Comment gérer les conflits dans nos communautes?

INTRODUCTION

Les conflits peuvent être mieux gérer dans nos communautés si nous utilisons trois grands moyens pour les canaliser et transformer leur mouvement d’escalade, conduisant à l’affrontement destructif, en mouvement horizontal, débouchant sur le changement constructif.

Le premier moyen est de prévenir au départ les conflits destructeurs en tentant de rémedier aux tensions latentes; le second est de résoudre tout conflit dès lors qu’il se développe; le troisième est de contenir l’affrontement en cours d’escalade dès lors qu’il échappe provisoirement au moins à toute tentative de résolution.

I.PREVENIR

Nos communautés connaîssent différentes sortes des conflits à savoir : conflit conjugal, conflit dans une famille, conflit parcellaire, conflit d’affaires, conflit entre les familles, conflit entre les amis, conflit entre patron et travailleurs, conflit entre les collègues de service, conflit entre les entreprises, conflits divers...

En faisant l’analyse d’un conflit vécu, nous pouvons le représenter sous forme d’un arbre planté composé de deux parties : une partie visible et une autre invisible. La partie visible du conflit est composée de conséquences que fait engendrer ce conflit, tandis que celle invisible est composée de causes que nous pouvons comparer aux racines d’un arbre.

Pour mieux le comprendre, il faut nécessairement rechercher ses racines ( causes ) qui sont cachées.

Prévenir le conflit, c’est s’attaquer à ses racines ( causes du conflit ) et poser les bases d’une gestion des différends par la coopération.

Pour prévenir les conflits, la communauté environnante ( êtres humains alentour : des parents, des voisins, des alliés, des gens sans parti pris, des amis ou des simples spectateurs ) devra jouer pleinement les trois rôles de la tierce partie à savoir : le pourvoyeur, l’enseignant et le jeteur de passerelles.

1.Le pourvoyeur

Généralement, les conflits naîssent à cause de la frustration et lorsque les gens sentent que leurs besoins humains les plus fondamentaux (la nourriture et les autres biens matériels nécessaires à la vie, la sécurité, le respect de l’identité et la liberté) ne sont pas satisfaits.

En jouant le rôle de pourvoyeur, la tierce partie devra permettre aux gens de satisfaire leurs besoins humains les plus fondamentaux. Le pourvoyeur répond directement ou indirectement aux besoins des autres.

La tierce partie devra contribuer à la satisfaction de besoins humains les plus fondamentaux en jouant pleinement un quadruple rôle à savoir : partager, protéger, respecter et libérer.

a).Partager les ressources et le savoir

Pour réduire le taux des conflits dans nos communautés, nous sommes appelés à renforcer nos liens traditionnels de solidarité, et nous devons nous attacher à exercer l’hospitalité et à pratiquer la charité, la justice et l’hônneteté; par amour du prochain, nous devons manifester notre affection les uns envers les autres.

En tant que tierce partie, nous pouvons pourvoir aux besoins des autres en partageant la nourriture et les autres biens matériels nécessaires à la vie; nous pouvons également apporter aux autres le savoir leur permettant de satisfaire eux-mêmes leurs besoins sans recourir à nous.

Le partage équitable du revenu et l’éducation permettant aux uns et aux autres de satisfaire eux-mêmes leurs besoins vitaux ( logement, nourriture, habillement, santé, éducation, loisir, information, prière, etc. ) peuvent aboutir à la concorde et l’harmonie dans nos communautés.

Pour répondre aux besoins de nos communautés de base, notre association sans but lucratif dénommée “ solidarité pour le développement communautaire” ( SODEC-Asbl ) a mis en place quatre programmes ci-après : “ renforcement des capacités de production des agriculteurs et éleveurs; renforcement des capacités des ILD; lutte contre la propagation du VIH-SIDA chez les jeunes; lutte contre la violence et promotion de la paix chez les jeunes “. Nos programmes apportent une contribution à la promotion et l’encadrement de la jeunesse.

b).Protéger

La démocratie constitue, fondamentalement, un mécanisme de résolution non-violente des conflits. En réalité, tout conflit s’insère dans le cadre plus large du pouvoir.

La tierce partie a le devoir de s’attacher à construire un système démocratique plus durable et à promouvoir un partage équitable du pouvoir. Les piliers de la démocratie sont les suivants :

1.Souveraineté du peuple :

-C’est le peuple qui detient le pouvoir. Il peut le déleguer au gouvernement par le truchement de la constitution.-;
-Le peuple permet au gouvernement d’agir;
-Si le peuple retire son soutien au gouvernement, celui-ci perd toute sa légitimité.

2.Limites imposées au gouvernement par la constitution

-La constitution doit limiter le pouvoir des gouvernants.

