la journée internationale de la femme au sud Kivu

RESEAU DES FEMMES POUR
LA DEFENSE DES DROITS ET
LA PAIX
R.F.D.P

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INTRODUCTION

Malgré la réunification et le processus de paix en R.D.C, on observe des troubles politiques, militaires qui sèment de l’insécurité par-ci par-là surtout à l’Est du pays, plus particulièrement dans la province du Sud –Kivu.
Dans cette situation, les viols et violences sur les filles et les femmes continuent ainsi que les violations massives et systématiques des droits humains. A l’occasion de la Journée Internationale de la Femme, les femmes n’ont pas manqué de mettre en exergue cet état de lieu.
Alors que toutes les femmes du monde entier célébraient avec faste, vivacité et enthousiasme la Journée Internationale de la Femme, celles de la ville de Bukavu, province du Sud – Kivu en République Démocratique du Congo se sont vu refuser de commémorer comme leurs semblables d’ailleurs cette journée par l’autorité provinciale.

Rappelons que la journée du 08 mars fut proclamée en 1977 par les Nations unies comme une journée internationale consacrée aux femmes. Il est devenu une opportunité de passer en revue les progrès accomplis en faveur des femmes dans leur lutte pour la paix, pour les droits égaux et le progrès social.
Pour les femmes, la journée du 08 mars est une occasion d’information intensive sur les droits des femmes, une opportunité de plaidoyer local et international en faveur de l’amélioration de la condition de la femme.
Ce refus de commémorer la Journée Internationale de la Femme dans la ville de Bukavu par le pouvoir public prouve à suffisance que les droits de la femme ne sont pas respectés dans cette partie de la R.D.C.
Malgré cette situation les femmes de Bukavu ne se sont pas découragées, mais elles ont passé la journée dans la prière et méditation au sein de leurs paroisses et églises respectives. D’autres manifestations prévues étaient reportées pour les dates ultérieures.

Pour nous imprégner de la façon dont la Journée Internationale de la Femme 2004 s’est déroulée à Bukavu, nous avons tout d’abord participé aux réunions préparatoires de la Journée Internationale de la Femme au niveau provincial, ensuite nous avons sillonné la ville de Bukavu le 08 mars pour connaître l’ambiance qui y régnait, nous avons également suivi les reportages à la radio ainsi que les interviews accordés à certaines femmes des institutions tant privées, publiques que des ONG sur comment elles ont fêté la Journée Internationale de la Femme.

Ce travail présente la manière dont la Journée Internationale de la Femme pour l’année 2004 a été vécue par les femmes de Bukavu à travers les grands points qui relatent les préparatifs débutés un mois avant sur toute l’étendue de la ville de Bukavu, ensuite les manifestations du 08 mars 2004, la célébration de la JIF à Kamanyola, Shabunda et Kalemie, la conférence organisée par la CCVS/RDC le 13 mars 2004 et enfin la conclusion.

CHAP.I PREPARATIFS DE LA JOURNEE DU 08 MARS 2004 A BUKAVU.

Les préparatifs de la Journée Internationale de la Femme se fait sentir un mois avant sur toute l’étendue de la ville.
Nous avons observé une implication massive des femmes dans cette activité, ce qui montre l’intérêt qu’elles attachent à cette journée.

1. Au niveau provincial

Les femmes de toutes tendances confondues avaient entamé des préparatifs communs à Bukavu (les femmes politiques, des ONG, des entreprises publiques, privées, des confessions religieuses, ….). Les réunions préparatoires se tenaient au bureau de la Division provinciale Femme et Famille tous les mercredi de 13h°° à 16h°° et étaient présidées par Mme Josée KAMBAJI, le chef de la dite Division.

Le thème de la Journée Internationale de la Femme avait été arrêté. Il était celui retenu au niveau national, « HALTE AUX VIOLENCES FAITES A LA FEMME ET A LA JEUNE FILLE »
Certains messages et revendications des femmes ont été sélectionnés et devaient apparaître sur les calicots. Les uns seraient affichés sur les places publiques dans toutes les 3 communes de la ville et d’autres seraient portés par les manifestantes pendant la marche.

