KINSHASA EN EBULLITION : FIN DE WEEK -END ET DEBUT DE SEMAINE MOUVEMENTES.
KINSHASA EN EBULLITION : FIN DE WEEK -END ET DEBUT DE SEMAINE MOUVEMENTES.
1°. Accrochage à l’Institut National des Arts (I.N.A.), samedi 6 décembre 2003.
La semaine qui s’est achevée a été marquée par un événement social particulier dans la Ville de Kinshasa. Samedi 6 décembre 2003, tôt vers 8 heures 3O’, l’I.N.A. (Institut National des Arts) a été envahi par des hommes en arme. Paniqués, les étudiants qui n’ont rien compris dans un premier temps, se sont éparpillés dans les maisons jouxtant l’Institut avant de se regrouper plus loin et faire le point de la situation.
D’après une source très bien informée, la présence des hommes en arme s’expliquait par une plainte déposée par la famille Litho Moboti qui tient à « récupérer » le bâtiment abritant actuellement l’I.N.A. et qui serait sa propriété.
L’intervention musclée des hommes en uniforme n’a pas été appréciée par les étudiants. Las d’engager des pourparlers, des coups de feu ont été tirés et les étudiants se sont défendus en jetant des pierres sur des agents de l’ordre ; qualifiés « d’assaillants »pour la circonstance.
Peu après, les étudiants se sont rassemblés pour une marche de protestation en direction de l’Hôtel de Ville de Kinshasa en vue de formuler leur revendication à l’autorité urbaine.
Ce cas est vraiment déplorable et illustre à suffisance le peu d’intérêt que l’on accorde à l’enseignement technique dans notre pays.
Pour mémoire, rappelons que l’Institut National des Arts ( anciennement Conservatoire National de Musique et d’Arts Dramatiques) fonctionnait dans les bâtiments de la « CULTRANA » construit sur le terrain où est érigé aujourd’hui le Stade des Martyrs, dans la Commune de Kinshasa, près du Pont Kasa- Vubu, anciennement Pont Cabu.
Le pouvoir de l’époque avait cru bon de déloger l’I.N.A. pour hâter les travaux de construction du Stade et autorisé que les étudiants, le personnel académique et administratif de cet Institut s’installe désormais dans l’immeuble situé aux coins des avenues du Commerce et du Syndicat, dans la Commune de la Gombe, près de l’Entreprise
« 5 à Sec ».
Depuis plus de 23 ans que l’I.N.A. est installé là, la famille Litho Moboti ne s’est jamais manifestée pour régler la restitution de « son » immeuble. D’où vient alors que plusieurs années après, elle fait état de la restitution d’une maison cédée par l’Etat à un Institut d’Enseignement Supérieur reconnu officiellement par toutes les Instances Nationales ?
Cette question est sur toutes les lèvres des Kinois depuis samedi matin.
La solution viendra-t-elle de l’Hôtel de Ville ? Du Ministère de l’Enseignement Supérieur ? Ou le Gouvernement devra-t-il statuer en Conseil des Ministres comme le suggèrent les étudiants ? Le suspens demeure.
2°. GRAVES INCIDENTS A L’I.S.T.A./ N’DOLO (INSTITUT DES SCIENCES ET TECHNIQUES APPLIQUEES), CE LUNDI 8 DECEMBRE 2OO3.
L’I.S.T.A./NDOLO a connu une matinée particulière, ce lundi 8 décembre 2003. Comme pour l’I.N.A. samedi matin, des hommes en uniforme ont envahi l’Institut, tôt le matin. Ils ont été, semble-t-il, appelés en renfort par le Directeur Général de cet Institut pour contenir la colère des étudiants qui protestaient contre une majoration des frais académiques dont le taux en dollars américains resté fixé à 42O FC pour 1$ usd au lieu de 365 FC comme cela se fait sur le marché de change.
Les policiers qui sont arrivés sur les lieux ont été accueillis par des jets de pierre et des cris « Bozonga na bino, makambo oyo etali bino te ». Traduction : « Rentrez dans vos casernes et laissez-nous régler seuls cette affaire interne ».
Un premier coup de feu aurait été tiré en l’air tandis qu’un second retentissait blessant un étudiant à la jambe droite. Ce qui a eu pour effet d’énerver davantage les nombreux étudiants ;lesquels armés de barres de fer, de pierres et des morceaux de bois, se sont rués vers les agents de l’ordre.
Une pagaille indescriptible s’en est suivie : des véhicules allant dans tous les sens, des passants en fuite et criant à tue-tête…
Des piétons en provenance de N’dolo ont raconté avoir vu des corps étendus, inertes ainsi que des blessés dans l’impossibilité d’être secourus ; tant la confusion était totale.
L’opinion sera certainement fixée dans les heures et jours qui viennent sur la nature réelle et l’origine de ces incidents. Nous déplorons simplement que des événements aussi tristes et malheureux surviennent au moment où le pays connaît déjà d’autres catastrophes (maritime, terrestre et ferroviaire) dont la Nation est loin de s’en remettre.
3°. DES NOMBREUX COMMERCES FERMES SUR l’AVENUE DU COMMERCE.
Les magasins, boutiques et autres commerces se trouvant sur l’avenue du Commerce, dans la Commune de la Gombe, sont restés fermés ce lundi matin.
Le personnel congolais employé chez les Expatriés (Libanais, Juifs, Hindous, Coréens et Chinois) ont décidé d’aller en grève….pour protester contre leurs mauvaises conditions de travail (salaires insignifiants, traitements humains dégradants, horaires élastiques, etc.…).
De nombreux badauds ont encouragé le personnel congolais qui est resté bras croisés, devant leurs lieux de travail. D’autres ont conspué abondamment les « patrons » qui s’évertuaient à supplier leurs employés à reprendre le travail.
Scènes à la fois burlesques et impensables mais qui invitent à la réflexion ; tant de nombreuses questions demeurent : Qui a raison ? Qui a tort ? Pourquoi cette situation maintes fois dénoncée n’a-t-elle jamais trouvé de solution définitive ? Pourquoi le Ministère du Travail ferme-t-il les yeux sur des abus de tous genres commis à l’endroit des compatriotes par des commerçants expatriés véreux et récidivistes ?
Le mouvement qui risque de s’étendre à d’autres commerces fait craindre le pire pour l’économie déjà fragilisée de notre Ville. Il y a lieu que les autorités compétentes se penchent sur cette situation pour préserver tant soit peu le minimum de calme social qui règne dans la capitale, en cette veillée des fêtes de fin d’année.
