Ah ! Ces voisins
Les voisins, ils sont bons ou mauvais. Ceux de l’Est du Congo, nos voisins rwandais et ougandais, sont tout simplement pires.
Ils ne souhaitent pas la paix au Congo et ne jurent que par la déstabilisation de la sous-région.
Le Rwanda s’enfonce au coeur du Kivu; l’Ouganda pêche aux abords de l’Ituri.
Les rwandais sont jusqu’à Kanyabayonga ; les ougandais disseminés dans la plaine de Kasenyi.
Les premiers, au nom de la guerre contre les interahamwe et les ex-Far. Les seconds contre des rebelles Nalu-ADF.
Les premiers manipulent hutu et nande de Rutshuru ; les seconds instrumentalisent lendu et hema de l’Ituri.
Les deux voisins pillent, violent les femmes et tuent les populations civiles. Les deux voisins nient leur présence au Congo mais affirment que si, par mégarde ils y sont, c’est pour sécuriser leurs frontières.
Les deux voisins se sont battus pour sécuriser leurs frontières à Kisangani.
Les deux voisins sont observés par les Nations Unies qui les substituent aux congolais.
Les deux voisins bénéficient de la complaisance et de la complicité des anglo-saxons. Nos deux voisins immédiats luttent pour l’instauration de la démocratie au Congo ; en réalité, se battent pour le leadership dans la région.
Les deux voisins font pression sur le gouvernement congolais pour qu’il retire la plainte contre eux.
Que fait-on avec des voisins qui veulent régenter votre vie jusqu’à votre femme ?
Ah, ces voisins du Congo. Ils sont pires.
Pour le contrôle des richesses
Rwandais et ougandais divisent hema et gegere
Qui tue en Ituri? Les milices tribales. Cette réponse est, tout en restant vraie, très ambiguë. Quatre milices tuent en Ituri, à savoir les hema contre les ngiti (vietnamiens), les gegere contre les lendu.
On donnerait 6/10 à une telle réponse car elle est incomplète. Pendant longtemps, on a cherché à cacher à l’opinion une autre facette de cette guerre inter ethnique, les affrontements aussi meurtriers entre les hema et les gegere.
Ces deux ethnies identifiées « hema » ont appris à se haïr et à se massacrer officiellement depuis octobre 2002. Des massacres et tueries ont été commis par l’une contre l’autre et vice-versa ; massacres éhontés qu’on a souvent mis sur les dos des lendu. Pour couvrir le crime.
A Drodro, le mystère de 960 tués annoncés par des prêtres gegere est resté total depuis mai 2003. A Iga Barrière et dans la plaine de Kasenyi, on a souvent pris le devant pour pointer directement les lendu alors que dans bien des cas, la vérité était ailleurs.
Depuis la dérive autoritaire de Jean Chrysostome Lubanga, son déviationnisme vers Kigali et la guerre de leadership entre lui et Yves kahwa Panga, hema et gegere vivent comme chien et chat. Les hema instrumentalisés par Kampala ont développé la théorie selon laquelle « les gegere ne sont pas des hema » et les ont accusés d’être à l’origine de la guerre de l’Ituri et d’avoir massacré quantité des lendu. Combat de leadership récupéré par Kampala qui a mis les leaders hema en contact avec les milieux des mercenaires qui leur font miroiter des armes et munitions pour le contrôle de l’Ituri contre le pétrole, l’or et le bois.
Les leaders gegere caressés par Kigali reçoivent des armes et munitions pour régner seuls en Ituri. Des affrontements meurtriers de Drodro comme ceux avant dans les localités de Bogoro, Chomia ayant opposé au sein de l’UPC, hema et gegere mais sur le compte des lendu en témoignent.
Vers fin octobre 2002, le chef Yves Kahwa Mandro dénonçait le massacre des hema dans l’armée de l’UPC par les hommes de Jean Chrysostome Lubanga. En fait, Yves Kahwa Panga avait réussi à rebeller les hema de l’UPC contre Lubanga, et ce dernier, en colère, les aurait fait massacrer. Plus, Heritage Oil Corporation parlent du pétrole dans le lac Albert, plus il attise les haines ethniques et enflamme les passions feignant de chercher un partenaire fiable avec qui co-opérer.