Parmi les messages retenus nous pouvons citer :
- Non à la guerre, oui à la paix,
- Nous demandons le rapatriement des milices étrangères dans leurs pays,
- Respectons le quota de 30 % dans la participation de la femme à la chose publique,
- Non à la violence, oui pour le respect et la dignité de la femme,
- Quid du rôle de la MONUC en R.D.C ?

Le programme de la journée était tracé comme suit : le point de rencontre était la place du 24 novembre. C’est là où les femmes de toutes les 4 communes de la ville de Bukavu devraient se rencontrer pour débuter la marche et la mener au cercle sportif où d’autres activités devaient se dérouler.

Les activités se suivaient comme suit :
1. L’hymne national
2. La prière
3. Mot d’accueil à prononcer par la DIVIFEM
4. Chanson, saynète
5. Poème sur le comportement de la jeune fille
6. Ntole Bashi ( = danse traditionnelle des Bashi)
7. 1ère scène théâtrale
8. 2ème scène théâtrale
9. Poème sur la paix
10. Ntole
11. 3ème scène

2. Au niveau des ONG Locales

- La Coalition Contre les Violences Sexuelles en République Démocratique du Congo- CCVS/RDC dont fait partie le RFDP pour les mêmes fins devait accueillir 3 femmes parlementaires belges qui viendraient fêter la Journée Internationale de la Femme au Congo dans le but de solidariser avec les femmes congolaises.
Sur ce fait un programme a été proposé que la CCVS/RDC devrait harmoniser avec celui de la Division Provinciale de la Femme et Famille( DIVIFEMME)en vue de sortir un programme commun pouvant faire participer la majorité des femmes de la province aux manifestations du 08 mars ainsi que les parlementaires belges.

L’équipe des parlementaires belges devait arriver ici le 05 / 03 / 04 et le programme avec CCVS pendant leur séjour était arrêté comme suit :

-Le 07 / 03 / 04 : visite des femmes victimes de viol de Kabare dans les avant – midi.
• 15h °° : réunion d’échange entre les femmes de toute tendance confondue (politique, ONG, pouvoir public, …) et les parlementaires.

-Le 08 / 03 / 04 : organisation d’une marche dans la ville, marche au cours de laquelle les femmes devraient présenter leurs revendications.
• A 15h °° : tenue d’une conférence organisée par la CCVS/RDC dans la salle Concordia sur le thème « la problématique des violences sexuelles commises sur les femmes pendant les guerres à l’Est de la République Démocratique du Congo, cas du Sud – Kivu ».
Cette conférence était une occasion de présentation des résultats de l’étude menée par le RFDP sur les causes et conséquences des violences sexuelles. Elle devait être suivie des témoignages des femmes des territoires sur les différentes violences vécues.

Messsages et revendications

Les messages et revendications suivants devraient apparaître sur les calicots lors de la marche qui avaiot été empêchée:
- les violences sexuelles au Sud- Kivu sont exacerbées par les milices étrangères Rwandaises et Burundaises.
- nous demandons le rapatriement des milices étrangères dans leurs pays,

Les préparatifs étaient tombés caduc :
Les 3 parlementaires n’étaient plus venus à cause de l’insécurité qui régnait dans la ville de Bukavu. La CCVS/RDC s’était vue obligée de reporter sa conférence pour le 13 mars 2004, suite au refus par l’autorité provinciale de commémorer la journée le 8 mars 2004 tout en annulant d’autres activités.

CHAP II. La femme de Bukavu le 08 mars 2004.

1. Dans la ville de Bukavu.

Le 08 mars 2004 à Bukavu, le Gouverneur à l’intérim de la province du Sud – Kivu, Monsieur MAZAMBI MUNYATA NGOY a dédié comme message à la population de Bukavu à travers la Radio Télévision Nationale Congolaise (RTNC) l’interdiction de toute manifestation publique dans la ville.