3.Séparation des pouvoirs

-C’est un moyen pour réduire l’impact des pouvoirs sur l’individu;
-La séparation se fait entre le pouvoir législatif, le pouvoir éxécutif et le pouvoir judiciaire;
-Trois idées à retenir : la distinction des fonctions, attributions des fonctions aux organes différents, indépendance de ces organes les uns des autres.

4.Règle de la majorité et protection des minorités

-La règle de la majorité doit être assortie des garanties en faveur des droits de la minorité : qu’il s’agisse des minorités ethniques, religieuses ou politiques;
-Les droits des minorités ne doivent pas être abolis par un vote de la majorité.

5.Garantie des droits fondamentaux

-Le gouvernement n’octroi pas les libertés fondamentales, mais, il doit les protéger.

6.Pluralisme politique, social et économique

-Existence de plusieurs partis politiques véhiculant des idéologies différentes;
-Existence de plusieurs organisations privées, d’associations et de groupe des bénévoles;
-Existence de plusieurs doctrines économiques ( la liberté du marché, l’étatisme, la sociale-démocratie ).

7.Gouvernement reposant sur le consentement de la population

-Les démocraties reposant sur le principe que le gouvernement n’existe que pour être au service du peuple et non l’inverse.

8.Valeurs de tolérance et de compromis

-La démocratie demande aux citoyens la volonté de se tolérer et d’accepter l’idée que les conflits sont inévitables;
-Les individus et les groupes doivent tolérer leurs différences respectives et reconnaître que l’autre camp a des droits et des points de vue légitimes;
-Les gens doivent se rencontrer dans un esprit de compromis et de recherche des solutions.

9.Alternance de pouvoir

-Le gouvernement battu à l’issue des élections libres, doit accepter de se retirer et laisser gouverner la nouvelle majorité, l’opposition du hier;
-Après une élection, les perdants doivent accepter le verdict des urnes;
-Les perdants ont la possibilité de servir le pays en dehors du gouvernement.

10.Liberté de la presse et de l’information

-On ne doit pas exiger des garanties de ceux qui veulent créer des journaux;
-Il doit exister dans le pays plusieurs journaux d’opinion et d’information;
-Le gouvernement ne doit pas pratiquer la censure;
-Le gouvernement démocratique n’a aucun pouvoir sur le contenu du discours oral ou écrit; il ne peut ni le dicter ni le juger.

Il existe un lien intime entre la démocratie et le développement car sans démocratie véritable, il n’y a pas de développement durable.

Le problème que notre société doit surmonter est de créer un système de gouvernance qui encourage, appuie et soutienne le développement humain.

La bonne gouvernance se caractérise notamment par la participation, la transparence et la responsabilité. Elle se caractérise aussi par l’efficacité et l’équité. Elle assure la primauté du droit.

La bonne gouvernance veille à ce que les priorités politiques, sociales et économiques soient fondées sur un large consensus au niveau de la société et à ce que les voix des plus démunis et des plus vulnérables puissent se faire entendre dans le cadre des prises des décisions relatives à l’allocation des ressources nécessaires au développement.

L’Etat doit mettre en place des cadres juridiques et reglémentaires équitables, efficaces et stables regissant les activités publiques et privées. Il est censé appuyé la bonne gouvernance pour qu’elle s’occupe des préoccupations et résolve les problèmes des pauvres car les citoyens recherchent une vie meilleure.

Le secteur privé doit appuyer l’Etat en créant des emplois qui assurent des revenus suffisants pour augmenter la qualité de la vie. En tant que principale source de possibilités d’emplois productifs, le secteur privé doit être appuyé et encouragé par l’Etat afin que les entreprises soient gérées dans la transparence et qu’elles soient compétitives sur le plan international.

La société civile doit être animée de la détermination de promouvoir et défendre les droits et le bien-être des citoyens. Elle est chargée de relier les individus au domaine public et à l’Etat. La société civile ne peut être contre le pouvoir, mais, elle constitue un contre pouvoir pour mettre fin aux irrégularités sociales.

Bref, la collectivité a le devoir d’assurer la protection des droits et du bien-être de ses membres.

c).Respecter

Le respect des droits et du bien-être de la personne humaine est primordiale dans la prévention des conflits au sein de nos communautés. Chacun d’entre nous a le devoir de respecter les droits et libertés car les gens veulent être reconnus et respectés pour ce qu’ils sont.

Les droits et libertés sont regroupés et classés en droits de l’homme et libertés fondamentales, et se ramènent à trois exigences essentielles à savoir : la liberté, l’égalité et la justice.

