UNE POLITIQUE NATIONALE DE DEFENSE, DE SECURITE ET DE COOPERATION REGIONALE POUR LA RDC.

Si la transition politique actuelle est un passage obligé pour l’évolution de l’Etat congolais d’un environnement post – conflit vers la consolidation de la paix, la restauration de l’autorité de l’Etat et l’implantation d’un nouvel ordre institutionnel, la reforme du secteur de sécurité congolais pourrait constituer l’enjeu principal de l’ensemble du processus de paix en cours au pays et dans le reste de la sous – région de Grands Lacs.
Cette observation a été mieux illustrée par les récents propos du Secrétaire Général Adjoint des Nations Unies chargé des opérations de maintien de paix, Mr Jean Marie Guéhénno qui, commentant les derniers événements dans la Ville congolaise de Bukavu où les troupes gouvernementales s’employaient à maîtriser les élans insurrectionnels d’un certain Colonel Mutebezi suspendu par la hiérarchie militaire, estimait que « l’intégration de l’Armée et la normalisation des relations entre la RDC et ses voisins » étaient des exigences sécuritaires.

La manière dont les autorités congolaises réagissent actuellement face aux événements à l’Est du pays tend à confirmer une nette propension à rechercher des solutions provisoires et épidermiques en lieu et place des approches de fond, permettant de s’attaquer aux racines des maux.
En effet, comment comprendre que le Gouvernement congolais signe des protocoles de coopération militaire avec la Belgique, s’attelle à la formation des brigades de la nouvelle armée à Kisangani, soumet au Parlement un projet de loi portant organisation de la défense et de l’Armée et crée une Commission Nationale de Démobilisation et de Réinsertion alors qu’il ne dispose pas encore d’une politique nationale de défense, de sécurité et de coopération régionale clairement définie au regard de la menace interne et externe.
Cette politique est sensée fonder aussi bien la doctrine de défense que les plans de coopération militaire avec des pays amis, la conception de la reforme du secteur de sécurité dont les processus d’intégration de l’Armée et de la Police, la réorganisation des services d’intelligence et de la diplomatie, ainsi que le programme national DDR ne seraient que de simples volets ?
Comment réaliser que la problématique de l’intégration de la Police et de la réorganisation des services de sécurité soient considérées comme des questions secondaires alors qu’il est universellement connu que le rôle principal de rétablissement et de maintien de l’ordre public, ainsi que de la restauration de l’autorité de l’Etat incombe essentiellement à la police et aux services spécialisés ; l’armée ayant plutôt la mission principale de faire face aux agressions armées internes ou externes.
En outre, eu égard aux expériences antérieures en Algérie, en Angola, au Congo – Brazza etc., où la tenue des élections a occasionné des instabilités ; serait – il réaliste d’envisager l’organisation des scrutins dans un pays qui sort d’une longue guerre ayant impliqué une demie douzaine des « composantes et entités politico - militaires», sans un préalable accomplissement judicieux de la reforme du secteur de sécurité, notamment le processus DDR, permettant d’établir la démarcation entre la chose militaire et les affaires politiques, et la réduction de la circulation illégale des armes de guerre dans le pays ?

Tous ces questionnements amènent à penser que l’Etat congolais continue à évoluer dans la droite ligne de cette logique du provisoire et de l’improvisation qui l’a conduit à sa fragilisation et faillite présentement déplorées.
Pour réussir le pari de la consolidation de la paix, de la restauration de l’autorité de l’Etat, de la tenue des élections, de la mise en place des institutions de la nouvelle république et du rétablissement de l’indispensable concorde avec ses voisins de la sous – région, le Gouvernement actuel devrait s’atteler dès son entrée en fonction à un cheminement global et logique qui allait commencer par l’évaluation du profil de la menace interne et externe au regard des problématiques de la violence ethnique à l’Est du pays, de la survivance des forces négatives sur le territoire congolais et de la menace terroriste qui pèse actuellement dans la sous – région de Grands Lacs.

Ce n’est qu’en fonction de ce profil actualisé de la menace interne et externe que devrait être élaborée une politique nationale en matière de défense, sécurité et de coopération régionale, en vertu de laquelle seraient conçues la doctrine de défense, ainsi que les stratégies de coopération militaire et du déploiement de la diplomatie congolaise aux plans sous - régional et international.
Dans la même logique, l’élaboration du programme national DDR et des plans de réorganisation et d’implantation de l’Armée, de la Police, des services d’intelligence ainsi que du corps diplomatique devrait être accomplie pas dans l’improvisation et de manière disparate ; mais dans un schéma global et intégré dicté par le profil actualisé de la menace et en conformité avec la politique nationale de défense, de sécurité et de coopération régionale bien définie.

En reformant correctement le secteur de sécurité congolais, le Gouvernement de la République devrait en principe être en mesure de mieux gérer la problématique de la consolidation de la paix, de la restauration de l’autorité de l’Etat sur toute l’étendue du pays, de la neutralisation des forces négatives et des mouvances insurrectionnelles présentes sur le territoire congolais ; ce qui devrait naturellement favoriser le rétablissement d’un climat de confiance mutuelle entre la RDC et ses voisins ; et par conséquent, permettre une solution durable des équations sécuritaires actuelles dans la partie orientale du pays.
En professionnalisant ses forces de sécurité aux opérations de maintien de paix et à la lutte contre le terrorisme, la RDC se positionnera comme un partenaire sécuritaire crédible dont la communauté internationale aura besoin pour la restauration et le maintien de la stabilité dans les Grands Lacs.
Cette crédibilisation de la RDC devrait ipso facto la rendre éligible à certains programmes internationaux de coopération militaire comme l’IMET(International Military EducationalTraining), l’ACRI(African Crisis Response Training), le JCET(Joint Combined Exchange Training) dont bénéficient depuis des années des pays comme l’Ouganda et le Rwanda ; et qui leur ont permis de prendre une importance stratégique au niveau des Grands Lacs, même s’ils n’ont pas les mêmes atouts que la RDC.

La NPDAC/ONG travaille actuellement sur un projet d’organisation d’un séminaire – atelier qui devrait permettre aux experts du Gouvernement, de l’Armée, de la Police, des services d’intelligence, de la Société civile et aux parlementaires de réfléchir ensemble sur «l’évaluation du profil actualisé de la menace interne et externe, la conception d’une politique nationale en matière de défense, sécurité et coopération régionale, ainsi que des approches pour une reforme judicieuse du secteur de sécurité congolais ».
Par conséquent, elle souhaite toute contribution morale et matérielle des partenaires nationaux et internationaux au processus de pax en cours en RDC et dans la sous – région.
Pour d’amples renseignements, prière contacter la Coordination de la NPDAC/ONG aux coordonnés suivants :
- E- mail : npdacong2003@yahoo.fr
- Tel : (+243) 98866498
- 13, Ruakadingi, Kinshasa
Fait à Kinshasa, le 28 mai 2004
Faustin LOKASOLA
Coordonnateur