MÉNAGÈRE KINOISE : HORS DU COMMUN !

L’homme, dit un vieux dicton, se découvre quand il se mesure à l’obstacle.

Des obstacles, la population kinoise en connaît !!!

Si ce n’est pas la coupure d’électricité, c’est celle de l’eau ou les deux énergies à la fois. Si ce n’est pas l’assainissement dans l’entreprise, c’est l’accumulation des arriérés des salaires etc. Tellement habitué à les rencontrer sur sa route, il les appelle affectueusement et non sans ironie « cals ».

Cependant, cette population s’illustre par sa facilité à transcender ces vicissitudes de la vie et à y trouver des solutions avec les moyens de bord. Nous en voulons pour preuve l’ingéniosité de la ménagère kinoise, bien que hors du commun, arrive à réaliser des prouesses gastronomiques dignes de grands cordons bleus et malgré sa maigre bourse. Le pouvoir d’achat s’amenuisant au fil des mois, la ménagère kinoise sous forme d’une complicité avec les vendeurs a trouvé comme formule de se procurer des boîtes de tomate préalablement coupées (n’en déplaise aux passionnés de l’hygiène), les morceaux de poulets à la place d’un poulet, des morceaux d’oignons, des croupions de dinde etc. On peut ainsi se retrouver face à un plat constitué exclusivement des cuisses de poulet !

Quant aux savons, on peut trouver des moitiés, des quarts, des huitièmes, des dixièmes… de la dimension fabriquée à l’usine. Ainsi on s’en sort pour goûter certains plats ou régler certains devoirs ménagers comme la vaisselle.

La grande imagination de la ménagère kinoise permet de satisfaire tant bien que mal les appétits gloutons des maris privés de salaire depuis des lustres, surtout à Noël et à la Saint-Sylvestre.

Et ma crainte est qu’elle exporte ces habitudes par trop parcimonieuses, exposant à la face du monde la misère noire qui sévit en République Démocratique du Congo.

KAPO KABEYA M.

Envoyé Spécial de l’APEMA