La rubrique des droits de l’homme comprend les droits politiques et civils, les droits sociaux, économiques et culturels notamment le droit à la vie, à la liberté et la sûreté de sa personne, le droit à la reconnaîssance juridique et l’égalité devant la loi, le droit à la protection, le droit de circuler librement dans son pays et de chercher un asile devant la persécution, le droit à un nom et une nationalité, le droit à un mariage conclu librement avec son consentement, le droit à la propriété dans sa collectivité, le droit de participer à la direction des affaires publiques de son pays, le droit à la sécurité sociale, le droit au travail et à un salaire égal pour un travail égal, le droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille, le droit à l’éducation, le droit au repos et aux loisirs, le droit à la paix et le droit à un environnement sain.

Cette liste des droits de la personne humaine est completée par les droits spécifiques à savoir : les droits de la femme et les droits de l’enfant. La femme a les mêmes droits que l’homme, tandis que l’enfant a droit à une protection spéciale et une attention particulière compte tenu de sa vulnérabilité.

En réalité, les droits de l’homme trouvent leur fondement dans la Bible dans la mesure où de nombreux textes bibliques abordent la question des Droits de l’Homme et soulignent que Dieu a donné pour mission à tous les hommes de veiller sur la vie et la dignité humaine.

Donc, la tierce partie a le devoir de défendre les droits de l’homme en agissant comme avocat de ceux qui souffrent et en s’efforçant à faire valoir les droits de la personne humaine.

Bref, la sauvegarde des droits de l’homme est l’affaire de chaque individu car chacun a le devoir de dénoncer et combattre l’injustice dans sa communauté.

Outre les droits et libertés de la personne humaine, nous devons respecter les valeurs fondamentales à savoir : la vérité, l’hônneteté, l’amour, la justice, la tolérance, la patience, la bonté, la bienfaisance, le pardon, la liberté, l’égalité…

En répondant au besoin de respect des jeunes, les parents, les enseignants et les autres membres de la collectivité peuvent contribuer à écarter la violence. Le respect des identités est primordial pour la réduction de la violence ethnique.

d).libérer

L’octroi de la liberté ( liberté d’opinion et d’expression, liberté de pensée et de conscience, liberté de réunion et d’association pacifique, liberté de religion ) peut contribuer à la réduction sensible du taux de la violence au sein d’une communauté.

Assurer à autrui la liberté doit être dans la culture des gens au sein de leur communauté. Les parents peuvent encourager leurs enfants à faire leurs propres choix à chaque fois que cela paraît possible. Sur le lieu de travail, les gens doivent avoir la plus grande liberté d’initiative.

Mais, une liberté excessive et mal utilisée peut devenir un libertinage entraînant un dérèglement social et un désordre au sein d’une communauté.

D’où, la liberté d’une personne n’exclut pas celle des autres et ne peut en aucun cas devenir un libertinage. Toute liberté a des limites.

2.L’enseignant

Nous sommes appelés à vivre ensemble et à nous accepter les uns les autres dans notre diversité, sans chercher à gommer nos différences, ni en faire des sujets de conflits au sein de nos communautés.

Nous devons mener un combat en commun pour résoudre nos différends avec un minimum de dommages et arriver à la gestion ardue de besoins et intérêts conflictuels.

Les tensions suscitées par des besoins concurrents peuvent facilement dégénerer en conflits lorsque ceux qui les ressentent ignorent l’art et la manière de les faire retomber. Il arrive parfois que les gens recourent à la violence soit par ignorance des moyens pacifiques pour résoudre les conflits ou par désespoir, convaincus qu’ils n’ont pas d’autres moyens d’obtenir la satisfaction de leurs besoins.

En effet, il s’avère nécessaire d’apporter aux gens le savoir qui leur permettra de gérer leurs différends dans un sens constructif.

Ainsi, la communauté environnante peut intervenir en tant que tierce partie en jouant le rôle de “l’enseignant”.

Dans cet ordre d’idées, notre association sans but lucratif dénommée “ solidarité pour le développement communautaire ” en abregé “ SODEC “ a mis en place un programme portant sur ” l’enseignement à la tolérance, à la prévention et la résolution pacifique des conflits quotidiens ” dans le cadre de la lutte contre la violence et la promotion de la paix chez les jeunes de toutes les catégories. Il s’agit d’un programme ayant pour mission de décourager les individus à recourir à la violence, et d’apprendre aux gens les approches non-violentes de résolution des conflits.

Il est vrai que les problèmes liés à l’existence humaine doivent être traités dans une attitude de non-violence qui dans son essence, réside dans la puissance de l’amour qui frappe sans humilier, blesse sans mépriser et chatie sans haïr.

Nous devons reconnaître que la non-violence est une méthode et une attitude qui humanise l’autre mais refuse de se soumettre à son oppression; elle vise le changement, la transformation du système et non les individus.

Nous devons savoir que la violence est à la base de la déshumanisation et de l’écrasement de l’adversaire considéré, peut-être, comme ennemi réel ou imaginaire.