Les derniers affrontements entre hema et gegere dans la plaine de Kasenyi à Chomia ne sont pas des actes isolés. Entre les leaderships (et intellectuels) hema et gegere, le divorce est consommé. Certes, les idéologues extrêmistes notamment gegere ont honte de cette situation et d’être mis à découvert mais les deux camps savent qu’ils n’ont plus rien ensemble. Comme s’exclamait un hema, si ces gens-là (NDLR les gegere) étaient nos frères, ils ne feraient pas tuer le Cmd Bagonza, Thomas Lubanga n’irait pas occuper de force la résidence de Jean-Baptiste Tibasima, l’actuel ministre de l’Urbanisme à Kinshasa pour en faire son Q.G. Là où il devait la protéger. En Ituri, outre la guerre entre lendu et hema, il y a aussi celle entre hema et gegere. Tous s’entretuent.
Justin Honlay
Pétrole du Lac Albert
Brian Smith (Heritage Oil) : « Il y a du pétrole (…) les belges ont abondonné faute de matériels »
Les Coulisses : M. Le Vice-président , pouvez-vous rassurer qu’il y a du pétrole dans la partie ougandaise du lac Albert ?
Brian Smith : Oui, il y a effectivement du pétrole seulement nous ne savons pas encore si la partie que nous explorons en contient en quantité suffisamment commerciable. Nous prospectons et déjà, la première prospection qui est allée jusqu’à une profondeur de 2487 mètres est prometteuse. On estime la deuxième exploration après 2650 à 3000 mètres pour conclure définitivement. Cependant, nous avons espoir de trouver mieux.
L.C. : Etes-vous informé des résultats de la prospection menée par d’autres firmes bien avant Heritage Oil ?
B.S. : Si. Vers 1990, la firme belge Fina a mené des études d’exploration en Ouganda et au Congo. A ma connaissance, ils ont abandonné vers 1993. Je pense qu’ils n’avaient pas assez de matériels et ils ont abandonné officiellement en 1997 du côté Ouganda.
L.C. : M. Brian, il semble que des chercheurs de l’Université américaine de Syracuse avaient conclu à une bonne quantité de pétrole dans le lac Albert. Etes-vous au courant ?
B.S. : Les chercheurs de cette université américaine dans l’Etat de New York ont été contactés pour des compléments d’éléments et conduit des explorations dans nombre de de pays comme au Malawi assistés par une compagnie australienne. Les travaux de prospection dans le lac Albert avaient été menés à huit clos avec l’Université de Syracuse. Ils sont partis avec quelques échantillons.
L.C. : M. Brian, ce lac appartient aussi au Congo. Avez-vous songé à prendre contact avec le gouvernement congolais ?
B.S. : Oui. Je suis régulièrement en contact avec le gouvernement à Kinshasa et je suis en train de négocier avec lui afin d’obtenir une licence d’exploration pétrolière dans le lac du côté congolais.
L.C. : Mais si demain il s’avérait que la grande quantité du pétrole et du gaz se trouvait dans la partie Congo, allez-vous renégocier avec l’Ouganda ?
B.S. : Avec le gouvernement ougandais, les négociations durent depuis 1996 et nous nous sommes installés en 1997. Aussitôt, nous avons pris langue avec le gouvernement congolais. Jusqu’à présent, nous n’avons encore signé aucun contrat avec le Congo. Nous espérons que maintenant où il y a un gouvernement de tous, le gouvernement congolais et nous, signerons le contrat nous autorisant à commencer les opérations d’exploitation du côté congolais. Je ne saurai dire exactement si la grande quantité du pétrole appartient au Congo comme je ne saurai l’affirmer pour l’Ouganda. Nous ne sommes qu’au début du programme d’exploitation.
L.C. : Au niveau de deux pays, il se pose le problème de l’insécurité. Qui vous sécurise, l’UPDF ou vous avez votre sécurité privée ?
B.S. : L’insécurité est du côté congolais. Nous opérons dans les frontières ougandaises sans problème d’insécurité et nous savons que l’UPDF sécurise nos travaux. Les choses seront différentes lorsque nous irons au Congo car la sécurité là-bas est très pauvre et il sera pour nous très difficile de travailler et d’installer les ouvriers qui vont diriger les travaux. Cette difficulté fait que nous ne saurons pas exposer nos gens à l’insécurité du côté congolais. Mais, pour conduire une opération explorative là-bas, nous serons obligés de louer un système de sécurité avec l’accord des autorités congolaises pour la protection de non agens. C’est clair.