Pour mémoire, la découverte des caches d’armes dans les maisons de certaines autorités provinciales et militaires membres du RCD dans la ville de Bukavu a été à la base de la polémique qui a opposé le général de la 10ème Brigade à son adjoint. Cet événement a été suivi par l’attaque de la résidence du général de la 10ème région militaire par son adjoint dans la nuit du 22 au 23 février 2004 causant la mort de deux de ses gardes du corps. Ces deux événements ont affecté la population Bukavienne qui pour manifester son mécontentement a observé une ville morte de 3 jours au cours de la quelle :
- Elle a condamné la réaction du chef de l’Etat de ramener à Bukavu le major Kasongo arrêté par le général de la 10 ème région militaire et acheminé à Kinshasa.
- Elle a dénoncé le complot international tendant à la balkanisation de notre pays.
- Elle a condamné les commanditaires des deux guerres passées et qui continuent à soutenir la guerre en RDC,
L’autorité provinciale s’est appuyée sur ce climat de tension et d’insécurité pour nourrir sa décision. Il a montré que les manifestations publiques du 08 mars 2004 pouvaient entraîner le soulèvement de la masse dans la ville. Elle a, à la même occasion, annoncé qu’elle va se rendre en territoire de Kalehe pour célébrer la journée avec les femmes victimes des violences sexuelles.
Suite à cette décision, beaucoup d’organisations des femmes ont tout simplement reporté certaines de leurs activités prévues pour le 08 mars aux jours suivants. Par ci par là, nous avons observé les manifestations suivantes :

Certaines étudiantes et élèves étaient habillées en pagnes ; les femmes travailleuses ont organisé des sorties dans les après – midi dans des restaurants, bars et buvettes de la place portant des pagnes offerts par leur entreprise. C’est le cas des femmes travailleuses des services des impôts et de la Regideso qui étaient chez maman Kinja, celles de la DGRAD étaient chez Mon Jardin.

Par contre, il y a d’autres entreprises qui ont privé leurs travailleuses de cette fête en contre carrant leur organisation. C’est le cas du GINKI (Groupe Industriel du Kivu) qui a obligé à ses travailleuses de travailler le 08 mars 2004.

Bien que les manifestations publiques étaient interdites la journée était déclarée chaumée et payée pour les femmes.

Les femmes des confessions religieuses, elles ont célébré cette journée dans la méditation et prière au sein de leurs églises et paroisses respectives, c’est le cas de :
L’église catholique

Dans l’église catholique l’organisation était identique dans toutes les paroisses de la ville de Bukavu.
Les femmes étaient habillées en blouse noire, pagne sombre, foulard noir et sachets noirs sur la tête et d’autres étaient mêmes pieds nus.
Les femmes se sont habillées en noir pour montrer qu’elles étaient en deuil, elles pleuraient leurs semblables qui ont trouvé la mort au cours de ces deux guerres de 96 et 98, les femmes victimes de viol et violences sexuelles, mais aussi leur progéniture qui continue à être menacée par des guerres continuelles ainsi que les deux gardes du corps du Général Nabiolwa tués innocemment.
Dans toutes ces paroisses, la journée avait commencé par la célébration eucharistique suivie de l’adoration du cœur sacré de Jésus et de la méditation.
Prenons le cas de la paroisse de Kadutu où les activités ont commencé avant le 08 mars 2004.

• A la Paroisse de Kadutu

A la paroisse de Kadutu les activités ont commencé bien avant.
- Le jeudi 04 mars 2004
Une conférence a été organisée à la paroisse de Kadutu par le Curé de la paroisse sur « UBORA WA MWANAMUKE » en français « La dignité de la femme ». Une conférence qui a connu la participation de 1.000 femmes de la paroisse de Kadutu et qui fut animée par l’Abbé Romuald.
- Dimanche le 07 mars 2004
Une journée de réflexion a été organisé au Lycée WIMA regroupant plus de 2000 femmes et filles de 16 ans et plus. Le thème de la Conférence était la « Dignité de la femme », la journée était terminée par une messe d’action de grâce qui a été lue par le Curé de la paroisse de Kadutu.
- Lundi le 08 mars 2004
Une marche de recueillement de toutes les femmes de la paroisse était organisée à partir de leurs secteurs de base jusqu’à la paroisse Saint François Xavier et de là tout le groupe a poursuivi la marche jusqu’au secteur Centre – Nord de la paroisse de Kadutu.