Nous devons également savoir que la violence est une usurpation des droits des autres, une technique et une méthode pour faire le mal. Elle est une rupture de la paix provenant souvent de la colère et de la haine.

Nous devons reconnaître que la violence ne résoud aucun problème; par contre, elle cause des dommages et fait courir des risques à l’ensemble de membres d’une communauté.

La tierce partie devra dépouiller la violence de son apparence de légitimité: informer aux gens que la non-violence veut engendrer une communauté de paix, tandis que la violence ne crée que la haine et l’amertume.

Lorsque nous sommes capables de rejeter l’injustice et la violence, et de contrôler nos émotions dans l’amour qui ne provoque ni riposte, alors la non-violence reigne.

Il faudra que nous sachions comment maîtriser notre humeur et que nous puissions éviter d’être esclaves de l’amertume ou de la veangence qui siègent dans le cœur.

Notre compréhension des gens, de leurs actions envers nous et de leurs opinions constituent la raison pour laquelle nous recourons à la veangence au lieu du pardon et de la paix.

L’amour qui nous permet de comprendre des circonstances d’un point de vue d’une autre personne est l’amour qui nous pousse à comprendre les gens que nous detestons et à travailler avec eux pour la paix.

L’alternative à la violence est la tolérance. Faire preuve de tolérance, ce n’est pas être forcément d’accord avec l’autre ni rester indifférent devant l’injustice, mais simplement témoigner son respect de ce qu’il y a d’essentiellement humain en chaque être.

La tierce partie devra enseigner aux gens la tolérance et préciser que la tolérance est le respect de la liberté d’autrui, de ses manières de penser, d’agir et de ses opinions politiques, religieuses et culturelles. La tolérance signifie “la compréhension et la considération des autres”.

Nous devons savoir que l’état de tolérance est la fonction de discipline personnelle, de perception de nos propres préjugés d’une façon individuelle ou collective envers les autres.

Nous devons également savoir queles qualités ou attribus d’une personne tolérante sont observées dans la discipline personnelle, la confiance en lui-même, la patience, l’endurance, l’humilité, la compréhension, la sympathie, la flexibilité, le sens d’observation, la compassion, et le sens de compromis.

La tolérance ne suffit pas; il faut aussi disposer de méthodes pratiques pour gérer les tensions quotidiennes de façon à éviter qu’elles ne dégénèrent en conflits ouverts et en violences. Il faut que les gens apprennent l’art de la négociation et la médiation pour mieux gérer leurs différends.

En réalité, la négociation est un mode de fonctionnement consensuel pour ajuster nos différences suivant la procédure ci-dessous :

1.Commencez par consentir à travailler ensemble sur le problème.
2.Dites clairement à l’autre :
a).vos attentes/besoins
b).les raisons de ces attentes/besoins
c).vos sentiments concernant ces attentes/besoins
3.Demandez à l’autre de résumer :
a).vos attentes/besoins
b).les raisons de ces attentes/besoins
c).vos sentiments concernant ces attentes/besoins
4.Ecoutez l’autre exprimer ses :
a).attentes/besoins
b).raisons/attentes
c).sentiments
5.Résumez ses :
a).attentes/besoins
b).raisons/attentes
c).sentiments
6.Discernez ensemble les questions qui sont à traiter.
7.Faites du “brainstorming” pour faire surgir un maximum de solutions.
8.Faites des propositions de solution.
9.Ecrivez les accords et valorisez le fait d’avoir réussi ensemble à résoudre le probléme

Par contre, la médiation est une négociation facilitée par une tierce partie neutre, impartiale et compétente selon la procédure suivante :

Etape 1: Introduction

-Créer un climat de confiance
-Présenter les participants et établir le contact
-Expliquer la procédure de médiation et expliciter le rôle du médiateur
-Poser les règles de base et faire signer “l’accord à la médiation”

Etape 2 : Le récit

-Inviter chaque partie à exprimer sa version des faits
-Manifester une écoute active, avec un langage corporel approprié
-Résumer les principaux soucis et sentiments exprimés de part et d’autre
-Proposer un tour de parole supplémentaire à chaque partie en réponse à ce qui a été dit, ou en complément d’information

Etape 3 : Clarification

-Poser des questions
-Noter les terrains communs
-Clarifier les attentes et les intérêts
-Enumérer les problèmes et les préoccupations

Etape 4 : Résolution

-Classer les problèmes par ordre de priorité
-Susciter des propositions de résolution
-Evaluer ces propositions
-Demander un “aparté” si nécessaire

Etape 5 : L’accord

-Négocier un accord mutuellement acceptable
-Préciser “qui, quoi, quand, où, comment et pourquoi”
-Ecrire l’accord dans des termes circonstanciés
-Encourager la consultation par chacun de son avocat avant la signature du document.
-Amener les parties à la signature d’un accord issu de leur négociation et à son application.

