Les populations de Kaniola en territoire de Walungu sont en train de découvrir une autre forme des tortures sexuelles prisées par les groupes armés rwandais : l

RESEAU DES FEMMES POUR
LA DEFENSE DES DROITS ET
LA PAIX
R.F.D.P

N° 021 Août 2004.

Feuillet occasionnel de dénonciation des violations des droits humains et des violences à l’égard des femmes.

Les populations de Kaniola en territoire de Walungu sont en train de découvrir une autre forme des tortures sexuelles prisées par les groupes armés rwandais : la sodomie.

Au rythme dont sont commis les abus des droits humains et violences sexuelles dans le groupement de Kaniola en territoire de Walungu par les milices rwandaises et au regard de la lenteur du processus DDRRR, il y a lieu de croire que la population de Walungu est laissée pour compte.

Plus le séjour de ces groupes armés se prolonge sur ce territoire, plus on dénombre de nouvelles victimes. Certaines ont été déjà à deux ou trois reprises, violées par ces éléments qui se sont installés aujourd’hui en maître dans ce territoire.

Madame NT. M’KA, 35 ans, mariée, résidant dans la localité de Nabichaka en groupement de Kaniola, a été à trois reprises, enlevée de son domicile et amenée dans la forêt où elle a été soumise à l’esclavage sexuel respectivement en date du 23 au 25 avril, du 15 au 17 Juin et du 6 au 10 Juillet 2004 .

Au mois de juillet 2004, le même drame a été vécu par plusieurs jeunes femmes du groupement de Kaniola, notamment : - NT MUG, 25 ans, mariée, résidant dans la localité Luhya .
- EM KA ,17 ans, célibataire, de la localité Muhungu
- MA. KA, 17 ans, célibataire, de la localité Mwirama .
- NO. KA. , 18 ans, célibataire, de la localité Cindusi
- MA. MW. , 18 ans, célibataire, de la localité Cindusi .
- BE. ND. , 16 ans, de la localité Chocho .
-
Les hommes sont à leur tour enlevés pour transporter les biens que les assaillants pillent dans leurs maisons et dans ceux des voisins jusqu’à leur campement, situé à environ 4 heures de marche dans la forêt. Là, ils sont sodomisés par ces rwandais.
Monsieur PI. NT. , 37 ans , marié , père de huit enfants , résidant dans la localité Muhungu , commerçant ambulant de son état , avait été enlevé , le 20 / Mai / 2004 , de son domicile , à 23 heures par sept éléments de la milice rwandaise appelée « Rasta » , basée dans la forêt de Nindja(limite entre le territoire de Walungu et celui de Kabare) Ses ravisseurs lui ont fait porter des bagages pesant plus de 50 kilogrammes sur une distance de 10 kilomètres.

Une fois arrivé au camp, Mr Pi. Nta. a été soumis aux travaux forcés notamment, la coupe des bois durant 3 semaines et durant 5 autres semaines de détention, il a été sodomisé matin et soir par deux éléments de ce groupe armé. Selon la victime, ses bourreaux commençaient par lui administrer dix coups de fouets, avant de le sodomiser. Ils ont utilisé du savon pour faciliter la pénétration.
Il faut signaler que pendant que monsieur PI. NTA était enlevé, son épouse était à son tour enlevée par un autre groupe des ces mêmes rwandais et acheminée dans un autre camp où elle a passé deux jours en train d’être violée avant de regagner son domicile.

L’ONG Initiative Congolaise pour la Justice et la Paix « ICJP » avait dénoncé le 30 juillet 2004, cette forme de torture sexuelle et qui avait été infligée à monsieur Y.A, 27 ans pendant qu’il s’était réfugié au Rwanda lors de la guerre de 15 jours en mai-juin 2004, par les militaires de l’Armée Patriotique Rwandaise (APR), actuellement connue sous l’appellation Forces de Défense du Rwanda. Pendant tout son séjour carcéral d’une semaine et 4 jours, Y.A a été sodomisé chaque nuit par quatre militaires rwandais.