Les femmes étaient habillées en blouse noire et pagne avec babouche et d’autres étaient pieds nus, la tête était couverte soit d’un foulard soit d’un sachet noir.
La marche était dominée par le silence et la prière. Une messe d’action de grâce a été lue au secteur Centre – Nord pour clôturer la journée.
- Dimanche le 14 mars 2004
C’était la journée de festivités diverses. Les femmes de la paroisse de Kadutu ont organisé des théâtres, poèmes et jeux. A la fin, un repas fut partagé.

3. A Kamanyola

A Kamanyola, dans la plaine de la ruzizi,les femmes membres des associations ont boudé la marche organisée par le chef de poste d’Etat d’encadrement administratif de Kamanyola . Elles ont refusé d’y participer et ont reporté leurs manifestations pour le 13 avril 2004 en vue de manifester leur solidarité avec leurs sœurs de Bukavu qui ne pouvaient pas manifester suite au refus de l’autorité provinciale.

Le samedi 13 mars 2004, une cérémonie fut organisée les après-midi dans l’enclos de chez Shabani et réunit toutes les composantes et leaders sociaux de Kamanyola.
Un discours d’ouverture fut prononcé par la maman chef de poste d’encadrement administratif de Kamanyola, Betty KAYANGE, suivie du chef d’Antenne de l’ong Fondation Femme plus de Kamanyola pour présenter un discours de circonstance et de Jeanette Chandazi de l’ong Grenier présentant l’évaluation de 4 années de la commémoration de la J.I. F. à Kamanyola.
Cette dernièrea montré le progrès réalisé par les femmes, les décisions arrêtées par elles parmi lesquelles certaines sont exécutées et d’autres demeurent non encore exécutées, l’avancement du processus de transition en R.D.C, la place et le rôle de la femme pendant cette période, la période pré électorale, tous les enjeux qui l’entourent.
Elle a montré que le danger le plus grand qui puisse favoriser la manipulation des élections et qui est la non accessibilité à l’information au moment opportun de la population de Kamanyola en particulier et toute la plaine de la Ruzizi en général. Elles ont profité de la présence de la MONUC au cours de cette cérémonie pour solliciter l’implantation d’une antenne radio Okapi à travers laquelle, les femmes suivront des informations sur tout ce qui se passe dans notre pays.
En suite, elles ont demandé aux autorités administratives de rouvrir le marché de Kamanyola pour que les femmes aient leur marché dans le pays et cela pourra les épargner des taxes multiples en nature et en espèces auxquels elles sont soumises par les autorités politico – militaires de la place et du Rwanda chaque fois qu’elles doivent traverser la frontière pour aller au marché au Rwanda.

Par ailleurs, elles ont dénoncé les magouilles du président sectionnaire du RCD / Kamanyola qui est entrain de faire payer illégalement les taxes dans l’avenue Mulira et exige un paiement forcé des attestations de perte des cartes d’identité aux travailleurs qui se rendent à Walungu via Kamanyola.

Toutes ces déclarations n’ont pas été bien accueillies par le chef de poste d’encadrement de Kamanyola qui après ces manifestations a interpellé certaines femmes notamment Mme Jeannette CHANDAZI et Aimée ABIGAËL BITONDO toutes deux agents du grenier en les accusant de révolter les femmes.
La journée était clôturé par un mot de remerciement adressé au responsable de l’équipe de la MONUC de Kamanyola, à la maman chef de poste de groupement et un concert musical a été tenu par les jeunes musiciens de Kamanyola.

4. A Shabunda

La Journée Internationale de la Femme fut célébrée le 08 mars 2004 à Shabunda. Les manifestations étaient organisées et pilotées par le RFDP antenne de Shabunda. La marche a commencé à 9h °° à l’église catholique de Shabunda centre et à mener jusqu’au terrain de football et c’est là où se sont déroulés d’autres activités de la journée. Les manifestations ont commencé par une prière dirigée par une femme pour implorer la paix dans notre pays.

Les autorités administratives et religieuses du territoire de Shabunda ont pris part à cette manifestation notamment : le chef de brigade S5, l’administrateur du territoire de Shabunda, le commandant de la Police, le chef de cité, les sœurs de divin maître, les agents de la DSR et les représentants de différentes organisations internationales, 12 organisations féminines de la place ont participé à cette manifestation.