En effet, pour la négociation et la médiation, les parties en conflit sont actives dans le processus de trouver une solution au problème commun. Le rétablissement des relations est l’intérêt de parties concernées”.

Ainsi, la médiation incluse les parties concernées par le conflit et essaie de maintenir les relations entr’elles. La solution est durable à cause de la participation des parties concernées. Dans la médiation, on met l’emphase sur une solution ou tout le monde gagne, ce qui veut dire qu’il n’y a pas de perdant.

Ce qui rend la médiation difficile ce sont les cinq obstacles ci-après :

a).Votre réaction :

-L’une des parties est tentée de riposter douloureusement face aux attaques de l’autre partie;
-L’une des parties veut ceder impulsivement pour en finir avec la négociation et préserver la relation.

b).Ses émotions :

-Les émotions négatives de l’autre partie dégagent la colère et l’hostilité;
-La position de l’autre partie cache la peur et la méfiance.

c).Sa position :

Dans la résolution des problèmes en commun, vous devez affronter et attaquer le problème ensemble. Par contre, l’autre partie a l’habitude de se camper sur ses positions et d’essayer de vous faire ceder.

d).Son insatisfaction :

Votre objectif est, peut-être, de parvenir à un accord mutuellement satisfaisant; par contre, l’autre partie peut ne pas voir en quoi cela l’avantagerait et essayer de repousser votre idée.

e). Son pouvoir :

Si l’autre partie considère la négociation comme une occasion pour perdre ses intérêts, la négociation peut devenir difficile.

Pour dépasser le refus de négocier, il faut surmonter chacun de ces cinq obstacles à la coopération.

Nous devons avoir la culture de la paix et nous ne devons pas oublier que la paix est l’absence des troubles, des conflits, des tracasseries, des tueries, des massacres, des génocides, de dictature, des exactions, de corruption, de la pauvreté sous toutes ses formes, de la haine, de la misère, des divisions tribales, des bruits de détonation des armes,etc. Nous devons comprendre que la paix a la signification suivante : “ respect de l’ordre établit dans nos communautés ”.

L’action pour la paix doit viser l’accession à la liberté, à plus de justice pouvant amener à l’élimination de la pauvreté sous toutes ses formes; elle consiste à éliminer des anti-valeurs sociales, à acquérir et à pratiquer des valeurs positives adaptées au besoin de croissance du monde actuel.

Nous devons apprendre à nous pardonner mutuellement car le pardon est une puissance qui libère. Nous devons aussi éviter d’être esclaves de la veangence et l’amertume car il est bon de bâtir la paix et la procurer au lieu de la détruire.

Il est vrai que la paix croit en moi quand je comprend et valorise ma relation avec Dieu basée sur son pardon envers moi. Et, la paix croit entre moi et les autres lorsque je valorise leurs relations avec moi à tel point que je les pardonne et cherche leur pardon.

Nous devons comprendre que la paix s’épanouit dans nos communautés quand nos relations
( familiales, amicales et autres ) sont bien entretenues.

3.Le jeteur de passerelles

En jouant le rôle de ”jeteur de passerelles “, la tierce partie peut encourager le dialogue entre les parties en conflit et l’élaboration des projets communs.

Le fait de parler ensemble permettrait de tisser tout un réseau de liens transversaux grâce auquel les conflits sérieux pouvaient être éviter. Les relations transversales peuvent jouer le rôle de filet de sécurité en cas de tension.

Lorsqu’on est confronté à la rivalité entre deux parties, il est nécessaire d’encourager l’élaboration d’un projet commun ( le travail en équipe ). Le fait d’assigner une tâche commune aux parties en conflit contribuait très efficacement à réduire des préjugés mutuels et à susciter des liens d’amitié.

Bref, la prévention est un meilleur remède car les gens peuvent satisfaire leurs besoins essentiels grâce aux pourvoyeurs; ils peuvent apprendre à gérer leurs tensions quotidiennes grâce aux enseignants; ils peuvent se connaître, se comprendre et se faire mutuellement confiance grâce aux jeteurs de passerelles.

Le conflit peut rester à l’état latent, sans même que les parties aient conscience de son existence; et s'il finit par se manifester ouvertement, les parties doivent être capables de le résoudre.

II .RESOUDRE

Le conflit se définit généralement comme une mésentente, une querelle, une discussion oiseuse, une divergence d’opinions, une incompréhension et un manque d’harmonie entre les parties…

Le conflit est naturel car il est lié à la nature humaine; il est normal parce qu’il fait partie de la vie de l’homme et nous ne pouvons ni l’ignorer ni le sous-estimer; aussi faudra-t-il ajouter qu’un conflit est neutre du fait qu’il n’est ni bon ni mauvais et que seule sa solution est soit bonne ou mauvaise.