Dans d’autres cas, ces criminels ont opté pour l’élimination physique des paisibles paysans après les avoir torturés. C’est ainsi que madame SU. MU. 40 ans, veuve, domiciliée à Namarhege , localité Chocho ,en groupement de Kaniola a été témoin oculaire de l’assassinat de ses parents et de ses voisins, en date du 3 août 2004 , après que quatre hommes de la milice « Alir » avait exigé à sa famille deux vaches . Son père, monsieur Mudekereza Nabuchona , son frère Mugisho , 14 ans et sa mère Thérèse M’ Masasa ont été tués au couteau . Après leur forfait, les assaillants ont brûlé le cadavre du jeune Mugisho.
Ensuite, les criminels s’étaient rendus chez monsieur Basiboka et lui ont réclamé 500$us.
N’ayant pas obtenu satisfaction, ils ont tué trois de ses fils : Bavurhe Basiboka ,marié , Mugaruka Debsi, 23 ans et Bisimwa Albert, 21 ans, tous deux encore étudiants .

Ces graves violations des droits humains dans le territoire de Walungu devraient interpeller tous ceux qui sont concernés par la question du rapatriement des milices étrangères dont celles rwandaises, présentes sur le sol congolais.

Le Réseau des femmes pour la Défense des Droits et la Paix « RFDP » en communion avec la population de Kaniola en particulier et de l’ensemble du territoire de Walungu en général, lance un cri d’alarme et recommande :

1) Au gouvernement congolais :
- de prendre ses responsabilités pour sécuriser les populations paysannes du territoire de Walungu, territoire dont beaucoup des villages sont occupés par les milices rwandaises qui sèment mort et désolation.

-de respecter les engagements pris lors de la signature de l’Accord de Paix entre la République Démocratique du Congo et le Rwanda, signé à Pretoria, en Afrique du Sud, le 31 juillet 2002 spécialement à l’article 8, alinéa 1,2 et 4 qui précisent :

« Le gouvernement de la République Démocratique du Congo va poursuivre le processus de localisation et désarmement des forces ex-Far et Interhamwe sur le territoire congolais sous son contrôle. »

« Le gouvernement congolais va collaborer avec la Monuc pour le désarmement des forces ex-Far et Interhamwe présentes au Congo. »

« La Monuc , en partenariat avec des agences de l’ONU compétentes , devra être solliciter pour entamer immédiatement le processus de rapatriement de tout ex –combattant rwandais au Rwanda sans délai , y compris ceux qui se trouvent à Kamina , en coordination avec les gouvernements rwandais et congolais . »

2) A la communauté internationale :
- d’exercer des pressions sur le gouvernement rwandais pour créer des conditions d’accueil de ses compatriotes en favorisant la ténue d’un dialogue inter rwandais.

3) Au conseil de sécurité des nations unies et a la MONUC
- d’user effectivement de son mandat actuel placé sous le chapitre 7 de la charte des Nations Unies pour « assurer la protection des civils…sous la menace imminente des violences physiques…

- de prendre des mesures supprimant des réserves relevées dans la résolution 1493/2003 pour ce qui concerne le Nord et le Sud-Kivu : « … autorise la MONUC à utiliser tous les moyens nécessaires pour s’acquitter de son mandat dans le district de l’Ituri et, pour autant qu’elle l’estime dans les limites de ses capacités, dans le Nord et le Sud/ Kivu »

4) Au Haut commissariat des réfugiés :
-de procéder aux rapatriements massifs et forcés des réfugiés rwandais encore sur le territoire congolais où beaucoup se transforment en combattants.

-de rendre le rapatriement des réfugiés rwandais et burundais effectif au lieu de pérenniser une présence étrangère confuse au Congo en prônant leur rapatriement volontaire.

5) Aux populations congolaises :
- de ne cesser de dénoncer tous les abus dont elles sont victimes de la part des groupes armés.

« Désarmer et rapatrier les groupes armés étrangers = lutter contre les abus des droits humains et les violences faites aux femmes congolaises de l’Est. »