Les réfugiés congolais du Burundi, du Rwanda et de la Tanzanie ont droit à un retour paisible et assité
Les communautés nationale et internationale interpellées
Les réfugiés Congolais au Burundi, au Rwanda et en Tanzanie ont droit à un retour paisible et assisté
Les 1er et 2 octobre courant, les populations de la Cité d’Uvira et des environs ont échangé respectivement avec les représentants de la MONUC et du HCR. Ces rencontres qui suivent celles réalisées par la Commission Vérité et Réconciliation ont tourné autour du retour des réfugiés, de la cohabitation pacifique et la réconciliation. Cependant des questions demeurent sur la politique utilisée à cet effet.
De plus en plus des Congolais partis, en vagues successives depuis la première guerre de 1996 à celle dite de Mutebutsi et Nkunda aux mois de mai et juin derniers, en refuge dans les pays voisins, notamment au Burundi, au Rwanda et en Tanzanie manifestent la volonté de retourner au pays.
A ce jour, cinq cohortes des réfugiés Congolais de Gatumba au Burundi et de Tanzanie, sont arrivées cette année 2004, parfois avec heurt, à Uvira et à Baraka/Fizi. Il s’agit de :
- plus de 900 personnes revenues de Tanzanie (selon les sources humanitaires à Uvira) depuis janvier à fin août 2004 sans aucune assistance des humanitaires à la faveur de la paix relative qui avait pointé à l’horizon à la suite de la mise en route de la Transition et les conditions de vie difficiles dans les camps des réfugiés,
- nombreux Congolais non Banyamulenge des localités de Kamanyola, Katogota et Luvungi, ayant pris refuge dans la province burundaise de Cibitoke à la suite de l’occupation du premier centre par les troupes de Jules Mutebutsi ont déjà regagné leurs domiciles pillés de fond en comble, notamment à Kamanyola et Katogota
- 356 Banyamulenge dont la plupart seraient des rescapés du récent massacre perpétré dans la nuit du 13 au 14 août 2004 à Gatumba par les rebelles burundais des Forces Nationales de Libération (FNL) d’Agathon Rwassa. Ils ont pu atteindre la terre congolaise le 26/09/2004 après avoir passé environ 48 heures dans la zone neutre située entre les bureaux frontaliers burundais et congolais de Kavimvira sous l’encadrement des FARDC face à l’opposition des habitants d’Uvira.
Ceux-ci, semble-t-il, n’ont pas bien digéré l’empressement et le traitement différentiel par la classe
politique congolaise et par la communauté internationale de la question du retour des Banyamulenge
partis du pays, il n’y a que plus ou moins trois mois et celui d’autres Congolais cloîtrés en Tanzanie
depuis 1996 lors de la guerre de l’AFDL avec ces derniers comme fer de lance.
- Le 30/09/2004, 89 personnes dont de nombreux enfants et des femmes en provenance de la Tanzanie
ont été débarquées quasiment sans assistance de l’autorité locale, des ONG humanitaires et du HCR.
Ces retournés, dont deux sont originaires de Bukavu ; ont regagné leur terroir par leurs maigres
moyens ou ceux des parentés venues à leur accueil.
- Les 3.600 réfugiés de Tanzanie dont le retour annoncé au dimanche 03/10/2004 par le Vice Gouverneur Didace Kaningini n’ont pas pu, pour des raisons non élucidées, arriver à Uvira. Seuls 4 femmes et 6 hommes mettant à contribution la petite assistance des proches restés au Congo ont été débarqués au port de Kalundu/Uvira, le lundi 04/10/2004 par une pirogue motorisée. Certaines sources font état du passage par Baraka en territoire de Fizi de l’embarcation qui a amené d’autres rapatriés de Tanzanie ressortissants de Fizi et d’Uvira.
A en croire les informations fournies par ceux qui sont rentrés, on compterait plus de 200.000 civils Congolais ayant fui les guerres à répétition et autres exactions, qui ont été accueillis et installés dans les camps où les conditions de vie laissent à désirer, notamment en Tanzanie, au Burundi et au Rwanda.
Le textes internationaux sur les réfugiés garantissent à ceux-ci un droit au retour dans leur pays d’origine lorsque les concernés et le HCR jugent que la paix a été rétablie. Le fait que la plupart des réfugiés revenus de Tanzanie soient sans assistance mais sont abandonnés à la solde de leurs parents et que ceux venus du Burundi aient été accueillis par une hostilité de la population vraissemblement instrumentalisée, ce qui les place dans un état de psychose, limite ou retarde leur sortie du camp de transit situé dans l‘enceinte de la concession de l’ex-société cotonnière ESTAGRICO. En outre, cela interpelle, non seulement les Institutions de la Transition en RD Congo, mais aussi la communauté internationale.
Cette triste réalité qui dénote d’un manque de concertation tant au niveau local, provincial, national qu’au niveau des agences humanitaires et onusiennes rompues aux questions des réfugiés nécessite d’être rapidement et minutieusement examinée en vue de la pacification des esprits et la réconciliation nationale, deux des objectifs de la Transition.
Saluant les mesures sécuritaires mises en place par l’autorité militaire de la 10ème Région Militaire, ayant permis la circulation continue, même tard dans la soirée, sur l’axe routier principal Bukavu-Uvira, l’asbl Héritiers de la Justice exhorte le Gouvernement congolais, le HCR et les pays hébergeant les réfugiés congolais à une concertation tripartite visant le rapatriement digne de ces derniers.
C’est pourquoi l’association encourage les rencontres analogues à celles initiées vendredi 1er et samedi 02/10/2004 à la base de la MONUC à Kavimvira/Uvira respectivement par le Chef de la section Droits de l’Homme à la MONUC à l’intention des Leaders des communautés tribales, des ONG des Droits humains et les autorités locales, et par le HCR avec les délégués de l’Antenne de la Société Civile d’Uvira et des ONG oeuvrant sur place.
Héritiers de la Justice estime que la question des réfugiés congolais de l’Est exige une concertation tous azimuts des acteurs à tous les niveaux afin de procurer aux réfugiés un retour sans discrimination, ordonné, paisible et dignement assisté pour ne pas porter préjudice au fragile processus de paix en cours dans le pays.
Héritiers de la Justice