Un conflit vécu négativement et douloureusement conduit vers la dégradation des relations et il est dit “conflit destructeur ”; si au contraire, il est assumé et bien géré par les parties concernées, il devient une opportunité pour une meilleure entente et il est dit “ conflit constructeur ”.

Le conflit découle d’une tension latente, se développe en un affrontement ouvert, explose en un véritable combat pour, enfin, passer par le seuil de la violence destructive.

Un conflit chaud se caractérise par des disputes émotionnelles, verbales, agressives et violentes entre les parties concernées. Il faut calmer la situation avant de chercher une solution.

Un conflit froid se caractérise par un climat froid et le calme entre les parties concernées; les parties évitent l’échange verbal. On ne sent plus les émotions et la situation est figée. Avant d’être en mesure de chercher une solution, on doit pouvoir libérer ces tensions.

La communauté environnante peut contribuer de façon cruciale à chacune des quatre approches du conflit en jouant les rôles de la tierce partie.

La tierce partie peut jouer le rôle de médiateur et favoriser la conciliation des intérêts; elle peut jouer le rôle d’arbitre et déterminer les droits de chacune des parties; elle peut intervenir en tant qu’égalisateur et veiller à un meilleur équilibre des forces; elle peut jouer le rôle de réparateur et raccommoder le tissu relationnel endommagé.

1.Le médiateur

Nous jouons le rôle de médiateur à chaque fois que nous prêtons une oreille attentive à ceux qu’oppose un différend, que nous leur demandons ce qu’ils voudraient réellement obtenir, que nous leur suggérons différentes manières possibles d’aborder le problème et que nous les invitons à bien réfléchir à ce qu’il leur en coûterait au cas où ils ne parviendraient pas à un accord.

En tant que tierce partie, le médiateur intervient dans un conflit pour créer les conditions d’écoute et d’entente permettant aux parties concernées de trouver une solution au problème commun. Il essaye de faire basculer la négociation vers une négociation de collaboration ( les parties acceptent de travailler ensemble pour trouver des solutions aux différends).

L’étape la plus difficile, pour un médiateur, est d’obtenir des parties adverses qu’elles s’assoient ensemble pour discuter. La raison pour laquelle il faudra prodiguer à chaque partie assurances et encouragements.

Lorsque les parties ne sont pas disposées à se rencontrer, le médiateur peut jouer les bons offices. Il est préférable, au moins dans un premier temps, de rencontrer chacune des parties séparément.

Lorsque la perspective d’un éventuel accord paraît se rapprocher, il faut amener les parties à se rencontrer afin d’engager des discussions constructives.

L’une des fonctions essentielles du médiateur est d’aider chacune des parties à bien comprendre ce que l’autre veut exprimer ou obtenir.

L’établissement de règles du jeu simples et élémentaires peut contribuer au succès. L’une des règles qui se révéle particulièrement efficace pour éviter que les discussions ne s’enveniment est la suivante : l’une des parties est autorisée à exprimer ses griefs et l’autre écoute en silence, en sachant que son tour viendra de parler. Une autre règle est la suivante : nul n’est autorisé à s’exprimer tant qu’il n’a pas répété ce que le précédent intervenant a dit, en d’autres termes qui satisfasse ce dernier.

Pour mieux communiquer, il faut qu’il y ait un climat de confiance et de respect mutuel. Chaque partie affirme ainsi ses propres besoins et intérêts tout en considérant les besoins et les intérêts de l’autre. Il faudra que les parties soient ouvertes et recherchent des points communs. L’ouverture à l’autre permet d’écouter les perceptions et les besoins essentiels, même si ceux-ci s’avèrent compétitifs ou critiques.

A la table de négociation, les parties devront viser le résultat gagnant/gagnant ( chaque partie négocie de sorte qu’elle puisse gagner et que l’autre partie gagne aussi ); Chaque partie devra exprimer ses attentes, ses intérêts et ses besoins tout en se mettant à l’écoute de l’autre.

Une telle procédure permet aux parties de :
-répondre aux intérêts et besoins communs;
-distinguer les personnes des problèmes ;
-générer des propositions de gain mutuel.

Le médiateur ne doit pas chercher à connaître qui a tort et qui a raison; plutôt, il doit aller au cœur même du conflit et trouver les moyens de le résoudre. Le cœur du conflit, ce sont les intérêts de chacune des parties ( les besoins, les préoccupations, les désirs, les craintes et les aspirations ).

Le médiateur a une lourde tâche d’aider les parties antagonistes à élaborer des propositions novatrices susceptibles de conduire à un accord. Il ne peut que récapituler les termes d’un accord auquel les parties sont parvenues. Il peut toutefois, dans certains cas, accélérer le processus en proposant des solutions à leur réflexion.

