Vie traumatisante à Bukavu:Des civils maltraités, des militaires congolais désactivés, la MONUC observe
L’opération « ville morte » déclenchée à Bukavu ce lundi 1er mars 2004 est à sa deuxième journée consécutive. Mis à part les offices religieux et les stations radio, tous les autres services publics ou privés sont soit en veilleuse soit au ralenti. Cette situation risque de prendre une tournure grave si des mesures gouvernementales urgentes ne sont pas prises à temps.
Ce mardi, 02 mars courant, il s’observe, dès le petit matin des prépositionnements militaires sur tous les carrefours : Place de l’Indépendance, Feux-Rouges, Kotecha, Sonas, Marché Nyawera, ISP, Chikiza, Major Vangu, Rond-point Carrefour, ... et presque tous les recoins de la ville. Au centre ville, les miltaires congolais ne faisant pas l’escorte des officiers, sont désarmés de leurs armes de guerre et réarmés des bâtons. La ville est déserte. Les frontiéres congolo-rwandaise de la Ruzizi 1er et 2 sont fermées.
Des coups de balles tirés par des militaires retentissent ça et là. Et ici et là on en enregistre des blessés graves. Au nombre de ces derniers, figure M. Cibaye Baderhekuguma, âgé de 18 ans et élève à l’Institut Nyandja de Bukavu. Vers 10h40’, la victime, habitant au No 80 à Funu 1er, dans la commune de Kadutu se trouvait chez elle quand un militaire a tiré à bout portant sur elle. Griévement atteint au genou droit, M. Cibaye est interné au Centre Hôspitalier de Kadutu.
De nombreux autres civils font l’objet de traitements cruels, inhumains et dégradants de la part des militaires. Un groupe de 14 jeunes gens a été arrêté à Chimpunda cet avant midi, vers 11h00’ Kadutu, par des hommes de troupe. Ceux-ci, reprochés de s’être attroupés dans un restaurant où ils prenaient leur thé, ont été conduits, bras ligotés au dos et torse nu, au Rond-point Carrefour, en commune de Kadutu où les tortionnaires les ont fait coucher en position dorsale devant un grand public.
Pa ailleurs, M. Didace Kaningini Kyoto, Président faisant fonction du Bureau de Coordination de la Société Civile du Sud-Kivu serait activement recherché par les services de sécurité au motif qu’il aurait initié l’organisation de la ville morte.
Signalons également que les incidents d’hier ont fait quelques victimes dans les deux camps. L’étudiant Safari Soda de 2ème graduat Français à l’Institut Supérieur Pédagogique (I.S.P.) de Bukavu, cherchant à fuir la fusillade, est tombé du deuxième niveau de l’Internat du Campus et a été fracturé au niveau du bassin. Trois militaires ont été aussi blessés par les manifestants.
Ces derniers auraient également tabassé à demi-mort deux sujets rwandais non autrement identifiés. Ces infortunés se trouveraient en soins dans une formation médicale de Kamembe, en province rwandaise de Cyangugu.
En revanche, des femmes congolaises venues chercher des marchandises au Rwanda auraient été maltraitées par la police rwandaise des frontières qui les y aurait bloquées avant de les relâcher tardivement vers 18h00’.
En outre, la tombe du commandant Ansèlme Masasu Nindaga, située à l’esplanade de l’Hôtel des Postes à Bukavu a été saccagée par un groupe de délinquants.
Pendant ce temps, le lieutenant colonel Thierry Ilunga, récement nommé à la tête du commandement de la 6ème Brigade militaire s’investit à circuler dans toute la ville cherchant à convaincre les gens à reprendre les activités. Ces derniers, se rappelant les déclarations belliqueuses radio-diffusées par cet officier le 02/08/1998 ont pris le message avec dédain.
A son tour, la MONUC observe et focalise son travail dans l’organisation des réunions en vue de chercher des solutions à la présente crise, croit-on à Bukavu.
Devant cette vie traumatisante, la population, très inquiète, s’interroge : « Ces militaires combattent quel ennemi ? »
Héritiers de la Justice suit de très près la situation.
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