POURQUOI LE TORCHON BRULE A L'UNIVERSITE DE KINSHASA: DISCOURS D’INTERPELLATION DU COMITE EXECUTIF DE L’ACS-Unikin

Distingués Collègues,
Honorable Assemblée,

J’ ai la lourde tache et l’agréable devoir de vous présenter la note d’interpellation de notre comité exécutif et d’articuler en homme libre devant l’une des grandes sociétés savantes de notre cher et beau pays, la RDC, les motivations qui fondent l’initiative de ce jour sacré. Cet acte de requalification des activités de notre association, cette volonté de reformulation par un questionnement permanant des enjeux de notre corps pour une marche heureuse et harmonieuse, cet acte dis-je, est un exercice normal par ailleurs mais qui, chez nous, prend le contour d’un acte révolutionnaire à la suite de l’accumulation des erreurs et une soumission béate à un fonctionnement anachronique et indigne de chercheurs que nous sommes. Voila pourquoi, si sortir notre corps de sa léthargie et d’un conformisme obsolète et quasi colonial est un devoir sacré, je me réjouis de saluer votre présence massive comme une manifestation des hommes libres conscients de leurs droits et devoirs. Et partant, la fin de la monarchie qui s’est installée à la tête de notre corps. Et donc c’est ensemble et dans le même esprit d’indépendance que nous allons ici et maintenant décortiquer le mode de gestion de notre association et donner un contenu à nos actions pour que plus jamais à l’avenir nous ne soyons de nouveau victime de l’imposture, de l’anachronisme et de la caporalisation de notre corps à cause de la soumission à la médiocrité et à l’opacité.
Distingués collègues,
Honorable Assemblée,

Le Comite Exécutif en place pour l’essentiel de ses membres va totaliser bientôt 4 ans à la tête de notre communauté. Mais pour ne prendre que la période du deuxième mandat, nous pouvons totaliser à ce jour plus de 18 mois de fonctionnement. Ce comité n’est présent qu’à l’occasion des opérations relatives à la paie de la prime et de l’encadrement des prises en charges. Encore que même à ce niveau, il faut user des talons de chaussures pour espérer rencontrer quelqu’un au bureau.
En dehors de ces opérations, c’est le silence absolu. Après ces opérations, c’est le noir total. Que fait-on des fonds reçus ? Quelles sont les perspectives ? Aucune initiative au sens de rendre au corps toute sa souveraineté de mandat de souverain primaire ne vient depuis plus de 18 mois. Pourtant, ce n’est pas le courage qui a manqué dans la communauté ! Une pétition initiée par quelques collègues sous l’impulsion de l’assistant LAMES en dépit du nombre des signatures requises par l’article 13 de nos statuts est restée lettre morte et a été jetée à la poubelle de l’histoire par nos princes.
Aussi, Distingués collègues, honorable assemblée, commençons par le point de départ, c’est-à-dire nos statuts. Que disent-ils :
I.Des objectifs de l’ACS.
L’article 4 de nos statuts attribue à l’ACS les objectifs suivants :
1. Encourager ses membres à assumer convenablement leurs taches d’enseignement, d’encadrement et de recherche scientifique au sein de l’Université.
2. Défendre les intérêts de ses membres
3. Œuvrer pour la relance des activités scientifiques et culturelles à l’Université de Kinshasa par l’organisation des conférences et des séminaires,
4. Promouvoir les échanges inter facultaires et favoriser la collaboration entre les chercheurs en vue du montage de projets d’intérêt communautaire ;
5. Favoriser la diffusion de l’information par la création d’un bulletin de liaison ;
6. Favoriser la concertation entre les chercheurs et les autres partenaires (l’Etat, les entreprises privées et publiques, les ONG, les organismes internationaux) en vue de promouvoir la recherche-développement ;
7. Entretenir des relations suivies avec d’autres associations savantes de la RDC, d’Afrique et du monde.
Aucun de ces objectifs n’a été atteint en 4 ans de mandat par notre comité comme vous pouvez individuellement l’apprécier.
II. Des organes de l’ACS
L’ACS-Unikin comprend 4 organes :
- L’Assemblée Général (A.G.) ;
- Le Comité Exécutif (CE);
- Le Comité Exécutif Elargi (CEE);
- Le Collège des Commissaires aux Comptes (CCC).