Le but de la médiation est de parvenir à un accord satisfaisant pour les parties concernées et applicable après sa signature.

La médiation incluse les parties concernées par le conflit et essaie de maintenir les relations entr’elles. Elle est avantageuse car elle peut aboutir au partenariat et la solution est durable à cause de la participation des parties concernées.

2.L’arbitre

Lorsque la médiation se révèle inefficace ou inappropriée, il faut parfois recourir à l’abitrage. Alors que le médiateur n’est là que pour aider les parties à trouver eux-mêmes une solution à leurs différends, l’arbitre peut, lui, imposer une décision.

L’arbitrage a des faiblesses car les parties ne sont pas actives dans la recherche des solutions au problème commun. La tierce partie décide la question et les concernés sont d’accord pour accepter la solution donnée par l’arbitre. La victime gagne et l’agresseur est puni. Les relations sont rarement rétablies et la solution n’est pas durable.

En effet, le but de l’arbitre n’est pas simplement de dire qui a tort et qui a raison, mais aussi de faire en sorte que les victimes et la collectivité obtiennent réparation des préjudices subis et que le coupable reprenne toute sa place dans la communauté afin d’y jouer un rôle constructif.

Ainsi, le rôle de l’arbitre est donc d’encourager la négociation chaque fois que cela paraît possible.

3.L’égalisateur

Le déséquilibre du rapport des forces engendre souvent abus et injustice. Il y a des cas où le puissant refuse de négocier avec le faible ou de soumettre leur différend à un médiateur pour la simple raison qu’il est sûr de sortir vainqueur de l’affrontement.

Par contre, chacun d’entre nous dispose d’un certain pouvoir, d’une certaine influence sur les gens qui l’entourent. Notre influence individuelle est peut-être modeste, mais notre influence collective est susceptible de peser d’un poids considérable.

Chacun d’entre nous a la capacité de mettre les faibles et les puissants en position de négocier des accords équitables et satisfaisants pour toutes les parties. Nous avons des très nombreuses occasions d’user de notre influence pour faciliter l’engagement de négociations constructives.

En jouant le rôle d’égalisateur, la tierce partie devra faire en sorte que le puissant accepte de sièger à égalité avec le faible autour d’une table de négociation; la tierce partie devra construire un système démocratique fondé sur la collaboration; elle devra s’attacher à encourager l’action non-violente comme moyen d’obtenir la satisfaction de besoins.

4.Le raccommodeur

Le raccommodage du tissu relationnel ne clos pas le processus de résolution d’un conflit, mais intervient à son tout début. La réussite de la discussion exige un climat favorable.

En jouant le rôle de la tierce partie, en tant que réparateur, il est vraiment important de se mettre à l’écoute du plaignant et de lui prêter la plus grande attention aussi longtemps qu’il a quelque chose à dire. Il faudra encourager l’offenseur à présenter des excuses sinçères pour parvenir à la cicatrisation des blessures affectives et la réparation du tissu relationnel. Les parties devront se présenter réciproquement des excuses et se pardonner mutuellement en prennant l’engagement de ne plus se quereller ni se disputer pour le même problème.

Il ne suffit pas de résoudre le problème à l’origine de la querelle. Il faut encore reconstituer le tissu communautaire.

En réalité, nous devons savoir que : « le conflit, lorsqu’il n’est pas résolu, ne fait que s’aggraver, soit que personne ne lui prête attention, soit que personne n’impose de limites à l’affrontement, soit encore que personne, en dernier recours, n’intervienne pour assurer la protection de la partie la plus faible ».

Néamoins, lorsqu’on n’arrive pas à résoudre un conflit et s’il est en cours d’escalade, il faut nécessairement que la tierce partie puisse utiliser les moyens nécessaires pour le contenir.

III .CONTENIR

Il arrive parfois que les tentatives de prévention et de résolution ne soient pas efficaces pour empêcher l’escalade du conflit.

La communauté environnante peut contenir tout conflit en voie d’escalade. Si ce « conteneur » vient à faire défaut, n’importe quel différend sérieux ne peut que trop facilement dégénerer en un affrontement destructeur. Mais, lorsqu’il est pris dans son conteneur, le conflit est susceptible d’évoluer progressivement de l’affrontement vers la coopération.

Dans nos communautés, nous sommes souvent confrontés au défis de contenir l’affrontement jusqu’à ce que les parties adverses acceptent enfin de s’asseoir à la table de négociation.

Pour contenir les conflits, nous devons jouer les rôles ci-après : le témoin, le régulateur et le soldat de la paix, nous engageant à chaque fois un peu plus sur la voie de l’intervention active.

