L’écolier Kongwa Batamayi fait les frais du retour manipulé des réfugiés Congolais à Uvira
Les 09 et 10 Octobre 2004 : nouveau weekend de tension à Uvira
L’écolier Kongwa Batamayi fait les frais du retour manipulé des réfugiés Congolais
Dans la journée du dimanche 10 octobre 04, un incident macabre s’est produit à Uvira, à environ 128 Km au Sud de la ville de Bukavu dans la province du Sud Kivu, à la suite de la dispersion par des éléments de la Mission des Nations Unies au Congo (MONUC) de quelques habitants de cette cité manifestant, depuis la veille, leur opposition au retour en RD Congo, par cette cité, des réfugiés Banyamulenge non encore identifiés par les services compétents, revenant du Burundi. Le jeune garçon Kongwa Batamayi, 12 ans, habitant l’avenue Mapendo à Kilomoni II dans le Quartier Kavimvira et élève en 5ème année à l’Ecole Primaire EZIYO de Kilomoni, a été atteint par une balle alors qu’il se baignait au Lac Tanganyika et est mort sur le champ. Cet incident aurait été provoqué par la tentative d’entrée par force de quelque 1137 réfugiés Congolais Banyamulenge en provenance du Burundi gardés par les Forces Armées de la RDC dans la zone-tampon entre Gatumba au Burundi et Kavimvira au Congo.
Ceci n’est pas un cas isolé. En effet, un incident est survenu dans la même entité en date du 26/09/2004 où la foule avait jeté des pierres sur le convoi des 356 réfugiés rentrant au pays, et en a blessé six. En outre, le 06/10/2004 à Bukavu, la population suspectant la MONUC de transporter un infiltré à bord d’un de ses engins a eu des démêlées avec elle.
Des sources concordantes indiquent que tout a commencé quand la population de la cité d’Uvira a appris que les réfugiés congolais en provenance du Burundi sont admis à retourner alors que l’arrivée de ceux devant venir de la Tanzanie initialement prévue au dimanche 03/10/2004, puis au 10/10/2004 a été reportée sine die. Exaspérée, cette population a menacé ces réfugiés pour les amener aussi à rester au Burundi jusqu’à ce que le sort de tous les réfugiés sans distinction soit fixé. Ce qui a provoqué une échauffourée entre la foule en colère et la MONUC conduisant au décès du jeune garçon Kongwa et quelques cas de blessure parmi les civils.
Les manifestants accusent les militaires de la Mission des Nations Unies au Congo MONUC d’avoir abattu la victime mais que celle-ci nie toute responsabilité dans cet homicide. Elle déclare, par contre, que ses hommes sont des professionnels qui n’ont fait que tirer en l’air pour disperser la foule.
S’agissant du retour des réfugiés de la Tanzanie, des sources dignes de foi signalent qu’une délégation composée de l’autorité provinciale, des représentants des sages et de la société civile d’Uvira devait se rendre à Kigoma en Tanzanie, le week-end dernier, en vue de rapatrier près de 3.500 réfugiés. Une fois à Bukavu, les émissaires venus d’Uvira auraient été informés que le voyage a été annulé.
Tout en déplorant de nouveau cet incident survenu ce 10/10/2004 entre la MONUC et la population civile à Uvira, l’asbl Héritiers de la Justice invite cette dernière au calme et à l’accueil non discriminé de tout Congolais qui manifeste la volonté de retour sur la terre de ses ancêtres. Elle l’exhorte à rejeter toute manipulation ou instrumentalisation et à éviter tout acte susceptible de compromettre la paix, la sécurité et l’ordre publics. Elle déplore, néanmoins, l’indélicatesse avec laquelle les autorités politiques du pays traitent l’épineuse question du retour des réfugiés Congolais.
L’Association demande au Gouvernement de Transition de tout mettre en œuvre pour régler définitivement cette question afin que tous les réfugiés congolais regagnent, sans heurts, leur mère patrie pour apporter, aux côtés des autres, leur pierre à la reconstruction nationale, et ce, avant les élections. Cela permettrait d’éviter ultérieurement d’autres incidents malheureux du genre.
Héritiers de la Justice demande à la population de renouveler sa confiance en la MONUC qui est là, non contre les aspirations de paix du peuple congolais, mais pour accompagner ce dernier dans le processus de paix en cours au pays.
Enfin, Héritiers de la Justice demande à la MONUC et au Gouvernement de diligenter rapidement une enquête sur ces dernières violences à Uvira dans le but d’identifier les auteurs de ce meurtre et de dédommager la famille de la victime mais aussi de supporter les soins médicaux pour les blessés.

