Feuillet d'information sur les droits de l'homme
ISSANDA
Par l’ asbl ACADHOSHA N°09/mars/ 2004
E-mail : acadhosha@yahoo.fr Site Web : http// www.societecivile.cd
Téléphone : (00243) 0813178780, 0813186911 / (00250) 08583982
« Le pillage continue... »
Il est regrettable et malheureux qu’après plus de sept mois de transition dans notre pays, la République Démocratique du Congo, le Territoire de Shabunda continue à connaître le pillage pour lequel, l’ACADHOSHA asbl réclame la création, même par les autorités provinciales, d’une commission mixte qui sera chargée d’en dégager l’ampleur et l’impact sur l’appauvrissement de la population de ce Territoire.
Il convient donc de relever que tout déplacement dans le Territoire de Shabunda est conditionné par la libération de plusieurs frais aux pillards. Une personne qui quitte lulingu ou Kigulube pour se rendre à Bukavu en vue de s’approvisionner en produits de premières nécessité ( sel de cuisine, savon,...) doit payer l’équivalent en francs congolais de 0,5 $US pour la feuille de route, 1 $US pour la vignette et 0,3 à 0,5 $US comme péage route. Dans plusieurs autres endroits, elle sera tenue de laisser entre 0,1$US et 0,2$US pour viser sa feuille de route. Le problème de visa s’observe rigoureusement à Kigulube, chez Evariste et à lubimbe.
Pour ceux qui détiennent le coltan, une somme de 0,3 à 0,5$US est demandée obligatoirement par kilogramme. La question qu’il sied alors de se poser ici est de savoir la destination de tout ce qui est perçu ; et cela sur base de quel texte. Est-ce que les caniveaux sont débouchés ? les enseignants et fonctionnaires de l’Etat sont même modiquement payés ? Non. N’est-ce pas là une pérennisation du pillage qui a prévalu en temps de belligérance ?
Certains sentimentalistes et faux patriotes peuvent sous estimer ce qui est perçu et surtout quand ils l’apprécient en terme d’individu. Pour les économistes, les analystes et les hommes avisés cependant, ce sont de sommes énormes qui sont perçues par lesdits pillards quotidiennement.
«Cedant arma togae», disait Cicéron
La transition est là, les autorités militaires sont déjà désignées et les batteries sont en marche chez les hommes en uniforme. Servir sous le drapeau est un service qui devrait être motivé par l’esprit patriotique, mais l’on remarquera que nombreux sont ceux là qui y vont avec de visées négatives.
Ce n’est pas à l’ACADHOSHA asbl de rappeler le rôle d’un militaire qui est d’assurer la sécurité de personnes et de leurs biens.
Paradoxalement, ce sont les militaires qui inquiètent, pour ne pas dire insécurisent, la population dans le territoire de Shabunda. Sur la route Kimbili, le transport obligatoire de bagages, et parfois suivi d’amendes, caractérise les militaires.
Dans la collectivité chefferie des wakabango I er cependant, le problème de contribution alimentaire se pose avec ampleur. Chaque mercredi et samedi de la semaine, la population de cette contrée doit contribuer la viande, les paniers de la farine de manioc et les bidons d’huile selon trois axes. Les habitants des villages comme Mutingwa, Mintonko, Ndeya, Mwamba, mikaba et wasezya déposent leur contribution à Kivuko. Ceux de kasaliga, Matebo, Mabala, kalemba, kazombe, Pene Mukunza et msambi déposent entre les mains de militaires qui sont à Kasaliga. Le dernier groupe enfin, le fait au bénéfice de la compagnie établie à Nyalukungu. Est-ce que c’est à la population de nourrir les militaires, une tâche incontournable et irremplaçable du gouvernement ?
Les hommes en uniforme venus de Lubao, notamment la compagnie Nguruma du Commandant Jean Paul actuellement à Kitindi et la Compagnie Mikeno conduite par le Major Elie se distinguent par l’occupation illégale des maisons. Au lieu que les militaires passent la nuit en train de veiller à la sécurité de la population, c’est la population curieusement qui est chassée de sa maison pour compter les étoiles pendant la nuit. Les familles feu Kirize, feu Kilauri, Kama, mukali, kikoko et Kakuma sont des victimes permanentes de ces actes qui foulent aux pieds les valeurs républicaines.
Les vélos sont régulièrement ravis à la population par les militaires dans cette partie du Territoire de Shabunda. Certains militaires se dirigent jusqu’à Shabunda centre d’où les propriétaires de vélos ravis les retrouvent et les récupèrent. La police de cette collectivité use la torture pour forcer les gens d’aller au « salongo ». L’initiative de « salongo » est louable, mais la torture qui l’accompagne porte paradoxalement atteinte aux droits fondamentaux garantis par les instruments juridiques tant nationaux qu’internationaux. Pour soutenir notre propos, relevons que madame Mikila nya Mukobya s’était énergiquement prononcée contre la torture devant le commandant Elie lors d’un meeting convoqué par lui.
L’heure de tolérer passivement de telles bêtises est révolue. Voilà pourquoi l’ACADHOSHA asbl demande au gouvernement, par le biais de la 10 ème Région militaire, de prendre ses responsabilités pour que cessent ces pratiques de transport obligatoire des bagages militaires par la population, l’occupation illégale de maisons de civils, la contribution hebdomadaire des vivres, le ravissement de vélos et le recours à la torture pour punir ceux qui n’observent pas le « salongo ».