Les femmes ont marché et l’une d’elles transportait un cercueil contenant les bouts des bois qu’elles ont pris pour armes qu’elles allaient enterrer au terrain de football devant les autorités.
Le message véhiculé n’était autre que les femmes étaient fatiguées et en avaient marre avec la guerre et voudraient l’instauration d’une paix durable.

Après cet enterrement symbolique de la guerre, les femmes ont présenté les saynètes qui transmettaient des messages de sensibilisation à la population.
Ainsi les thèmes étaient :
1. La guerre en R.D.C et ses conséquences (viols, violences sexuelles, pillage des ressources, pauvreté, …),
2. Le mari irresponsable,
3. « Les conséquences de manque d’hygiène dans le ménage »,
4. « Les femmes accusée de sorcellerie ».

La journée était terminée par l’hymne national. Les invités se sont rendus à la résidence de l’administrateur du territoire où ils ont partagé un repas.
En vue de mener à bon, les activités du 08 mars 2004 les 12 associations féminines ont contribué chacune 1.000 FC et elles ont reçu également l’appui de l’administrateur du territoire de 1.000 FC.

2. Dans la ville de Kalemie.

Le 08 mars 2004 à Kalemie, les femmes ont organisé les manifestations à l’hôtel du Lac. Après ces manifestations, une jeune femme a été violée par 2 gardes du corps de l’Inspecteur de la Police, tous Banyamulenge ; trois autres cas de viol commis par les militaires du pouvoir public, qui sont censé protéger la population contre toute agression, venaient d’être signalé.

Aujourd’hui, les femmes oeuvrant dans les associations féminines sont interpellées par le pouvoir public pour avoir dénoncé ces cas de viols et violences sexuelles commises par les militaires. Les femmes de Kalemie ont rédigé un mémorandum dans lequel elles dénonçaient les viols et les violences sexuelles faites à la femme et à la jeune fille.

CHAP III. LA JOURNEE DU 13 MARS 2004 DANS LA VILLE DE BUKAVU

Dans la ville de Bukavu, le 13 mars 2004 était pour nombreuses organisations une journée au cours de laquelle elles ont réalisé les activités reportées le 08 mars 2004. Les écoles, les instituts supérieurs et universités de la place ont organisé des cérémonies soit dans leurs institutions respectives soit en dehors, en louant une salle dans la ville. Parmi ces institutions nous pourrons citer :

1. L’Université Catholique de Bukavu (UCB)

Elle a organisé une journée culturelle dans la salle Fiesta en commune d’Ibanda, toutes les filles étudiantes étaient habillées en pagne. La journée a commencé par des déclamations des poèmes et sketchs, défilé de mode, jeux – concours (génie en herbe). C’est après que la conférence – débat a commencé avec deux thèmes qui sont :
- « La participation féminine dans le processus de pacification et dans la gestion de la Res publica en R.D. Congo : Bilan et perspectives »,
- « Les droits d’avorter pour une femme violée ».
Après la conférence, un cocktail a été servi. Le programme a continué, un disco musical a commencé à 12h °° et a pris fin à l’aube
2. Au Collège ALFAJIRI

La journée du 13 mars a commencé par une célébration eucharistique dans la chapelle du Collège Alfajiri à 11h °°. Toutes les filles et les enseignantes étaient habillées en pagne. A 12h °°, le sandwich et le sucré étaient servi dans une salle seulement à celles qui avaient donné le 1 $ de cotisation.
A 13h °° l’équipe s’est scindée en deux : une est allée rendre visite aux femmes handicapées du centre « Heri Kwetu » à Kadutu et l’autre aux femmes victimes de viols et violences sexuelle à Muhungu.
3. Au Complexe Scolaire Espoir et Etoile

Au sein de ces deux institutions, le 13 mars 2004 il n’y avait pas eu cours, les élèves filles étaient habillées en pagne. En vue de bien réaliser leurs activités, elles ont organisé des cotisations en raison de 1 $ / élève.
Ainsi les manifestations ont commencé à 11h °°, elles ont présenté des saynètes, des sketchs, des danses, défilés de mode, poèmes. La journée a pris fin par un cocktail offert à tous les invités.

