Les militaires basés à Kamituga excellent dans les tortures des paisibles populations qu’elles sont appelées à protéger.

RESEAU DES FEMMES POUR
LA DEFENSE DES DROITS ET
LA PAIX
R.F.D.P

N° 019 juillet 2004.

Feuillet occasionnel de dénonciation des violations des droits humains et des violences à l’égard des femmes.

Les militaires basés à Kamituga excellent dans les tortures des paisibles populations qu’elles sont appelées à protéger.

Quatre femmes d’une même famille de la Cité de Kamituga en territoire de Mwenga ont été dénudées, battues sur la place publique puis jetées au cachot par les militaires des Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC)

Pour s’être opposée à la destruction de sa maison en construction, madame Manyumba Muhunga , 28 ans domiciliée au quartier Katunga à Kamituga , a été passée à tabac en public ainsi que sa mère et ses trois sœurs

Mardi 20 Juillet 2004 à 8 heures devant le bureau de la 107è brigade de Kamituga, située au club Kamituga (bâtiment de la Sominki), les passants ont assisté à la flagellation de madame Manyumba Muhunga, suivie des coups de pieds et de poings lui administrés par un groupe des militaires placés sous les ordres du lieutenant S2, Ndume Bulembo Kibasa. La victime était complètement nue.

Munie de tous les documents parcellaires et de l’attestation de permission des travaux de construction, délivrée, le 17 / 7 / 2004, par le chef de la sous- cellule de l’urbanisme et habitat de Kamituga, madame Manyumba avait débuté le lundi 19 / 7 / 2004, à 8 heures, les travaux de construction.

Quelques heurres après , le commandant de la Police Nationale, monsieur Zembe Baruti , accompagné du chef coutumier , monsieur Mubagwa et d’un agent de sécurité de la société minière du Kivu
« Sominki », monsieur Kamituga , étaient arrivés sur le lieu et lui ont imposé de payer une taxe qu’elle a considérée comme illégale .
Devant le refus de la précitée, le commandant Zembe Baruti arracha à cette dernière tous les documents de la parcelle et ordonna sur le champ, la démolition de la construction.

Comme la victime réclamait ses documents, ceci lui a valu d’être arrêtée. Par après, le même commandant a transféré Manyumba à son homologue militaire, le lieutenant Ndume. Selon la victime , le commandant Zembe avait demandé à son collaborateur Ndume de lui infliger une punition exemplaire, allusion faite à la torture .

Pendant que les coups pleuvaient sur l’infortunée laissée nue, deux de ses sœurs qui passaient par hasard, ont eu la désagréable surprise de voir que l’objet de la scène, était bel et bien, leur sœur aînée.

Les ayant vite reconnues, le commandant Zembe a autorisé qu’elles soient aussi arrêtées. L’une des sœurs nommée Malinga Muhunga qui avait tenté de s’échapper, a été rattrapée par 10 militaires , puis traînée nue sur une distance de 500 mètres jusqu’ au lieu où l’on battait ses sœurs qui étaient aussi complètement déshabillées .

Une des sœurs, madame Butunga Muhunga avait une grossesse de 4 mois. Mais son état n’a pas fait fléchir le lieutenant Ndume qui a, d’ ailleurs déclaré ce qui suit : « Tu n’es pas la première à faire une fausse couche et même si tu mourrais, je vais comparaître avec ton cadavre » Ainsi, à force d’être battue par plus de 10 militaires, madame Butunga avait perdu connaissance
.
Une fois alertée, la maman des victimes nommée Machozi Wakubenga a tenté vainement de contacter le chef hiérarchique du lieutenant Ndume en la personne du colonnel Alunda Mauka. Pendant ces démarches, elle sera à son tour interceptée par ces mêmes bourreaux et soumise aux mêmes traitements que ses filles. Et pour l’humilier davantage, le lieutenant Ndume a ordonné à deux de ses militaires de lui écarteler les jambes devant la foule. Ce qui a provoqué le déboîtement des os du bassin.
Par après, les quatre malheureuses ont été jetées dans une cave qui fait office de cachot où hommes et femmes sont mêlés et qui est située dans le bureau même du lieutenant Ndume .

Enfin Informé au sujet de l’état alarmant des victimes, le colonel Alunda Mauka a ordonné immédiatement que celles- ci soient libérées et acheminées au centre médical où elles furent examinées par les médecins Amisi et Kibala. La sœur aînée a été retenue au cachot.
Machozi Wakubenge et Malinga Muhunga ont été transférées à l’hôpital général de Bukavu où elles ont été internées le 21juillet 2004, pour être ensuite référées à l’hôpital de Panzi, le 30 / 7 / 2004 par les efforts du RFDP et de MSF / Hollande. Quant à Bitunga Muhunga, elle est restée à Kamituga sous surveillance médicale.

Par ces actes, le lieutenant Ndume et le commandant Zembe ont violé la convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants ainsi que le pacte international relatif aux droits civils et politiques ratifié par la République Démocratique du Congo, notamment en ses articles 7, 9 et 10.

Aux fins de la Convention ci dessus citée , le terme « torture » désigne tout acte par lequel une douleur ou des souffrances aigues , physiques ou mentales sont intentionnellement infligées à une personne aux fins notamment d’obtenir d’elle ou d’une tierce personne des renseignements ou des aveux, de la punir d’un acte qu’elle ou une tierce personne a commis ou est soupçonnée d’avoir commis, de l’intimider ou de faire pression sur une tierce personne, ou pour tout autre motif fondé sur une forme de discrimination quelle qu’elle soit, lorsqu’une telle douleur ou des telles souffrances sont infligées par un agent de la fonction publique ou toute autre personne agissant à titre officiel ou à son instigation ou avec son consentement exprès ou tacite …

Le Réseau des femmes pour la défense des doits et la paix « RFDP » déplore le comportement irresponsable affiché par les deux officiers des Forces armées de la République Démocratique du Congo « FARDC » et de la Police Nationale.

C’est pourquoi, il en appelle à la responsabilité du Commandant de la 10 è Région Militaire et de l’Inspecteur provincial de la Police pour traduire les coupables devant les juridictions compétentes afin qu’ils répondent de leurs actes .

Il exhorte la population de Kamituga de dénoncer toutes les violations des droits humains qui sont perpétrées dans leur territoire afin de ne pas cautionner le culte de l’impunité qui a caractérisé la période passée.

Dénoncer toute violation des droits humains de la personne = contribuer à la lutte contre l’impunité.