L.C. : Certaines compagnies engagent des mercenaires pour sécuriser leurs installations. Vous ne l’envisagez pas comme en Angola ?
B.S. : Non ! Notre sécurité rapprochée est assurée ici en Ouganda par l’UPDF. Nous souhaitons qu’il en sera ainsi au Congo, de l’autre côté de la frontière. Concernant celle de nos installations, nous aurons des contacts avec les compagnies qui font profession de sécurité et surveillance. Il y en a qui travaillent en Afrique depuis plusieurs années, oui !
L.C. : Avez-vous évalué approximativement les quantités de barils à produire par jour ?
B.S. : Nous ne travaillons pas sur la quantité plutôt sur les potentialités. Nous espérons que le lac Albert dispose des potentialités en pétrole très considérables. C’est pour cette raison que nous prenons notre temps et notre patience pour mener à bien les opérations d’exploration pour déterminer si nous pouvons avoir du pétrole en quantité commerciable. Nous n’avons pas encore trouvé du pétrole mais cela ne va pas tarder.
Je crois bien que Heritage Oil va le trouver et si nous réussissons en Ouganda alors nous avons la chance de réussir aussi au Congo.
L.C. : Heritage Oil est une grande entreprise avec assez de moyens, comment allez-vous procéder ? Des pipe-line du lac Albert jusqu’à Mombasa ?
B.S. : Heritage Oil n’est pas une grande entreprise. Si nous trouvons une bonne quantité de pétrole et des huiles considérables pour la commercialisation, nous construirons une longue pipe line à l’Est de l’Ouganda jusqu’à Mombasa car la construction des oléoducs coûte très cher. C’est pour quoi il faut une quantité considérable pouvant être vendue et exportée sur le marché internationale. Dans le cas contraire, nous chercherons une compagnie à partir de l’Ouganda qui pourra exporter ce pétrole et le commercialiser sur le marché international. Et si au Congo, nous attrapions suffisamment du pétrole, la solution reste celle de faire passer le pétrole de l’Est du Congo vers Mombassa/Kenya en passant pas l’Ouganda.
L.C. : Que gagnerait le Congo à titre des dommages si vous détruisez son environnement écologique ? Que peut attendre la communauté locale ?
B.S. : Nous comptons construire des routes dans cette partie en très bon état qui seront très bénéfiques pour la population. Elles pourront aussi nous permettre de poursuivre nos activités dans la vallée. Nous aurons aussi à améliorer les communications locales avec le soutien des compagnies de communication. Nous avons aussi prévu d’aménager l’eau potable et des réservoirs d’eau pour la population. Nous allons encourager et soutenir les équipes de football en leur achetant des équipements sportifs … Il y a encore d’autres petits avantages dont bénéficiera la population locale notamment la création des emplois puisque nous aurons besoin de la main-d’œuvre pour appuyer notre opération d’exploitation. Si nous trouvons suffisamment du pétrole, le gouvernement va partager avec nous tous les bénéfices et il pourra naturellement avec ces moyens sécuriser la population des environs.
Pour le moment, nous n’avons pas encore intéressé le gouvernement congolais ni discuté avec lui de la sécurité des personnes et à propos de la biodiversité et de l’écosystème qui seront détruites autour du lac Albert.
L.C. : Pouvez-vous nous parler de votre compagnie ?
B.S. : Heritage Oil Corporation a été fondé vers 1992. Elle a juste 11 ans d’existence. Nous sommes devenus une entreprise publique entre 1998 et 1999. C’est une compagnie canadienne mais les managers sont des britanniques. Nous avons une direction au Canada et des bureaux à Londres, notre base des opérations pour l’Afrique. Je suis moi-même britannique et je m’occupe des prospections. Je suis vice-président chargé d’Exploration et Production d’Heritage Oil Gas Limited.
L.C. : En Afrique, à part l’Ouganda, dans quel pays opérez-vous ?
B.S. : Nous sommes également en Angola il n’y a pas longtemps. Nous sommes au Congo-Brazzaville où nous avons une compagnie pétrolière et ici en Ouganda une grnde exploration et sommes en pourparlers avec les autorités congolaises auprès de qui nous avons fait cinq demandes d’exploration. Nous comptons négocier avec un nombre des pays pour des explorations qui restent encore confidentielles.