4. Institut Supérieur Pédagogique (ISP)

A l’Institut Supérieur de Bukavu, la célébration de la Journée Internationale de la Femme, a été célébrée par les étudiantes le 20 mars. Ce 20 mars 2004, toutes les étudiantes étaient habillées en pagne, la manifestation s’est déroulée dans la grande salle et là il y a eu des récitations, défilés de mode à l’Africaine, musique et danse. La journée s’était terminée par un cocktail.

En suite, le 27 mars, les femmes travailleuses de l’ISP et EDAP ont célébré la Journée Internationale de la Femme dans la grande salle de l’ISP. Un film intitulé « l’épidémie de l’ombre » leur a été projeté. C’est un film éducatif qui montre comment on peut attraper les IST, leurs conséquences et comment on peut les soigner.
Le groupe SHALOOM de Bagira avait présenté à l’occasion une saynète sur la vie des étudiantes au campus et les conséquences de mariage académique.
Une conférence – débat a été animée sur le thème « le viol et les violences sexuelles ».
Cette conférence a débouché sur une action de solidarité. Les femmes travailleuses de l’ISP et EDAP avaient décidé de rendre visite aux femmes victimes de viol et violence sexuelle de l’hôpital de PANZI.

5. La coalition contre les violences sexuelles en RDC/CCVS-RDC

Le 13 mars 2004, la CCVS a organisé une journée culturelle dans la salle Concordia d’Ibanda de 10h °° à 14h °°.Cinq temps forts ont marqué cette journée :

1. Présentation de la CCVS/RDC et briefing de la campagne menée par CCVS à Kinshasa,
2. Présentation de la saynète,
3. Témoignages des femmes victimes des violences venues des territoires de la province du Sud – Kivu,
4. Présentation des résultats d’une étude sur « les causes et les conséquences de la violence sur les filles et femmes pendant les guerres à l’Est de la République Démocratique du Congo,
5. Remise d’une pétition au représentant de la MONUC présente dans la salle.
6. Cocktail.

Déroulement des activités.

La modération de la manifestation était faite par Mr Abel Bachishoga du RFDP.
1. Déclamation d’un poème

Un poème sur « les viols et violences sexuelles » a été déclamé
par Mme Justine Magala de l’Ong laissez l’Afrique Vivre ( LAV).
A travers ce poème Mme Justine Magala a exprimé la détresse et le traumatisme dans les quels vit actuellement la femme de l’est de la RDC.
Elle a montré comment les obligations familiales exposent les femmes vivant dans les milieux ruraux au viol et violences sexuelles alors que ce sont des obligations fondamentales dont elles ne peuvent pas se passer pour la survie de leurs ménages. Elles ne sont pas protégées et lorsqu’elles sont attrapées par les violeurs, elles sont abandonnées, en premier lieu par leurs maris alors que ce sont eux qui devaient les soutenir. La femme se retrouve seul sans appui, dans la misère et avec beaucoup de blessures physiques et morales.

2. Présentation de la CCVS / RDC

La présentation de la CCVS/RDC a été faite par Mme Florence Munsala et Mme Adolphine Muley respectivement déléguée de la composante femme au bureau de coordination de la Société civile sud Kivu et coordinatrice de l’Organisation locale UEFA.
Mme Florence a tout d’abord montré les motivations liées à la création de la coalition contre les violences sexuelles en RDC (CCVS / RDC).
Ensuite, elle a montré que la CCVS/RDC est une organisation thématique. Elle est liée au besoin d’une action efficace en faveur des victimes des violences sexuelles en période des conflits armés en RDC et repose sur le respect de leur culture.
Elle travaille avec les organisations engagées dans la lutte contre les violences sexuelles.
Elle est un cadre qui permet à ses membres d’agir ensemble et de façon complémentaire sur la question des violences sexuelles liées à la guerre en R.D. Congo.
La CCVS se veut une synergie d’action. Elle veut servir de pont pour la réalisation d’un lobby par les concernées tant au niveau national qu’international.
Peut faire partie de la CCVS, toute organisation intéressée par la problématique des violences sexuelles en RDC et sensible au besoin d’y apporter une contribution adéquate, complémentaire et respectueuse de la culture des victimes.
La CCVS est pilotée par un groupe de 3 organisations membres effectifs, qui ont présidé à sa fondation Il s’agit de : Union pour l’Emancipation des Femmes Autochtones (UEFA), Réseau des Femmes pour la Défense des Droits et la Paix (RFDP), et le Centre Olame. .

