Rapport de la formation des jeunes de la PIPKIN
INTRODUCTION
Ce dimanche 07 septembre 2003, les jeunes de la Paroisse Internationale Protestante de Kinshasa (Cathédrale du Centenaire Protestant) ont bénéficié une formation sur la résolution et la transformation des conflits dans les différents milieux des jeunes. Cette Formation était animée par Monsieur Joseph Tshibalabala de l’ONG « Solidarité pour le Développement Communautaire » en abrégé « SODEC ».
32 participants ont suivi avec intérêt les notions des conflits en général et les rôles de la tierce partie en particulier. Ils ont appris que le conflit est naturel, normal et neutre ; le conflit peut être constructeur ou destructeur en fonction de la solution apportée.
Les jeunes étaient dotés de trois grands moyens de canaliser le conflit et de transformer son mouvement d’escalade, conduisant à l’affrontement destructif, en mouvement horizontal, débouchant sur le changement constructif. Le premier moyen est de prévenir au départ le conflit destructif en tentant de remédier aux tensions latentes. Le second est de résoudre tout conflit ouvert dès lors qu’il se développe. Le troisième est de contenir l’affrontement en cours d’escalade dès lors qu’il échappe, provisoirement au moins, à toute tentative de résolution.
Les jeunes étaient sensibilisés et conscientisés aux rôles de la tierce partie à savoir : le pourvoyeur, l’enseignant, le jeteur de passerelles, le médiateur, l’arbitre, l ‘égalisateur, le réparateur, le témoin, le régulateur et le soldat de la paix.
SESSION 1 : NOTION DE CONFLIT
Selon les participants, le conflit est une querelle, un désaccord, une mésentente et un différend entre deux parties.
Dans son intervention, Monsieur Joseph Tshibalabala a expliqué aux participants que les conflits sont naturels car ils sont liés à la nature humaine ; les conflits sont normaux parce qu’ils font partie de la vie de l’homme et nous ne pouvons ni les ignorer ni les sous-estimer. Aussi a-t-il ajouté qu’un conflit est neutre parce qu’il n’est ni bon ni mauvais et seule sa solution est soit bonne ou mauvaise. Il a démontré cela en précisant qu’un conflit vécu négativement et douloureusement conduit vers la dégradation des relations : conflit destructeur ou danger ; si au contraire, il est assumé et bien géré par les parties concernées, il devient une opportunité pour une meilleure entente : conflit constructeur.
Les participants ont constaté que le conflit découle d’une tension latente, se développe en un affrontement ouvert, explose en un véritable combat pour, enfin, passer par le seuil de la violence destructive.
SESSION 2 : ROLES DE LA TIERCE PARTIE
Le débat était orienté de manière à faire comprendre aux jeunes qu’il n’est pas de querelles qui se situe dans le vide car il y a toujours des êtres humains alentour : des parents, des voisins, des alliés, des gens sans parti pris, des amis ou des simples spectateurs ; tout conflit se situe au sein d’une collectivité qui constitue-la ‘’ Tierce partie’’.
Ainsi, la tierce partie est la communauté environnante qui sert à contenir tout conflit en voie d’escalade. Si ce ‘’Conteneur’’ vient à faire défaut, n’importe quel différend sérieux ne peut que trop facilement dégénérer en un affrontement destructeur. Mais, lorsqu’il est pris dans son conteneur, le conflit est susceptible d’évoluer progressivement de l’affrontement vers la coopération.
I.PREVENIR :
-Répondre aux besoins
-Enseigner
-Assurer la communication
Les participants ont appris que prévenir le conflit, c’est s’attaquer à ses racines et poser les bases d’une gestion des différends par la coopération. Ils étaient encouragés à prévenir les conflits destructeurs en jouant les trois rôles ci-après :Le pourvoyeur,l’enseignant et le jeteur de passerelles.
1.Le Pourvoyeur
Suivant la qualité des débats, les jeunes ont compris que : quels que soient les sujets apparents des querelles, la source profonde du confit réside généralement dans l’insatisfaction de besoins humains les plus fondamentaux (la nourriture et les autres biens matériels nécessaires à la vie, la sécurité, le respect de l’identité et la liberté).