II.1. De l’Assemblée Générale
L’article 12 de nos statuts stipule : « L’AG se réunit trois fois l’an en session ordinaire ; au début, au milieu et à la fin de l’année académique. Elle se réunit en session extraordinaire chaque fois que l’intérêt de l’association l’exige. L’article 13 donne la forme de sa convocation : « L’AG est convoquée par le Président du Comité Exécutif ou à la demande de 1/3 de membres effectifs ». A ce niveau, qu’il me soit permis de rappeler aussi que notre comité exécutif n’a jamais appliqué ces dispositions statutaires alors que nous approchons la fin du mandat de 2 ans. Aujourd’hui, secoué par la lame de fonds, la tempête de vos revendications et interrogations permanentes auxquelles la rencontre de ce jour donne une force irrésistible, ce comité affolé, se rappelle les bons usages que sont « la présentation des vœux et le cocktail ». On se pose alors la question de savoir s’il s’agit des vœux pour cette année qui s’achève ou pour celle qui va commencer bientôt? A chacun d’apprécier l’opportunité de cette démarche… Mais à notre avis, l’occasion faisant le larron, toute honte bue, il va présenter les vœux des deux années à la fois ! Et de la tenue annoncée de l’Assemblée Générale Ordinaire le 17 janvier 2004, elle procède du même opportunisme. Sans nous dire quel pourcentage il va nous payer, le comité exécutif compte se dédouaner et surtout mettre le corps devant un fait accompli qui consiste à dire : voilà, on pensait qu’on allait rien donner mais, on a quand même payer quelque chose… Non. Nous disons non à une telle démarche de tricherie. Le corps a le droit de savoir avant cette paie du 10ème mois de la prime, combien nous allons toucher et quels sont les problèmes qui se posent ! Le moment indiqué pour une telle réponse, c’est maintenant et non le 17 janvier 2004 lorsque le fait accompli sera déjà consommé.
II.2. Du Comité Exécutif
L’article 17 de nos statuts stipule entre autres : « Le Comité Exécutif
- Propose le taux de cotisations à l’AG ;
- Propose la hauteur du budget de fonctionnement de l’association pour l’exercice ;
- Présente le rapport annuel d’activités à l’AG;
- Dresse un bilan à la fin de son mandat ;
- Se réunit en comité élargi avec les délégués facultaires chaque fois que l’intérêt de l’association l’exige ;
- Entreprend toute action jugée nécessaire pour la promotion de ses membres au sein de l’Université ».
En toute honnêteté, on peut constater aussi à ce niveau que le mode de fonctionnement de l’ACS-Unikin est en dehors de nos statuts depuis très longtemps. Aucune de ces exigences statutaires n’a été accomplie à ce jour.
II.3. Du Comité Exécutif Elargi
Il s’agit du comité exécutif élargi aux délégués élus par les Facultés et Centres. Cet organe, qui au terme de l’article 29 de nos statuts a pour tache :
- De conseiller le CE ;
- De diffuser l’information au sein des facultés respectives ;
- D’assurer le suivi de l’application des décisions de l’AG et du CE au sein des facultés respectives.
Il se réunit selon l’article 30 une fois par mois sous la direction du Président du CE.
A ce niveau également, il n’y a pas eu de miracle. Aucune réunion n’a été tenue parce que personne d’entre nous n’a lu quelque part un compte rendu y afférent, la coordination estudiantine même est imbattable en matière de respect de la base au vu du nombre de compte rendus affichés par an. N’évoquons pas nos aînés de l’APUKIN, ayons simplement du respect pour leur sens d’organisation !
II.4. Du collège des commissaires aux comptes
Son rôle au terme de l’article 32 est de vérifier les livres de caisse et des comptes, la régularité et l’exactitude des inventaires et des bilans du C.E et d’en faire rapport à l’A.G. Il comprend deux membres élus par l’A.G. pour un mandat d’une année renouvelable une fois.
C’est ici le comble de la situation. A ce jour, distingués collègues, honorable assemblée, le mandat de nos contrôleurs est terminé depuis plus de 6 mois en l’absence d’une assemblée pour le constater. Je vous demande aujourd’hui non seulement de le constater avec moi, mais aussi de l’acter. Nos statuts sont clairs à ce point de vue, il n’y a pas de prolongation automatique.
Donc, le C.E. est seul maître de finances de l’association et personne ne peut à ce jour vouloir contrôler ces comptes et nous rendre compte. Son rapport fait autorité et s’impose comme tout fait de prince.