Parmi ses réalisations on a beaucoup insisté sur la campagne de sensibilisation sur l’ampleur et les conséquences des viols et violences sexuelles, le lobbying qu’a mené la CCVS à Kinshasa en vue de rendre nationale la question de viol et violence sexuelle et enfin l’initiation d’un avant projet de loi organisant la répression des violences sexuelles.

3. Présentation de la saynète.

Une saynète a été jouée par le groupe théâtrale Shaloom de Bagira, une saynète sensibilisatrice avec comme thème « jusque à quand les viols et violences faites à la femme ».
La pièce a montré les atrocités dont sont victimes les populations dans nos milieux ruraux et plus particulièrement la femme qui, à part les tueries, les pillages des biens, subissent le viol et violences sexuelles qui les rendent de plus en plus vulnérables. Les femmes deviennent pauvres, attrapent les IST, mettent au monde les enfants non désirés dont les pères ne sont pas connus, les enfants qui constituent des bombes à retardement pour l’Etat congolais.
Et dans la ville où le viol et violences sexuelles ne sont pas commis à grande échelle, les droits des femmes et filles sont bafoués.
Les femmes revendiquent la fin de la guerre et le retour des milices étrangères dans leurs pays.

4. Témoignages des femmes Victimes des violences.

Nous avons invité les femmes victimes des violences des différents territoires du Sud –Kivu en raison de deux par territoire et dont l’une devait témoigner devant le public présent comment elle a vécu la violence dans son milieu.
Etaient invitées les 2 femmes de chacun des territoires suivants : Kabare, Fizi, Walungu, Bunyakiri et Kalehe.

Compte tenu de la perturbation due à la non tenue de la conférence le 08 mars et nous amena à reporter notre activité pour le 13 mars, il nous a été difficile de faire revenir les femmes du territoire de Fizi à Bukavu mais nous avons également constaté l’absence de celle du territoire de Kalehe.
Les cinq femmes présentes venaient de Kabare, Walungu et Bunyakiri.

Leurs témoignages ont porté sur les violences sexuelles dont elles ont été victimes, violences commises par les milices étrangères.
Ces femmes ont vécu des moments de grandes atrocités de telle sorte que leurs témoignages ont fait pleuré plus d’une personne dans la salle.

Le témoignage qui a le plus marqué les participants est celui d’une jeune fille de 15 ans qui a été enlevée par un groupe des interahamwe alors qu’elle gardait sa grand mère malade à l’hôpital de Mukongola dans le territoire de Kabare. Ils lui avait fait transporté les biens pillés à l’hôpital jusque dans leur camps situé dans le parc de Kahuzi Biega où elle fut retenue pendant 3 mois.
Et durant tout ces temps elle était soumise à l’exploitation sexuelle, elle subissait de viols quotidiens.

5. Présentation des résultats d’une étude.

La présentation des résultats préliminaires de l’étude sur les causes et les conséquences des abus sur les femmes au Sud-Kivu était fait par Mme Laetitia Shindano chargée d’Ecoute et Orientation au RFDP
Dans son mot introductif, elle a dit que cette étude a été commanditée par deux organisations de femmes actives au Sud Kivu, le Réseau des Femmes pour un Développement Associatif ( RFDA) basé à Uvira et le Réseau des Femmes pour la Défense des Droits et la Paix ( RFDP) avec l’appui d’International Alert.
Ces Organisations avaient collaboré avec trois chercheurs.
Les résultats préliminaires présentés ici sont condensés dans un document disponible au bureau du RFDP.