Si les jeunes, en leur qualité de tierces parties, peuvent contribuer à la satisfaction de l’un ou des plusieurs de ces besoins, ils préviendront une grande partie des conflits destructeurs. Le ‘’ pourvoyeur’’ a donc un quadruple rôle : partager, protéger, respecter et libérer.
Tout aussi important que le partage des ressources est le partage du savoir, c’est à dire l’éducation qui permet aux jeunes de subvenir eux – mêmes à leurs besoins. Les participants étaient convaincus qu’en répondant aux besoins de la jeunesse, les parents, les enseignants et les autres membres de la collectivité peuvent contribuer à écarter la violence dans le milieu des jeunes.
2.L’enseignant
Les participants ont compris que l’une des raisons de l’escalade est l’ignorance des méthodes pratiques pour gérer les tensions quotidiennes de façon à éviter qu’elles ne dégénèrent en conflits ouverts et en violence. Donc, il faudra apporter aux jeunes le savoir qui leur permettra de gérer leurs conflits dans un sens constructif.
En tant qu’enseignants, les jeunes doivent s’attacher à apprendre aux autres le coût énorme de la violence, les dommages qu’elle cause et les risques qu’elle fait courir à l’ensemble de la communauté ; ils doivent enseigner aux autres la tolérance et l’art de la négociation.
3.Le jeteur de passerelles
Les jeunes ont appris que : le fait de partager la nourriture et de parler ensemble permettait de tisser tout un réseau de liens transversaux grâce auquel les conflits sérieux pouvaient être éviter ; les relations transversales peuvent jouer le rôle de filet de sécurité en cas de tension. L’un des moyens d’établir des liens transversaux est de développer des projets communs.
Les jeunes ont appris que lorsqu’un adulte est confronté à la rivalité de deux adolescents, il peut leur assigner une tâche commune. Le fait de leur assigner une tâche commune contribuait très efficacement à réduire les préjugés mutuels et à susciter des liens d’amitié. Tout comme l’élaboration des projets communs peut susciter l’ouverture d’un véritable dialogue, inversement le dialogue peut conduire à la mise en chantier de projets communs.
II.RESOUDRE :
-Assurer la médiation
-Arbitrer
-Rétablir l’équilibre
-Panser les plaies
Les jeunes étaient encouragés à contribuer de façon cruciale à chacune des quatre approches du conflit. En tant que médiateurs, ils peuvent favoriser la conciliation des intérêts ; en tant qu’arbitres, ils peuvent déterminer les droits de chacune des parties ; en tant qu’égalisateurs, ils peuvent veiller à un meilleur équilibre des forces ; en tant que réparateurs, ils peuvent raccommoder le tissu relationnel endommagé.
1.Le médiateur
Les jeunes étaient informés qu’un médiateur intervient dans un conflit généralement quand les disputants se sont engagés dans la direction de la compétition / rivalité ; le médiateur va essayer de faire basculer la négociation vers une négociation de collaboration. Il ne va pas proposer de solution pour résoudre les questions données : il va essayer de créer les conditions d’écoute et d’entente nécessaire pour que les parties trouvent eux – même les solutions.
Les participants étaient également informés que dans la médiation, les parties sont actives dans le processus de trouver une solution au problème commun. Le médiateur ne cherche pas à savoir qui a tort et qui a raison, mais bien plutôt à aller au cœur même du conflit et à trouver les moyens de le résoudre.
La médiation incluse les deux parties concernées par le conflit et essaie de maintenir les relations entre les deux. La solution est durable à cause de la participation de deux parties.
Dans la médiation, on met l’emphase sur une solution ou tout le monde gagne, ce qui veut dire qu ‘il n’y a pas de perdant.
2.L’arbitre
Les jeunes étaient informés que lorsque la médiation se révèle inefficace ou inappropriée, il faut recourir à l’arbitrage. Alors que le médiateur n’est là que pour aider les parties à trouver eux-mêmes une solution à leurs différents, l’arbitre peut, lui, imposer une décision.
