RAPPORT D’ECOUTE DU 15ème EPISODE DU FEUILLETON « MWANA NDOKI TE ».
Stéphanie, Léandrine, Nancy, Jolie, Patricia, Solange, Véronique, Nelly, Natacha, Annie, Mauricette, Mimy, Gloria, Aimée et Carine sont étudiantes à l’Université Technologique Bel Campus de la 8ème Rue/Limete, au Quartier Industriel. Nous les avons invitées à participer à l’audition du 15ème Episode du Feuilleton « Mwana ndoki te » aux côtés d’autres jeunes filles : Bibiche, Aldegonde, Felly, Jeannette, Jacky, Elysée, Félicité, Pauline, Sandra, Passy, Nicole et Evelyne, venues elles des Facultés Catholiques de Kinshasa.
Nous n’avons pas regretté le choix opéré sur nos amies et sympathisantes car elles ont été vraiment à la hauteur des espoirs que tout notre Groupe avait placés en elles.
Après le mot de bienvenue prononcé par Monsieur Baudouin MATALATALA, notre Chargé de Formation Littéraire, le tour est revenu à notre Directeur Artistique, Monsieur Nono KANZUMBA pour fixer les esprits, circonscrire le cadre de la séance de ce jour avant de passer à l’audition proprement dite du 15ème Episode qui a été précédé de l’écoute des 12ème, 13ème et 14ème Episodes auxquels une attention très soutenue a été accordé.
Les 27 filles – invitées nous ont surpris tant par leur discipline tout au long de deux heures et demi passées ensemble et qui se sont écoulées très vite, à leurs dires que par la profondeur, la cohérence, la logique et la pertinence de leurs interventions. Etudiantes en communication, en philosophie, en économie de développement et en informatique de gestion, elles ont étalé leur savoir par des analyses d’une rigueur scientifique honorable que malheureusement la réalité quotidienne vient chaque fois contredire.
Il suffit de se rappeler quelques-uns de leurs propos pour se convaincre de la véracité de leurs propos :
Pour Stéphanie : « le problème des enfants de la rue ne pourra jamais trouver des solutions durables tant que la décideur politique (Gouvernement) n’aura pas pris des mesures coercitives indispensables pour juguler ce mal qui répand la terreur et suscite la honte dans notre société … »
Gloria (à Stéphanie) : - « Et quelles sont, d’après vous, ces mesures coercitives indispensables pour la remise en ordre dans ce secteur social ? »
La réponse ne se fait pas attendre. Elle vient de Mauricette qui vole au secours de sa collègue d’auditoire :
« Donner un salaire convenable aux parents qui ont déjà la chance de travailler aujourd’hui de manière à ce qu’ils prennent en charge et de façon honorable leurs enfants. Créer des emplois – même de niveau moyen – pour engager ceux des parents qui sont sans travail et envoyer dans des centres d’apprentissage professionnel placés sous la responsabilité des religieux ceux des enfants mineurs et adolescents qui ont la rue comme domiciles… »
Sandra rétorque en ces termes : « Ne discutons pas comme si nous ne connaissions pas les réalités sociales, économiques et politiques de notre pays. Il n’existe plus d’industries chez nous, il y a treize ans que tout a été pillé. Les quelques sociétés qui semblent encore fonctionner sont tenues par des expatriés (libanais, pakistanais, chinois, coréens, hindous) qui paient médiocrement leur personnel. L’Etat est en déliquescence et n’a pas tous les moyens de sa politique. Je trouve que l’éducation des enfants incombe avant tout aux parents qui doivent s’assumer et l’assurer avec bonheur et fierté quelque soient les circonstances… »
Pauline et Passy enchaînent : « Voilà qui revient à souligner ici et avec force le rôle majeur des parents quant à leur responsabilité dans la planification des naissances. La plupart des enfants de la rue proviennent des milieux défavorisés où les conditions de vie sont astreignantes. Les parents ayant mis au monde beaucoup d’enfants et souvent en désordre se retrouvent sans ressources appropriées et larguent leurs rejetons sur la rue pour se « débrouiller ». Des jeunes contractent des unions libres entre eux et dans la rue. Il en résulte des enfants qui n’ont aucun statut social. Et le cercle des « sans domicile fixe », des « shégués », des voyous et des apprentis-assassins et voleurs s’élargit au grand malheur de notre société.
La seule solution valable, c’est l’éducation et la formation des parents à tous les niveaux… »
Felly s’insurge : « C’est bien vrai mais le mal présent est là. Bien palpable. Avec des résultats que tout le monde déplore. QUE FAIRE ? C’est ça la grande question. »
Jeannette : « C’est simple. Il faut convoquer un grand Colloque au Centre Catholique Nganda ou au Centre Bondeko et réunir toutes les personnes concernées par ce problème : les membres des institutions politiques (Parlement et Sénat), du Gouvernement, les responsables des confessions religieuses catholiques, protestantes et kimbanguistes notamment. On ne manquera pas d’associer les Organismes Internationaux spécialisés (UNESCO et UNICEF) ainsi que les ONG locales impliquées positivement dans la recherche des voies et moyens susceptibles de favoriser la réinsertion de ces enfants dans leurs anciens milieux de vie.
Les décisions prises à cette occasion feront office de lois et quiconque transgressera ces mesures sera sanctionné avec la dernière rigueur. L’exemple pourra servir pour les sceptiques et les parents irresponsables. C’est, à mon sens, de cette seule façon que nous pourrons espérer mettre petit à petit fin à ce fléau social. »
Elysée (sourit) : « C’est acté pour le futur mais dans l’immédiat, que faire ? Comment arrêter le mal déjà profond pour ceux qui ont déjà choisi la rue comme lieu d’accueil ? »
Aldegonde : « Le Service National existe toujours, n’est-ce-pas ? Voilà une main d’œuvre gratuite pour la Reconstruction Nationale. »
Bibiche ( souriante) : « C’est vrai qu’il nous est permis de rêver. En voilà l’occasion »
Jeannette : « Que voulez-vous dire ? »
Bibiche : « La tentative a déjà été faite par le passé et ça été un échec regrettable. Tous ces jeunes partis à Menkao, Mbakana et Dumi ont fini par revenir (certains à pied) à Kinshasa ou, disent-ils, les conditions de vie sont meilleures à celles de la campagne ».
Que faire alors ?
Que tenter d’autre ?
Que proposer ?
Que faire qui puisse donner de l’espoir à ces jeunes, tranquilliser les parents concernés et sécuriser les nombreux kinois victimes des actes répréhensibles posés par ces jeunes délinquants ?
De commun accord, les participants à la séance d’écoute de ce samedi 31.01.2004 ont retenu la proposition de notre amie Jeannette. Quitte à contacter dès maintenant tous les secteurs et milieux concernés afin de rendre possible et réalisable cette initiative. Jeannette et Gloria ont été choisies comme « déléguées féminines » des étudiantes de ces deux Institut et Université au cas où ce Colloque a effectivement lieu un jour.
La proposition a été retenue pour être transmise au Centre Lokole « Search for Common Ground » en R.D.C.en vue de sa matérialisation.
Au bout de près de deux heures quarante cinq minutes d’échanges, la séance a pris fin à 18 heures 30 par un rafraîchissement.
Fait à Kinshasa, le 31.01.2004
