2.000 soldats réguliers de Kinshasa, en provenance du Lac Tanganika, ont débarqué ce matin à Uvira

La tension demeure élevée dans la province du Sud Kivu, Est de la République Démocratique du Congo et théâtre, depuis plus de deux semaines, d'affrontements et combats entre deux groupes de soldats "insubordonnés" et la nouvelle armée unifiée congolaise.
Des sources de la MISNA réfèrent qu'au moins 2.000 soldats réguliers de Kinshasa en provenance du Lac Tanganika ont débarqué ce matin à Uvira et, après avoir réquisitionné tous les véhicules disponibles en ville, ils se sont dirigés vers Kamanyola, le village se trouvant à mi-chemin entre Uvira et Bukavu ( chef-lieu du Sud Kivu ) depuis plusieurs jours aux mains du colonel "rebelle" Jules Mutebusi et de ses hommes protagonistes ( avec ceux commandés par le général Laurent Nkunda ); des violences qui, depuis le 26 mai dernier, déstabilisent Bukavu.
Hier dans le courant de l'après-midi les forces régulières avaient déjà rejoint Luvungi, à une quarantaine de kilomètres de Kamanyola, et, selon des indiscrétions, pourraient lancer une lourde offensive dans les heures à venir afin de reprendre le contrôle de la localité et arrêter Mutebusi et les siens.
Pendant ce temps, Bukavu est partagée entre l'envie de normalisation et la peur d'être de nouveau le terrain de combats.
En ville, les écoles ont rouvert leurs portes et les examens de fin d'année, suspendus suite aux violences et à la prise de la ville ( le 2 juin dernier ) par les mutinés, ont pu reprendre leur cours normal.
Dans les rues de Bukavu tous craignent le retour du général Laurent Nkunda, l'autre militaire qui était venu à Goma pour soutenir Mutebusi avec ses troupes, dans le but soi-disant, de défendre les droits des Banyamulenge ( tutsis congolais d'origine rwandaise qui habitent dans cette zone orientale du Congo ) d'après lui, victimes d'un véritable génocide.
Malgré le fait que les représentants de l'ONU et de la Mission des Nations Unies au Congo ( MONUC ) aient séchement démenti les accusations de génocide à l'encontre des Banyamulenge avancées par Nkunda, le général rebelle a menacé de marcher de nouveau sur Bukavu et de déclarer la guerre à Kinshasa: " Si la communauté internationale ne réussit pas à accepter ce qui se passe, nous combattrons pour tous les Congolais ", a déclaré Nkunda à l'agence de presse britannique "Reuters".
Des sources de la MISNA soulignent que parmi les 20.000 réfugiés qui ont franchi ces jours-ci les frontières avec le Burundi et le Rwanda ( selon d'autres données ils seraient au moins 30.000 ) pour fuir aux combats et aux violences, ne se trouvent pas seulement des Banyamulenge.
“ De nombreuses personnes, de plusieurs ethnies s' échappant à peine de ce bourbier, ont-elles pris conscience de ce qui était en train d'arriver, abandonnant surtout les villages ruraux.
Ces personnes ont encore un net souvenir des souffrances vécues durant les précédentes guerres congolaises et à peine ont-elles senti que le climat était dangereux, elles ont préféré fuir" explique une source de la MISNA à Bukavu.
Le Congo essaie avec grande difficulté de sortir d'un conflit fort compliqué qui a formellement commencé en 1998 et s'est conclu ( avec la mort de plus de 3,5 millions de personnes ) avec les accords de paix de 2002 et avec l'approbation, l'an d'après, d'un gouvernement d'unité nationale au sein duquel toutes les " âmes " des groupes armés ont conflué, responsables de ce que le Secrétaire d'Etat américain alors en charge, Madeleine Albright, avait qualifié de " Première Guerre Mondiale Africaine ".