Entretien avec Nicaise Kibel’Bel Oka
Kampala octobre 2003
« Kadogo, Enfants des guerres d’Afrique Centrale »
Hervé Cheuzeville : « Cent enfants démobilisés, mille mobilisés dans l’autodéfense à Goma »
Hervé Cheuzeville, né en 1960, en France, s’est familiarisé avec les drames en Afrique depuis près de 15 ans qu’il œuvre pour le compte de diverses ONG notamment l’Unicef. C’est cette expérience poignante qu’il partage avec le monde des lecteurs au sujet de laquelle La Rédaction l’a interrogé. Car, lui comme nous, il est venu, il a vu et il a vécu. Découvrons-le.
Les Coulisses : M. Hervé, vous venez de sortir un livre intitulé « Kadogo, enfants des guerres d’Afrique Centrale », quelle motivation vous a guidé ?
Hervé Cheuzeville : Je viens de passer 15 ans dans cette partie de l’Afrique notamment dans les pays ravagés par la guerre civile. A force d’accumuler les horreurs sur les oubliés de l’Occident, petit à petit le livre s’est imposé à moi. C’est une expérience tragique, un témoignage dur. En réalité, la goutte d’eau, ça a été l’expérience de démobilisation ratée notamment en Ituri.
L.C. : Ratée, parlons-en, car, en 2001 vous étiez dans l’avion avec les enfants soldats de l’Ituri. Notre journal en avait parlé créant une polémique avec SOS Grands Lacs !
H.C. : Vous avez raison. En 2001, je m’étais occupé pour le compte de l’Unicef de 165 enfants soldats congolais que j’ai ramenés à Bunia. La joie intense des retrouvailles familiales n’a été que de courte durée. Car, ces enfants démobilisés ont été aussitôt repris par les différents groupes armés de l’Ituri et un grand nombre est mort. Dure expérience car, en quelque sorte, c’est à cause de moi si ces enfants sont montés dans l’avion et je me sens quelque part responsable de leur mort.
L.C. : Après l’Ituri, vous aviez démobilisé à Goma. C’est toujours la même et dure expérience ?
H.C. : En avril 2001, nous avions démobilisé 104 enfants de l’armée de Goma. Ça a été une démobilisation très médiatisée par le RCD. Très rapidement après ladite démobilisation, on s’est rendu compte que 60% des enfants étaient des interahamwe appelés mongols négociés avec le Rwanda et recyclés à Mushaki. Nous étions le dindon de la farce. Un acte malhonnête de la part du RCD de présenter ces enfants mongols alors qu’il gardait « les siens » loin de caméra. En juillet 2002, des enfants déserteurs se sont présentés volontairement à mon bureau. A mon départ, une fois les 3 mois passés au centre de transit, bon nombre ont été repris par le RCD/Goma contre leur volonté. Ces deux expériences désastreuses en Ituri et au Nord-Kivu m’ont beaucoup affecté parce que je me sens toujours responsable.
L.C. : En clair, c’est plus par culpabilité que vous avez écrit pour vous défouler ?
H.C. : Oui et non, mais je dirais par responsabilité. En août 2002, Bunia tombe dans les mains de l’UPC. Alors, j’ai décidé de rompre le silence. J’ai commencé à écrire un article que j’ai proposé aux grands journaux français. Partout, une seule et même réponse : Qui s’intéresse à l’Ituri ? Les articles n’ont pas été acceptés. De 3 pages, je suis arrivé à 312 pages que voici. C’est, en réalité, un cri du cœur, pas une œuvre littéraire ni un ouvrage académique mais l’__expression de « trop, c’est trop » qu’il fallait témoigner.
L.C. : Votre livre ne parle pas que du Congo. Est-ce que les seigneurs de guerre d’Afrique ont les mêmes stratégies ?
H.C. : J’ai incorporé mes expériences du Sud Soudan, de l’Ouganda, du Rwanda. Ce sont des itinéraires comparables avec les mêmes genres de stratégie, même genre d’initiation sanglante. C’est-à-dire forcer une nouvelle recrue enfant à commettre des atrocités avec deux objectifs à savoir, l’endurcir et rendre son retour en famille impossible, liant ainsi son sort à celui des seigneurs de la guerre.
L.C. : Comment expliquez-vous ce goût des enfants à caresser la kalachnikov ?
