MEDECINS SANS-FRONTIERES A KIMBANSEKE : qu'en pensent les JEUNES? (suite et fin )

I. Sous-informations :

Beaucoup de jeunes, la majorité d’ailleurs, ignorent jusqu’à ce jour l’existence même de ce service de santé. La MSF aurait dû mettre sur pied une stratégie efficace de sensibilisation pour que les jeunes soient informés de l’existence et de l’importance de ce service. Ce qui n’a jamais été fait. De là, on est porté à se demander : « à quoi sert-il d’avoir de l’argent en banque si on ignore son existence ? à quoi sert-il de posséder des richesses si on en ignore la juste valeur ?… à quoi donc sert-il aux jeunes de Kimbanseke d’avoir à proximité d’eux un service de santé dont ils ignorent et l’existence et l’importance ? »

La MSF devrait collaborer avec les organisations qui oeuvrent dans ce milieu, notamment des groupes des jeunes tel que « ELDORADO » , qui connaissent mieux la population qui constitue la cible. Cette stratégie pourrait mieux favoriser la participation des jeunes à leur action, la promotion de leur accès au service, mais surtout la conscientisation sur l’importance de service pour lutter contre l’auto-medication , pratique courante dans ce coin… Nous proposons à la MSF notre collaboration dans ce sens.

II. Personnel gênant :

Un service de santé sexuelle et reproductive pour jeunes devrait répondre aux exigences de ces derniers. La MSF devait, par exemple, veiller à ce que le personnel de ce centre convienne au jeunes. Généralement , ces derniers aiment à « traiter » avec leurs pairs, c’est-à-dire jeunes entre jeunes, garçons entre garçons, filles entre elles. Or, plusieurs garçons nous ont avoué avoir été fort embarrassés d’être obligés de se faire soigner par une jeune femme. « Ce n’est pas drôle de se dénuder devant une femme ! », a confié l’un d’entre eux.

Nous demandons à la MSF de prendre une mesure pour qu’il y ait un personnel mixte dans leurs centres, pour l’intérêt de la jeunesse de kimbanseke

III. Horaire contraignant :

Ce service ferme ses portes aux environs de 16 heures. Or, la plupart de jeunes de Kimbanseke ne sont vraiment disponibles qu’à partir de 18 heures :

- à cause de la situation socio-économique, les jeunes de Kimbanseke se prennent en charge eux-mêmes, du moins pour la plupart. Ils sortent tôt et rentrent tard : c’est la réalité de cette contrée. De ce fait, leurs proposer un horaire pareil serait très contraignant. Un service pour jeunes devrait veiller à l’emploi du temps de sa cible pour qu’elle soit disponible.
- Par ailleurs, nous savons que les IST se contractent à deux et se soignent à deux. Or, il n’est pas encore dans nos mentalités de voir deux jeunes, non mariés, se diriger vers un centre de santé prophylactique ; ils seraient stigmatisés ! Mais le soir, c’est possible, c’est plus discret…

En conclusion, disons que nous sommes sans ignorer que la MSF était motivé par le souci de rendre service à la population. Il importait donc pour nous de leurs faire un feed-back pour lui permettre de mieux atteindre les objectifs qu’elle s’était préalablement fixés. Qu’elle trouve donc dans ces lignes un appel de collaboration pour l’intérêt majeur des jeunes. Car, il faut le reconnaître, personne ne connaît mieux que les jeunes eux-mêmes les besoins de ces derniers… et nous le sommes, nous, JEUNES !!!

Trésor KASIA
Président du groupe « ELDORADO »
e-mail : tresorkasia@yahoo.fr