Le rôle de l’arbitre est donc d’encourager la négociation à chaque fois que cela parait possible.
3.L’égalisateur
Les jeunes étaient convaincus que : en tant qu’égalisateurs, ils peuvent faire en sorte que le puissant accepte de siéger à égalité avec le faible autour d’une table de négociation.
4.Le raccommodeur
Les participants ont compris que chaque jeune peut jouer le rôle de « raccommodeur » ou de « guérisseur »- dans sa famille, son travail et la collectivité au sein de laquelle il vit.
-Créer le climat favorable :
Etablir un climat de confiance entre les parties.
-Ecouter le plaignant et lui montrer qu’on l’a entendu :
L’une des méthodes la plus efficace pour raccommoder le tissu relationnel est d’écouter, de prêter la plus grande attention au plaignant aussi longtemps qu’il a quelque chose à dire.
Le fait de reconnaître à haute voix que l’on a bien compris ses doléances renforce l’effet qu’a sur le plaignant l’écoute dont il a bénéficiée.
-Encourager l’offenseur à présenter des excuses :
Les excuses, lorsqu’elles sont sincères, joueront un rôle crucial dans la cicatrisation des blessures affectives et la réparation du tissu relationnel.
III.CONTENIR
Les jeunes étaient convaincus que parfois les tentatives de prévention et de résolution ne peuvent empêcher l’escalade du conflit.
Le défi qui, dès lors, se pose à la jeunesse est de savoir si elle est capable de contenir l’affrontement jusqu’à ce que les parties adverses acceptent enfin de s’asseoir à la table de négociation.
Pour contenir les conflits, les jeunes peuvent jouer les rôles de témoin, de régulateur et de soldat de la paix, s’engageant à chaque fois un peu plus sur la voie de l’intervention active.
1.Le témoin : être attentif à l’escalade
Les jeunes ont compris que l’action la plus importante qu’ils puissent mener, c’est peut-être de prêter attention aux signes annonciateurs du conflit dans leurs milieux.
A une échelle beaucoup plus large également, le conflit destructeur est bien souvent prévisible. La détection des dangers doit être suivie d’une action de prévention.
2.Le régulateur
Les jeunes étaient informés que des échanges vigoureux peuvent parfois se révéler salutaires ; l’affrontement permet d’éclairer l’atmosphère et de faire apparaître au grand jour les problèmes que l’on avait tenté d’étouffer.
Mais, lorsque l’affrontement se produit, il est important d’en limiter les dégâts. Les jeunes devraient s’attacher à imposer des limites au conflit.
3.Le soldat de la paix
Les jeunes étaient convaincus que lorsque deux gamins se battent, les adultes peuvent intervenir et, si nécessaire, les séparer physiquement ; lorsqu’une bagarre éclate entre deux adultes sur la place publique, leurs proches peuvent les séparer de force. C’est parfois aux voisins d’intervenir.
Ainsi, les jeunes étaient encouragés à s’interposer et à faire respecter la paix chez soi, au travail et dans la communauté.
CONCLUSION
Dans la plupart des conflits, les dix rôles de la tierce partie interfèrent, et c’est souvent à la même personne qu’il incombe de les jouer.
Chacun des dix rôles de la tierce partie peut certes se révéler individuellement utile, c’est ensemble qu’ils atteignent leur pleine efficacité pour assurer la paix. La devise de la tierce partie s’énonce donc ainsi : « contenir quand c’est nécessaire, résoudre quand c’est possible, et tenter avant tout de prévenir ».
Cette formation est l’une des restitutions de la formation reçue au Centre Lokole( un Programme de Search For Common Ground visant la construction de la paix et l’unité ainsi que le renforcement des capacités des ONGs locales en République Démocratique du Congo)
Fait à Kinshasa, le 09 Septembre 2003
LE SECRETAIRE GENERAL ET
COORDONNATEUR DE PROGRAMMES
JOSEPH TSHIBALABALA DIKUYI