6. Remise de la pétition à la MONUC.

Les femmes du Sud - Kivu ont adressé leurs revendications au conseil de sécurité des Nations unies à travers une pétition initié par le RFDP. La pétition portaient les revendications suivantes :

- Nous dénonçons le complot International persistant de la balkanisation de notre pays, la République Démocratique du Congo et le pillage de ses ressources naturelles en utilisant les pays voisins armés pour mener la guerre contre les populations congolaises de l’Est qui résistent à ce plan.

- Nous exigeons le désarmement et le rapatriement forcés et massifs des milices Rwandaises, Burundaises et Ugandaises par la MONUC conformément au chapitre VII de la charte des Nations Unies, traduisant son mandat actuel.

- Nous dénonçons l’utilisation de violence sexuelle comme arme de guerre.

C’est au cours de cette cérémonie que fut remis une enveloppe contenant plus de 3250 signatures au représentant de la MONUC présent dans la salle précédé par un mot dont vous retrouverez le contenu en annexe.

7. Cocktail

Ces manifestations furent clôturées par un cocktail offert à tous les participants.

Impressions.

D’une façon générae, la conférence était tenue dans un climat calme et chaleureux.296 personnes ont répondu à notre invitation.
Toutes les couches sociales étaient représentées dans la salle : un représentant des Nations Unies, les autorités administratives de la ville, des institutions tant publiques que privées de la ville de Bukavu, des ONG internationales et locales , les confessions religieuses, les commerçants, les agents de l’ordre, les étudiants, les femmes membres des associations ou non, …

Les activités étaient suivies avec une grande attention par les participants, ce qui a montré qu’ils accordaient de l’intérêt à cette manifestation et à la problématique des violences sexuelles.
- la présentation de la CCVS/RDC était importante parce que nombreuses personnes parmi nos invités nous ont révélé qu’ils connaissaient la CCVS/RDC par le nom tout en ne sachant pas ce qu’elle faisait exactement.
- Les résultats préliminaires de l’étude du RFDP avait intéressé les participants ; cela s’était observé tout d’abord à travers les questions posées après l’exposé ensuite le désir qu’ils ont manifesté de posséder le rapport de cette étude dès qu’il sera prêt.
- Les nombreuses personnes présentes dans la salle ne connaissaient pas concrètement les atrocités que vivaient nos populations en milieux ruraux. Certains participants nous ont dit qu’ils suivaient des informations à la radio qui disaient qu’il y a eu viol à tel ou tel autre endroit mais ils ne savaient pas que c’était avec une telle férocité et que cela avait pris une grande ampleur.
A travers cette saynète présentée par le groupe shaloom et les
témoignages des femmes victimes de violences, ils ont compris que nos
frères et sœurs traversent un calvaire , ceux qui sont émotifs ne sachant pas
se contenir pleurer dans la salle de chagrin et d’amertume vis à vis de la
situation dans la quelle vivent leurs compatriotes.

- Après cette manifestation, la sœur Misérabilis de la Caritas/Bukavu a invité Mme Laetitia Shindano du RFDP a son Bureau pour un entretien au cour du quel elle ne leur avait pas caché combien elle a été impressionnée par ce que faisait la CCVS et plus particulièrement le RFDP et à promis de faire de tout son mieux pour assister ces victimes de viols et violences sexuelles en vivres et non vivres.

- Le parlementaire présent dans la salle Mr Paulin Bapolisi a promis qu’ensemble avec ses collègues parlementaires du Sud Kivu ils vont soutenir à 100% la proposition de lois soumis au parlement par la CCVS/RDC.

- Après cette conférence nous avons accueilli certaines personnes à notre bureau qui venaient solliciter la copie de la casette vidéo de cette conférence.

- Nous avons remarqué la présence des journalistes de différentes chaînes
Radio de la ville de Bukavu ; radio Maria, Maendeleo, Rehema, Okapi,
RTNC, Raga intéressés par la question qui enregistraient tout ce qui se
passait dans la salle et après la conférence, ils ont sollicité des interviews
auprès de certains membres de la CCVS/RDC.
Déjà à 13h00’ alors qu’on était encore dans la salle de la conférence, les
résultats de l’étude étaient diffusés à la chaîne Raga au niveau national.

Fait à Bukavu , le 28 avril 2004-05-08
Rita Likirye Muhanano.