H.C. : Il y a deux scénario. D’une part, le recrutement forcé individuel ou collectif allant jusqu’au rafle dans des écoles et d’autre part, l’enrôlement « volontaire ». Dans ces pays où il n’existe plus d’école et où sévissent les crises économiques, les enfants sont dans l’oisiveté. Le prestige (imitatif) de l’uniforme tente. Mais il y a pire, la pression communautaire sur une savante propagande insidieuse demandant à chaque famille d’envoyer un enfant pour défendre la communauté. Une fois, l’enfant est recruté, on fournit des drogues, de l’alcool pour leur permettre de commettre des atrocités. Par exemple, Gaston l’un des enfants soldats démobilisés, était chargé d’exécuter les prisonniers dans un état second.
L.C. : Vous qui démobilisez, remarquez-vous un changement d’état (intérieur) dans ces enfants ?
H.C. : Oui. Chaque enfant se rend compte qu’il est tombé dans un piège et au fond de lui-même, nourrit le désir de retourner à la maison et de rentrer à l’école mais il faut casser en lui l’emprise psychologique de la peur. Car, chaque enfant reste au fond de lui-même un enfant. Il faut les mettre dans un cadre où ils peuvent évacuer les horreurs.
L.C. : Hervé, vous avez connu des seigneurs de guerre et avez discuté avec certains. Un portrait robot. Qu’est-ce qu’un seigneur de guerre ?
H.C. : Dans des circonstances normales, c’est une personne qui aurait continué à vendre le haricot au marché et on n’en parlerait pas du tout. Adolph Hitler était un mauvais peintre. Il serait mort dans l’oubli total or les circonstances de la guerre l’ont propulsé à un niveau inimaginable jusqu’à commettre des crimes industriels. Les seigneurs de guerre ne l’auraient jamais été si les circonstances n’avaient pas été ce qu’elles ont été. Deux facteurs les ont élevés. D’abord, le réseau maffieux dans l’ombre qui propulse (facteur interne) et enfin, après l’invasion (il n’y a pas de rébellion), l’envahisseur a créé des pseudo rébellions pour légitimer sa présence. Des gens se sont vendus et ont surgi en seigneur de guerre. Ils seraient morts ignorés, des leaders de la collaboration, des personnages avec lequel il faut compter aujourd’hui intégrés dans le gouvernement de Transition.
L.C. : Revenons à Goma où il y a le langage de l’auto-défense. Y-a-t-il une démarcation entre enfants soldats et auto défense ?
H.C. : Au nord-Kivu (RCD/Goma) 100 enfants démobilisés, mille (1000) enfants mobilisés hors caméra au nom de cette auto-défense. Il n’existe aucune frontière entre autodéfense et l’armée de Goma (ANC). Pour eux, la démobilisation, c’est de la poudre aux yeux qui permet aux seigneurs de guerre de se donner une image de respectabilité et de responsabilité.
L.C. : Selon vous, quel est le remède pour mettre fin au phénomène Enfants soldats ?
H.C. : Il faut démobiliser, toujours démobiliser, garder les enfants dans des centres de transit, les remettre en famille à la seule condition d’assurer le suivi. Car, ce qui manque, ce sont des programmes post-démobilisation (école, métier …). Le remède reste la réintégration par l’éducation.
L.C. : Quel sort devrait-on réserver alors aux seigneurs de guerre, à votre avis ?
H.C. : Je ne souhaite la mort de personne mais qu’ils puissent demander pardon aux populations martyrisées, aux enfants abusés. La réconciliation nationale doit être basée sur le pardon réciproque car nul n’a le monopole de la souffrance. En RDC, une Commission Vérité et Réconciliation où tout le monde viendrait exprimer ses souffrances et dire celles imposées aux autres vaut la peine. Le processus actuel ne doit pas être limité au partage du gâteau mais à un pardon réciproque sur base duquel le nouveau Congo doit être fondé. Il ne faut pas que les seigneurs de guerre deviennent des « Excellences et Honorables » laissant les victimes comme des oubliés de la paix alors qu’elles doivent être parties prenantes dans le processus en cours.
L.C. : On risque de vous taxer d’idéaliste, de rêveur, non ?
H.C. : Si tel est le cas alors qu’ils se retrouvent tous à La Haye, Arusha… je leur enverrai un exemplaire du livre pour méditer. Rehema Dejjü, c’est le premier garçon tué des 165 enfants soldats que nous avons ramenés en Ituri.
