Le faux pas du pouvoir de Kigali :Le Rwanda menace d’attaquer la RDC dans quelques heures
Selon plusieurs chaînes de radios captées depuis mercredi 24/11/2004 à Bukavu, notamment la Radio Okapi de la Mission de l’ONU au Congo, la Radio France Internationale (RFI), la Radio britannique (BBC),… le Rwanda vient d’annoncer officiellement, ce mardi 23/11/2004, à Monsieur Swing, responsable de la MONUC et aux chancelleries américaine et anglaise à Kigali son intention d’entrer dans quelques heures, en RDC pour neutraliser les éléments des Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda (FDLR) qui ne cessent d’attaquer son territoire à partir du sol congolais.
Cette menace est d’autant plus surprenante qu’elle est proférée à moins d’une semaine après la clôture des travaux de la Conférence Internationale sur la paix, la sécurité, le développement et la coopération dans la région des Grands Lacs à Dar-es-Salam en Tanzanie auxquels a pris part la délégation rwandaise. C’est également ahurissant que cette annonce intervienne au moment même où une forte délégation du Conseil de Sécurité des Nations Unies est en mission dans la région des Grands Lacs, notamment à Bujumbura au Burundi après les étapes respectives de Dar-es-salam, Kigali, Kinshasa et Bukavu. Cette attaque aurait, en cas de concrétisation, des conséquences incalculables aussi bien sur le processus de transition en RDC que sur le plan de l’équilibre régional.
Les autorités politico-militaires congolaises doivent prendre cette menace au sérieux dans la mesure où le Rwanda abriterait depuis un certain temps des ex-Forces Armées Zaïroises (FAZ) estimés à 3000 hommes ainsi que quelques centaines de dissident conduits par le Colonel Jules Mutebutsi après sa déroute en juin dernier. De sources sûres, les rangs des dissidents auraient été gonflés par des nouvelles recrues parmi la jeunesse désœuvrée du Burundi et les démobilisés des Rwandies Defence Forces ( RDF ex-APR). Serait-ce maintenant le moment choisi par le Rwanda pour inciter ces Hutu armés réfugiés au Congo à rentrer de force chez eux et venir par la suite accuser le Congo de les appuyer ? Face à tout cela, la RDC n’a pourtant jamais menacé d’attaquer le Rwanda qui abrite tous ces dissidents.
La position rwandaise dénote d’un mépris vis-à-vis du peuple congolais et de la Communauté Internationale en ce moment où les FARDC viennent de mettre sur pied des mécanismes de rapatriement et de désarmement des FDLR et des Interahamwe en collaboration avec la MONUC. Les FARDC envisagent même d’utiliser la force au cas où ces combattants rwandais refusaient de se prêter volontairement à cette opération. Le Rwanda est entré au Congo lors de la guerre menée par le Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD) en 1998 mais depuis et il est resté officiellement en RDC jusqu’en 2002. Pendant tout ce temps il n’a pu expatrier un seul Interahamwe.
Certains observateurs épris de paix montrent que l’organisation basque ETA mène depuis longtemps des attaques terroristes sur le territoire espagnol à partir de la France mais le premier pays cité n’a jamais envisagé de s’en prendre au second. Ainsi, pensent-ils que ce discours belliqueux en rapport avec cette présence des FDLR est un alibi dont le Rwanda cherche à se servir pour venir exploiter à nouveau les richesses naturelles de la RDC, surtout qu’actuellement les prix du coltan très abondant à l’Est du Congo ont flambé sur le marché mondial.
L’opinion se souviendra que, d’après une radio locale captée au mois d’octobre de l’année en cours, le Général dissident Nkunda s’adonnerait aussi à l’exploitation du coltan dans la localité de Lubutu dans la province du Maniema et que des avions rwandais feraient régulièrement des navettes pour assurer le transport de ce minerai jusqu’au Rwanda. Ces aéronefs viennent-ils vides à chaque décollage du sol rwandais ? Par ailleurs, la province du Nord-Kivu est devenue comme un terrain conquis où les militaires rwandais entrent de nuit comme de jour sans qu’ils soient inquiétés par qui que ce soit. Les esprits avisés pensent que les troupes de Kagame seraient déjà au Congo et qu’il ne reste qu’une annonce officielle pour déclenchement une 4è guerre contre la RDC en moins de 10 ans. Si cette mesure était mise à exécution, elle remettrait en question tout le processus de Transition en cours en RDC dans lequel la communauté internationale ainsi que le Gouvernement en place à Kinshasa ont déjà beaucoup investi avec, comme point de mire, l’organisation des élections libres, démocratiques et transparentes en juin 2005. Le Président rwandais ne devrait pas faire ce faux pas. Cela coûterait énormément cher, non seulement au Congo, mais aussi au Rwanda et à la Communauté Internationale. Une telle aventure embraserait de nouveau toute la région.
La Communauté internationale vient d’annoncer, par le biais du Comité International d’Accompagnement de la Transition, qu’elle n’acceptera pas que le Rwanda anéantisse tous les efforts qu’elle a déjà consentis pour le rétablissement de la paix en RDC et dans les Grands Lacs africains. De son côté, le Gouvernement congolais a déclaré qu’il ne se laissera pas non plus attaquer, mais qu’il est prêt à défendre son peuple et son territoire.
Aux uns et aux autres, l’association Héritiers de la Justice rappelle que l’escalade de la violence ne profitera à aucun peuple de la région, si pas rouvrir grandement les plaies en voie de cicatrisation que ces dirigeants ont sciemment et inutilement causées dans les cœurs paisibles de leurs peuples condamnés à coopérer. La retenue est donc de mise.
A suivre.
Bukavu, le 25 novembre 2004.
Héritiers de la Justice