Distingués collègues
Honorable assemblée,

Cette analyse juridique montre si besoin en était, que notre association fonctionne en dehors du cadre statutaire que nous nous sommes donné. Le silence continu contraste avec notre qualité de membre d’une association savante.
Au dessus de nous , il n’y a que les aînés de l’APUKIN. Il y a lieu de nous réveiller et d’adapter notre comportement à la marche du monde universitaire tel qu’il fonctionne dans le monde entier. L’Université est un centre de rayonnement, un lieu d’interrogation et de réponses, un carrefour d’idées et des projets de développement, un cadre d’excellence où doit être évacuée toute médiocrité qui consiste à recourir aux rites et sorciers du village quand il s’agit tout simplement d’organiser une société ou un cadre moderne de rationalité et de sociabilité axée sur le respect de la démocratie, de la transparence et de la bonne gouvernance pour plus d’efficacité et de progrès. Laissons donc nos rites des villages pour nous occuper des valeurs cardinales de sociétés modernes que notre qualité d’intellectuels et savants nous recommande en redonnant un nouvel élan à l’ACS.
Au delà donc de ces manquements graves, qu’il me soit permis de rappeler à l’honorable et auguste assemblée que non seulement notre comité exécutif nous doit des explications, mais aussi des comptes que le silence actuel se charge de couvrir en priant pour que notre naïveté supposée laisse filer le temps et le débiteur qui court toutes jambes déployées vers la fin de son mandat en toute impunité.
Qu’il vous souvienne qu’au cours de la paie de la prime du sixième mois de l’exercice 2001-2002, l’ACS s’est endettée auprès de chacun d’entre nous en nous retranchant 5,00 $ US d’autorité sans accord de l’A.G. Ce montant n’est pas encore remboursé. Au cours de la paie du 7e mois du même exercice, il a été retenu à chacun autour de 1200 FC soit un peu plus de 3,00 $ US. Cette somme également n’est pas encore remboursé à ce jour.
Au regard de tous ces manquements et litiges, un cartésien ne peut pas s’arrêter sur le chemin de la présentation des faits. Il y a un devoir moral de proposer aussi des pistes de sortie étant donné la gravité des faits relevés. Aussi, en toute modestie, le Comité de crise propose à votre honorable et auguste Assemblée souveraine, les mesures conservatoires suivantes :
1°) La reconnaissance de la souveraineté de l’AG de ce jour telle que reconnue par nos statuts ;
2°) La mise sur pied d’une commission de révision de nos statuts pour les adapter au fonctionnement moderne, démocratique transparent et basé sur la bonne gouvernance.
3°) L’élargissement, la constitution et la reconnaissance du Comité de crise comme seul cadre de représentation de notre corps devant toutes les instances en attendant les élections.
4°) Le contrôle de toutes les opérations et procédures de la paie du 10ème mois et de nos comptes par le comité de crise qui devrait rendre compte de son rapport à l’AG à convoquer avant toute paie.
5°) L’invalidation de toute représentation du corps au niveau de la cellule de gestion, du conseil des partenaires faite par le comité défaillant.
6°) Informer les autorités académiques de cette nouvelle dynamique de l’ACS pour éviter que le comité défaillant ne s’arroge encore un quelconque droit.
7°) Interdiction de l’organisation de la cérémonie projetée le 27 décembre 2003 par le comité défaillant avec notre argent mais sans notre consentement.
8°) Le refus de se présenter devant le souverain primaire ce jour vaut une démission et l’AG en prend acte.
En définitive chers collègues, Honorable et Auguste Assemblée, puisque ni l’Assemblée Générale (AG), ni le Comité Exécutif Elargi (CEE), ni même le Collège des Commissaires aux Comptes (CCC) ne se sont réunis conformément aux dispositions statutaires en raison du verrouillage intentionnel par un dirigeant fin mandat, qui a acheté le silence de tous ses collaborateurs, comment peut-on aujourd’hui moralement, juridiquement, sociologiquement et surtout intellectuellement s’opposer à la dynamique de refondation, au souci de reformulation d’une nouvelle convivialité au sein de notre corps en se réfugiant derrière les mêmes statuts qu’on a soi-même violé copieusement et avec mépris ?
Voilà pourquoi, nous saluons ici votre courage et votre présence comme l’expression d’un nouveau départ pour une nouvelle ACS unie, décentralisée et efficace.
Je dis et je vous remercie.
Fait à Kinshasa, le 20 décembre 2003.
Robert Tshilombo Kalolo
Chef de travaux.