Violence faite à la femme
La violence faite à la femme est un problème universel. Même les pays dits avancés n’y échappent pas. En République Démocratique du Congo, cette violence s’exprime sous différentes formes et dans un contexte influencé par les pesanteurs socioculturelles, des lois discriminatoires, des conflits ethniques, des guerres, de mauvaise gouvernance… C’est à plusieurs niveaux que la femme doit faire face à cette violence : dans son ménage, dans la société et au niveau de l’Etat.
La présente liste n’est pas exhaustive. Elle est plutôt destinée à donner une idée des formes et expressions que peut prendre cette violence.
Violence physique
C’est la forme la plus voyante de violence parce que souvent accompagnée de blessures et autres traumatismes physiques sur la femme. Cette forme de violence est surtout le lot de la femme mariée de la part de son mari qui n’est pas sanctionné dans la majorité des cas. Cette impunité est due au fait que les femmes n’aiment pas porter leurs différents devant les cours et tribunaux de peur de perdre leur ménage
Violence psychologique
C’est une forme de violence qui est basée sur les préjugés qui entourent la femme congolaise, quelque soit son niveau d’instruction ou sa place sociale, et qui peuvent concourir à bloquer son épanouissement. Ces préjugés lui donnent une place de seconde zone dans la société qui lui dénie toute considération. La femme est donc facilement insultée, dénigrée, rejetée, abandonnée par son mari seulement. Tout cela simplement sur la base du fait qu’elle est une femme.
Violence culturelle et sociale
Toutes les coutumes sont souvent rétrogrades vis à vis de la femme. Elles comportent toutes des interdits et des traitements inhumains à son encontre. Les cas les plus flagrant sont à l’occasion du décès de l’époux. Non seulement la femme est complètement dépouillée et déshéritée mais elle doit encore subir des traitements humiliants de la part de sa belle famille. Et cela malgré le fait qu’elle est reconnue juridiquement comme héritière de la deuxième catégorie après les enfants.
Violence économique
La femme n’a pas souvent accès au circuit ou aux facilités économiques modernes, ne bénéficiant pas du même traitement que l’homme. Avec la situation socio-économique dégradante du pays, elle se trouve être encore un peu plus touchée par la pauvreté. Et pourtant dans bien des cas, elle reste celle sur qui repose la survie de la famille. C’est elle qui a un certain pouvoir économique grâce à son ingénuité, son esprit de débrouillardise et ses activités, souvent dans le domaine de l’informel, et qui porte assure la survie du ménage.
Malgré cela, elle est toujours mal vue. Ce pouvoir est perçu par le mari comme une concurrence, une menace à son autorité. Cela ouvre la porte à des disputes constantes dans le foyer auxquelles, très souvent, sa belle-famille prend aussi part à son détriment.
Violence institutionnelle et politique
A bien des égards, jusqu’à ce jour en RDC la femme continue à être considérée comme une personne incapable alors que notre pays a adhéré à des instrument internationaux et régionaux de protection et de promotion des droits de l’Homme en général et des droits de la femme en particulier. Ainsi, par exemple, elle doit toujours avoir l’autorisation de son mari pour tous les actes juridique qu’elle sera appelée à poser. La jeune fille congolaise n’échappe pas à cette discrimination. Elle est exposée à un mariage précoce (15 ans), contrairement à son frère (18 ans).
En outre la femme congolaise est écartée ou mal représentée dans les structures de prise de décision de l’Etat. En effet, bien que le point 17 du préambule de l’accord global et inclusif et l’art 51 de la constitution de la transition insistent sur la représentativité de la femme Congolaise à tous les niveaux de responsabilité, cette femme là demeure marginalisée dans les institutions de la transition.
Ainsi par exemple, au niveau de l’espace présidentielle sur 5 personnes il y’a aucune femme; sur 36 ministres il y’a que 5 femmes et sur 25 vices ministres il y a seulement 2 femmes.
Ailleurs, on constate aussi qu’au niveau du parlement, le bureau de l’Assemblée nationale a 2 femmes sur 8 personnes et que sur un total de 500 députés il y a seulement 60 femmes. Au sénat le bureau est composé de 8 personne dont aucune femme et sur 120 sénateurs il y’a que 3 femmes. La situation n’est pas meilleure dans les autres institutions de la République mais elle reflète la méconnaissance sinon le mépris accordé à la contribution de la femme lors des différentes négociations politiques pour la paix en RDC.
Violence sexuelle
La violence sexuelle n’est pas nouvelle pour la femme et la fille congolaises et souvent dans sa propre maison ou par un proche parent. Le proxénitisme, la prostitution forcée, la mutilation sexuelle, le viol ont toujours été des formes de violences sexuelles auxquelles les femmes et les filles ont eu à faire face dans notre pays. Mais la dernière forme s’est aggravée et même amplifiée avec la situation de guerre qu’a vécu le pays depuis 1996.
Pendant cette guerre, les violences sexuelles perpétrées par les combattants sur les femmes et enfants ont été utilisées comme une arme de guerre. Tous ces abus sexuels commis par les auteurs ci-haut cités, sont restés souvent impunis.
Nous pouvons cite comme conséquences à toutes ces violences, les blessures physique, les troubles psychologiques, les maladies (VIH/Sida et autres maladies sexuellement transmissible), la mort, les grossesses non désirés, des naissances rapprochées,…..
Face à la question de la violence faite à la femme, les organisations féminines de la RDC ne sont pas restées les mains croisées. Plusieurs organisations mènent des actions d’information et de sensibilisation. L’objectif est d’abord de faire connaître aux femmes leurs droits mais aussi d’affirmer leur implication et participation dans tout ce qui se fait au pays. Mais il est important que ces actions s’étendent aussi à la prise en charge des victimes de ces différentes formes de violence.