1.Le témoin : être attentif à l’escalade

Chacun d’entre nous a le devoir de prêter la plus grande attention à l’escalade du conflit. Ce sont ceux qui vivent dans l’entourage immédiat des parties antagonistes qui perçoivent le plus clairement les avertissements. Chacun d’entre nous connaît parfaitement la personnalité et le caractère de chaque membre de sa communauté. Il est facile de voir immédiatement quand la colère gronde et qu’une querelle est sur le point d’éclater.

Nous sommes souvent témoins de l’affrontement entre les parties en conflit et nous sommes appelés à intervenir en tant que tierce partie pour calmer la situation.

2.Le régulateur

Nous avons une lourde tâche d’imposer des limites aux dégâts dus à l’affrontement entre les parties en conflit. Nous sommes appelés à intervenir en tant que tierce partie pour empêcher l’escalade de la violence avec ses conséquences et faire régner la paix.

3.Le soldat de la paix

Lorsqu’un conflit évolue jusqu’à l’étape de la violence ou si la baggare éclate entre les parties, la communauté environnante a le devoir de s’interposer et de faire respecter la paix.

REMARQUE

1.Mettre fin à un affrontement entre les parties en conflit :

Si un conflit a évolué jusqu’à l’escalade de la violence, il faudra que la tierce partie intervienne en jouant pleinement son rôle. Il s’agit d’abord de contenir l’escalade, puis de résoudre le différend et enfin de prévenir toute récidive.

a).Contenir l’escalade :

Il est bon que la tierce partie, agissant en témoin et en soldat de la paix, intervienne pour calmer les parties concernées ou affectées par le conflit.

La tierce partie devra rappeler aux concernées les dangers potentiels de tels agissements et, assumant la fonction de régulateur pourra interdire le recours à la force et l’usage de la violence par les parties concernées ou affectées.

Après avoir contenu le conflit, la tierce partie devra se préoccuper de le résoudre.

b).Résoudre le différend :

Il est nécessaire que la tierce partie ait un entretien séparément avec les parties concernées en les interrogeant sur les raisons initiales de l’affrontement.

Au cas où l’une des parties arrivait à évoquer les persécutions dont elle était victime de la part de l’autre, la tierce partie agissant cette-fois en égalisateur devra expliquer à l’agresseur qu’il devait abandonner ce comportement et se mettre ensemble avec la victime pour trouver des solutions pacifiques aux différends.

La tierce partie-faisant l’office de médiateur et de racommodeur- devra organiser une rencontre avec les parties concernées pour les aider à résoudre leur conflit d’une manière pacifique.

Les parties devront réciproquement se présenter des excuses et prendre l’ engagement de ne plus se quereller, ni se disputer pour le même problème.

En cas d’obstacles à la médiation, la tierce partie pourra assumer la fonction d’arbitre en déterminant les droits de chacune des parties et en les encouragant à négocier sur les intérêts.

Lorsque le conflit est résolu, il est nécessaire de prévenir toute récidive.

c).Prévenir toute récidive

La tierce partie pourra demander à l’agresseur les raisons qui l’ avait poussé à persécuter l’autre et, assumant le rôle du pourvoyeur, devra réfléchir avec lui à d’autres moyens de se faire respecter ou d’affirmer sa force.

La tierce partie, assumant la fonction de l’enseignant, devra montrer aux parties concernées ou affectées des techniques pour prévenir et résoudre pacifiquement les conflits.

La tierce partie ayant joué le rôle de jeteur de passerelles, les persécutions pourront cesser et les parties s’engageront dans une relation fondée sur le respect mutuel.

2.Jouer les rôles de la tierce partie dans ses propres querelles avec ses proches :

Connaissant les approches non-violentes de la résolution des conflits, nous pouvons jouer la médiation dans nos propres querelles avec nos proches. Nous pouvons tenter de jetter des passerelles, de panser les blessures et de résoudre nos différends par nous-mêmes. Si nous échouons, nous pouvons regarder autour de nous et chercher à mobiliser la tierce partie.

CONCLUSION

Il incombe à la même personne de jouer les différents rôles de la tierce partie pour qu’il y ait la concorde et l’harmonie entre les gens au sein d’une communauté.

Il est vraiment important de désamorcer le conflit aussi rapidement que possible avant l’escalade. Ce qui n’a pu être prévenu est résolu; ce qui n’a pu être résolu est contenu.

Donc, il faudra contenir quand c’est nécessaire, résoudre quand c’est possible, et tenter avant tout de prévenir.

Fait à Kinshasa, le 19 Avril 2004

Le Secrétaire Général et Coordonnateur de Programmes

Joseph TSHIBALABALA DIKUYI

Tél: (00243) 98392131 E-mail : soldevcomasbl@yahoo.fr / tshibalabala_joseph@yahoo.fr
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