des problèmes économiques, culturels, l’ignorance, la pauvreté et aux violences faites aux femmes et aux hommes.

Perspectives

-lutter contre la pauvreté et les violences à l’égard de la femme et contre l’ignorance ;
-briser les barrières culturelles, capitaliser les canaux existants.

b) Par rapport à l’approche méthodologique
-La vulgarisation n’est pas à la hauteur de l’ampleur de la propagation du VIH/SIDA et des IST/MST et toutes les couches de la population ne sont pas suffisamment informées.

Perspectives

- renforcer et améliorer les méthodes existantes en atteignant toutes les couches de la population surtout les plus vulnérables ;
- impliquer davantage la jeunesse et les femmes dans la sensibilisation ;
- impliquer les PVV dans la lutte contre le VIH-SIDA ;
- former des conseillers et multiplier les centres de counselling à travers le pays.
- Renforcer les capacités des associations en terme des ressources humaines et financières
- Initier et encourager le dépistage volontaire.

3° Les raisons de refus à l’utilisation des préservatifs :
- la réduction de plaisir sexuel
- les barrières culturelles
- le manque d’information et
- la pauvreté.
La mise en commun

A. Les points forts

Ces préoccupations majeures ont été retenues, à savoir :
- pour l’abstinence : il n’y a pas de risque, elle permet de prolonger la vie et arrêter la propagation du virus
- pour la fidélité : elle arrête la propagation du virus et préserve la santé
- pour le préservatif : protège contre les IST/MST/VIH-SIDA, permet de vivre une sexualité épanouie en toute sécurité et protège entre les grossesses indésirées

B. Les contraintes

Les préoccupations retenues sont les suivantes :
- l’abstinence : exige une grande maîtrise de soi ;
- la fidélité : quant à elle, manque de réciprocité et sincérité sans faille, c’est pourquoi nous la considérons ici comme la méthode la moins sûre .
- le préservatif : il demande une négociation entre partenaires sexuels et briser les barrières culturelles.

En ce qui concerne les perspectives d’avenir :

- par rapport aux méthodes des prévention, nous devons lutter contre la pauvreté, les violences faites à l’égard de la femme et contre l’ignorance ; briser les barrières culturelles et capitaliser les canaux existants ;

- par rapports à l’approche méthodologique, nous devons renforcer et améliorer les méthodes existantes en atteignant toutes les couches de la population et en impliquant davantage la jeunesse et les femmes dans la sensibilisation ; adapter le message à la réalité, initier et encourager les dépistages volontaires ; former des conseillers et multiplier les centres de counselling à travers le pays.

Quant à la non utilisation de préservatif, nous devons lutter contre les barrières culturelles et donner l’information pour l’utilisation correcte de préservatif.

En guise de conclusion, l’intervenant a encouragé les participants pour le travail abattu au courant de ladite journée de réflexion et Mme JO WELLS à son tour a félicité tous les participants d’avoir développé les aspects importants sur la vie sexuelle pour pouvoir protéger la population. Elle a demandé la continuation des actions de mobilisation sur la protection de la communauté. Mme la Secrétaire Générale de RDF/Base a bouclé la boucle par un mot de remerciement à toute l’assistance pour sa participation appréciable.