A Bâton rompu avec
Nicaise Kibel’Bel Oka
Lire utilement Hervé Cheuzeville : « Kadogo, Enfants des guerres d’Afrique Centrale », Paris, l’Harmattan, 2003, 312 pages.
Ah ! Cette Monuc de Lubero !!!
La Monuc empêche 4 journalistes de Beni de voir les armes et munitions prétendues détruites
La Monuc en RDC semble vraisemblablement une machine à deux vitesses. La Monuc Ituri n’a rien à voir avec la Monuc du pays des nande. Drôle !
Tenez !
Vendredi 10 octobre 2003 vers 8h30’, les habitants de Lubero ont été abasourdis par deux explosions provoquées par les sud’africains de la Monuc. Selon le major sud’africain Ortlepp, commandant du contingent de la Monuc Lubero, il s’agissait de la destruction des armes et munitions saisies auprès de différents groupes armés actifs dans le Grand nord. Selon lui.
La veille, jeudi 9 octobre, l’hélicoptère de la Monuc a amené quatre journalistes de Beni à Lubero pour couvrir l’événement de ladite destruction qui, il faut le souligner, devait être le démenti de ce que le journal Les Coulisses avait écrit, à savoir la Monuc a refusé de signer le procès verbal de la destruction des armes et munitions saisies auprès des FAPC de Jérôme Kakwavu. Déplacement touristique s’il en était un.
Le major Ortlepp n’a pas permis aux journalistes de voir de leurs propres yeux les armes et munitions à détruire et ce, avant de les détruire. Lorsqu’on a amené les journalistes, il y avait déjà des explosions avec indication verbale que celui qui s’y approcherait le ferait à ses risques et périls. Alors pourquoi a-t-on amené les journalistes qu’ils n’ont même pas logés ni nourris ? L’on peut s’interroger si réellement il s’agissait bien des munitions et armes saisies ou c’était de la dynamite déposée sur des pierres qui avaient explosé. La Monuc, décidément, prend des congolais pour des idiots, en organisant pareille excursion aux frais des journalistes. En tout cas, la récupération des armes et munitions auprès des groupes armés dans le Grand nord, ancien territoire du RCD/K-ML, en vue de leur destruction reste un tabou, un secret des sud’africains basés à Lubero. Il doit y avoir anguille sous roche.
Selon toujours le major Ortlepp, les armes et munitions détruites étaient composées de 3 fusils automatiques légers, 4 lance-roquettes, 10 mortiers de 82 mm, 36 mortiers de 60 mm, une M16, 1 roquette de 73 mm et 1 autre de 150mm. Il s’agissait d’après lui-parce qu’il est le seul à les avoir identifiées – des armes et munitions saisies à Beni le 20 juillet 2003 et de celles abandonnées par l’APC/RCD-ML et/ou l’ANC/RCD/Goma lors des affrontements d’Alimbongo. Parmi les munitions supposées détruites, il y aurait 9 boîtes de cartouches. Tout cet arsénal militaire serait de fabrication russe, chinoise et tchèque. Le journal Les Coulisses qui avait dénoncé en son temps le refus des sud’af à signer le P.V. de destruction continue de croire à une mascarade, à de la poudre aux yeux. Le major Ortlepp n’a pas fait allusion aux armes remises à la Monuc par les combattants maï-maï venus de la localité de Manguredjipa au mois de septembre 2003.
Ces dix armes et munitions, malgré leur état mais puisqu’elles tuaient, n’ont pas été détruites, selon nos sources. L’on comprend qu’en jouant le double jeu, le contingent sud’africain de la Monuc soit accusée par la population de Lubero d’être complice des rwandais qui jurent toujours par l’occupation du Grand nord. La Monuc DDRRR qui s’est donné mission de désarmer les forces négatives a suffisamment prouvé son incompétence et son manque de sérieux à Lubero. Ce n’est pas en créant des émissions sur radio Okapi en kinyarwanda pour des populations parlant parfaitement swahili que les forces dites négatives vont quitter leur maquis. Alors ou c’est la Monuc qui est dupe ou c’est la population congolaise. Dans les deux cas, cette Monuc-là au pays nande ne travaille pas pour la paix en RDCongo. Autrement, nous mettrons notre doigt au feu.
Les Coulisses
